19 juin 2022

House of Gucci (2021) de Ridley Scott

House of GucciÀ la fin des années 1970, le jeune Maurizio Gucci tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Aidée par l’oncle de Maurizio, codirigeant de la maison de couture avec son père, Patrizia réussit à le convaincre de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier …
House of Gucci est un film biographique américain réalisé par Ridley Scott. Il est adapté du livre homonyme écrit par Sara Gay Forden et paru en 2001. L’histoire relate les quelque vingt années où les membres de la famille Gucci ont intrigué (et pire encore) entre eux pour finalement perdre totalement la marque familiale crée par leurs ancêtres. Le récit est teinté d’un glamour qui peut le rendre attrayant mais l’ensemble finit par sembler un peu long car Ridley Scott n’a pas trouvé le moyen de donner à son film une dimension supplémentaire pour le rendre remarquable. La mise en scène est toutefois somptueuse et efficace, très professionnelle, le film a été bouclé en 43 jours ce qui paraît exceptionnel. Le cinéaste a su réunir un beau plateau d’acteurs. Lady Gaga s’y montre étonnante en exprimant une force et une présence phénoménales dans son jeu. Adam Driver et Jared Leto sont également remarquables. Gros succès en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jeremy Irons, Jared Leto, Jack Huston, Salma Hayek, Camille Cottin
Voir la fiche du film et la filmographie de Ridley Scott sur le site IMDB.
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House of GucciAdam Driver et Lady Gaga dans House of Gucci de Ridley Scott.

29 juin 2020

Mission (1986) de Roland Joffé

Titre original : « The Mission »

Mission (The Mission)Dans les années 1750, le prêtre jésuite espagnol Père Gabriel pénètre dans la jungle aux confins de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil dans le but de convertir la communauté Guarani au christianisme. Il gagne leur confiance grâce à la musique. Il est rejoint par un ancien mercenaire et marchand d’esclave qui cherche à se racheter d’avoir tué son frère. Mais un traité signé en Europe a établi le partage entre portugais et espagnols sur ces territoires; De plus, les gouvernements cherchent à diminuer l’influence des Jésuites…
Sur un scénario de l’anglais Robert Bolt (qui a beaucoup écrit pour David Lean), The Mission relate de façon très condensée les quelque 150 ans d’histoire des missions catholiques guaranies (1). Le britannique Roland Joffé, souvent décrit comme un cinéaste engagé (qualificatif qui peut convenir à la première moitié de sa filmographie), montre la réalité de la conquête du Nouveau Monde par les espagnols et les portugais, et surtout le dilemme moral des hommes d’église partagés entre humanisme et obéissance aux autorités de tutelle. Mais, dans ce film, ce ne sont pas les intentions qui posent problème mais la volonté évidente de créer un film commercial à grand spectacle, avec force effets de caméra, utilisation de décors naturels grandioses (les chutes d’Iguazú) et une musique tonitruante et grandiloquente d’Ennio Morricone. Tout cela est bien trop visible et donne un caractère artificiel à l’ensemble qui nous éloigne du récit.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Jeremy Irons, Ray McAnally, Aidan Quinn, Cherie Lunghi, Liam Neeson
Voir la fiche du film et la filmographie de Roland Joffé sur le site IMDB.

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Remarque :
* Palme d’Or au Festival de Cannes 1986. Ce choix surprenant a été d’autant plus critiqué que la sélection cette année-là était de grande qualité.

(1) Le terme exact pour désigner les missions catholiques en Amérique du Sud des XVIIe et XVIIIe siècles est « réductions » (« réduire » étant à prendre ici dans le sens de « soumettre »). Une réduction est un village autonome administré par un conseil élu uniquement composé d’Indiens. Le territoire lui-même est contrôlé et administré par les Jésuites qui veillent à garder son indépendance vis-à-vis des colonies espagnoles et portugaises voisines.

Mission (The Mission)Robert De Niro et Jeremy Irons dans Mission (The Mission) de Roland Joffé.

22 août 2019

L’Homme qui défiait l’infini (2015) de Matt Brown

Titre original : « The Man Who Knew Infinity »

L'Homme qui défiait l'infiniAu tout début du XXe siècle, Srinivasa Ramanujan, passionné par les mathématiques, peine à trouver un travail dans sa ville de Madras en Inde et parvient in extremis à se faire embaucher comme comptable. Il envoie certaines de ses formules à divers mathématiciens anglais et l’un d’eux le fait venir à Cambridge…
L’Homme qui défiait l’infini est un film britannique basé sur la biographie écrite par l’américain Robert Kanigel. C’est un biopic assez classique dans sa forme et son déroulement. Il a toutefois le mérite d’être fidèle à la réalité. Il met bien en relief le choc entre deux approches des mathématiques : celle qui s’appuie sur les démonstrations, vision qui prévalait à l’époque en Angleterre, et celle qui laisse la part belle à l’intuition. Cette partie n’est pas exagérée : dans la réalité, il a effectivement fallu attendre presque un siècle entier pour que toutes les équations de Ramanujan soient démontrées et vérifiées. Le film est l’occasion de revoir Dev Patel, le garçon de Slumdog Millionaire. Jeremy Irons offre comme toujours une interprétation parfaite, même s’il est un peu âgé pour le rôle (G.H. Hardy n’avait que 36 ans quand il a fait venir Ramanujan), et sa voix est toujours un délice pour les oreilles. Le film n’est pas sorti en salles en France.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeremy Irons, Dev Patel, Toby Jones, Stephen Fry
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L'Homme qui défiait l'infiniJeremy Irons et Dev Patel dans L’Homme qui défiait l’infini de Matt Brown.

