8 novembre 2009

L’émigrant (1917) de Charles Chaplin

Titre original : The immigrant

The ImmigrantEn 1916 et 1917, Charlie Chaplin est dans la période où il construit son personnage. Parmi les douze courts métrages qu’il tourne alors pour la Mutual, L’émigrant est le plus remarquable car il marque un tournant important. Alors que jusqu’ici ses films jouaient la carte du comique pur, c’est dans L’émigrant que Chaplin introduit pour la première fois un fond de situation tragique sur lequel l’humour vient prendre appui. Ici, il s’agit de la situation des immigrants qui arrivent aux Etats-Unis : The Immigranttraversée difficile, mauvais traitement par les services d’immigration et ensuite la pauvreté. Difficile de trouver plus tragique… et pourtant c’est l’humour qui domine. Le comique prend ainsi une dimension sociale, presque documentaire, qui élève incontestablement le film au dessus de ses semblables. L’émigrant a beau ne durer qu’une vingtaine de minutes, il est étonnamment riche. Il permet d’assister en quelque sorte à la naissance du « grand Chaplin ».
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Henry Bergman
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.
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Remarque :
The Immigrant* Au départ, le film ne devait comporter que la scène du restaurant. C’est en cours de tournage que Chaplin eut l’idée d’expliquer pourquoi le personnage joué par Edna Purviance se retrouvait sans le sou dans un restaurant.
* La genèse de ce film est expliquée dans le remarquable documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) de Kevin Brownlow (1982).
* Lors de la mise en accusation de Charlie Chaplin par la commission présidée par McCarthy au début des années cinquante, L’émigrant fut cité à charge par ses accusateurs : la scène où son personnage reçoit un coup de pied par l’employé du service d’immigration pour entrer aux Etats-Unis était à leurs yeux l’une des preuves manifestes de son anti-américanisme. De force, Charlie Chaplin dut quitter les Etats-Unis en 1952 pour aller s’établir en Suisse jusqu’à sa mort en 1977 (il ne remit les pieds aux Etats-Unis qu’une seule fois en 1972 pour recevoir un Oscar). Alimentée par le fanatisme et la peur, la bêtise humaine ne semble pas avoir de limite.

6 novembre 2009

Chaînes conjugales (1949) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : A letter to three wives

A Letter to Three WivesElle :
(pas revu)

Lui :
Chaînes Conjugales n’est que le sixième long métrage de Joseph Mankiewicz mais il y fait preuve d’une maîtrise du scénario et de la réalisation exceptionnelle. Alors qu’elles sont sur le point de prendre un bateau qui va les isoler du monde pour la journée, trois femmes reçoivent une lettre d’une amie qui leur annonce qu’elle part avec le mari de l’une d’elles. Toutes trois vont faire le point sur leur mariage, réfléchir à l’état de leur relation. Chaînes Conjugales est donc avant tout un film sur le mariage, sur les rapports entre hommes et femmes et la façon dont chacun peut gérer ses légères frustrations ou le sentiment de légère instabilité. Mankiewicz traite ce sujet sans manichéisme, tout n’est pas mauvais et tout n’est pas idéal, chacun doit composer. Comme toujours avec ce réalisateur, tout passe par les dialogues, profonds, riches et résultant d’une fine observation des caractères. Chaines conjugalesL’originalité est l’ajout d’une intrigue presque policière, on ne sait absolument pas lequel des trois maris est parti, et aussi l’utilisation de la quatrième femme, la voleuse de mari, en voix off pour jouer le rôle de narratrice (ce procédé a été maintes fois copié depuis). Il faut souligner le jeu très solide des acteurs, non seulement des trois femmes, toutes trois parfaitement différentes sans être trop typées, mais aussi des trois hommes, très consistants eux aussi dans leur personnage. Mankiewicz en profite pour dresser un portrait de l’Amérique moyenne en cette fin des années quarante, d’égratigner le snobisme et le culte de l’argent ; il livre une attaque en règle contre la publicité (radiophonique à l’époque) et contre une certaine détérioration du langage. Chaînes Conjugales montre un parfait équilibre, un déroulement parfait, un contenu étoffé ; c’est toujours un plaisir de le voir et de le revoir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jeanne Crain, Linda Darnell, Ann Sothern, Kirk Douglas, Paul Douglas, Thelma Ritter, Jeffrey Lynn
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* Le scénario est adapté d’un roman de John Klempner « Letter to five wives ». Il fut ramené à quatre femmes lors d’une première écriture, puis à trois par Darryl Zanuck. A ce propos, Mankiewicz dit modestement dans un interview : « J’aurais du y penser moi-même qu’il suffisait de supprimer encore une femme pour le raccourcir, mais j’étais encore inexpérimenté à l’époque. »
* L’historien et critique de cinéma Jacques Lourcelles rapporte qu’il arrive encore que, lors des passages à la télévision américaine, le film soit amputé de la tirade de Kirk Douglas contre la publicité.
* Un remake a été fait pour la télévision en 1985 par Larry Elikann.

