28 mars 2008

La vie des autres (2006) de Florian Henckel von Donnersmarck

Titre original : « Das Leben der Anderen »

La Vie des AutresElle :
Imprégné de la peur qui l’oppressait enfant lorsqu’il passait d’est en ouest avec ses parents, ce jeune réalisateur signe un premier film plein de force qui dénonce tous les totalitarismes. Le message a le mérite de rappeler les terribles méthodes de fichage de la Stasi contre les opposants au régime. Dénonciations, cachettes, réunions clandestines, écriture sous le manteau pour informer les pays occidentaux, écoutes, arrestations, torture faisaient alors partie du quotidien en RDA puisqu’un énorme service d’informateurs opèrait au service de l’état. Le scénario, bien construit, fait monter l’intensité de l’émotion progressivement ; la mise en scène est sobre et efficace. Une partie de bras de fer s’engage entre un couple d’intellectuels qui se retrouve mis sous écoute par un membre de la police politique. Peu à peu, cet homme glacial et solitaire se laisse gagner par la beauté de l’amour, de la poésie et transgresse les règles établies. La vie des Autres est un film émouvant qui invite à ne pas oublier cette sombre période de l’histoire.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans La vie des Autres, Florian Henckel traite de façon assez puissante de la surveillance de la police politique en RDA. Il parvient à faire un film à la fois émotionnellement fort et donnant une idée terriblement précise de ce que pouvaient être les pratiques de la Stasi. Tout en évitant le manichéisme simplificateur, il met en avant un certain humanisme en le montrant niché là où on l’attend le moins. Cet équilibre habile entre suspense, documentaire et fiction n’est certainement pas étranger au succès que le film a rencontré. Pour un premier long métrage, c’est assez remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ulrich Mühe, Sebastian Koch, Martina Gedeck, Ulrich Tukur, Thomas Thieme
Voir la fiche du film et la filmographie de Florian Henckel von Donnersmarck sur le site imdb.com.

22 mars 2008

Le secret de Veronika Voss (1982) de Rainer Fassbinder

Titre original : Die Sehnsucht der Veronika Voss

Le secret de Veronika RossElle :
(En bref) Film décevant sur le plan scénaristique : le secret n’a pas l’importance que l’on pouvait présager et l’histoire n’en apparaît que plus banale. L’enjeu n’est pas suffisant pour nous captiver.
Note : 2 étoiles

Lui :
(En bref) L’univers est assez glauque et l’on attendait plus de l’histoire. Le film a pu traduire cette mauvaise conscience de l’Allemagne mais ni l’intrigue policière ni la psychologie des personnages n’a été suffisamment forte pour capter mon intérêt. Il s’agit du dernier film pleinement achevé de Fassbinder avant sa mort prématurée.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rosel Zech, Hilmar Thate
Voir la fiche du film et la filmographie de Rainer Fassbinder sur le site imdb.com.

15 mars 2008

La lettre (1999) de Manoel De Oliveira

La LettreElle :
Beau film sur les affres intérieurs de Catherine de Clèves alias la Princesse de Clèves. Sa passion amoureuse contenue consume la belle Chiara Mastroianni en proie aux tourments de la culpabilité vis à vis de son mari trompé en pensée. La lumière, les cadrages sont remarquablement étudiés et les dialogues sont émouvants.
Note : 5 étoiles

Lui :
La transposition à notre époque de ce roman de Madame de La Fayette est intéressante : Manoel De Oliveira garde l’esprit et les dialogues du XVIIe, seul l’environnement extérieur change. Cela donne au film un côté atemporel plutôt séduisant. Cependant, le film est vraiment très lent et je dois bien avouer avoir eu bien du mal à rester accroché.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Chiara Mastroianni, Pedro Abrunhosa, Antoine Chappey, Françoise Fabian
Voir la fiche du film et la filmographie de Manoel de Oliveira sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Manoel De Oliveira chroniqués sur ce blog…

