25 juin 2011

Quand j’étais mort (1916) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Als ich tot war »

Quand j'étais mortLui :
Quand j’étais mort n’est pas le premier film de Lubitsch mais c’est le plus ancien que l’on ait retrouvé. La copie est incomplète (37 mn sur les 50 mn originales). Le rythme apparait donc inévitablement haché du fait des parties manquantes, les transitions sont parfois brutales. Si la réalisation est loin d’être parfaite, le film montre déjà le talent de Lubitsch pour choisir une bonne situation de départ et l’exploiter au mieux : un mari se fait (littéralement) mettre dehors par sa femme et surtout par sa belle-mère qui l’avait pris en grippe. L’homme laisse croire qu’il s’est suicidé de chagrin. Sous un déguisement, il revient ensuite dans sa propre maison se faire embaucher comme valet de chambre. La belle mère n’est pas insensible au charme de ce nouvel employé… Le thème de la belle-mère envahissante et destructrice de l’amour est une excellente base de comédie, classique certes, mais Lubitsch la développe ici très bien. Il interprète lui-même le rôle principal du mari. (Film muet)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ernst Lubitsch, Louise Schenrich, Lanchen Voss
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site IMDB.

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Remarques :
Quand j'étais mort Quand Lubitsch se rend chez son barbier pour acheter une perruque, nous voyons une immense (et surprenante) affiche sur le mur en arrière-plan : The Call to Arms – masterpiece. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’un hommage de Lubitsch à D.W.Griffith qui a réalisé le film médiéval The Call to Arms en 1910. Rappelons aussi que le film a été tourné à Berlin pendant la guerre de 14-18, ce qui donne à ce titre un autre sens…

21 juin 2011

So this is Paris (1926) de Ernst Lubitsch

Titre français : « Les surprises de la TSF »

Les surprises de la TSFLui :
(Film muet) C’est après avoir émigré aux Etats-Unis qu’Ernst Lubitsch affine vraiment son style et développe la fameuse « Lubitsch touch ». So This Is Paris est son septième film américain (en seulement trois années), l’adaptation d’une pièce de théâtre française. La situation de départ est très simple, deux couples bourgeois dont les fenêtres se font face, de part et d’autre de la rue, et la comédie va se développer autour des attirances, des mensonges, des stratagèmes aussi inventifs qu’inavouables… L’humour est omniprésent avec d’excellents dialogues et de très bons gags ; l’ensemble est gentiment immoral, tournant en dérision la bienséance et le couple bourgeois. Les surprises de la TSF Le rythme est, comme toujours avec Lubitsch, enlevé. De plus, So This Is Paris est remarquable par l’inventivité de certains plans : pour la longue scène du Bal des Artistes, il utilise des effets de prisme étonnants, des superpositions, des angles osés pour restituer tout le côté frénétique et débridé du Charleston de ces folles soirées des années vingt. L’effet de rapetissement du personnage principal à la fin est, lui aussi, admirable. Lubitsch est généralement peu coutumier de tels effets. So This Is Paris eut un grand succès à l’époque. Il procure encore beaucoup de plaisir aujourd’hui.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Monte Blue, Patsy Ruth Miller, Lilyan Tashman, George Beranger
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Remarques :
* La femme de chambre des Lalle (que l’on voit deux secondes quand le docteur se rend à leur domicile) est la jeune Myrna Loy.
* La scène du début est une satire de cet attrait pour un orientalisme de pacotille qui a déferlé après le gigantesque succès de Rudolph Valentino dans The Sheik (dont la suite The son of the Sheik sortait la même année que So This Is Paris).

18 juin 2011

Un envoyé très spécial (1938) de Jack Conway

Titre original : « Too hot to handle »

