19 novembre 2008

Portrait d’un assassin (1949) de Bernard-Roland

 Portrait d'un assassinElle :
(pas vu)

Lui :
Portrait d’un Assassin est un film empreint d’une noirceur profonde. Dès les premières secondes, on voit l’acrobate Fabius tenter de tuer sa femme dans une ruelle ; la suite du film met en scène des personnages à l’âme bien plus noire encore. Tournant au lendemain de la guerre, Bernard-Roland semble tirer son inspiration de Duvivier, Grémillon ou Carné et il parvient à installer un climat très fort, remarquablement servi par une pléiade de grands acteurs dans les seconds rôles. Les premiers rôles sont tenus par Maria Montez, parfaite en mentor vénéneuse à défaut d’être une grande actrice, et par un Pierre Brasseur qui apporte sa candeur qu’il masque par une fausse témérité. On peut certes reprocher à Portrait d’un Assassin de petites faiblesses de scénario (le personnage joué par Von Stroheim aurait pu être bien plus développé) mais le film se révèle assez puissant par les caractères qu’il dépeint et les scènes du Mur de la Mort. A noter l’apparition des Frères Fratellini (les célèbres clowns) dans leur propres rôles.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Maria Montez, Pierre Brasseur, Erich von Stroheim, Arletty, Marcel Dalio, Jules Berry
Voir la fiche du film et la filmographie de Bernard-Roland sur le site IMDB.

15 novembre 2008

Un homme, un vrai (2003) de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu

Un homme, un vraiElle :
Les Frères Larrieu nous offre leur regard bien personnel un peu décalé sur la vie conjugale d’un jeune couple qui bascule entre fantaisie et drame. Les rôles sont renversés; le mari fait office de nounou puisqu’il n’a pas de métier et la femme ramène à la maison l’argent d’un vrai travail. Trois temps de la vie de couple avec la rencontre amoureuse, la séparation et les retrouvailles dans trois lieux bien différents. Le dernier est très insolite puisqu’il se situe dans la haute montagne pyrénéenne, là où l’on peut apercevoir les coqs de bruyère. C’est justement là que ce mari un peu loser retrouve sa masculinité et son identité, au contact de la nature brute. Servi par les deux bons acteurs que sont Mathieu Almaric en mari lunaire et par Hélène Fillières en mère fugueuse inconsciente, le film se laisse regarder avec plaisir.
Note : 3 étoiles

Lui :
Premier long métrage des Frères Larrieu, Un Homme Un Vrai est une amusante fantaisie autour d’une histoire d’amour délicate, temporellement structurée en trois moments à 5 années d’intervalle. Marilyne (Hélène Fillières) est cadre supérieur dans une startup et Boris (Matthieu Amalric) aspire à être artiste. C’est par le traitement qu’en font les Frères Larrieu que le film acquiert une réelle personnalité. Par un enchaînement légèrement improbable de situations, ils donnent au film un ton décalé, où règne l’inattendu, où chaque situation chasse la précédente. On peut globalement reprocher un manque de contenu mais Un homme un vrai se savoure surtout au niveau de l’instant et de sa vitalité. Originaires des Pyrénées, Arnaud et Jean-Marie Larrieu en profitent pour nous faire découvrir les coqs de bruyère et leur étonnant chant amoureux.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mathieu Amalric, Hélène Fillières
Voir la fiche du film et la filmographie de Arnaud Larrieu et de Jean-Marie Larrieu sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu chroniqués sur ce blog…

10 novembre 2008

La vie d’artiste (2007) de Marc Fitoussi

La Vie d'artisteElle :
Certes, ce n’est pas un grand film mais il se laisse regarder. Drôle et léger, ce premier film de Marc Fitoussi traite du désir de starification qui saisit les générations de notre époque. L réalisateur centre son film sur trois personnages qui voudraient accéder à la notoriété en littérature, dans le cinéma et la chanson. On les voit traverser en parallèle les aléas, les fausses joies, les espoirs déçus, les épreuves. Marc Fitoussi, entouré par toute une pléiade de bons acteurs, les dépeint avec tendresse.
Note : 3 étoiles