5 novembre 2009

Les trois âges (1923) de Buster Keaton

Titre original : Three ages

Three Ages

Lui :
Après avoir réalisé presque vingt courts-métrages, Buster Keaton tourne enfin son premier long métrage : Les trois âges (1). Il s’inspire de la structure d’Intolérance de Griffith (2), c’est-à-dire un film où l’on suit la même histoire à trois époques différentes : l’âge de pierre, la Rome Antique et les temps actuels. Dans chacune de ces trois époques, un jeune amoureux tente de gagner la main d’une belle ingénue mais il est en compétition avec un homme qui a bien plus d’atouts que lui. Si la belle paraît plutôt empruntée à l’écran (3), Wallace Beery est parfait en concurrent quelque peu félon et bien entendu Buster Keaton déploie des trésors d’ingéniosité pour parvenir à ses fins, n’hésitant pas à accomplir des cascades périlleuses (4). Les gags s’enchaînent de façon constante, jouant beaucoup sur les anachronismes (l’homme préhistorique joue au golf, il neige à Rome pour la course de chars, …) Les Trois Ages remporta un grand succès et cela ne paraît guère étonnant quand on le visionne presque un siècle plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Wallace Beery, Margaret Leahy, Lillian Lawrence, Joe Roberts
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(1) Si le cinéma à ses débuts a fait une grande place au comique (à commencer par le premier film joué de toute l’histoire du cinéma : L’arroseur arrosé), le genre est resté cantonné au format court et moyen métrage (moins de 25 minutes soit 2 bobines) pendant plus de deux décennies. Il faut attendre le tout début des années vingt pour voir les premiers longs métrages de Charlie Chaplin, Harold Lloyd et Buster Keaton.
(2) Buster Keaton a déclaré par la suite que cette structure en trois époques permettait de sortir le film en trois courts-métrages si le long métrage n’avait pas marché. Il est difficile de savoir si cette affirmation est sérieuse ou pas. Le DVD de MK2 montre les séquences mises bout à bout : il en ressort que seule la partie moderne aurait été suffisamment longue et étoffée pour faire un court-métrage.
(3) L’actrice Margaret Leahy était une couturière anglaise qui gagna un concours organisé par les sœurs Talmadge (Norma et Constance) pour trouver une nouvelle actrice de premier plan. Hélas, une fois arrivée à Hollywood, il fut évident qu’elle était incapable de jouer et le réalisateur Franck Lloyd refusa de tourner avec elle. Joseph Schenck, co-producteur, l’imposa alors à Buster Keaton qui ne put refuser. Les trois âges fut le seul film où tourna Margaret Leahy… (Pour tout comprendre, il faut aussi savoir que Buster Keaton avait épousé en 1921 la troisième sœur Talmadge, Natalie, et que le mari de Norma Talmadge était alors… Joseph Schenck. Une histoire de famille donc.)
(4) La scène où Keaton saute d’un immeuble à l’autre qu’il manque de peu n’était pas prévue ainsi : Keaton se fit assez mal en tombant et mit trois jours à se remettre. Il décida de garder la prise et la compléta par une spectaculaire chute le long de l’immeuble, l’une des plus belles chutes du cinéma. A noter que la scène fut tournée à peu près au même endroit que la fameuse scène où Harold Lloyd se suspend aux aiguilles d’une horloge (Safety last), un endroit de Los Angeles où une petite colline permettait de créer un étonnant effet de perspective.
Hill Street Tunnel
Ci-contre : Photo du Hill Street Tunnel à Los Angeles peu après qu’il fut percé au début du XXe siècle. La photo donne une bonne idée des possibilités offertes. Le tunnel n’existe plus aujourd’hui, la colline a été aplanie dans les années cinquante.

