14 avril 2005

Le Décalogue (1988) de Krzysztof Kieslowski

Titre original : « Dekalog »

DecalogueElle :
Ce cycle de dix films d’1h chacun se décline autour des dix commandements. Kieslowski situe ces épisodes dans une cité dortoir glauque et choisit de décrypter la vie de plusieurs familles qui pourront se croiser au fil des films. C’est dans un style dépouillé, dépourvu de bande musicale que le réalisateur détourne le sens de ces dix commandements en montrant qu’il n’est pas si facile de les appliquer. Il analyse les profondeurs et les contradictions de l’âme humaine. Pas de grands discours, des gros plans sur des visages, des rides, des objets et une atmosphère minimaliste. Beaucoup de symboles également comme un observateur muet commun aux dix épisodes, des liquides comme le lait, du verre brisé, des reflets sur les vitres, des regards interrogateurs, des diagonales ouvertes vers un autre ailleurs. Tous ces signes parsèment les histoires comme pour mieux exprimer les doutes sur la façon de se comporter, de penser et d’agir. L’ensemble est une œuvre élaborée et construite mais qu’il n’est toujours facile de suivre pas à pas tant les sujets abordés sont lourds et graves. Le DVD qui réunit ces dix épisodes, contient des documents très intéressants sur l’élaboration et la signification du Décalogue de Kieslowski.
Note : 3 étoiles

KieslowskiLui :
Bien évidemment, dans ce Décalogue, c’est bien plus qu’une illustration moralisante des dix commandements que nous propose Kieslowski… mais on ne peut pas affirmer que ce soit le contraire non plus. Pour chacun de ces commandements, il s’attache à nous mettre sous les yeux une situation où il ressort qu’il n’est pas si facile de dire « il y a le bien et le mal »… Au contraire, rien n’est simple. Si les personnages avaient suivi le dogme à la lettre, leur vie se serait soit terminée ou aurait sombré. En même temps, ce n’est pas non plus une négation de ces préceptes et le propos de Kieslowski est fondamentalement humaniste.
Note : 4 étoiles

Voir la fiche complète du film et la filmographie de Krzysztof Kieslowski

1) Un seul Dieu tu adoreras :
Decalogue 1Elle :
Cet épisode montre un père qui ne croit qu’en la science et sa sœur qui ne croit qu’en Dieu avec, au milieu, un petit garçon qui pose des questions sur le sens de la vie et de la mort. Il perd la vie sur un lac gelé à cause d’une mauvaise prévision de son père qui avait calculé quel poids la glace pouvait supporter et n’avait pas prévu qu’un feu serait allumé près du lac et fragiliserait la glace.
Lui :
Une histoire assez attachante, interprétée de façon très convaincante, notamment par cet étonnant petit garçon. Si l’univers est triste, froid et impersonnel, la relation entre le père et son fils dégage une chaleur peu commune. Difficile de ne croire qu’à une seule chose, de tout baser sur une croyance, telle semble être la morale avancée par Kieslowski dans Un seul Dieu tu adoreras.

2) Tu ne commettras pas de parjure :
Decalogue 2Elle :
Dans le même quartier que l’épisode 1, une jeune femme doit choisir entre son mari mourant et son amant qu’il l’a mise enceinte. Le médecin de son mari commet un parjure en lui disant que son mari va mourir pour éviter qu’elle ne se fasse avorter.
Lui :
Tu ne commettras pas de parjure est un étonnant face à face entre ce docteur et la femme d’un grand malade, une femme dont on perçoit petit à petit la situation pleine d’ambivalence et d’équivoque, entre deux chaises ou plutôt deux amants. Ici encore, le monde est froid et impersonnel.

3) Tu respecteras le jour du Seigneur :
Decalogue3Elle :
L’irruption dans une famille de l’ancienne amante du mari en pleine veillée de Noël. Cette femme esseulée et déboussolée a inventé toute une histoire pour pouvoir passer la nuit avec son ancien amant. J’avoue n’avoir pas beaucoup accroché l’histoire ici développée et n’avoir pas bien compris ce détournement du 3ème commandement. L’ensemble est moins convaincant.
Lui :
L’histoire choisie pour illustrer ce volet est un peu plus faible (une femme invente une histoire pour passer plusieurs heures avec son ancien amant à la recherche de son mari actuel, soit disant disparu). Les personnages de ces deux anciens amants sont vraiment survolés, on ignore tout d’eux et donc la symbiose ne fonctionne pas. Et toujours cet univers vide de monde, froid et peu chaleureux.