Lui :
Les trois personnages principaux de La vie d’artiste ne se connaissent pas mais ils ont en commun d’être persuadé avoir du talent et de vouloir réussir. Mais il n’est pas si facile de devenir écrivain, chanteuse ou comédienne… Marc Fitoussi met bien en place ses personnages et parvient petit à petit à les rendre attachants malgré tous leurs défauts. Sa mise en scène est simple et contribue à donner beaucoup de naturel au film. Tout au plus pourrait-on reprocher une trop grande profusion d’acteurs connus pour tous les seconds rôles… et ils sont nombreux : cela distrait car on passe son temps à les reconnaître. Mais pour un premier long métrage, La Vie d’Artiste est plutôt une réussite car vraiment plaisant et bien équilibré.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Émilie Dequenne, Denis Podalydès, Aure Atika, Grégoire Leprince-Ringuet, Jean-Pierre Kalfon, Marilyne Canto
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Fitoussi sur le site IMDB.

4 novembre 2008

Cartouches gauloises (2007) de Mehdi Charef

Cartouches gauloisesElle :
C’est par les yeux du jeune Ali que Mehdi Charef replonge dans ses souvenirs d’enfance du printemps 1962, dernier printemps avant l’indépendance de l’Algérie. Ali est ami avec tout le monde, les français, les harkis, les fellaghas. Il assiste sans le vouloir à bon nombre d’exactions, de meurtres, de tortures. Ses yeux d’enfant s’interrogent sur ce monde en bouleversement. Le film en partie autobiographique est issu d’une longue réflexion. Mehdi Charef nous offre un film sensible qui a le mérite d’évoquer cette lourde et intolérable période de la colonisation française.
Note : 3 étoiles

Lui :
En grande partie autobiographique, Cartouches gauloises nous plonge dans l’Algérie de 1962, juste avant l’indépendance. Mehdi Charef a vécu cette période étant enfant et donc c’est à travers les yeux d’un enfant qu’il nous montre la réalité quotidienne de cette guerre finissante. Distributeur de journaux, l’enfant se faufile partout et voit beaucoup de choses. Mehdi Charef réussit à faire un film comportant des scènes révoltantes tout en gardant un œil plein de tendresse : il trouve un équilibre entre la gravité des évènements et l’insouciance de l’enfance. Cartouches gauloises (le titre a bien entendu un double sens) a le mérite de lever le voile sur la réalité de la guerre d’Algérie et de la présence française, sans manichéisme et sans volonté de règlement de compte. Le jeune Ali Hamada est merveilleux avec un jeu tout en douceur et en délicatesse.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ali Hamada, Thomas Millet
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31 octobre 2008

Judex (1963) de Georges Franju

JudexElle :
(pas vu)

Lui :
Georges Franju rend hommage au sérial muet, ces séries à épisodes qui eurent un grand succès entre 1915 et 1920 et plus particulièrement au Fantomas, Judex et Les Vampires de Louis Feuillade. Georges Franju désire en retrouver l’esprit, avec ce mélange fascinant d’aventure et de romanesque. Il tourne bien entendu en noir en blanc, avec une image très contrastée. On se fait enlever, on se glisse furtivement dans le noir pour cambrioler, on escalade des murs d’immeuble à mains nues, on se déguise pour tromper… Tout le climat de ces séries à épisodes est bien là et les rebondissements sont nombreux. Francine Bergé rappelle fortement Musidora et Franju parvient à créer quelques scènes qui marquèrent les imaginations autant que les apparitions de Musidora : le « strip-tease » de la religieuse est resté célèbre. C’est donc l’esprit qui est plaisant ici, plus que l’histoire en elle-même, un peu obscure, qui suit cependant d’assez près l’original. Ce Judex de Franju est bien plus qu’un pur exercice de style et c’est un vrai délice de se laisser glisser dans son atmosphère mystérieuse, magique et poétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Channing Pollock, Francine Bergé, Edith Scob, Michel Vitold, Jacques Jouanneau
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L’original :
Judex (1916) de Louis Feuillade avec Musidora et René Cresté
La nouvelle mission de Judex (1917) de Louis Feuillade (tentative de suite)
Précédent remake :
Judex 34 (1933) de Maurice Champreux avec Paule Andral et Blanche Bernis