Homonyme :
La lettre (The letter) de William Wyler (1940) avec Bette Davis

4 mars 2008

Monsieur Arkadin – Dossier secret (1955) de Orson Welles

Titre original : Confidential Report

Monsieur Arkadin Dossier SecretElle :
J’ai un peu décroché pendand la vision de Mr Akadin, comme engluée dans un certain malaise. Les personnages principaux ne sont guère attachants et la mise en scène un peu démonstrative et presque artificielle. On peut même avoir l’impression que Welles a cherché à y évacuer ses problèmes intérieurs.
Note : 2 étoiles

Lui :
Monsieur Arkadin / Dossier Secret est un film-enquête sur l’origine de la fortune d’un homme richissime, un scénario qui n’est donc pas sans rappeler Citizen Kane mais allant plus loin dans l’étrange et l’exubérant. Sur la forme, le film est franchement trépidant : que ce soit dans les dialogues, le jeu des acteurs ou bien-sûr le jeu des caméras, tout est fait pour ne laisser aucun répit au spectateur. La caméra virevolte, plonge, contre-plonge et bien rares sont les scènes filmées normalement, caméra droite. Tout ceci donne certes de la force aux personnages mais, il faut bien l’avouer, donne aussi parfois l’impression de regarder un exercice de style. Monsieur Arkadin est néanmoins un film assez magistral.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Akim Tamiroff, Michael Redgrave, Orson Welles, Grégoire Aslan, Patricia Medina, Jack Watling, Mischa Auer
Voir la fiche du film et la filmographie de Orson Welles sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Orson Welles chroniqués sur ce blog…

11 février 2008

Azur et Asmar (2006) de Michel Ocelot

Azur et AsmarElle :
(pas vu)

Lui :
Azur et Asmar est un très beau film d’animation. Une fois encore, le plus remarquable est que, Michel Ocelot a beau cibler en tout premier les enfants (à partir de 3 ans), son film reste non seulement regardable mais même assez passionnant pour un adulte… C’est un joli conte, avec une fée à délivrer, des obstacles à franchir et des méchants qui nous veulent du mal, un conte qui parvient bien a restituer toute la magie d’un certain orientalisme teinté d’aventures. De plus, Azur et Asmar véhicule indéniablement un message de tolérance : la xénophobie est ridiculisée de façon vraiment amusante et le fond de l’histoire met en valeur l’amitié de deux jeunes garçons au delà des races et des frontières. On retrouve le très bon équilibre du premier Kirikou avec un dessin pur et stylisé et une animation, certes très simple, mais qui donne une impression de souplesse et d’élasticité. Une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Cyril Mourali, Hiam Abbass, Patrick Timsit
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Ocelot sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Michel Ocelot chroniqués sur ce blog…

10 février 2008

Black Book (2006) de Paul Verhoeven

Titre original : « Zwartboek »

Black BookElle :
Ce film, qui met en avant les turpitudes de la guerre avec ses trahisons et bassesses, ne m’a pas procuré beaucoup d’émotion malgré la gravité du sujet. Son côté trop léché, trop romanesque, trop sulfureux, trop aventurier, trop thriller, trop spectaculaire m’a beaucoup gêné.
Note : 2 étoiles

Lui :
Paul Verhoeven a beau avoir quitté Hollywood pour rejoindre sa Hollande natale, il a gardé en grande partie son style et donc, quand il traite de l’action de la Résistance hollandaise en 1944, il le fait avec tous les ingrédients du cinéma de spectacle. Son Black Book fonctionne toutefois parfaitement bien, en premier lieu parce qu’il s’appuie sur un solide scénario, extrêmement riche à la manière d’un film d’espionnage, et aussi grâce à un rythme extrêmement soutenu, qui ne laisse pas beaucoup de temps de respirer, à la manière d’un film d’aventures à la Indiana Jones. En outre, Verhoeven peut aussi s’appuyer sur son actrice principale, Carine van Houten, qui montre beaucoup de tempérament pour camper une jeune fille fonceuse et prête à tout pour survivre. Il me paraît vain de chercher dans Black Book un quelconque message, c’est avant tout un spectacle mais, par sa facilité d’abord, c’est aussi une façon de garder à l’esprit cette période sombre de notre Histoire. En tout cas, c’est à mes yeux le meilleur film de Verhoeven.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Carice van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Reijn
Voir la fiche du film et la filmographie de Paul Verhoeven sur le site imdb.com.