 

* Autre film sur le mathématicien Srinivasa Ramanujan :
Ramanujan de Gnana Rajasekaran (Inde, 2014) avec Abhinay Vaddi.

12 juillet 2013

Margin Call (2011) de J.C. Chandor

Margin CallUne grande compagnie financière réduit ses effectifs. Un analyste senior a juste le temps de glisser une clé USB à l’un de ses jeunes collègues avant d’être escorté hors de l’immeuble. Ce dernier découvre que la formule utilisée pour calculer le risque du produit-phare de la compagnie sous-estime ce risque considérablement, mettant la société en péril… Sur un sujet où il est si facile de tomber dans les poncifs et les facilités, J.C. Chandor adopte un angle assez inattendu puisque c’est une tragédie shakespearienne qu’il met en scène. Il met ainsi en avant le facteur humain plutôt que les mécanismes financiers. Le résultat est étonnant par sa puissance. Ce ne sont pas seulement l’unité de lieu et l’unité de temps (puisque le film se déroule essentiellement sur une nuit) qui donnent au film toute son intensité, c’est aussi son interprétation, J.C. Chandor montrant une belle maitrise de la direction d’acteurs pour un premier long métrage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Demi Moore, Stanley Tucci
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Remarque :
Le père de J.C. Chandor a travaillé pendant 30 ans chez Merrill Lynch. Le réalisateur connait ainsi bien cet univers et, surtout, les personnes qui y travaillent.

2 novembre 2012

Travail au noir (1982) de Jerzy Skolimowski

Titre original : « Moonlighting »

Travail au noirTrois ouvriers et un contremaître arrivent de Varsovie à Londres pour refaire à neuf le pied-à-terre de leur patron polonais. Ils ont un mois pour le faire. Seul Nowak, le contremaître, parle anglais. Un jour, il découvre que les lignes téléphoniques avec la Pologne sont coupées… Pour attirer l’attention sur l’état d’urgence décrété en son pays (1), le polonais Jerzy Skolimowski fait un film très original, à plusieurs niveaux de lecture. Le volet politique n’est pas le plus proéminent dans Travail au noir même s’il est bel et bien là, pesant de tout son poids sur l’évolution de l’histoire. L’action se passe d’ailleurs à Londres et non à Varsovie. C’est plutôt l’observation de ce petit groupe, isolé, presque coupé du monde, où le contremaître Nowak est le seul à pouvoir raisonner, sa position sociale étant renforcée par sa faculté à maitriser l’anglais et donc à communiquer avec le monde extérieur. Il va devoir aller nettement au-delà de ses seules prérogatives, ses trois ouvriers lui étant de fait livrés corps et âme, il va se comporter de façon despotique. Quelle belle allégorie. C’est aussi un film qui montre les petites mesquineries de la société anglaise, faisant preuve d’un certain humour sur ce point. Travail au noir fut réalisé très rapidement (écrit en onze jours et tourné en vingt-trois jours) (2) mais cela ne l’empêche pas d’être un film assez fort, finalement assez complexe, une approche très originale des évènements qui se déroulaient alors en Pologne, mêlant habilement humour et drame ; c’est l’un des films qui ont marqué le début des années quatre vingt.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jeremy Irons, Eugene Lipinski, Jirí Stanislav
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(1) En décembre 1981, face à la montée du syndicat Solidarność et par crainte d’une intervention militaire soviétique en Pologne, le premier ministre le général Jaruzelski déclare la loi martiale. Couvre-feu, arrestation des opposants, grèves brutalement réprimées, l’état de siège durera jusqu’en juillet 1983. Jaruzelski restera au pouvoir jusqu’en 1990, laissant la place à Lech Walesa, fondateur de Solidarność. On sait, depuis l’ouverture des archives soviétiques, que l’URSS n’avait pas l’intention d’intervenir en Pologne. Le général Jaruzelski a été inculpé en 2007 de « crime communiste » pour avoir instauré la loi martiale en 1981.

(2) Travail au noir fut présenté à Cannes en mai 1982, soit seulement cinq mois après l’instauration de la loi martiale en Pologne.

Lire aussi : une bonne analyse du film par Olivier Bitoun sur DVDClassik