27 octobre 2008

Stand-by (2000) de Roch Stéphanik

Stand-byElle :
Belle découverte que ce premier long métrage. Une rupture amoureuse brutale juste au moment d’embarquer pour l’Argentine change totalement le destin d’Hélène. L’aéroport de verre devient son lieu de résidence ; elle s’y prostitue pour subvenir à ses moyens. Le scénario est simple, bien construit et plein d’intensité. Rendez-vous étonnants parfois amusants mais aussi rencontres violentes font que l’on s’attache à cette jeune femme déstabilisée. Elle revendique à sa manière sa liberté et son indépendance après avoir été sous la coupe d’un compagnon trop égoïste. Dominique Blanc joue une subtile partition entre la femme fragile et la femme fatale. L’aéroport d’Orly est formidablement bien filmé. Le film est jalonné de beaux et chauds éclairages, de jeux de flous et de reflets qui donnent l’illusion d’une bulle de verre dans laquelle on se sent bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
Stand-by est un film vraiment étonnant. La base de départ est somme toute assez simple mais assez dramatique : en partance pour une nouvelle vie à l’étranger, une jeune femme se fait « plaquer » malproprement par son compagnon en plein aéroport. Sous le choc, elle reste à Orly dans l’aérogare. Ce qui est remarquable dans Stand-by, c’est tout d’abord l’apparente maturité et la maîtrise de Roch Stephanik alors qu’il s’agit de son premier long métrage. Il utilise les travellings originaux et audacieux, des effets de ralentis, sans jamais en abuser et joue admirablement avec la profondeur de champ ; il a en tout cas une façon très personnelle d’utiliser le décor de l’aérogare d’Orly Sud et le résultat est franchement séduisant. Ensuite, il y a la formidable prestation de Dominique Blanc dans ce rôle multi facettes et lui donne une profondeur mélancolique. Stand-by est un très beau film et on peut se demander pourquoi le film est passé à ce point inaperçu (malgré 2 Césars) et surtout pourquoi, diable, Roch Stéphanik n’a pas tourné de long métrage après celui-ci.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dominique Blanc, Roschdy Zem, Patrick Catalifo, Jean-Luc Bideau
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26 octobre 2008

Laissons Lucie faire! (2000) de Emmanuel Mouret

Laissons Lucie faire!Elle :
Inconstance de l’amour pour un jeune homme lunaire aux allures de Fernandel et son amie Lucie. Ce badinage sentimental gentillet est un peu trop léger et est loin de la qualité des films de Rohmer.
Note : 2 étoiles

Lui :
Il y a beaucoup de bonnes choses dans Laissons Lucie Faire… à commencer par une rare fraîcheur. A 30 ans, le jeune Emmanuel Mouret apporte un ton différent, à contre-courant du cinéma français actuel. Pourtant il semble s’inscrire dans la droite lignée des Rohmer, de la nouvelle vague, de Woody Allen mais il semble aussi s’en affranchir totalement. Son cinéma est léger, semblant effleurer son sujet, faussement futile. Il parsème son film d’un humour multi facettes, parfois absurde, souvent farfelu, de nombreux gags de situations ou de dialogues pas toujours parfaitement mis en valeur. Emmanuel Mouret interprète lui-même le personnage principal, un jeu homme candide, timide et gauche, utilisant à merveille son faux air de Fernandel. Bien entendu on pourra reprocher à Laissons Lucie Faire d’être trop léger mais il y a un beau style en puissance dans le cinéma d’Emmanuel Mouret et, en attendant, on passe un bon moment car tout cela est vraiment très drôle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marie Gillain, Emmanuel Mouret, Dolores Chaplin, Georges Neri
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25 octobre 2008