4/ Tu honoreras ton père et ta mère :
Decalogue 4Elle :
Une jeune femme dont la mère est morte fait croire à son père qu’elle n’est pas sa fille car elle l’aime secrètement. Elle ne peut donc honorer ni son père ni sa mère. La filiation est ambiguë. Cet épisode est plus touchant mais toujours très lent.
Lui :
Beaucoup d’intensité dans ce face à face entre un père et sa fille, l’ambiguïté de leurs rapports nous étant bien dévoilée petit à petit et le spectateur est autant troublé que le sont les personnages. Les sentiments sont plus que jamais au centre de ce volet.

5/ Tu ne tueras point :
Decalogue 5
Elle :
Un jeune homme tue un chauffeur de taxi avec acharnement. Il est condamné à la pendaison. Deux meurtres dont un commis par la justice. La première partie est franchement insoutenable. La deuxième partie qui se passe avec les préparatifs de la pendaison est plus intéressante et met en relief le problème de la peine de mort.
Lui :
Ce volet est un réquisitoire assez poignant contre la peine de mort, qui met face à face la brutalité du crime commis par un jeune garçon un peu désaxé et la brutalité de la sentence judiciaire. Même si l’argument utilisé ne semble pas en soi être ni le meilleur ni le plus efficace, le film de Kieslowski n’en remue pas moins les tripes, de par l’intensité de la préparation du crime commis et par le côté cru du passage à l’acte. Le montage met en parallèle la trajectoire du garçon et de son futur (jeune) avocat. La photographie tend à alourdir le climat, par l’utilisation de filtres jaunes ou par l’assombrissement des côtés de l’image. Un film dérangeant mais assez marquant.

6/ Tu ne seras pas luxurieux :
Decalogue 6Elle :
Un jeune homme fragile et timide observe à la longue-vue dans l’appartement d’en face une femme aux mœurs libres dont il est secrètement amoureux. Il est prêt à tout pour la rencontrer mais l’entrevue est un fiasco qui débouche sur une tentative de suicide. Ces deux personnages ne parviennent pas à s’extraire de leur solitude. Le rythme du film est vraiment très lent.
Lui :
Kieslowski met à nouveau en scène deux personnages totalement à l’opposé l’un de l’autre : une jeune femme sûre d’elle à la sexualité libérée et un jeune garçon timide, n’ayant jamais connu de vie amoureuse et passant ses soirées à épier la première. On peu certes reprocher au film une certaine lenteur, mais Kieslowski parvient bien à nous faire partager l’état d’esprit du jeune garçon ne sachant quoi faire avec son désir, tout comme il parvient bien à nous montrer le sentiment d’insatisfaction presque désabusé chez la femme. Une fois de plus, il choisit de ne pas approfondir les personnages, on ne sait que peu de choses de leur vie réelle, mais il se concentre sur le sujet traité et les sentiments qu’il génère. Et une fois de plus, l’intensité est réelle.

7/ Tu ne voleras point :
Decalogue 7Elle :
Il s’agit du vol d’une petite fille par sa grand-mère qui lui fait croire qu’elle est sa vraie mère. La jeune maman qui a eu cet enfant alors qu’elle avait 16 ans, souhaite maintenant remettre les choses dans l’ordre et retrouver son vrai rôle de mère. Elle kidnappe sa petite fille. On découvre alors la haine qui existe entre la grand-mère et sa vraie fille, la démission du vrai père de l’enfant et l’innocence de la petite fille victime de la bêtise des adultes. Certes, cet épisode n’est pas bien gai mais au filanl est beaucoup plus touchant que les autres.
Lui :
C’est de vol d’enfant dont il s’agit, une femme ayant inscrite sa petite fille comme étant sa fille pour éviter un scandale. La vraie mère va donc tenter d’enlever son enfant, voler le voleur en quelque sorte. C’est surtout de la situation de la vraie mère que traite Kieslowski, une femme qui ne parvient pas à trouver sa place, presque reniée par sa propre mère et incapable d’être une mère à sa fille, sans aucune attache, repoussée par l’homme avec lequel elle a eu l’enfant. Ce volet paraît toutefois un peu lent et long par rapport aux autres, et avec des caractères un peu marqués et typés.

