28 août 2018

Maigret tend un piège (1958) de Jean Delannoy

Maigret tend un piègeA Paris, près de la Place des Vosges, plusieurs femmes sont tuées dans des circonstances similaires. Maigret va tendre un piège à l’assassin qui les tient en échec…
Adapté du roman du même nom de Georges Simenon, Maigret tend un piège voit Jean Gabin personnifier pour la première fois le mythique commissaire à l’écran. L’intrigue en elle-même n’est pas des plus mystérieuses car nous sommes très rapidement mis sur la piste du coupable, mais elle se double d’un volet psychologique très développé qui donne au film tout son intérêt et qui permet aux acteurs aguerris, que sont Gabin et Desailly, de montrer une grande richesse. Face à eux, la jeune Annie Girardot se montre parfaitement à la hauteur ; on remarque aussi Lino Ventura dans un petit rôle. Tous les seconds rôles sont bien tenus. L’atmosphère est assez remarquable, un peu poisseuse et étouffante. Les dialogues sont de Michel Audiard mais restent très classiques à l’instar de la réalisation de Delannoy. Assez justement, le film connut un certain succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Annie Girardot, Jean Desailly, Lucienne Bogaert, Paulette Dubost, Gérard Séty, Lino Ventura
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Delannoy sur le site IMDB.

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Remarque :
* Jean Gabin endossera encore deux fois le costume du commissaire Maigret au cinéma, dans Maigret et l’affaire St Fiacre (1959) et Maigret voit rouge (1963).

Maigret tend un piège
Jean Gabin et Annie Girardot dans Maigret tend un piège de Jean Delannoy.

21 août 2018

Les Grandes Familles (1958) de Denys de La Patellière

Les grandes famillesNoël Schoudler, le patriarche d’une famille de la grande bourgeoisie, dirige un petit empire économique : de l’usine familiale de sucre, ses activités se sont étendues dans la banque et la presse. Son fils unique François juge les méthodes paternelles archaïques et, profitant de l’absence de son père en voyage, entreprend des réformes au journal…
Les Grandes Familles est adapté d’un roman de Maurice Druon, Prix Goncourt en 1948. L’histoire est bourrée de stéréotypes mais le scénario se déroule admirablement bien. L’ajout des dialogues de Michel Audiard apportent une note d’humour et de dérision et donnent une indéniable vivacité à l’ensemble. Tous les personnages sont haïssables. L’interprétation est de haut vol, avec un Jean Gabin qui commence à prendre l’habitude de jouer les patriarches et des seconds rôles fort bien tenus. Le générique, une voix off présentant les personnages un à un, évoque ceux de Sacha Guitry. Denys de La Patellière n’a jamais été un grand réalisateur mais il réussit là un film très bien équilibré. Les Grandes Familles connaitra un bon succès et bénéficiera de multiples passages à la télévision. Il sera vigoureusement vilipendé par les jeunes turcs de la Nouvelle Vague…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Pierre Brasseur, Jean Desailly, Bernard Blier
Voir la fiche du film et la filmographie de Denys de La Patellière sur le site IMDB.

Les Grandes Familles
Jean Desailly, Jean Gabin et Bernard Blier dans Les grandes familles de Denys de La Patellière.

Les Grandes Familles
Pierre Brasseur et Jean Gabin dans Les grandes familles de Denys de La Patellière.

6 février 2017

Le Doulos (1963) de Jean-Pierre Melville

Le DoulosPeu après sa sortie de prison, Maurice Faugel (Serge Reggiani) se rend chez un receleur qu’il juge responsable de la mort de sa femme. Il le tue et s’empare des bijoux volés sur lesquels il travaillait. Le lendemain, son meilleur ami Silien (Jean-Paul Belmondo) lui apporte du matériel pour un cambriolage. Silien a mauvaise réputation car il fréquente un commissaire… En argot, un « doulos » est un chapeau mais  aussi un indicateur, nous explique t-on en début de film. C’est aussi le titre d’un roman de Pierre Lesou dont Jean-Pierre Melville a écrit et réalisé l’adaptation. Il y montre une nouvelle fois son attachement au cinéma américain tout en affirmant de plus en plus son style. La forme assez enthousiasmante : de longues séquences, chargées d’atmosphère, à l’éclairage travaillé, avec même parfois de petites prouesses techniques (comme ces panoramiques à 360° lors de l’interrogatoire de Silien). Sur le thème de l’amitié et de la trahison, l’histoire est joliment complexe, tout en restant épurée, avec rien d’inutile ; elle sait nous surprendre (évitez de trop lire avant de voir le film). Chez Melville, le monde des truands est idéalisé, c’est celui du code de l’honneur, policiers et gangsters étant autant respectables. Le Doulos bénéficie d’une très belle distribution, tous les rôles étant parfaitement tenus. Assez bizarrement, le film ne fait l’unanimité parmi les amateurs du genre probablement car il déroute un peu : il nous laisse sans aucune certitude.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Jean Desailly, René Lefèvre, Michel Piccoli
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Melville sur le site IMDB.

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Remarques :
* Tout comme pour Léon Morin, Prêtre, le film précédent de Melville, l’assistant-réalisateur est le jeune Volker Schlöndorff (22 ans). Le futur réalisateur fait aussi une petite apparition à l’écran en client du bar.

* Une citation détournée de Céline ouvre le film « il faut choisir, mourir ou mentir ? ». En réalité, la citation plus complète montre qu’il n’y est pas question de la trahison : « La vérité, c’est une agonie qui n’en finit pas. La vérité de ce monde c’est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n’ai jamais pu me tuer moi. » (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit)

Le Doulos
Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville.