22 mars 2014

Sept ans de réflexion (1955) de Billy Wilder

Titre original : « The Seven Year Itch »

Sept ans de réflexionDans un New York en pleine canicule, Robert Sherman se retrouve seul après le départ de femme et enfant pour les vacances d’été. Il fait connaissance d’une jeune femme blonde qui occupe temporairement l’appartement au dessus du sien… Sept ans de réflexion est l’adaptation d’une pièce de George Axelrod qui avait connu un grand succès à Broadway. Cette plaisante comédie est un peu méprisée par les cinéphiles sous prétexte que tout son succès viendrait de cette image de Marilyn Monroe dont la robe blanche se soulève. Certes, l’exploitation commerciale de cette image par Hollywood relève plutôt du racolage (1) mais le film ne peut se réduire à cela. C’est une succession de saynètes amusantes qui exploitent le dilemme de cet homme « ordinaire » entre son conservatisme profond et un désir ponctuel. Sept ans de réflexion On le sait, Billy Wilder n’a pu mettre tout ce qu’il voulait y mettre : la censure a été implacable et a fait enlever toute connotation sexuelle et bien entendu tout passage à l’acte. L’humour est resté toutefois, peut-être en a-t-il d’ailleurs été décuplé car, finalement, peu importe où l’on met la limite, l’humour de ce genre de situation réside dans les atermoiements autour cette limite. Face à la sensualité débordante de Marilyn Monroe, cet homme au conservatisme rassurant perd pied totalement. Son imagination débordante permet en outre de multiplier habilement les scènes. Même si le film n’est pas du pur Billy Wilder, il reste très amusant et ne vieillit pas vraiment.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Tom Ewell, Evelyn Keyes, Sonny Tufts, Oskar Homolka
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Remarque :
* Tom Ewell connaissait bien le rôle puisqu’il le tenait sur les planches.

(1) Il faut noter que le racolage a commencé dès le tournage. La Fox avait en effet fait en sorte que la scène soit tournée dans les rues de New York avec un grand battage médiatique. Parmi la foule des badauds, Joe DiMaggio n’a guère apprécié voir ainsi sa femme ainsi exposée comme objet sexuel et être un sujet de moqueries du fait de son incapacité à se souvenir de son texte. Ils divorceront peu après. A noter que la scène étant finalement inexploitable à cause des bruits de la foule indisciplinée, elle fut tournée de nouveau, au calme en studio. On pourra aussi remarquer que la scène est plus sage dans le film (on ne voit pas Marilyn en entier) que sur les affiches commerciales. A la sortie du film, la Fox a fait une Marilyn de 15 mètres de haut (!) pour habiller la façade d’un cinéma new yorkais…

7 septembre 2013

Pulsions (1980) de Brian De Palma

Titre original : « Dressed to Kill »

PulsionsInsatisfaite dans son mariage, Kate Miller s’en confie à son psychiatre. Elle se rend ensuite dans un musée où elle est attirée par un bel inconnu… Ecrit par Brian De Palma, Pulsions est un film psychanalytique au suspense puissant dont le vecteur principal est l’attirance sexuelle. Une fois de plus (1), Brian De Palma rend un hommage (très) appuyé à Alfred Hitchcock, le film pouvant être vu comme une nouvelle variation du thème de Psychose. La plus belle scène est incontestablement celle du musée, une longue scène muette où tout se joue sur les regards (l’importance des regards est d’ailleurs une constante dans tout le film). Brian De Palma y montre en outre une grande dextérité dans les mouvements de caméra et Angie Dickinson, toute vêtue de blanc, dégage une présence et une sensualité rares. Cette scène est vraiment remarquable, une merveille. La tension est ensuite constante durant tout le film, parfaitement construit. Comme les meilleurs suspenses, le film fonctionne tout aussi bien après plusieurs visions. Il fait d’ailleurs partie de ces films que l’on n’oublie guère.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael Caine, Angie Dickinson, Nancy Allen, Dennis Franz
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Remarques :
* La scène du musée, censée se dérouler au Metroplitan Museum of Art de New York, est en réalité tournée dans le Philadelphia Museum of Art.
* Nancy Allen était alors depuis peu la femme de Brian De Palma.

(1) Quatre ans plus tôt, Brian De Palma avait réalisé Obsession inspiré de Sueurs froides d’Alfred Hitchcock.  A noter que le scène du musée de Pulsions fait, elle aussi, référence à ce même film d’Hitchcock.

