7 janvier 2009

Les démons de la liberté (1947) de Jules Dassin

Titre original : « Brute Force »

Les Démons de la libertéElle :
(pas vu)

Lui :
Les Démons la Liberté nous plonge dans l’univers carcéral d’une prison isolée sur un îlot, dirigée par un directeur humaniste assisté d’un gardien-chef sadique et ambitieux. Le prisonnier Collins (Burt Lancester) n’a qu’une idée en tête : s’évader. Le film de Jules Dassin est cependant bien plus qu’un film sur une évasion, c’est une vision assez brute de l’univers carcéral dans sa dimension la plus dure, et rendu encore plus difficile par la discipline de fer qui y règne ; le titre Les Démons de la libertéanglais Brute Force fait référence à la méthode employée. Le film met en relief les sentiments qu’éprouvent ces condamnés de longue durée, les minces souvenirs auxquels ils se cramponnent, leurs espoirs. Les Démons de la Liberté est un film d’une remarquable intensité avec une prestation extrêmement forte de Burt Lancaster et aussi (et même surtout) de Hume Cronyn, en gardien-chef impitoyable. A noter que le scénario est signé Richard Brooks.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Hume Cronyn, Charles Bickford, Yvonne De Carlo
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6 janvier 2009

Swing vote (2008) de Joshua Michael Stern

Swing voteElle :
(pas vu)

Lui :
L’élection présidentielle laissant les deux candidats avec une égalité parfaite, le sort du pays est entre les mains d’un habitant du fin fond de l’Amérique dont le vote a été annulé : lui seul aura le droit de voter à nouveau dans 10 jours. Il devient le Swing Vote, c’est-à-dire celui qui va faire basculer l’élection d’un côté ou l’autre. Bien entendu, il ne faut pas s’arrêter sur le côté plausible ou non de cette situation extrême. Après tout, ce n’est qu’une fable qui doit vouloir nous démontrer quelque chose. Mais on se demande bien quoi… Les personnages sont extrêmement typés, à la limite de la caricature : le Swing Vote est un américain pas très futé, qui n’a aucune conscience politique ; il vit seul dans un mobile home avec sa fille de 10 ans qui, elle, a plus de maturité de raisonnement qu’un adulte. Le but du film n’est certainement pas d’encourager les gens à voter car il nous montre des politiciens prêts à dire le contraire de leurs convictions pour gagner. Ce n’est pas non plus de dénoncer le cirque médiatique qui entoure la politique, car il reste modéré sur le sujet. Non, le but des studios Disney n’était sans doute que de faire un divertissement avec un fond vaguement humaniste (comme en témoigne le discours final) mais sur ce plan, il n’est guère convaincant, manquant nettement de ressort. D’autre part, si l’interprétation de Kevin Costner est irréprochable, la qualité technique est épouvantable : le point ne semble pas toujours fait correctement, le son est inégal, l’éclairage inconsistant. Swing Vote n’est pas sorti en salles en France.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Kevin Costner, Madeline Carroll, Paula Patton,  Dennis Hopper
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1 janvier 2009

Piège de cristal (1988) de John McTiernan

Titre original : « Die Hard »

Piège de cristalElle :
(n’a pas souhaité le revoir)

Lui :
Lors d’une vaste prise d’otages dans un immeuble de Los Angeles, un policier présent par hasard affronte seul un gang de malfaiteurs. Piège de Cristal joue donc sur le thème du grain de sable qui vient gripper la mécanique. Le lieu, un vaste immeuble quasiment vide, permet aux scénaristes de mettre en place un jeu du chat et de la souris assez sophistiqué doublé d’un aspect David contre Goliath puisque notre héros part quasiment nu face à un commando de spécialistes parfaitement entraînés et préparés. Gros succès populaire, Piège de Cristal a propulsé Bruce Willis sur le devant de la scène avec ce personnage alliant une inébranlable détermination à un humour désabusé. Il faut saluer aussi la belle prestation d’Alan Rickman en malfaiteur froid et impitoyable. Les films d’action modernes n’ont pas souvent la qualité de Piège de Cristal, donc ne boudons pas notre plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Bonnie Bedelia,  Alan Rickman, William Atherton
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1 janvier 2009