Grand bonheur (1993) de Hervé Le Roux

Grand bonheurElle :
(En bref) En plein mois de juillet dans un Paris déserté, une bande d’une vingtaine d’étudiants se sépare. J’avoue avoir décroché très rapidement.
Note : 0 étoiles

Lui :
(En bref) Je n’ai pas vraiment accroché à ces déambulations sentimentales et professionnelles d’un groupe d’étudiants. Le film semble un peu partir dans tous les sens et manque de direction.
Note : 1 étoile

Acteurs: Charlotte Léo, Pierre Gérard, Lucas Belvaux
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17 octobre 2008

La fille coupée en deux (2007) de Claude Chabrol

La Fille coupée en deuxElle :
Une vision acérée et mordante de la bourgeoisie de province comme aime le faire Claude Chabrol. La bourgeoisie des notables et des gens de médias avec ses vices, ses perversités, ses obsessions. Et au milieu de ces hommes imbus d’eux même et assoiffés de sexe, une jeune femme innocente, pure comme la neige qui se laisse séduire et embarquer dans des aventures et des milieux sociaux qui ne lui ressemblent pas.
Note : 3 étoiles

Lui :
La Fille coupée en deux est inspirée d’un fait divers qui secoua l’Amérique du tout début du XXe siècle : l’affaire Thaw-Stanford White, un drame de la jalousie que Chabrol transpose à notre époque dans la haute bourgeoise lyonnaise (Richard Fleischer avait déjà adapté ce fait divers à l’écran en 1955, La fille sur la balançoire (The girl in the red velvet swing, un film qui avait eu à l’époque des problèmes avec la censure). L’ensemble n’est guère passionnant. On retrouve bien le milieu de prédilection de Chabrol, une bourgeoisie de type ‘panier de crabes’, mais les personnages semblent cette fois assez survolés. On se désintéresse, de ce fait, assez rapidement de l’intrigue. Un Chabrol en petite forme.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, François Berléand, Mathilda May
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14 octobre 2008

La race des seigneurs (1974) de Pierre Granier-Deferre

La race de seigneursElle :
(pas vu)

Lui :
Adapté du roman Creezy de Félicien Marceau, La race des seigneurs nous plonge dans le monde de la politique et du pouvoir : un homme de gauche, sur le point d’accepter un portefeuille de ministre dans un gouvernement de droite, doit choisir entre sa carrière politique et son amour pour une jeune femme mannequin…(!) Le film de Granier-Deferre offre à Alain Delon un rôle qui semble avoir été fait sur mesure pour lui. Il colle merveilleusement à son personnage, une « bête politique », hyperactif, qui vise son but ultime ignorant les méandres et déconvenues en chemin. Delon occupe logiquement tout le terrain mais il est bien épaulé par de beaux seconds rôles bien définis et surtout remarquablement interprétés (Claude Rich, Jeanne Moreau, …) La plastique de Sidne Rome est bien mise en valeur par une belle photographie, le côté légèrement sulfureux du film (plans assez appuyés sur sa poitrine nue) ayant bien entendu disparu avec le temps. Le film de Granier-Deferre fait partie de ces grands films commerciaux français de qualité des années 70. Le fond du propos de La race des seigneurs, sur les sacrifices nécessaires à faire pour réussir sa carrière politique, est toujours aussi actuel et le film n’a donc pas vieilli.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Alain Delon, Sydne Rome, Jeanne Moreau, Claude Rich, Jean-Marc Bory, Jean-Pierre Castaldi
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