11 février 2008

Azur et Asmar (2006) de Michel Ocelot

Azur et AsmarElle :
(pas vu)

Lui :
Azur et Asmar est un très beau film d’animation. Une fois encore, le plus remarquable est que, Michel Ocelot a beau cibler en tout premier les enfants (à partir de 3 ans), son film reste non seulement regardable mais même assez passionnant pour un adulte… C’est un joli conte, avec une fée à délivrer, des obstacles à franchir et des méchants qui nous veulent du mal, un conte qui parvient bien a restituer toute la magie d’un certain orientalisme teinté d’aventures. De plus, Azur et Asmar véhicule indéniablement un message de tolérance : la xénophobie est ridiculisée de façon vraiment amusante et le fond de l’histoire met en valeur l’amitié de deux jeunes garçons au delà des races et des frontières. On retrouve le très bon équilibre du premier Kirikou avec un dessin pur et stylisé et une animation, certes très simple, mais qui donne une impression de souplesse et d’élasticité. Une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Cyril Mourali, Hiam Abbass, Patrick Timsit
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10 février 2008

Black Book (2006) de Paul Verhoeven

Titre original : « Zwartboek »

Black BookElle :
Ce film, qui met en avant les turpitudes de la guerre avec ses trahisons et bassesses, ne m’a pas procuré beaucoup d’émotion malgré la gravité du sujet. Son côté trop léché, trop romanesque, trop sulfureux, trop aventurier, trop thriller, trop spectaculaire m’a beaucoup gêné.
Note : 2 étoiles

Lui :
Paul Verhoeven a beau avoir quitté Hollywood pour rejoindre sa Hollande natale, il a gardé en grande partie son style et donc, quand il traite de l’action de la Résistance hollandaise en 1944, il le fait avec tous les ingrédients du cinéma de spectacle. Son Black Book fonctionne toutefois parfaitement bien, en premier lieu parce qu’il s’appuie sur un solide scénario, extrêmement riche à la manière d’un film d’espionnage, et aussi grâce à un rythme extrêmement soutenu, qui ne laisse pas beaucoup de temps de respirer, à la manière d’un film d’aventures à la Indiana Jones. En outre, Verhoeven peut aussi s’appuyer sur son actrice principale, Carine van Houten, qui montre beaucoup de tempérament pour camper une jeune fille fonceuse et prête à tout pour survivre. Il me paraît vain de chercher dans Black Book un quelconque message, c’est avant tout un spectacle mais, par sa facilité d’abord, c’est aussi une façon de garder à l’esprit cette période sombre de notre Histoire. En tout cas, c’est à mes yeux le meilleur film de Verhoeven.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Carice van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Reijn
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28 janvier 2008

Les lumières du faubourg (2006) de Aki Kaurismäki

Titre original : « Laitakaupungin valot »

Les Lumières du faubourgElle :
Dernier volet de la trilogie débutée avec Au loin s’en vont les nuages qui évoquait le chômage et L’homme sans passé qui abordait la perte d’identité et l’errance, Les Lumières du faubourg est un film sombre sur la solitude et l’incommunicabilité d’un gardien de nuit face à la dureté de la société. Kaurismäki est ici un véritable artiste du cadrage, de la composition, de la couleur, de l’éclairage. Chaque plan est une petite œuvre d’art. Le rouge et le vert sont en toile de fond de décors presque théâtraux face aux lumières d’une ville froide et indifférente. C’est très beau et émouvant. Il en ressort un grand dépouillement à l’image de cet homme solitaire qui ne parvient pas à aimer et se faire aimer. Les dialogues sont réduits au strict nécessaire au profit de superbes musiques de tango.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Lumières du Faubourg est le troisième volet d’un triptyque de Kaurismäki qui a déjà traité de la perte d’emploi et de la perte d’identité. Cette fois, le cinéaste finlandais aborde la solitude avec une histoire qui flirte avec le film noir mais qui va bien au-delà. Son personnage principal est l’archétype de l’anti-héros, un homme renfermé, passif et atone, qui va se laisser mener en bateau par une jolie femme. Contrastant avec la noirceur de l’histoire, mais faisant tout de même corps avec elle, les images sont merveilleusement graphiques ; chaque plan est travaillé avec notamment une superbe utilisation des couleurs par équilibre de grandes masses, dans un style global qui peut évoquer la bande dessinée. Cette forme propulse le film en lui donnant une très forte personnalité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Janne Hyytiäinen, Maria Järvenhelmi, Maria Heiskanen
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24 janvier 2008

La chute (2004) de Oliver Hirschbiegel

Titre original : « Der Untergang »

La ChuteElle :
Un film aux allures de téléfilm et de documentaire-fiction qui m’a mis mal à l’aise. La chute d’un régime criminel et du pire dictateur de tous les temps dans son bunker, entouré de ses terribles comparses, la lente décomposition d’un Hitler vieillissant et tremblant, capable d’avoir la larme à l’œil et de se montrer attentif envers les enfants et les jeunes femmes, des visages angéliques d’enfants et de secrétaires qui suscitent un certain attendrissement et assez peu d’éléments précis sur la barbarie du national socialisme malgré les quelques abominables vociférations d’Hitler. Il faudra le générique de fin pour en avoir une meilleure idée. Est-ce suffisant pour faire passer le message aux jeunes générations ? Il faut saluer la performance d’acteur de Bruno Ganz.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il est certain que l’existence même d’un film sur les derniers jours du plus grand tyran de l’Histoire n’est pas sans poser quelques problèmes : le risque de le rendre humain n’est pas négligeable et sur ce point le film peut être critiqué à cause de certaines scènes, notamment celle où l’on voit une larme perler sur sa joue à l’annonce de la défection de l’un de ses proches. Néanmoins, La Chute parvient à dresser le portrait d’un dictateur parvenu à une impasse, aveuglé par une idéologie primaire et brutale, lâché peu à peu par une partie de ses généraux. Il est présenté comme étant parfaitement lucide et revendiquant la justesse de ses actes. C’est une bonne chose dans la mesure où il aurait été trop facile (et non-conforme à l’Histoire) de le montrer comme un fou psychopathe. En revanche, sur le plan physique, le film nous le montre vieillissant très rapidement et pris de tremblements permanents. Evitant les écueils, La Chute parvient donc à trouver une représentation juste de ce monstre de l’Histoire, aidé par l’interprétation particulièrement remarquable de Bruno Ganz. On peut, bien entendu, s’interroger sur la nécessité ou l’intérêt de faire un tel film mais son succès en Allemagne montre qu’il a un grand besoin de savoir. Et sur ce point, seule une production allemande pouvait parvenir pleinement à ce résultat.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Ulrich Matthes, Juliane Köhler, Corinna Harfouch
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21 janvier 2008

Le Cabinet du Docteur Caligari (1919) de Robert Wiene

Titre original : « Das Kabinett des Doktor Caligari »

Le Cabinet du Dr CaligariLui :
Film-manifeste de l’expressionnisme allemand, Le Cabinet du Docteur Caligari tient une place à part dans l’histoire du cinéma. Ce sont bien entendu les décors qui frappèrent en premier les spectateurs : maisons de travers, rues tordues, aucun angle droit dans l’architecture… Ces décors, tout en tentures peintes, sont l’œuvre d’un groupe de peintres expressionnistes Der Sturm qui professait que « les films doivent être des dessins vivants ». Effectivement, nous avons l’impression d’être coupés de la réalité, d’être transportés ailleurs et cette sensation accentue l’étrangeté du récit et le déséquilibre mental du narrateur. La force des décors ne doit pas faire passer au second plan toute la portée du scénario de Carl Mayer et Hans Janowitz. Maintes fois qualifié de visionnaire, ce scénario (écrit juste au lendemain de la guerre de 14-18) fustige l’autoritarisme, celui qui transforme les hommes en automate : certains historiens du cinéma y ont vu une prédiction de la montée du nazisme. Le jeu des acteurs, quant à lui, passe assez nettement au second plan. Le Cabinet du Dr Caligari Sans doute, on peut regretter sur ce point que la réalisation fut confiée à un cinéaste de moyenne envergure (alors qu’initialement, le film devait être tourné par Fritz Lang qui se retira assez rapidement, hélas). Le Cabinet du Docteur Caligari reste remarquable à visionner 90 ans plus tard, le plus bel exemple de l’expressionnisme allemand au cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Werner Krauss, Conrad Veidt, Friedrich Feher, Lil Dagover
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Le Cabinet du Docteur Caligari eut un remake (peu réussi, plutôt une transposition de l’histoire) : The cabinet of Caligari (1962) de Roger Kay.
Une parodie aurait été réalisée en 1930 : Das Kabinett des Dr. Larifari de Robert Wohlmuth.