Une journée en enfer (1995) de John McTiernan

Titre original : « Die Hard: with a vengeance »

Une journée en enferElle :
(pas vu)

Lui :
Dans ce troisième volet de la série des Die Hard, l’agent John McClane se retrouve face à un commando passablement préparé et efficace en plein New York. Une journée en Enfer est bien mieux réussi que l’épisode précédent car nous retrouvons avec plaisir un jeu du chat et de la souris très développé avec un adversaire particulièrement intelligent et diabolique, personnifié par un Jeremy Irons dur et implacable. Le film a même un petit côté jeu d’aventures avec un jeu de pistes dans les rues de New York agrémenté de petites épreuves de logique… Le rythme est globalement plus rapide. Le scénario ménage bien les effets de surprise. Une journée en enfer est un bon divertissement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Jeremy Irons, Samuel L. Jackson, Graham Greene
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31 décembre 2008

Dead Man (1995) de Jim Jarmusch

Le FleuveElle :
(pas vu)

Lui :
A la fin du XIXe siècle, le jeune citadin William Blake traverse les Etats-Unis pour aller prendre un poste de comptable dans le fin fond du Far West. Peu après son arrivée, il va se retrouver accusé de meurtre. Malgré la balle qu’il a reçue, il prend la fuite et un indien errant débonnaire le prend sous sa protection. Western totalement atypique, Dead Man est une course poursuite sous forme de déambulation lente dans un environnement naturel à la frontière de l’onirique. C’est en fait surtout le lent voyage du monde des vivants vers la mort, un voyage que Jarmusch a voulu poétique, il met dans la bouche de l’indien Nobody des phrases du poète anglais William Blake (1757-1827) ; il l’a aussi voulu esthétique : tourné en noir et blanc, Dead Man comporte des plans de toute beauté. Il en découle une atmosphère très forte, une ambiance shamanique amplifiée par la lenteur envoûtante et les notes tranchantes de Neil Young, à la seule guitare électrique saturée, qui semblent parfois déchirer l’espace. Dead Man n’est sans doute pas un film très profond mais il faut accepter de se laisser happer par son atmosphère envoûtante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Gary Farmer, Lance Henriksen
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28 décembre 2008

Die hard 4 – Retour en enfer (2007) de Len Wiseman

Titre original : « Live free or die hard »

Die hard 4 - Retour en enferElle :
(pas vu)

Lui :
12 ans après Die Hard 3, John McClane reprend du service pour Die Hard 4. Le principe de base reste le même : face à un adversaire particulièrement intelligent et utilisant une technologie de pointe, la stratégie adoptée est de baisser la tête et de foncer dans le tas. Le méchant du 3e volet cambriolait la réserve fédérale, le méchant du 4e volet cambriole le pays entier (inutile de dire que les scénaristes vont avoir du mal pour Die Hard 5). Retour en enfer est certainement le moins réussi de la série, s’inscrivant plus dans la lignée du film d’action traditionnel. Le côté « jeu du chat et de la souris » qui faisait tout l’attrait des volets précédents est peu présent cette fois-ci et les scénaristes se livrent à une surenchère dans les scènes d’action comme en témoigne le ridicule combat final contre l’avion à vol stationnaire. Ils ont aussi visiblement pris le parti de s’écarter de tout semblant de réalisme.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Timothy Olyphant, Justin Long, Maggie Q, Cliff Curtis
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28 décembre 2008

Reservoir dogs (1992) de Quentin Tarantino

Reservoir DogsElle :
(pas revu)

