21 août 2007

Le passager (2005) d’ Eric Caravaca

Le passagerElle :
Un film sobre, délicat et sensible sur le thème du deuil, de la famille, de la disparition, interprété par Eric Caravaca en personne ainsi que par des acteurs touchants. Il s’agit d’un lent cheminement intérieur, d’un retour vers des racines et d’une lente reconstruction après le décès d’un frère, qui fait jaillir les émotions enfouies. Eric Caravaca lève le voile en douceur sur cette histoire familiale mais de façon un peu confuse parfois. Les décors de bord de mer sont splendides pour ses paysages désolés, ses univers de béton déserts. Le réalisateur fait une belle mise en scène dans laquelle il travaille beaucoup ses cadrages et la composition de ses images. Il frôle avec tendresse les visages avec sa caméra et réduit les dialogues à l’essentiel. J’avais déjà beaucoup aimé Eric Caravaca dans le film de Chéreau « Son frère » et dont les thèmes ne sont pas si éloignés de ceux du Passager.
Note : 4 étoiles

Lui :
Pour son premier film, Eric Caravaca a choisi d’adapter une histoire de quête identitaire : après le suicide de son frère qu’il ne voyait plus depuis des années, un jeune trentenaire retourne sur les lieux où il a vécu pour tenter de le comprendre et de mieux le connaître. Sans se dévoiler, il rencontre des personnes qui en furent très proches. C’est surtout dans sa forme que Le Passager est assez remarquable : Eric Caravaca filme cette quête avec beaucoup de sobriété et de pudeur avec des images assez sombres, sans éclairage artificiel. Même si elle paraît parfois excessive, cette atmosphère brumeuse voire crépusculaire lui permet de placer cette histoire un peu hors du temps. En revanche, le déroulement du scénario est lui aussi un peu obscur, tantôt par minimalisme, tantôt par excès de flash backs qui embrouillent plus qu’ils n’éclaircissent. Sans être parfait, Le Passager reste un premier film intéressant où les personnages finissent par devenir attachants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Eric Caravaca, Julie Depardieu, Vincent Rottiers, Maurice Bénichou, Maurice Garrel, Nathalie Richard
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Caravaca sur le site imdb.com.

20 août 2007

Femmes marquées (1937) de Lloyd Bacon

Titre original : Marked Woman

Femmes marquéesElle :
(pas vu)

Lui :
Réalisateur à tout faire de la Warner, Llyod Bacon signe là un film policier mettant en relief l’influence de la pègre : un ganster puissant qui « domine la ville » va être mis en péril par cinq hôtesses de charme qu’il emploie dans l’un de ses tripots mondains. Femmes Marquées met en présence deux grands acteurs, Bette Davis et Humphrey Bogart, mais l’un et l’autre sont à des moments bien différents de leur carrière. Femmes marquées Bette Davis a atteint le sommet de son art et montre dans Femmes Marquées une capacité à jouer avec une intensité rare et dans des registres très variés. Pour Bette Davis, cette femme téméraire et décidée est un beau rôle où elle peut vraiment exprimer son talent. De son côté, Humphrey Bogart n’en est qu’à ses débuts et ce rôle de procureur ne lui convient guère. Sa prestation est nettement plus terne et loin d’être remarquable. Un film à voir plus pour Bette Davis, donc.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Bette Davis, Humphrey Bogart, Eduardo Ciannelli, Isabel Jewell
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Note : Bette Davis et Humphrey Bogart s’étaient déjà croisés l’année précédente dans La Forêt Pétrifiée (The Petrified Forest) d’Archie Mayo (1936).

Anecdote amusante : l’une des hotesses est jouée par Mayo Methot qu’Humphrey Bogart épousera un an plus tard après l’avoir revue dans une soirée. Son troisième mariage sera assez houleux (leurs bagarres furent célèbres) mais durera tout de même 7 ans.