28 janvier 2008

Les lumières du faubourg (2006) de Aki Kaurismäki

Titre original : « Laitakaupungin valot »

Les Lumières du faubourgElle :
Dernier volet de la trilogie débutée avec Au loin s’en vont les nuages qui évoquait le chômage et L’homme sans passé qui abordait la perte d’identité et l’errance, Les Lumières du faubourg est un film sombre sur la solitude et l’incommunicabilité d’un gardien de nuit face à la dureté de la société. Kaurismäki est ici un véritable artiste du cadrage, de la composition, de la couleur, de l’éclairage. Chaque plan est une petite œuvre d’art. Le rouge et le vert sont en toile de fond de décors presque théâtraux face aux lumières d’une ville froide et indifférente. C’est très beau et émouvant. Il en ressort un grand dépouillement à l’image de cet homme solitaire qui ne parvient pas à aimer et se faire aimer. Les dialogues sont réduits au strict nécessaire au profit de superbes musiques de tango.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Lumières du Faubourg est le troisième volet d’un triptyque de Kaurismäki qui a déjà traité de la perte d’emploi et de la perte d’identité. Cette fois, le cinéaste finlandais aborde la solitude avec une histoire qui flirte avec le film noir mais qui va bien au-delà. Son personnage principal est l’archétype de l’anti-héros, un homme renfermé, passif et atone, qui va se laisser mener en bateau par une jolie femme. Contrastant avec la noirceur de l’histoire, mais faisant tout de même corps avec elle, les images sont merveilleusement graphiques ; chaque plan est travaillé avec notamment une superbe utilisation des couleurs par équilibre de grandes masses, dans un style global qui peut évoquer la bande dessinée. Cette forme propulse le film en lui donnant une très forte personnalité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Janne Hyytiäinen, Maria Järvenhelmi, Maria Heiskanen
Voir la fiche du film et la filmographie de Aki Kaurismäki sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Aki Kaurismäki chroniqués sur ce blog…

24 janvier 2008

La chute (2004) de Oliver Hirschbiegel

Titre original : « Der Untergang »

La ChuteElle :
Un film aux allures de téléfilm et de documentaire-fiction qui m’a mis mal à l’aise. La chute d’un régime criminel et du pire dictateur de tous les temps dans son bunker, entouré de ses terribles comparses, la lente décomposition d’un Hitler vieillissant et tremblant, capable d’avoir la larme à l’œil et de se montrer attentif envers les enfants et les jeunes femmes, des visages angéliques d’enfants et de secrétaires qui suscitent un certain attendrissement et assez peu d’éléments précis sur la barbarie du national socialisme malgré les quelques abominables vociférations d’Hitler. Il faudra le générique de fin pour en avoir une meilleure idée. Est-ce suffisant pour faire passer le message aux jeunes générations ? Il faut saluer la performance d’acteur de Bruno Ganz.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il est certain que l’existence même d’un film sur les derniers jours du plus grand tyran de l’Histoire n’est pas sans poser quelques problèmes : le risque de le rendre humain n’est pas négligeable et sur ce point le film peut être critiqué à cause de certaines scènes, notamment celle où l’on voit une larme perler sur sa joue à l’annonce de la défection de l’un de ses proches. Néanmoins, La Chute parvient à dresser le portrait d’un dictateur parvenu à une impasse, aveuglé par une idéologie primaire et brutale, lâché peu à peu par une partie de ses généraux. Il est présenté comme étant parfaitement lucide et revendiquant la justesse de ses actes. C’est une bonne chose dans la mesure où il aurait été trop facile (et non-conforme à l’Histoire) de le montrer comme un fou psychopathe. En revanche, sur le plan physique, le film nous le montre vieillissant très rapidement et pris de tremblements permanents. Evitant les écueils, La Chute parvient donc à trouver une représentation juste de ce monstre de l’Histoire, aidé par l’interprétation particulièrement remarquable de Bruno Ganz. On peut, bien entendu, s’interroger sur la nécessité ou l’intérêt de faire un tel film mais son succès en Allemagne montre qu’il a un grand besoin de savoir. Et sur ce point, seule une production allemande pouvait parvenir pleinement à ce résultat.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Ulrich Matthes, Juliane Köhler, Corinna Harfouch
Voir la fiche du film et la filmographie de Oliver Hirschbiegel sur le site imdb.com.