8) Tu ne mentiras point :
Decalogue DVDElle :
Pour illustrer le non respect de ce commandement, Kieslowski met en scène une conférencière et une femme polonaise américaine qui veut assister à ses cours. Elle lui annonce être la petite juive que le professeur a refusé d’accueillir en 1943, ce qui lui aurait permis d’éviter les camps de concentration. La conférencière lui révèle qu’elle avait une bonne raison de mentir. Elle voulait protéger son réseau de résistance. Le sujet est intéressant, les visages sont filmés au plus près pour exprimer la douleur du passé. Néanmoins, je n’accroche pas à la forme, ce tempo très très lent du film. Il y a beaucoup d’attente, de silences qui pèsent sur les épaules et font que mon esprit vagabonde vers autre chose.
Lui :
Pour le thème du mensonge, ou plus exactement celui de « cacher la vérité », Kieslowski choisit une histoire se passant pendant la guerre ou plus exactement le moment où la vérité éclate 40 ans plus tard. Etant prise dans une situation totalement hors de l’ordinaire, qui plus est hors de toute raison, cette illustration perd de son impact et de sa force, me semble t-il. Le face à face entre les deux femmes est de plus assez peu nourri.

9) Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin :
Decalogue 9Elle :
Un homme qui vient de découvrir son impuissance propose à sa femme de prendre un amant. Il devient pourtant très jaloux : il l’épie, surveille ses conversations téléphoniques, assiste aux ébats amoureux de sa femme et tente en vain de se suicider alors que son épouse était en train de rompre sa relation. Cet épisode m’a beaucoup plus intéressée car il est beaucoup moins pesant dans sa forme, plus riche et est ponctué de thèmes musicaux, de changements de rythmes, de symboles à décrypter. Toujours des plans serrés, des gros plans sur le téléphone, des allers et retours entre ce que vit la femme et l’homme. Une belle réussite.
Lui :
Ce volet traite des sentiments et rapports de confiance entre une homme et une femme, dont le couple est placé dans une situation de crise (impuissance définitive du mari). Le cinéaste montre par quelles phases va passer l’état de leur relation et comment ce couple va se trouver au bord du drame. Une fois de plus, les situations, les sentiments sont simples mais intenses.

10) Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui :
DecalogueElle :
Dans ce dernier épisode, Kieslowski cherche à montrer que dès que l’argent est en jeu, les hommes sont prêts à tout sacrifier. Il met en scène deux frères qui viennent de perdre leur père et découvrent que celui-ci avait amassé une véritable fortune en collectionnant les timbres. Ils cherchent donc à augmenter le patrimoine, à préserver le butin en se protégeant avec un chien danois et en mettant des barreaux à l’appartement. Un des frères va même jusqu’à se faire enlever un rein pour acquérir un timbre. Cette histoire fonctionne sur le mode de l’ironie et de l’humour. On reste sidéré devant cette bêtise humaine.
Lui :
Deux frères, de mode de vie très différents, se retrouvent face à un héritage de grande valeur sous la forme d’une collection de timbres. Kieslowski s’attache à nous montrer l’impact assez similaire qu’il va avoir sur ces deux frères, il dépasse l’aspect pécuniaire pur puisqu’ils seront atteints par le collectionnisme de leur père décédé. Il choisit donc de traiter de l’attrait de la possession en lui-même, attrait qui peut agir sur tous puisque l’un des frères pourrait être qualifié d’anarchiste nihiliste.

21 mars 2005

La Noce (2000) de Pavel Lungin

Titre original : « Svadba »

NoceElle :
Pavel Lungin nous invite à la noce d’un jeune couple au sein d’une famille russe haute en couleur. La mariée, ancien mannequin retourne au pays pour retrouver l’amour de son enfance. Le réalisateur échafaude une histoire loufoque autour d’un vol de boucles d’oreilles qui implique le marié et par conséquent le destine à la prison le soir de son mariage. La journée va virer au cauchemar. On passe du rire au drame et de l’amitié aux coups de poing en un clin d’œil ; les personnages sont truculents et attachants. Pavel Lounguine parvient à faire passer de la chaleur humaine dans cette soirée échevelée et fait virevolter sa caméra avec habileté.
Note : 4 étoiles