Un envoyé très spécialLui :
Les reporters envoyés en Chine filmer la guerre sino-japonaise se lamentent du manque d’action. Ils n’hésitent pas à recourir à des mises en scène. L’un de ces reporters rencontre une jeune américaine, pilote d’avion, qui veut monter une expédition pour rechercher son frère en Amazonie… Pour Un envoyé très spécial, la MGM réutilise le tandem Clark Gable / Myrna Loy et une de fois de plus le succès fut au rendez-vous puisque ce fut l’un des plus gros succès de l’année 1938. Cette comédie saupoudrée d’exotisme utilise les recettes connues et ne prend guère de risques. Pour la énième fois, Clark Gable interprète un personnage rusé, débrouillard et plein de gouaille. Face à lui, Myrna Loy est tellement flegmatique qu’elle semble détachée de cette histoire. Tout est un peu outré, l’ensemble est assez bavard et bruyant. A défaut de s’intéresser à cette histoire, on peut regarder Un envoyé très spécial pour avoir une idée de la concurrence effrénée que se menaient les agences de presse à cette époque. Le film est inspiré des mémoires d’un vrai reporter, Len Hammond.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Myrna Loy, Walter Pidgeon, Walter Connolly
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Remarques :
Ce serait Buster Keaton qui aurait conçu les mécanismes utilisés dans la mise en scène de l’avion avec l’enfant. Buster Keaton était alors employé comme gagman en free-lance par la MGM.

Homonyme :
Too Hot to Handle (La blonde et les nus de Soho) de Terence Young (1960) avec Jayne Mansfield

14 juin 2011

Man-Proof (1938) de Richard Thorpe

Man-ProofLui :
Après avoir vu l’homme de ses rêves convoler dans les bras d’une de ses amies, la jeune Mimi tente de l’oublier. Mais tout change lorsque le couple rentre de son voyage de noces… Habitué à voir Myrna Loy personnifier l’épouse idéale, le public a certainement été surpris de la voir jouer dans Man-Proof une célibataire voleuse de mari. Hélas, le scénario est conventionnel et sans originalité, d’une grande banalité et même alourdi par les conventions sociales les plus conservatrices de l’époque. Il n’y a donc guère d’intérêt à visionner le film aujourd’hui.
Note : 1 étoile

Acteurs: Myrna Loy, Franchot Tone, Rosalind Russell, Walter Pidgeon
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Remarques :
Le film semble avoir subi des coupes puisque les cinquièmes et septièmes acteurs listés au générique ne figurent pas dans la version finale.

13 juin 2011

The earl of Chicago (1940) de Richard Thorpe

Titre français ( Belgique) : « Le gangster de Chicago »

The Earl of ChicagoLui :
Un petit caïd de Chicago, cupide et sans éducation, apprend qu’il est l’héritier d’une longue lignée nobiliaire anglaise. Intéressé par l’argent que représente son grand domaine, il se rend en Angleterre pour revendre le tout au plus vite… Assez peu connu, The Earl of Chicago ne manque pas d’attrait. Adaptation d’un livre de Brock Williams, cette comédie utilse comme ressort le fort contraste entre un gangster inculte et le milieu de la vieille noblesse anglaise, empreint de rites et de traditions. C’est Robert Montgomery qui donne au film tout son sel : avec un jeu très particulier, sobre avec des temps de latence où il reste comme interdit, il compose un personnage étonnant, assez stupide mais finalement attachant. Le fait qu’il soit ici utilisé plutôt à contre-emploi, du moins de façon inhabituelle, pourra toutefois dérouter. Les seconds rôles contribuent à donner du corps à l’ensemble. Contrairement à ce que le titre laisserait supposer, The Earl of Chicago n’est donc pas un film de gangster ni même un film noir mais une amusante comédie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Montgomery, Edward Arnold, Reginald Owen, Edmund Gwenn
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Remarques :
* Inédit en France, The Earl of Chicago doit à Patrick Brion du Cinéma de Minuit d’être visible pour le public français.
* Traduction littérale du titre : « Le comte de Chicago ».

5 juin 2011

Elle (1979) de Blake Edwards

Titre original : « 10 »

ElleLui :
A 42 ans, George Webber est en pleine crise de la quarantaine. Il a beau être riche et célèbre, rouler en Rolls décapotable, il envie son voisin plus jeune dont la vie ressemble à une orgie permanente. En voiture, il croise le regard d’une jeune mariée qu’il considère comme la plus belle fille qu’il ait jamais vue. Il devient obsédé par elle… Cette comédie de Blake Edwards mêle assez habilement l’humour pur et la comédie dramatique chargée d’une certaine mélancolie. Ce sont toutefois les scènes d’humour pur qui sont les plus réussies, elles rattrapent un scénario qui serait passablement ennuyeux sans elles. Le film fut un énorme succès commercial pour d’autres raisons, essentiellement centrées sur la plastique irréprochable de la jeune actrice Bo Derek, courant sur la plage en maillot de bain.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dudley Moore, Julie Andrews, Bo Derek, Robert Webber
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Remarques :
* C’est ce film qui lança la pratique machiste de noter les femmes de 0 à 10. En réalité, dans le film, c’est le psychanalyste qui demande à George Webber combien il donnerait sur une échelle de 0 à 10 à la jeune mariée qu’il a aperçue, ce à quoi il répond : « onze ».
* Le film donna une nouvelle vie au Boléro de Ravel (la jeune femme ne veut faire l’amour que sur le Boléro de Ravel).
* On ne peut pas dire que Bo Derek ait eu ensuite une grande carrière d’actrice. Il faut préciser qu’elle a essentiellement tourné sous la direction de son mari, John Derek, réalisateur sans talent. Le couple s’est couvert de ridicule, dont le summum fut probablement le film Bolero (1984).
* Un remake est prévu pour 2011… (MAJ: le projet n’a semble t-il pas abouti).

30 mai 2011

Infidèlement vôtre (1948) de Preston Sturges

Titre original : « Unfaithfully Yours »

Infidèlement vôtreLui :
Au retour d’une tournée, un célèbre chef d’orchestre anglais, très épris de sa femme, apprend que celle-ci l’a probablement trompé pendant son absence. Après une première réaction d’incrédulité, il est pris de jalousie… Infidèlement vôtre est un film très original par plusieurs aspects. Le film de Preston Sturges mêle de façon inhabituelle comédie et drame. L’humour est très présent et sous plusieurs formes. Le début évoque les comédies des années trente (les « screwball comedies ») alors que, dans la dernière partie, l’humour est plus proche de l’humour des films muets (« slapstick ») ; cette partie est d’ailleurs presque dénuée de paroles, tout en étant copieusement bruitée. La partie centrale est assez unique en son genre : pendant un concert, nous entrons dans les pensées du chef d’orchestre qui imagine trois scénarios différents de l’après-concert, l’explication avec sa femme. Ces trois scénarios sont très différents car ils collent à la musique qui le met dans un état d’esprit particulier. Rex Harrison, dans un style très anglais et sûr de lui, utilise tout son registre pour passer de la comédie au drame. Linda Darnell apporte quant à elle beaucoup de charme. Globalement, Infidèlement vôtre évoque les films de Lubitsch. Le film dérouta le public et la critique de l’époque du fait du mélange des genres et de son caractère inhabituel. Il apparaît bien plus intéressant aujourd‘hui, car très original.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Linda Darnell, Kurt Kreuger, Lionel Stander
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Remarques :
Les trois morceaux joués :
1) L’ouverture de Semiramis de Rossini
2) L’ouverture de Tannhaüser de Wagner
3) Francesca da Rimini de Tchaikovsky
Le scénario est de Preston Sturges lui-même, une idée qui remonte à ses débuts et qu’il a même proposée à Lubitsch dans les années trente.

28 mai 2011

Il faut marier papa (1963) de Vincente Minnelli

Titre original : « The courtship of Eddie’s father »

Il faut marier papaLui :
Après avoir perdu sa mère, le jeune Eddie, 9 ans, a bien l’intention de participer au choix de la nouvelle épouse de son père… Il faut marier papa est l’adaptation d’un roman de Mark Toby. Il s’inscrit dans une période où la MGM, mal en point, cherchait des valeurs sûres pour remonter la pente. Le film repose donc sur de solides piliers pour en faire un succès : un jeune garçon qui a perdu sa mère est toujours émouvant et mettre un raisonnement d’adulte dans la bouche d’un enfant provoque immanquablement l’attendrissement. Père et fils sont pleins de charme, Glenn Ford est plus séduisant que jamais et le tout jeune Ron Howard (futur réalisateur, entre autres, d’Appolo 13 et Da Vinci Code) est mignon comme tout. Le scénario est très basique et le film serait certainement insignifiant sans la réalisation absolument parfaite de Minnelli. Il faut marier papa fut un succès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Ron Howard, Shirley Jones, Stella Stevens, Dina Merrill, Roberta Sherwood
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Autres adaptations :
The Courtship of Eddie’s Father (TV 1969-72) avec Bill Bixby et Brandon Cruz
The Courtship of Eddie’s Father (prévu pour 2013) de ???