Lui :
Plus de 15 ans après sa sortie, le premier long métrage de Tarantino continue de bénéficier d’une très forte aura et il ne faut pas avoir peur de passer pour un prude ou un attardé pour critiquer Reservoir Dogs en public… J’avoue ne plus très bien me rappeler qu’elle avait été mon opinion à l’époque mais en le revoyant avec du recul, Reservoir Dogs me laisse une impression similaire à certains de ses autres films : Tarantino fait un cinéma racoleur avec une esthétisation de la violence qui flirte de très très près avec le malsain (Michael Madsen a lui-même avoué avoir eu des grosses difficultés à jouer certaines scènes). Reservoir Dogs a bâti une bonne partie de sa réputation sur les litres d’hémoglobine déversés sur le sol et la scène de torture gratuite du policier. Le scénario n’est pas vraiment le point fort du film, tout est dans la forme. Il faut toutefois reconnaître que Tarantino a réussi un film coup de poing, qui a une construction originale, avec des gangsters verbeux (aspect que je trouve personnellement assez amusant) et aussi une excellente utilisation de la musique. Les éléments principaux du style Tarantino sont déjà là.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Harvey Keitel, Tim Roth, Steve Buscemi, Michael Madsen, Chris Penn
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24 décembre 2008

Raisons d’Etat (2006) de Robert De Niro

Titre original : « The good shepherd »

 Raisons d’Etat Elle :
(pas vu)

Lui :
Il ne faut s’attendre à un film d’espionnage classique en visionnant Raisons d’Etat ; il ne faut pas non plus s’attendre à une histoire de la CIA, même si l’on peut bien entendu identifier des évènements réels au cours du récit. Robert de Niro nous livre un film totalement à part, assez étonnant. Nous suivons le parcours d’un homme de la fin des années 30 aux années 60, un homme à l’apparence terne d’un employé modèle et dont le mutisme et la froideur vont le porter jusqu’au sommet de la CIA. Raisons d’Etat est donc une réflexion sur cet engagement total qui va presque jusqu’à la perte d’identité. Il nous donne aussi une idée du mode de fonctionnement interne d’un service de renseignements mais il le fait, non pas à la mode hollywoodienne habituelle en jouant sur le spectaculaire, non, il le fait en montrant l’importance des relations entre les individus, avec cet impossible équilibre entre méfiance et confiance, et aussi en soulignant les errements, les sacrifices inutiles. Le fond du propos est assez noir, désabusé. C’est en tout cas une vision très différente, possible aujourd’hui après l’arrêt de la guerre froide bien entendu, mais aussi après le 11 septembre qui a fait naître un bon nombre d’interrogations sur le fonctionnement et le rôle des services secrets. De Niro réussit à faire un film de démystification étonnamment profond. Raisons d’Etat est un vrai film d’auteur servi par une interprétation sans faille. Le film se déroule sur un rythme assez lent (165 minutes) mais sans que cela ne se ressente vraiment car l’atmosphère est constamment forte.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Matt Damon, Angelina Jolie, Alec Baldwin, William Hurt, John Turturro, Eddie Redmayne
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22 décembre 2008

La belle de Moscou (1957) de Rouben Mamoulian

Titre original : « Silk stockings »

La belle de Moscou Elle :
(pas vu)

Lui :
La Belle de Moscou est la seconde adaptation à l’écran du roman de l’hongrois Melchior Lengyel et il est inévitable de la comparer à la version que Lubitsch avait tourné presque 20 ans plus tôt, le merveilleux Ninotchka. La comparaison n’est pas du tout à l’avantage du film de Mamoulian. Certes, Cyd Charisse n’a pas le magnétisme de Greta Garbo mais ce n’est pas sa performance qui pose problème :  elle se tire très bien de ce rôle à deux facettes, une femme soviétique rigide et froide qui va peu à peu succomber aux charmes de Paris. On lui doit même les meilleures scènes. La transformation en comédie musicale est, en revanche, loin d’être réussie (1) : d’une part, Fred Astaire avait alors 57 ans et donc montrait tout de même moins de grâce dans son jeu et ensuite, les numéros musicaux ne sont dans l’ensemble pas franchement réussis, souvent précipités et assez fades. La belle de Moscou Le clou du film est incontestablement le numéro de danse Silk Stockings où Cyd Charisse effectue une véritable mutation, passant de son habit austère à une robe de soirée du plus bel effet, scène qui a flirté de très près avec les limites de la censure. Au chapitre des curiosités, on pourra noter un Peter Lorre empâté en apparatchik empoté et un numéro musical rock’n roll de Fred Astaire, le seul de sa carrière (numéro pas très convaincant, assez poussif). On pourra aussi s’amuser de l’anticommunisme caricatural, à prendre au second degré. La Belle de Moscou sera le dernier film (achevé) de Rouben Mamoulian. Les meilleurs réalisateurs ne finissent pas toujours en beauté…
Note : 1 eacute;toiles

