6 août 2006

« Comédie de l’innocence » (2000) de Raoul Ruiz

Comédie de l'innocenceElle :
J’ai beaucoup de mal à accrocher à l’univers un peu fantastique de Raoul Ruiz. Cette histoire d’enfant qui veut changer de mère sombre dans un scénario assez invraisemblable. Tout cela est enrobé d’effets visuels excessifs destinés à plonger le spectateur dans l’effroi et l’oppression. Bref de quoi vous mettre à plat.
Note : 2 étoiles

Lui :
Encore un beau film de Raoul Ruiz, qui une fois de plus prend plaisir à nous emporter aux portes du surnaturel et à nous entraîner assez loin sur de fausses pistes, de fausses certitudes, comme s’il voulait redéfinir notre rapport à la réalité. Avec cette histoire de gamin qui semble avoir deux mères, il parvient à nous envoûter totalement, à nous déstabiliser et on n’a plus aucune certitude. Mais hélas, une fois de plus, la fin semble bien fade, on a l’impression un peu désagréable que quelqu’un vient crever le beau ballon sur lequel on était assis. Dommage. Néanmoins, j’aime beaucoup son style.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Jeanne Balibar, Charles Berling
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Ruiz sur le site imdb.com.

3 août 2006

La femme de Gilles (2004) de Frédéric Fonteyne

La femme de Gilles Elle :
Cette chronique familiale des années trente met en scène un couple d’ouvriers en proie au problème de l’adultère. Le mari a une liaison avec la soeur de sa femme. Clovis Cornillac campe le pater familias traditionnel qui commande et Emmanuelle Devos, la femme soumise qui préfère se taire dans l’espoir de récupérer son mari. Toute cette relation est vue au travers des yeux d’Elisa. Les dialogues font place aux silences, aux regards, aux expressions du visage. Des bonnes choses dans l’interprétation d’Emmanuelle Devos qui parvient à faire passer les émotions de sa souffrance intérieure. Cependant, ce huis clos devient pesant et s’étire en longueur. D’autre part, la mise en scène qui fait la part belle aux gros plans d’Elisa à la manière des peintres du clair obscur fait assez artificielle. J’ai préféré Une liaison pornographique, le précédent film de Frédéric Fonteyne.
Note : 3 étoiles

Lui :
La femme de Gilles : Dans cette adaptation d’un roman belge, Frédéric Fonteyne semble avoir été plus attiré par l’atmosphère de cette histoire de triangle amoureux : les Flandres des années 30, un milieu ouvrier où l’on ne se parle guère. Les drames se nouent dans les silences, les non-dits. Frédéric Fonteyne soigne trop son image, au point de la rendre presque irréelle parfois. Ce maniérisme trop voyant tend à nous éloigner de l’histoire, de l’attitude si surprenante et assez tragique de cette femme qui veut récupérer son mari. L’interprétation feutrée d’Emmanuelle Devos accentue cette impression d’irréalité, tout en restant le seul pilier du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac, Laura Smet
Voir la fiche du film et la filmographie de Frédéric Fonteyne sur le site IMDB.

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2 août 2006

24 heures de la vie d’une femme (1968) de Dominique Delouche

24 heures de la vie d'une femme Elle :
Malgré de splendides paysages au bord d’un lac italien, des décors surannés, des costumes délicats et la bonne interprétation de Danielle Darrieux, le film se prête assez mal à l’adaptation et traîne en longueur. J’ai de loin préféré le livre de Stephan Zweig où l’on comprend mieux comment cette femme murissante défie les bonnes manières en sortant avec un jeune allemand déserteur. L’emploi du « je » implique également le lecteur dans les tourments intérieurs de cette femme qui là confie son lourd secret à un jeune inconnu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tout le film semble reposer sur le charme de Danielle Darrieux qui incarne une dame de la haute société du début du siècle. Côté scénario il n’y a que peu de choses pour retenir notre attention et l’on doit se contenter de regarder les belles images.
Note : 1 étoile

Acteurs: Danielle Darrieux
Voir la fiche du film et la filmographie de Dominique Delouche sur le site IMDB.

Remarque :
Le roman de Stephan Zweig a également été adapté pour la télévision américaine par Silvio Narizzano dans Twenty-four hours in a woman’s life (1961) avec Ingrid Bergman
et plus récemment par Laurent Bouhnik dans 24 heures de la vie d’une femme (2002) avec Agnès Jaoui.

