26 mars 2007

Série noire (1979) de Alain Corneau

Série noireElle :
Des décors de banlieue oppressants, des intérieurs tristes et sordides, des personnages solitaires et marginaux rendent l’atmosphère de ce film glauque, triste et angoissante. Le film est centré sur le personnage de Patrick Dewaere qui de VRP minable devient un assassin sans scrupules et déjanté. Cette noirceur de la vie finit par lasser et même déteindre sur le moral.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tout comme Getaway commenté dans le billet d’hier, Série Noire est adapté d’un roman de Jim Thompson et décrit aussi une fuite en avant, mais d’un tout autre genre. Tonitruant, Patrick Dewaere interprète magistralement ce représentant de commerce médiocre. Il en fait beaucoup, mais jamais trop, et donne une dimension presque attachante à ce triple criminel. L’ambiance est noire, sordide à souhait. Le film dérange, remue. C’est ce que l’on recherchait dans le cinéma de la fin des années 70. Revu après plus 20 ans, le film semble souffrir de certaines longueurs et l’on est pressé d’en terminer.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Corneau sur le site imdb.com.

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Existent également avec le même titre :
Le film Série Noire de Pierre Foucaud (1955) avec Henri Vidal, Erich von Stroheim
Une série TV Série Noire (1984)

25 mars 2007

Guêt-apens (1972) de Sam Peckinpah

Titre original : The Getaway

Guêt-apensElle :
Fuite éperdue et infernale de Mac Coy et de sa femme qui veulent protéger leur butin contre d’autres gens tout aussi corrompus. Steve MacQueen campe admirablement bien son personnage de gangster froid et implacable tout en laissant une certaine humanité percer à la surface. L’engrenage inéluctable des meurtres devient pathétique mais aussi assez immorale.
Note : 4 étoiles

Lui :
Guêt-apens Road-movie bien ficelé, Guet-apens évoque quelque peu Bonnie and Clyde. Cette fuite en avant d’un couple de gangster est parfaitement réalisée ; Steve MacQueen donne une dimension assez noble au personnage principal (les autres malfrats sont par contre bien typés). Ali Mac Graw, à l’époque fraîchement révélée par Love Story,  n’est certes pas une grande actice mais suit le rythme. Au final, le film est prenant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Steve McQueen, Ali MacGraw, Ben Johnson
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.

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24 mars 2007

L’année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais

L'année dernière à MarienbadElle :
Alain Resnais signe un film très particulier et peu facile d’accès durant lequel on peut éprouver un certain ennui. A mi-chemin entre imaginaire et réalité, il nous fait pénétrer dans un univers baroque d’une très grande beauté visuelle et baignant dans une musique envoûtante. Cette histoire d’amour fou avec cette belle femme interprétée par Delphine Seyrig passe en second plan. Le film s’attache davantage à la forme pour créer une atmosphère fascinante où l’on sent la patte d’Alain Robbe-Grillet. La mise en scène est somptueuse et très élaborée. Un grand travail sur les longs travellings, les éclairages et la composition des cadrages a été accompli. Les personnages en plan arrêté dans les décors de cet austère château de Marienbad font penser à des tableaux en clair obscur. Il faut se laisser gagner par la beauté sans chercher à décrypter le sens profond de ce film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Last year in Marienbad Plus que tous les autres films d’Alain Resnais, L’année dernière à Marienbad est un film à nul autre pareil. La trame narrative s’efface, déstructurée et atemporelle, pour faire place à un travail esthétique sur les plans qui n’a que rarement été  poussé aussi loin. Le film est le fruit d’une collaboration entre Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet. Le lieu, un vaste château en Bohême, offre ses lignes géométriques pour constituer un environnement austère où évolue ce petit groupe de personnes empreintes de préciosité. Cette rigidité des lieux et des personnages vient en opposition totale avec l’amour fou entre les deux personnages principaux, un amour qui a du attendre une année pour pouvoir se déclarer et se concrétiser. Chaque plan semble travaillé à l’extrême, à commencer par les lumières qui façonnent des images d’une beauté à couper le souffle ; il y a aussi ces travellings, lents et doux, qui semblent caresser les êtres et les choses, déplacements aériens autour de scènes où le temps s’est figé ; enfin, Alain Resnais joue avec les décors extérieurs et intérieurs, vastes aires de marbre et de miroirs, Delphine Seyrig et avec Delphine Seyrig dont chacune des postures semble avoir été pensée pour créer de nouvelles lignes gracieuses. Le spectateur que nous sommes acquiert dès lors l’impression de pénétrer un tableau vivant, hors du temps et des espaces. A mes yeux, L’année dernière à Marienbad n’est pas si difficile d’accès car il suffit de se laisser submerger par la beauté pour pénétrer ce dédale d’images et de sentiments. Le film devient alors terriblement envoûtant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi, Sacha Pitoëff
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Lire une analyse plus approfondie du film sur le site du Ciné Club de Caen…
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Note : Le film a donné son nom au jeu avec des allumettes qui y tient une place si symbolique : on l’appelle maintenant le jeu de Marienbad. Le mari de Delphine Seyrig dit « je puis perdre, mais je gagne toujours » car en effet il est impossible au joueur qui joue en premier de gagner face à une personne expérimentée. Ce jeu a acquis une certaine popularité parmi les informaticiens car la méthode pour gagner repose sur l’utilisatisation des nombres binaires. Pour vous entraîner