Lui :
La Noce est un film russe gentiment déjanté, cette histoire de mariage à l’improviste étant le prétexte à une multitude de situations plutôt hautes en couleurs. La galerie de portraits est vraiment complète… mais sans trop exagérer, ni forcer le trait. On rit souvent franchement mais le climat passe parfois très brutalement du comique au tragique. le film est aussi intéressant dans le sens où il nous permet de connaître un peu mieux la Russie ordinaire, loin des traditionnels clichés.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marat Basharov, Mariya Mironova
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2 mars 2005

« Kitchen Stories » (2003) de Bent Hamer

Titre original : « Salmer fra kjøkkenet »

Kitchen storiesElle :
Un film suédois insolite et sensible sur la solitude de vieux garçons et le ridicule de la bureaucratie. Cette curiosité visuelle démarre au quart de tour par l’envoi d’observateurs suédois en Norvège afin d’analyser les trajets quotidiens d’hommes célibataires dans leur cuisine. Ils vivent dans de drôles de caravanes et restent perchés toute la journée sur une très haute chaise afin d’observer leur sujet. Le thème est hors du comment et difficilement crédible tant c’est déjanté Pas de dialogue au début entre nos deux personnages, puis quelques mots échangés et enfin des repas partagés. Le désir de compagnie, d’échange et de partage réduit à néant cette étude sociologique. Le réalisateur parsème l’histoire de bonnes trouvailles visuelles et humoristiques.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est certes une situation très originale pour traiter de la difficulté de communication entre les personnes, mais le film s’étire en longueurs et le côté cocasse s’use très vite.
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Joachim Calmeyer, Tomas Norström
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17 février 2005

« Même Dieu est venu nous voir » (2001) de Petar Popzlatev

Titre original : « Posseteni ot gospoda »

Meme Dieu est venu nous voirElle :
Une curiosité bulgare qui ne manque pas d’originalité et d’humour. La visite d’un sociologue français dans un village perdu de Bulgarie nous plonge dans un monde loufoque et absurde. Les villageois ont des comportements étranges tel le maire-instituteur qui débaptise ses citoyens ou cet homme qui paye des habitants pour pouvoir se faire projeter un film. Le vin coule par le robinet, les avions sont déglingués et les habitants semblent perdus et sans avenir. Certaines scènes sont très drôles. Néanmoins, le film trop long et décousu fait fléchir l’intérêt.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est une série de petites variations autour d’instantanés aussi saugrenus que loufoques, de la vie d’un petit village albanais. Beaucoup de moments assez savoureux avec comme constante une certaine logique de l’absurde, le seul souci étant qu’il manque sans doute un liant à tout cela, pour que le film dépasse le niveau de « curiosité ». Très amusant tout de même.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Volter, Itschak Fintzi
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12 février 2005

Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976) d’ Alain Tanner

JonasElle :
Film sombre de 1976 sur les désillusions de huit soixante-huitards six ans après la Révolution. Une caissière, un chômeur, un prof, des paysans, une mère de famille, une secrétaire censés représenter les différentes couches de la société expriment leurs frustrations politiques, sexuelles, critiquent le système capitaliste et la société de consommation. Le ton est désenchanté mais également pontifiant. La façon dont Alain Tanner met en scène toutes ces rancoeurs est souvent maladroite. Le discours sur l’effondrement des utopies semble plaqué et artificiel. L’ensemble manque de légèreté et d’espoir même si ces marginaux tentent vainement de recréer un monde idéal.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce film, sur les désillusions post-soixante-huitarde des années 70, paraît bien décalé revu 30 ans plus tard : Tanner jette pêle-mêle un grand nombre de thèmes, sans construction, utilisant une représentation idéaliste et un peu naïve, avec une constante : la désillusion.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Jean-Luc Bideau, Myriam Boyer, Miou-Miou, Rufus
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Tanner sur le site IMDB.