29 avril 2012

Mogambo (1953) de John Ford

MogamboVictor Marswell est installé dans la brousse africaine. Son métier est de capturer des animaux sauvages qu’il revend aux zoos et d’organiser des safaris pour de riches touristes ou chercheurs. Un jour, il voit arriver Eloise Kelly, invitée par un maharadja qui était en fait reparti prématurément chez lui, puis un anthropologue anglais et sa femme… Mogambo est l’adaptation d’une pièce de Wilson Collison qui avait été portée à l’écran vingt ans auparavant avec déjà Clark Gable dans le rôle principal (1). Au début des années cinquante, Hollywood redécouvre l’attrait de l’Afrique. De superbes plans de nature africaine sont insérés et une bonne partie du film a été tournée sur place. L’histoire repose sur beau trio de personnages aux caractères très différents. L’atmosphère est électrique, Ava Gardner apporte une sensualité presque animale et le film est rempli de sous-entendus et d’allusions sexuelles. Le film fut un succès à l’époque mais personnellement, Mogamboje n’ai jamais compris pourquoi Mogambo était, depuis, si mal jugé. Je le trouve toujours aussi intense et enthousiasmant, doté d’une luxueuse mise en scène parfaitement maitrisée et d’un superbe trio d’acteurs. Le seul défaut que l’on puisse lui reprocher est sa fin : les deux dernières minutes sont bâclées et guère convaincantes. Peut-être était-ce là l’endroit des fameuses trois pages de scénario arrachées… (2)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Ava Gardner, Grace Kelly, Donald Sinden, Philip Stainton
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(1) La Belle de Saigon (Red dust) de Victor Fleming (1932) avec Clark Gable, Jean Harlow et Mary Astor. L’action se déroulait dans la forêt indochinoise. Voir nos commentaires sur ce film
(2) C’est sur le tournage de Mogambo qu’eut lieu une célèbre anecdote…
Un jour, John Ford voit arriver sur le plateau le producteur qui se dit inquiet des trois jours de retard du tournage. Irrité, John Ford lui demande :
« Trois jours, ça fait trois pages de scénario, non ? »
« Euh, oui, sans doute. »
John Ford prend alors le scénario, l’ouvre au hasard dans la partie non encore tournée et en arrache trois pages avant de lancer au producteur interloqué : « Voilà, maintenant on n’est plus en retard ! Si vous voulez bien nous laisser, on a du travail. »

Moralité : Il faut éviter d’aller embêter John Ford sur un tournage!

Remarques :
* La signification du titre n’est pas évidente : l’explication selon laquelle le producteur Sam Zimbalist aurait déformé le nom d’un night club de Los Angeles, Le Mocambo, est certainement farfelue. Ailleurs, on peut lire que Mogambo signifie « passion » en langue swahili, pour d’autres cela signifie « grand gorille ». Ailleurs encore, c’est un signal d’alerte utilisé par une tribu du Kenya…
* Pendant le tournage, une passion s’est réellement développée entre Clark Gable et Grace Kelly (malgré les quelque 30 ans de différence) et l’aventure a duré ensuite plusieurs mois.

16 mars 2012

Le facteur sonne toujours deux fois (1981) de Bob Rafelson

Titre original : « The postman always rings twice »

Le facteur sonne toujours deux foisEn chemin vers l’Ouest, Frank Chambers s’arrête dans un café-station service. Il accepte de faire embaucher comme mécanicien après avoir vu Cora, la jolie femme du patron… Lorsque Tay Garnett a tourné Le facteur sonne toujours deux fois en 1946, il dut user de beaucoup de subtilité pour éviter le couperet de la censure. Ce n’est bien entendu plus le cas en 1981 et Bob Rafelson peut librement exprimer toute la sexualité animale du roman de James Cain, replacé ici dans son époque d’origine, la Grande Dépression. Rafelson fait appel à un auteur dramatique, David Mamet, dont c’est ici le premier scénario. Ils gomment la narration au maximum : rien n’est expliqué, on saute d’une scène à l’autre sans transition, à tel point que le film doit être délicat à comprendre pour le spectateur qui ne connait pas l’histoire à l’avance. En revanche, ils montrent beaucoup, souvent assez crûment. Le film est d’ailleurs surtout célèbre par sa scène de la cuisine, scène qui commence comme un viol et qui finit en étreinte torride. Comme on peut le pressentir en voyant l’affiche, nous sommes bien loin de la subtilité et de la suggestion de la version de Tay Garnett. Certains commentateurs ont souligné le réalisme social du film mais, sur ce point, la version de Rafelson paraît bien en deçà de la version de Visconti.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Jessica Lange, John Colicos
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Le roman de James Cain a été porté 4 fois à l’écran :
Le dernier tournant de Pierre Chenal (1939) avce Michel Simon et Fernand Gravey
Ossessione (Les amants diaboliques) de Visconti en 1943.
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) célèbre film noir de Tay Garnett (1946) avec le couple Lana Turner / John Garfield,
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) de Bob Rafelson en 1981 avec Jessica Lange et Jack Nicholson.
En outre, Chair de Poule de Julien Duvivier (1963) avec Robert Hossein et Catherine Rouvel présente de grandes analogies avec le roman de James Cain.