23 mars 2007

La Nuit américaine (1973) de François Truffaut

La nuit américaineElle :
Quel plaisir de voir et revoir ce film ! Avec un film dans le film, Truffaut nous dépeint le microcosme d’un plateau de cinéma avec son lot d’intrigues, d’amours réussis ou déçus, de rencontres, de difficultés qui sont le reflet de la vraie vie. Les rapports humains sont compliqués semble vouloir nous dire Truffaut. Un plateau de cinéma est une grande famille à cette époque où même le producteur est présent et participe au tournage. On sent aisément toute la passion de Truffaut pour le cinéma.
Note : 5 étoiles

Lui :
Truffaut nous offre une fenêtre sur le monde du cinéma. Par delà le côté « envers du décor », les trucs et astuces utilisés pour créer l’illusion, il s’attarde sur les personnes, acteurs et techniciens, qui peuplent ce « petit monde à lui tout seul » qu’est une production de cinéma. Etats d’âmes, tourments, interrogations, il nous décrit des esprits déroutés, manquant de repères : « La vie est-elle plus importante que le cinéma? » se demande Alphonse.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, François Truffaut, Jacqueline Bisset, Valentina Cortese, Dani, Alexandra Stewart, Jean-Pierre Aumont
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22 mars 2007

L’avion (2005) de Cédric Kahn

L'avionElle :
Cédric Kahn évoque le problème du deuil au travers des yeux d’un enfant qui vient de perdre son père. Il a reçu en cadeau avion très particulier qui lui permet de rentrer en communication avec lui après sa mort. Librement adapté d’une bande dessinée, cette fable fantastique est bien réussie. Cédric Kahn parvient à créer une ambiance troublante et poétique qui rend ces moments tragiques émouvants. La musique, la qualité de jeu des acteurs et de la mise en scène participent à la sobre magie de ce film.
Note : 4 étoiles

Lui :
Juste après avoir réalisé un film noir très réaliste, Cédric Kahn revient avec ce film lumineux, un conte à la fois simple et beau sur la relation d’un enfant à un avion que son père, récemment décédé, lui a offert. Cet avion est doté de pouvoirs particuliers et les scènes où il vole sont magiques, douces et poétiques. Sur une histoire qui pourrait paraître simplette, Cédric Kahn sait parfaitement doser ses ingrédients pour nous intriguer, même nous inquiéter, et finalement nous envoûter. Il suffit d’accepter de se laisser charmer par ce Petit Prince moderne. Assez original, son film est un peu hors normes dans le cinéma actuel et ce n’est pas très étonnant qu’il se soit fait plutôt descendre par la critique. Il est un peu hors normes dans le sens où il ne repose que sur quelques thèmes et sentiments très simples auxquels Cédric Kahn parvient à ajouter une réelle dimension poétique et indéniablement… aérienne.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Carré, Roméo Botzaris, Vincent Lindon, Nicolas Briançon
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21 mars 2007