Acteurs: Fred Astaire, Cyd Charisse, Janis Paige, Peter Lorre
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(1) Le film de Mamoulian est en fait l’adaptation à l’écran d’une pièce à succès de Broadway qui était elle-même une transposition chantée du Ninotchka de Cole Porter (500 représentations à l’Imperial Theater avec Hildegarde Neff et Don Ameche).

19 décembre 2008

L’insoumise (1938) de William Wyler

Titre original : « Jezebel »

L’insoumise Elle :
A la Nouvelle-Orléans dans les années 1850, une jeune femme (Bette Davis), à la fois enfant gâtée trop sûre d’elle et esprit libre, fait scandale en apparaissant dans un bal avec une robe rouge au lieu de la rituelle robe blanche. Son fiancé (Henry Fonda), jeune banquier, s’éloigne d’elle. Le film semble avoir vieilli : si l’on peut partager le désir de cette jeune femme de briser les codes et de s’affranchir des conventions de la société compassée de la très haute bourgeoisie de cette époque, les ressorts mélodramatiques rendent le film trop conventionnel.
Note : 2 étoiles

Lui :
L’insoumise Le parallèle a souvent été fait entre L’insoumise et Autant en emporte le vent : tous deux nous plongent au cœur de la société du sud des Etats-Unis juste avant la Guerre Civile et, de plus, la rumeur voudrait que la Warner ait offert ce rôle à Bette Davis en compensation de sa non-participation à la superproduction de Selznick (1). Jezebel est bel et bien un formidable écrin pour mettre en valeur Bette Davis qui domine le film avec sa forte présence. William Wyler a bien su contrôler la tendance de l’actrice à mettre parfois trop d’énergie dans son jeu et elle trouve ici le ton juste. Hélas, l’histoire en elle-même n’est pas suffisamment forte, surtout quand on voit L’insoumise avec nos yeux modernes (car il eut à l’époque un large succès populaire) : le mélodrame apparaît maintenant très convenu et finalement guère passionnant. Il nous reste néanmoins la superbe scène du bal, indéniablement le moment le plus fort du film (2). A côté de Bette Davis, les seconds rôles ne sont guère présents : le jeune Henry Fonda (ici en remplacement de dernière minute) a encore le jeu très timide qui caractérise ses premiers films.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Henry Fonda, George Brent, Margaret Lindsay
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(1) La Warner aurait accepté de prêter Bette Davis à David O’Selznick (MGM) pour jouer Scarlett O’Hara qu’à la condition qu’Erroll Flynn soit également pris pour interpréter Rhett Butler. Selznick ne voulait de Flynn donc la transaction ne se fot pas. Pour se racheter, la Warner aurait monté Jezebel pour offrir un grand rôle à Bette Davis et la calmer… Cette théorie est toutefois contredite par les dates (le tournage de Jezebel était terminé que le casting d’Autant en emporte le vent n’était pas encore finalisé) mais n’est pas totalement impossible.

(2) La scène du bal aurait été inspirée à John Huston (co-scénariste du film) par une scène de la vie réelle à Hollywood : lors du Mayfair Ball de 1936 où toutes les femmes portaient une robe blanche comme exigé, Norma Shearer (actrice oscarisée et épouse d’Irving Thalberg, patron de la MGM) est apparue vêtue d’une robe rouge. Commentaires dans la salle : « Mais pour qui se prend-elle ? »…

Homonyme :
L’insoumise de Howard Hawks (1928), avec Charles Farrell et Greta Nissen