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18 août 2007

Ville haute, ville basse (1949) de Mervyn LeRoy

Titre original : East Side, West Side

Ville haute, Ville basse Elle :
Du beau monde dans ce drame de l’amour conjugal avec Ava Gardner, l’ensorceleuse, Barbara Stanwyck, la femme trompée, James Mason, le mari volage et sans parole et Cyd Charisse, une jeune femme éprise d’un écrivain d’âge mûr. Ce thème de l’adultère et du mariage est traité avec une certaine audace pour l’époque. Les amours se rencontrent, se croisent ou se frôlent. L’intensité dramatique croît progressivement; le scénario est bien dosé et construit. La mise en scène est somptueuse et les ambiances noir et blanc sont magiques. On passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ville haute, Ville basse Sous des apparences fortement empreintes de classicisme, Ville Haute, Ville Basse est un film à plusieurs facettes. De prime abord, l’entreprise peut paraître assez périlleuse : faire vibrer et compatir au sort d’une femme assez terne de l’East Side de New York (la ville haute) qui risque de se faire voler son mari par l’ardente Ava Gardner du West Side (la ville basse, qui n’est pas si basse que cela d’ailleurs) n’est pas une tâche facile. On peut voir là l’une des raisons du peu de succès que rencontra le film. En fait, le propos est certainement tout autre : il faut plutôt y voir une attaque en règle contre le mariage tant le seul couple officiel dans tout ces chassés-croisés paraît terne et éteint. Le scénario se déroule efficacement, assez riche dans ses évènements et allant même jusqu’à se terminer en enquête policière. Sans être un grand film, Ville Haute, Ville Basse fait partie de ces productions parfaitement réalisées et réellement convaincantes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, James Mason, Ava Gardner, Van Heflin, Cyd Charisse
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17 août 2007

Mission to Mars (2000) de Brian de Palma

Mission to MarsElle :
Au vu des mauvaises critiques, je m’attendais au pire, par exemple à un film un peu basique de science-fiction genre Armageddon ou un film avec avec combats de vaisseaux et bons gros méchants. Mission to Mars n’est heureusement rien de tout cela et j’ai vu un film plein de magie et de poésie. Cette mission d’exploration sur Mars s’est révêlée assez exaltante et pleine de péripéties. Bien sûr, Brian De Palma n’évite pas toujours les clichés un peu larmoyants mais il parvient à insuffler de l’émotion et de l’humanité au travers de ces épreuves.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il faut vraiment se laisser bercer par les images pour apprécier Mission to Mars. La planète Mars est parfaitement recréée et la fin est joliment onirique. En revanche, le scénario est assez léger, les personnages manquent d’épaisseur et les incohérences sont nombreuses. On sent l’influence de 2001/2010 mais De Palma reste hélas très en dessous. Son film reste tout de même agréable à regarder et, en tout cas, ne mérite certainement pas l’avalanche de reproches qu’il a subi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Gary Sinise, Tim Robbins, Don Cheadle, Connie Nielsen, Jerry O’Connell
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16 août 2007

L’eau à la bouche (1959) de Jacques Doniol-Valcroze

L'eau à la boucheElle :
Film à l’atmosphère sulfureuse, L’eau à la bouche nous plonge dans les années 60 et des libertés sexuelles d’une bourgeoise légèrement décadente par certains côtés. On se laisse emporter par les interdits que bravent trois couples, dont un de domestiques, mais le scénario finit par tourner en rond et n’aboutit vraiment nulle part. Est-ce seulement un exercice de style ?
Note : 3 étoiles

Lui :
Eminence grise des Cahiers du Cinéma et donc de la Nouvelle Vague, Jacques Doniol-Valcroze réalise là son premier long métrage, vif dans la mise en scène et au propos délicatement libertin. La musique de Gainsbourg a quelque peu contribué à l’aura de ce film qui, sans laisser de traces indélibiles, se laisse regarder avec plaisir. On sait depuis que ce sera hélas le meilleur film de ce réalisateur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Françoise Brion, Alexandra Stewart, Michel Galabru
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14 août 2007

Les filles du botaniste (2006) de Dai Sijie

Les filles du botanisteElle :
Un jardin de botaniste, un père rigide, deux jeunes femmes qui tombent amoureuses dans la Chine de Mao voilà le huis clos étouffant que nous propose Dai Sijie. Le réalisateur écrivain s’attarde davantage sur la beauté des décors que sur l’ossature d’un scénario fort et intéressant. Le traitement de cette histoire flirtant avec une certaine sensualité est d’une grande mièvrerie. L’intérêt s’émousse fortement au fil des minutes.
Note : 1 étoiles