La mort aux trousses (1959) d’ Alfred Hitchcock

Titre original : « North by northwest »

La mort aux troussesElle :
C’est toujours un plaisir de revoir ce célèbre film d’Hitchcock. Dès le départ, on est happé par cette histoire d’espionnage et la tension ne faiblit pas tout au long du film. Traqué par de mystérieux espions, depuis New York jusqu’à la fameuse scène finale se déroulant sur le Mont Rushmore, Cary Grant est constamment en danger de mort et Alfred Hitchcock nous fait frémir d’angoisse même lorsque l’on a déjà vu son film plusieurs fois.
Note : 5 étoiles

Lui :
La Mort aux Trousses est l’un des films les plus connus d’Alfred Hitchcock, à juste titre car c’est aussi l’un des de ses films les plus parfaits. Avec cette histoire d’un homme ordinaire qui se trouve pris pour un autre et entraîné malgré lui dans une histoire d’espionnage qui le dépasse, le cinéaste met en scène une multitude de situations avec à chaque fois une façon très originale pour son héros de s’en sortir. Car Hitchcock aime à retourner les codes du genre : la scène la plus célèbre où Cary Grant est poursuivi par un avion se déroule en plein jour et en rase campagne alors que l’usage est d’acculer les héros dans des coins sombres et fermés. Le déroulement du récit est parfait, très riche en évènements tout en restant très clair, Hitchcock ne rechignant jamais à tout expliquer au spectateur (à comparer avec cette mode actuelle du cinéma d’espionnage où l’on en dit le moins possible). Cary Grant était certainement l’acteur idéal pour le rôle, parvenant à synthétiser l’incompréhension mais aussi la légère insouciance du personnage. A côté de lui, Eva Marie Saint est une fois de plus la femme selon Hitchcock avec cette beauté un peu froide et un certain contrôle de la situation. Un film dont on ne se lasse pas. Un monument du cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason, Leo G. Carroll, Martin Landau
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Le titre original, North by northwest, peut intriguer…
En fait, cela vient d’une phrase de Hamlet :
« I am but mad north-north-west; when the wind is southerly, I know a hawk from a handsaw. »
Hamlet explique qu’il n’est pas vraiment fou, il est seulement fou quand il le désire (quand le vent souffle nord-nord-ouest). C’est donc un beau jeu de mots de la part d’Hitchcock pour désigner cette « histoire de fous ».

21 mars 2007

L’ombre d’un doute (1943) d’ Alfred Hitchcock

Titre original : Shadow of a doubt

L'ombre d'un douteElle :
Grand Hitchcock au climat angoissant. Le ton joyeux du début du film où les bons sentiments de la famille américaine moyenne sont mis en avant, devient progressivement grinçant et inquiétant. L’oncle angélique incarné par Joseph Cotten révèle par petites touches son passé trouble et ses pulsions meurtrières. La nièce adorée est vite prise au piège et est écartelée entre la protection de sa famille, la crainte des policiers et cet oncle devenu diabolique.
Note : 5 étoiles

L'ombre d'un douteLui :
Hitchcock développe le thème du diable sympathique et séduisant, interprété avec grande maestria par le troublant Joseph Cotten. Le maître du suspense réussit à faire monter la tension, en partant d’un quotidien sans histoires. Il est juste peut-être dommage qu’il nous montre, dès le début du film, l’ambiguïté du personnage. Hitchcock aimait à dire que c’était son film préféré.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Teresa Wright, Joseph Cotten, Macdonald Carey, Henry Travers, Patricia Collinge
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20 mars 2007

La maison du Docteur Edwardes (1945) d’ Alfred Hitchcock

Titre original : « Spellbound »