17 janvier 2005

Stormy Weather (2003) de Sólveig Anspach

Titre islandais : Stormviðri

Stormy weatherElle :
Sólveig Anspach nous narre la relation très intense qui s’établit entre une jeune psychiatre interprétée par Elodie Bouchez et une femme autiste islandaise. Ce qui parait un peu invraisemblable c’est que le médecin quitte son ami et son travail pour rejoindre cette femme mariée sur une île islandaise coupée du monde au climat tourmenté. Comme c’est une petite île semblable à une prison l’hiver, on ne sait pas traiter l’autisme puisqu’il n’y a pas de psychiatre. Les malades vivent en famille et sans soin particulier. La réalisatrice ne porte pas de jugement sur l’utilité ou non des soins à prodiguer. Elle observe simplement le comportement de ces deux femmes attirées l’une vers l’autre par on ne sait quel lien mystérieux.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une jeune psychiatre qui noue une relation un peu trop intense avec sa patiente autiste au point de tout abandonner pour aller la retrouver sur une île perdue au large de l’Islande, c’est une histoire assez étonnante, à la quelle on croit assez peu, mais il faut mettre au crédit de Solveig Anspach le fait de n’utiliser aucune des ficelles classiques pour nous mettre la larme à l’oeil. Non, elle préfère nous décrire assez fidèlement la relation étrange qui s’établit, même si en final on se demande un peu ce qu’elle a voulu nous montrer.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elodie Bouchez, Didda Jónsdóttir
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Sólveig Anspach

8 janvier 2005

Saraband (2003) d’ Ingmar Bergman (TV)

SarabandElle :
Ce film testamentaire et en partie autobiographique de Bergman remet en scène 30 ans plus tard Liv Ullman et Erland Josephson, les deux acteurs de « Scènes de la vie conjugale ». Ce retour de Marianne vers son ancien mari la replonge au cœur du drame familial qui ne s’est pas cicatrisé avec le temps. C’est dans un décor dépouillé et à fleuret moucheté que Bergman sonde la noirceur des sentiments qui habite le père et le fils et sa fille. Il n’y a pas de cri et de violence, juste des vérités sèchement assenées qui font encore plus mal. Haine, jalousie, rancœur, égoïsme, inceste, vie, mort, de nombreux thèmes liés à la vieillesse de ce couple sont explorés avec sensibilité. Je ne dirai pas que ce film est un chef d’œuvre. Il fascine car c’est le dernier film de Bergman avant son exil définitif sur une île. Je reprocherai également la longueur de certains monologues qui ont tendance à nous plonger dans la torpeur.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film (ou plus exactement téléfilm) sur la complexité des rapports humains est particulièrement sombre et peu optimiste. C’est bien entendu assez terrible de voir des vies ainsi gouvernées en quelque sorte par la haine. Articulé en 8 tableaux, le film est construit sur les dialogues, 2 personnages à la fois donc, 2 personnages qui se confient ou se confrontent. Il m’a paru un peu difficile d’accrocher, d’autant plus que les personnages sont soit détestables soit d’une froideur polaire. La vision que Bergman a des rapports humains n’est guère attirante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Liv Ullmann, Erland Josephson, Börje Ahlstedt
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site IMDB.

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15 décembre 2004

Un film parlé (2003) de Manoel de Oliveira

Titre original : « Um filme falado »

Un film parlé Elle :
A la place d’un film, nous avons plutôt droit à un documentaire fiction sur l’histoire de l’humanité puisque nous accompagnons une professeur d’histoire et sa fille lors d’une croisière en Italie, en Grèce, en Egypte etc… On visite du pays et on apprend des choses sur les civilisations anciennes mais l’exercice est assez artificiel et ennuyeux. Cette charmante fillette écoute sans sourciller sa maman lui raconter l’histoire de ces peuples pendant des heures. Sur ce bateau, on y rencontre trois femmes mondaines mais solitaires et un capitaine dragueur qui palabrent pendant des heures pour ne rien dire sur le sens de la vie. On reste sur sa faim et la scène finale frise le ridicule.
Note : 2 étoiles

Lui :
Bigre, De Oliveira est de plus en plus difficile à suivre… Il nous propose ici une promenade touristico-éducative dans quelques villes chargées d’Histoire de notre civilisation, poursuit avec une conversation mondaine et lénifiante, parfaitement inintéressante et finit par un attentat destructeur qui arrive comme un cheveu sur la soupe (symbolisme léger…?). Bon… Quelle était la question, déjà ?
Note : 2 étoiles

Acteurs: Leonor Silveira, John Malkovich, Filipa de Almeida
Voir la fiche du film et la filmographie de Manoel de Oliveira sur le site IMDB.

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