Autres versions :
24 hours of a woman’s life (1952) de Victor Saville
24 horas en la vida de una mujer (1944) de l’argentin Carlos F. Borcosque
24 Stunden aus dem Leben einer Frau (1931) de Robert Land

31 juillet 2006

L’Anglaise et le Duc (2001) d’Eric Rohmer

L'Anglaise et le Duc Elle :
Film historique très original de par sa mise en scène audacieuse et son scénario riche en dialogues et rebondissements. En extérieur, les personnages de la Révolution évoluent au sein de tableaux peints. Ce choix délibéré permet de recréer des décors disparus de Paris à cette époque et donne une magie et une poésie à l’histoire de cette Grace Elliott, une royaliste anglaise réfugiée en France qui défend le roi et brave les révolutionnaires. Lucy Russell incarne brillamment cette femme révoltée. Le Duc d’Orléans, interprété par le talentueux Jean-Claude Dreyfus, vote pour la mort du roi et tente de sauver Grace de la guillotine. Rohmer s’est inspiré du journal de Grace Elliott pour nous donner une autre vision, sanglante, de la Révolution.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’anglaise et le duc. Ce film de Rohmer est (une fois de plus) une grande réussite. Réussite esthétique tout d’abord : les scènes en extérieurs tout en décors peints (l’incrustation est numérique) sont magnifiques, elles donnent l’impression d’être face à un tableau vivant. Malgré le peu de scènes, elles donnent une tonalité particulière à tout le film. Réussite sur le fond également car cette vision de la Révolution Française, vue à travers les yeux d’une aristocrate anglaise, est très intéressante, même si bien entendu l’on ne partage pas forcément la ferveur royaliste de l’héroïne. Comme toujours avec Rohmer, la mise en scène est sobre mais parfaite, les dialogues tiennent une place prépondérante, tout comme les rapports entre les personnages.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Claude Dreyfus, Lucy Russell
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31 juillet 2006

Little Senegal (2001) de Rachid Bouchareb

Little Senegal Elle :
Alloune, un vieux sénégalais, part à la recherche de ses ancêtres et arrive à New-York où il retrouve son neveu. Il parvient à s’intégrer et découvre la vie d’un ghetto de sénégalais immigrés échoués dans New-York. Il finit par nouer une relation amoureuse avec une femme issue de son village africain. Alloune tente de prendre en main le destin de ces êtres paumés inconscients de la richesse de leurs racines. Cette quête initiatique et minutieuse révèle un monde en marge inconnu dans lequel évoluent des personnages très touchants et magnifiquement interprétés. La mise en scène est également très belle et empreinte de tristesse impuissante qu’accentue une musique de jazz au piano. Une intéressante et émouvante découverte.
Note : 5 étoiles

Lui :
Little Senegal est un film très attachant et assez touchant, cette histoire de sexagénaire sénégalais qui part sur les traces de ses ancêtres, aux Etats-Unis. Il y a une simplicité et une authenticité que l’on ne rencontre que rarement. Malgré une fin un peu obscure, c’est un excellent film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sotigui Kouyaté, Sharon Hope
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13 juillet 2006

Les quatre cents coups (1959) de François Truffaut

Les quatre cents coups Elle :
Un petit chef-d’oeuvre de cruauté, d’émotion et de drôlerie dans le Paris de la fin des années cinquante. Les décors parisiens aux cadrages et éclairages à la Doisneau participent au douloureux destin de ce jeune garçon turbulent. Jean-Pierre Léaud incarne avec beaucoup de naturel et sensibilité Antoine Doinel à l’âge de treize ans. Ce film est en partie autobiographique puisque Truffaut n’a jamais connu son père. Le cycle Doinel se poursuivra avec Baisers volés et Domicile conjugal.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est un film très complet, à la fois tendre, comique, tragique et surtout très authentique. On sent toute la passion de Truffaut à filmer ce récit autobiographique et Jean-Pierre Léaud a une force impressionnante dans ce rôle. Quand on le replace dans son époque, on imagine aisément l’aspect novateur de ce film, précurseur de la Nouvelle Vague.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Claire Maurier, Albert Rémy
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