21 janvier 2008

Le Cabinet du Docteur Caligari (1919) de Robert Wiene

Titre original : « Das Kabinett des Doktor Caligari »

Le Cabinet du Dr CaligariLui :
Film-manifeste de l’expressionnisme allemand, Le Cabinet du Docteur Caligari tient une place à part dans l’histoire du cinéma. Ce sont bien entendu les décors qui frappèrent en premier les spectateurs : maisons de travers, rues tordues, aucun angle droit dans l’architecture… Ces décors, tout en tentures peintes, sont l’œuvre d’un groupe de peintres expressionnistes Der Sturm qui professait que « les films doivent être des dessins vivants ». Effectivement, nous avons l’impression d’être coupés de la réalité, d’être transportés ailleurs et cette sensation accentue l’étrangeté du récit et le déséquilibre mental du narrateur. La force des décors ne doit pas faire passer au second plan toute la portée du scénario de Carl Mayer et Hans Janowitz. Maintes fois qualifié de visionnaire, ce scénario (écrit juste au lendemain de la guerre de 14-18) fustige l’autoritarisme, celui qui transforme les hommes en automate : certains historiens du cinéma y ont vu une prédiction de la montée du nazisme. Le jeu des acteurs, quant à lui, passe assez nettement au second plan. Le Cabinet du Dr Caligari Sans doute, on peut regretter sur ce point que la réalisation fut confiée à un cinéaste de moyenne envergure (alors qu’initialement, le film devait être tourné par Fritz Lang qui se retira assez rapidement, hélas). Le Cabinet du Docteur Caligari reste remarquable à visionner 90 ans plus tard, le plus bel exemple de l’expressionnisme allemand au cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Werner Krauss, Conrad Veidt, Friedrich Feher, Lil Dagover
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Wiene sur le site imdb.com.

Le Cabinet du Docteur Caligari eut un remake (peu réussi, plutôt une transposition de l’histoire) : The cabinet of Caligari (1962) de Roger Kay.
Une parodie aurait été réalisée en 1930 : Das Kabinett des Dr. Larifari de Robert Wohlmuth.

25 décembre 2007

La mégère apprivoisée (1967) de Franco Zeffirelli

Titre original : « The taming of the shrew »

La mégère apprivoiséeElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Cette comédie légère de Shakespeare trouve ici le couple d’acteur idéal pour transposer à l’écran toute la rage nécessaire aux scènes de conflit : Elizabeth Taylor et Richard Burton étaient alors en éternelle dispute et cela se sent. La Mégère Apprivoisée, surtout dans sa première moitié, déborde de cette hargne dans la querelle, nos deux tourtereaux s’y donnent vraiment et se jettent tout le mobilier à la figure avec un entrain qui fait plaisir à voir. Le côté spectacle est appuyé par une formidable utilisation du Technicolor qui ajoute un faste certain à toutes ces scènes. Le rythme tombe un peu dans la seconde moitié : dès que le calme revient, on perçoit à quel point cette version repose sur l’opposition de ses deux acteurs. La Mégère Apprivoisée reste vraiment plaisant à regarder et n’a guère vieilli.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton, Cyril Cusack, Michael Hordern
Voir la fiche du film et la filmographie de Franco Zeffirelli sur le site imdb.com.

Quelques autres adaptations de cette pièce de Shakespeare :
La mégère apprivoisée (The taming of the shrew) de Sam Taylor (1929) avec Mary Pickford et Douglas Fairbanks
Embrasse-moi, Chérie (Kiss me Kate) de George Sidney (1953) avec Kathryn Grayson et Howard Keel : en fait l’histoire de deux acteurs qui, en jouant La mégère apprivoisée adaptée en comédie musicale, transposent leur personnage dans la vie réelle.
10 bonnes raisons de te larguer (10 things I hate about you) de Gil Junger (1999), une version de type « college movie »…
… et de (très) nombreuses adaptations à la télévision.