25 décembre 2007

La mégère apprivoisée (1967) de Franco Zeffirelli

Titre original : « The taming of the shrew »

La mégère apprivoiséeElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Cette comédie légère de Shakespeare trouve ici le couple d’acteur idéal pour transposer à l’écran toute la rage nécessaire aux scènes de conflit : Elizabeth Taylor et Richard Burton étaient alors en éternelle dispute et cela se sent. La Mégère Apprivoisée, surtout dans sa première moitié, déborde de cette hargne dans la querelle, nos deux tourtereaux s’y donnent vraiment et se jettent tout le mobilier à la figure avec un entrain qui fait plaisir à voir. Le côté spectacle est appuyé par une formidable utilisation du Technicolor qui ajoute un faste certain à toutes ces scènes. Le rythme tombe un peu dans la seconde moitié : dès que le calme revient, on perçoit à quel point cette version repose sur l’opposition de ses deux acteurs. La Mégère Apprivoisée reste vraiment plaisant à regarder et n’a guère vieilli.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton, Cyril Cusack, Michael Hordern
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Quelques autres adaptations de cette pièce de Shakespeare :
La mégère apprivoisée (The taming of the shrew) de Sam Taylor (1929) avec Mary Pickford et Douglas Fairbanks
Embrasse-moi, Chérie (Kiss me Kate) de George Sidney (1953) avec Kathryn Grayson et Howard Keel : en fait l’histoire de deux acteurs qui, en jouant La mégère apprivoisée adaptée en comédie musicale, transposent leur personnage dans la vie réelle.
10 bonnes raisons de te larguer (10 things I hate about you) de Gil Junger (1999), une version de type « college movie »…
… et de (très) nombreuses adaptations à la télévision.

24 décembre 2007

Manderlay (2005) de Lars von Trier

ManderlayElle :
(pas vu)

Lui :
Deuxième volet de la trilogie que Lars von Trier consacre à l’Amérique « Land of opportunity » (le premier étant Dogville et le troisième sera prochainement Wasington), Manderlay reprend le même principe totalement dénudé de mise en scène que Dogville : un sol peint avec l’emplacement des bâtiments et autres lieux de décors, le tout agrémenté de seulement quelques éléments de mobilier. Cette fois, Lars von Trier traite du pouvoir, de l’exploitation et de l’esclavage. Son héroïne Grace est une jeune oie blanche, assise sur ses certitudes issues du politiquement correct, qui désire instaurer de force un système basé sur la démocratie et la liberté au sein d’un petit domaine rural dans l’Alabama des années 30 (on peut faire aussi le parallèle avec l’Irak puisque la jeune Grace a quelques sbires armés à sa disposition pour imposer ses vues). Manderlay m’a paru beaucoup moins convaincant que Dogville, l’ensemble étant plus confus à mes yeux, avec une caméra à l’épaule plus pénible à supporter et surtout un contenu uniquement centré sur le discours un peu simplet de la jeune femme dont les certitudes ne seront sérieusement bousculées (dans un registre un peu surprenant d’ailleurs) que dans les 15 dernières minutes. Manderlay a beau soulever des problèmes tout aussi intéressants (sinon plus), il n’a pas, hélas, la richesse de développement de Dogville.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Bryce Dallas Howard, Isaach De Bankolé, Danny Glover, Willem Dafoe, Lauren Bacall
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15 décembre 2007

La Chatte des Montagnes (1921) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Die Bergkatze »

La chatte des MontagnesElle :
(pas vu)