Lui :
Pour mettre en lumière le problème de l’homosexualité féminine dans la Chine des années 80, Dai Sije utilise tout un arsenal qui évoque Hollywood dans ses plus mauvais côtés : deux belles actrices qui sourient beaucoup, un scénario qui se déroule très lentement, plutôt rempli de moments que d’une vraie histoire, et une musique où les violons semblent nous bétonner une chape de sentimentalisme qui semble ne pas avoir de fin. Il nous reste à profiter des superbes paysages (vietnamiens) mais ce n’est hélas pas suffisant pour retenir notre attention. Après Balzac et la petite tailleuse chinoise que nous avions tant apprécié, Les filles du botaniste se revèle bien décevant.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Mylène Jampanoï, Li Xiao Ran
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Note : Si vous trouvez comme nous un peu bizarre que l’une des deux actrices ne semble pas être chinoise, c’est normal : Mylène Jampanoï est française. Son père est chinois, toutefois. Ne parlant pas le mandarin, elle est doublée et cela se sent.

13 août 2007

Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville

Le SamouraïElle :
Dans le genre des grands films policiers à la française, Melville excelle avec une mise en scène originale et un scénario palpitant. Le personnage glacial qu’incarne Delon et le sarcastique commissaire de police créent un climat angoissant et mystérieux. Les jeux d’ombre et de lumière, les couleurs grisâtres, les longues absences de dialogues où seuls les bruits ambiants dominent, font de ce jeu du chat et de la souris un film atypique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Classique du film noir français, Le Samouraï est aussi une ode de Jean-Pierre Melville à Alain Delon qui, ceci dit, deviendra ensuite presque prisonnier du genre. Raide, le regard froid, sans expression, le personnage joué par Delon traverse avec superbe les lieux sans qu’ils n’aient de prise sur lui. Jeu minimaliste de Delon : il ne semble qu’être… Atmosphère bien noire et filatures superbes complètent ce petit bijou qui n’a pas pris une ride.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon
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Remarque :
Le film Tueur à gages (This gun for hire) de Frank Tuttle (1942) a inspiré Jean-Pierre Melville : le personnage interprété par Alain Delon est assez proche tu tueur solitaire personnifié par Alan Ladd.

12 août 2007

La leçon de Piano (1993) de Jane Campion

Titre original : The Piano

La leçon de pianoElle :
Très beau mélodrame sur des terres lointaines au milieu des Maoris. Magnifiques paysages de mer désolés avec le piano et les bagages d’Holly Hunter et de sa petite fille qui sont toutes les deux bouleversantes de vérité. Le piano devient un objet de convoitise entre les deux rivaux masculins car il représente le seul lien qui retient Holly Hunter à la vie. Elle est muette et ne communique au monde que par la musique. Harvey Keitel, l’amant représente la bouée de sauvetage. Le mari jaloux et brutal, ne comprend pas ces subtilités psychologiques et échoue à conquérir le coeur de sa femme.
Note : 5 étoiles

Lui :
Une seconde vision de ce film n’a rien changé de mon impression première : je n’accroche pas à cette histoire qui met en relief les non-dits, j’avoue même m’être quelque peu ennuyé.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Holly Hunter, Harvey Keitel, Sam Neill, Anna Paquin
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12 août 2007

La Balade Sauvage (1973) de Terrence Malick

Titre original : Badlands

Balade sauvageElle :
En bref : Très beau film aussi bien sur le plan visuel que sur le plan scénaristique. Magie onirique de la lumière et de la nature, folie des contradictions humaines. Martin Sheen et Sissy Spaceck sont luminescents.
Note : 5 étoiles

Lui :
En bref : Beau premier film, quelque peu improvisé et fait sans grands moyens. Terrence Malick parvient à nous captiver avec ce récit de la fuite en avant de deux êtres sans logique ni repère.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Martin Sheen, Sissy Spacek
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11 août 2007

Le Volcan (1999) de Ottokar Runze

Titre original : Der Vulkan

Le volcanElle :
Film basé sur un roman de Klaus Mann : de jeunes étudiants allemands organisent à Paris un mouvement d’opposition au nazisme. Cette face peu connue de l’histoire allemande est assez intéressante. Cependant, le film manque d’envergure et de rigueur historique.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film est surtout intéressant pour ses qualités de témoignage : hors de leur pays, des allemands hostiles au nazisme se retrouvent et tentent de jouer un rôle. Hélas, le film est entièrement centré sur ce petit groupe, ce qui limite un peu son attrait. De plus, une part trop grande est accordée aux chansons (ce n’est pas une comédie musicale mais le personnage principal est une chanteuse).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nina Hoss, Christian Nickel, Meret Becker
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