SpellboundElle :
Un bon film qui s’inscrit dans cette période de l’après-guerre où le grand public découvrait la psychanalyse. La reconstitution du puzzle de l’amnésie de ce faux docteur Edwardes par une jeune psychanalyste sert d’énigme à Hitchcock. Celui-ci démonte les significations d’un rêve, les mécanismes des traumatismes de l’enfance, les phobies. Il utilise des décors de Dali pour explorer le monde des rêves. Le coup de foudre scelle à jamais les sorts de ces deux amants. Ingrid Bergman et Gregory Peck ont une grande présence. On ne manquera pas de noter un certain humour misogyne propre à Hitchcock.
Note : 5 étoiles

Maison du Docteur EdwardesLui :
Si Hitchcock avait déjà introduit des thèmes psychologiques dans ses films, c’est avec La Maison du Docteur Edwardes (le titre français reprend le titre de la nouvelle de Francis Beeding) qu’il fait de la psychanalyse son sujet principal. Passant par de nombreuses phases successives, l’histoire est assez riche en rebondissements, complexe tout en restant simple sur le fond. Gregory Peck, qui fut imposé à Hitchcock par le producteur David O.Selznick, est assez convaincant mais c’est Ingrid Bergman, que le cinéaste appréciait tout particulièrement, qui illumine tout le film de sa présence. Spellbound est particulièrement prenant, jusque dans les toutes dernières secondes.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Ingrid Bergman, Gregory Peck, Michael Chekhov, Leo G. Carroll
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20 mars 2007

Justinien Trouvé, ou le bâtard de Dieu (1993) de Christian Fechner

Justinien Trouvé, le bâtard de DieuElle :
Artificialité des décors et costumes, superficialité et invraisemblances de l’intrigue. En passant derrière la caméra pour s’essayer à la réalisation, le producteur Christian Fechner semble se réfugier dans un visuel outrancier. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Tourné maladroitement comme une super-production, ce film n’inspire que peu d’intérêt. Tout sonne faux, tout est poussé à outrance comme s’il ne s’agissait que de faire des images spectaculaires sur une musique tonitruante. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Pierre-Olivier Mornas, Ticky Holgado, Bernard-Pierre Donnadieu
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19 mars 2007

Six destins (1942) de Julien Duvivier

Titre original : « Tales of Manhattan »

Six destinsElle :
Ce film inégal en six parties qui se succèdent par l’intermédiaire d’un habit de soirée qui passe de main en main traversant ainsi les différentes couches de la société des années 30. Des plus riches aux plus démunis, Julien Duvivier explore à sa manière la société américaine en pointant du doigt ses injustices. Il a recours à une pléiade de grands acteurs de l’époque et une quinzaine de scénaristes pour mener à bien ce film. L’effet s’en ressent car l’intérêt s’émousse au fil de ces six destins. Le sketch avec WC Fields qui vante les vertus du lait de noix de coco est hilarant et le plus réussi.
Note : 3 étoiles

Lui :
Conçu par la Fox dans le but de réunir une belle brochette de leurs vedettes sur le même plateau, ce film est composé de 6 histoires successives se déroulant dans des milieux sociaux très différents. Le fil d’Ariane est une tenue de soirée qui passe de main en main, causant le malheur des uns et le bonheur des autres. Avec le nombre impressionnant de scénaristes qui travaillèrent sur le projet, il n’est pas surprenant que le résultat soit si décousu (si je puis me permettre cette image…) et finalement peu convaincant. Les meilleurs passages sont ceux où l’humour est roi : la scène avec W.C.Fields faisant une conférence dans le style de l’Eau ferrugineuse de Bourvil est assez mémorable (elle fut coupée à la sortie du film et n’a été que récemment réintégrée) et la scène finale qui se moque de la bigoterie est amusante. On ne peut pas dire toutefois que la patte de Julien Duvivier, alors en exil à Hollywood, soit vraiment visible. Cela ressemble plus à un assemblage un peu hétéroclite, qui permet certes de revoir quelques grands acteurs, mais dont l’ensemble se révèle assez moyen.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Rita Hayworth, Henry Fonda, W.C. Fields, Charles Laughton, Edward G. Robinson, Ginger Rogers
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