Lui :
La Chatte des Montagnes n’est autre que Pola Negri, actrice polonaise alors en pleine ascension grâce à plusieurs films dirigés par Lubistch. Elle est le pivot central de cette comédie dite « grotesque ». Dans les montagnes enneigées d’un pays imaginaire, une sauvageonne est à la tête d’une petite bande de brigands qui font la guéguerre à une garnison proche. Un jeune lieutenant, Don Juan notoire, vient juste d’y être muté. Cette situation de départ permet à Lubitsch de partir dans une frénésie burlesque. Il joue beaucoup avec les décors, des décors de poupée assez stylisés et extravagants ; il joue aussi avec la multiplication d’objets ou de personnages (il faut voir la foule de milliers de femmes transies venues dire au revoir au bourreau des coeurs!) La chatte des Montagnes Il utilise de façon importante des caches (en rond, en zigzag,…) pour se libérer du cadre carré et l’inventivité est quasi permanente. Il pousse à fond la caricature, appuyant très fort sur l’humour, il ridiculise la guerre de façon vraiment étonnante pour l’époque (au lendemain de la guerre de 14-18) : les soldats se relèvent après avoir pris une balle mais une gifle ou une boule de neige les met en déroute. Tout cela a un petit côté anarchiste ou du moins franchement libertaire ; et c’est sans compter les nombreuses petites notes de sensualité quasi-fétichisante, centrée sur Pola Negri bien entendu. Les cinéastes avaient alors une totale liberté, une liberté qu’ils ne retrouveront jamais plus par la suite. Il n’est donc guère étonnant que, vu aujourd’hui après presque un siècle, La Chatte des Montagnes nous apparaisse comme une comédie totalement débridée.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Pola Negri, Paul Heidemann
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4 décembre 2007

Le nom de la rose (1986) de Jean-Jacques Annaud

Titre original : Der Name der Rose

Au nom de la roseElle :
Immersion au temps de l’inquisition et de l’hérésie religieuse dans un monastère perché sur le haut d’une montagne désolée. Les livres interdits qui pourraient perturber les croyances religieuses des moines sont enfermés dans une tour inaccessible. Plusieurs moines sont retrouvés morts avec la langue et le bout du doigt noirs. Sean Connery va mener l’enquête. Le décor lugubre, les moines aux trognes laides s’opposent à l’angélisme de Sean Connery et de son jeune compagnon. Même si parfois c’est un peu caricatural, on se laisse prendre au jeu de ces énigmes et de cette atmosphère monastique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans cette adaptation du roman d’Umberto Ecco, Annaud a choisi de privilégier le spectacle en évacuant tout le contenu philosophique. Il réussit néanmoins à faire un film fort, même s’il tombe parfois dans l’excès en insistant lourdement sur certaines scènes « dérangeantes » (autopsies, préambules à la torture). Les décors, somptueux de réalisme, contribuent largement à cette réussite ; la bibliothèque est une pure merveille.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Christian Slater, Helmut Qualtinger, Michael Lonsdale
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3 décembre 2007

La princesse aux huîtres (1919) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Die Austernprinzessin »

La princesse aux huîtresElle :
(pas vu)

Lui :
La Princesse aux Huîtres est une comédie assez étonnante de la toute première période allemande d’Ernst Lubitsch. La fille du magnat des huîtres menace de tout détruire dans la maison si on ne lui trouve pas un mari noble dans l’heure qui suit. Voilà le point de départ de cette farce dont l’intensité ne montre aucun signe de faiblesse durant ses 60 minutes. Quel humour ! Et quel rythme ! Le ballet de la horde de serviteurs est une merveille : tout en étant assez franchement dans la démesure, Lubitsch ne tombe jamais dans l’extravagance gratuite. C’est l’humour qu’il privilégie et pour cela il joue beaucoup sur le mouvement. Ernst Lubitsch Ainsi, dès 1919, il montre son sens de la comédie, de la dérision, du burlesque… la fameuse Lubitsch’ touch. Je conseillerais volontiers la vision de La Princesse aux Huîtres aux personnes qui pensent qu’un film muet est forcément triste et rasoir. Je dois bien avouer que ce film m’a moi-même franchement surpris, je ne m’attendais pas à trouver une telle légèreté, un tel humour dans un film allemand de 1919. Pour ne rien gâter, le film est remarquablement bien conservé et restauré. Oui, La Princesse aux Huîtres est un vrai petit bijou.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Victor Janson, Ossi Oswalda, Harry Liedtke, Julius Falkenstein
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