13 juillet 2006

Baisers volés (1968) de François Truffaut

Baisers volés Elle :
Dix ans après Les 400 coups, nous retrouvons Jean-Pierre Léaud pour ce troisième volet de la série des Antoine Doinel. Le petit garçon est devenu un jeune homme hésitant, timide, instable. Le film nous entraîne dans ses différentes expériences professionnelles et amoureuses à la sortie de son service militaire. Les situations incongrues et cocasses abondent. Un petit chef d’oeuvre de drôlerie et d’humour tendre.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le plus remarquable dans ce classique de François Truffaut, c’est la galerie de portraits qu’il déploie devant nos yeux : il y a bien-sûr le personnage d’Antoine Dionel, éternel décalé, insatisfait chronique, mais il y a aussi toute cette kyrielle de personnages, pittoresques mais très réalistes car Truffaut est toujours aussi minutieux dans sa mise en scène. L’humour est omniprésent, parfois presque surréaliste (Mr Tabard chez le détective privé) et le film est parfaitement équilibré. La magie du cinéma façon Truffaut.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Delphine Seyrig, Claude Jade, Michael Lonsdale
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

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13 juillet 2006

Domicile conjugal (1970) de François Truffaut

Domicile conjugal Elle :
Quatrième volet de la série des Antoine Doinel, Truffaut réalise à nouveau un petit chef-d’oeuvre d’humour et de tendresse touché par la grâce. Le scénario dépeint les difficultés de vie commune du jeune couple. Les scènes de la vie quotidienne dans l’appartement et dans la cour de l’immeuble sont truculentes et tendres à la fois. La liaison de Doinel avec la mystérieuse japonaise est également un régal. Truffaut a l’art de mélanger la banalité du quotidien à la petite étincelle qui fait que la vie devient lumineuse. Il sait à merveille forger des personnages attachants, des seconds rôles de premier plan et des dialogues savoureux. Emotion, sobriété et vérité sont les qualités essentielles du cinéma de Truffaut.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce quatrième volet de la saga Doinel est souvent considéré comme inférieur aux autres. Plutôt à tort, à mon avis. Il est vrai qu’Antoine Doinel paraît s’embourgeoiser quelque peu, sa vie devient plus conventionnelle (même si les métiers qu’il exerce ne sont pas banals), Truffaut n’exploite que très peu l’arrivée du bébé et par contre l’implique dans une histoire d’adultère assez terne. Malgré cela, le film reste un réel plaisir à regarder, les dialogues sont vifs et succulents, et il y a toujours cette authenticité, due à la caméra de Truffaut qui croque la réalité avec beaucoup de précision. Si l’essentiel tourne autour du jeune couple, les personnages secondaires ont plus de présence que dans les précédents volets.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Hiroko Berghauer
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

11 juillet 2006

Imposture (2005) de Patrick Bouchitey

Imposture Elle :
(pas vu)

Lui :
Dans ce deuxième film de Patrick Bouchitey, tout tourne autour du scénario : un professeur kidnappe une jeune femme auteur pour s’approprier son roman… Comme le scénario est un peu « gros », le film doit dans un premier temps dépenser toute son énergie pour nous le faire avaler. Et quand il parvient à peu près, le scénario piétine et tourne en rond, comme tétanisé par l’énormité de la situation. La fin paraît même plaquée, presque ridicule. C’est dommage parce qu’il y a des personnages bien définis et bien décrits et que le ton général, très légèrement décalé, est assez plaisant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Bouchitey, Laetitia Chardonnet, Isabelle Renauld
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10 juillet 2006

Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo

Zéro de conduite Elle :
(Court métrage de 41 mn, la qualité sonore et visuelle est assez rudimentaire) Ce film, censuré jusqu’en 1946, vaut surtout par son audace et son propos. Inspiré par ses souvenirs de jeunesse, ce jeune cinéaste prend le parti de peindre un collège en rébellion contre l’ordre établi, position anarchiste très osée à l’époque. Jean Vigo mourra à 29 ans après quatre films dont le dernier sera L’Atalante.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vu avec ses deux autres courts métrages, A propos de Nice (regard de Jean Vigo sur la faune de la Promenade des Anglais) et La Natation par Jean Taris (d’un intérêt un peu plus limité), Zéro de conduite apparaît comme une fable anarchiste et poétique. Depuis soixante dix ans, le cinéma nous a montré tant de choses qu’il est assez difficile de le regarder avec les yeux de l’époque. Dans les années 60-70, c’est son côté hautement subversif (aucune institution n’est épargnée) qui plaisait tant mais il est aussi remarquable par sa forme : l’image est criante de naturel, de vérité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Dasté, Robert le Flon
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