4 novembre 2009

Le silence est d’or (1947) de René Clair

Le silence est d'orElle :
(pas vu)

Lui :
Le silence est d’or fut le premier film que réalisa René Clair à son retour en France, juste après la Libération. Le succès fut immense, le film symbolisant le retour d’un certain optimisme et des valeurs françaises. L’histoire est assez classique, René Clair l’a lui-même décrite comme étant proche de l’intrigue de l’Ecole des femmes. C’est un triangle amoureux où un fringuant quinquagénaire donne des conseils amoureux à un jeune timide, conseils qui vont se retourner contre lui lorsque tous deux seront amoureux de la même femme. Le jeu des acteurs n’est pas franchement remarquable, François Perrier est juste bien dans son rôle. A la décharge de René Clair, il faut signaler que Raimu, qui devait tenir le rôle principal, est mort peu avant le début du tournage et qu’il a du être remplacé rapidement par… Maurice Chevalier. Le film serait sans doute assez anodin si le réalisateur n’avait choisi de placer l’intrigue au tout début du XXe siècle, dans le monde naissant du cinéma muet. Nous assistons ainsi à la reconstitution du tournage d’un film vaguement oriental dans un petit studio parisien. Comme René Clair vouait une certaine admiration à Louis Feuillade, on peut penser qu’il a voulu ainsi faire revivre cette grande époque des pionniers. C’est cet aspect qui fait, aujourd’hui encore, tout le charme de Le silence est d’or.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Maurice Chevalier, François Périer, Marcelle Derrien, Dany Robin
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3 novembre 2009

Le crime est notre affaire (2008) de Pascal Thomas

Le crime est notre affaireElle :
(pas vu)

Lui :
Avec Le crime est notre affaire, Pascal Thomas reprend la formule de Mon petit doigt m’a dit, c’est-à-dire l’adaptation d’un roman d’Agatha Christie où le couple gentiment farfelu composé de Catherine Frot et André Dussolier mène l’enquête. Nous retrouvons aussi certains acteurs du film L’heure zéro dont l’histoire présente certaines similitudes avec celle-ci : une famille où tout le monde attend la mort de l’aïeul pour hériter… L’intrigue n’est cette fois pas aussi passionnante, le scénariste ne parvenant pas à nous faire soupçonner tout le monde. Le Crime est notre affaire repose beaucoup plus sur son duo d’acteurs qui réussit parfaitement à tenir tout le film : nous sommes plus intéressés par leurs fantaisies et par leurs méthodes si peu orthodoxes pour s’immiscer dans cette sombre famille que par le dénouement de l’intrigue! Grâce à eux, et aussi à de bons seconds rôles, l’ensemble est un plaisant divertissement qui fait passer un bon moment.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, André Dussollier, Claude Rich, Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, Christian Vadim, Hippolyte Girardot, Yves Afonso, Alexandre Lafaurie
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Autres adaptations du même roman d’Agatha Christie :
Le train de 16h50 (Murder, she said) de George Pollock (1961) avec Margaret Rutherford en Miss Maple qui mène l’enquête.

2 novembre 2009

En vitesse (1928) de Ted Wilde

Titre original : Speedy

Speedy
Lui :
Speedy est le dernier film muet d’Harold Lloyd. La vitesse dont il est question est celle de la vie trépidante du New York des années vingt, tout en contraste avec le paisible tramway tiré par un cheval qui est le point central du film. La vitesse est aussi celle de scènes de conduite par Harold Lloyd dans les rues encombrées de New York, d’abord en taxi puis en tramway tiré par deux chevaux au galop ; ces scènes vraiment spectaculaires et toujours pleines d’humour forment incontestablement le clou du film. Elles furent assez dangereuses (1). Speedy a aussi un côté documentaire car, à part les scènes dans le quartier du vieux tramway, la majorité du film fut tourné à New York dont on peut ainsi voir l’encombrement des rues et des trottoirs (2). Parmi les comiques du cinéma muet, il est toujours étonnant de remarquer qu’Harold Lloyd est aujourd’hui moins connu que Chaplin ou Buster Keaton. Dans Speedy, son personnage d’amoureux lunaire est bien établi depuis plusieurs années, tenace, plein d’astuces et surtout chanceux, il parvient toujours à ses fins pour notre plus grand plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Ann Christy, Bert Woodruff, Brooks Benedict
Voir la fiche du film et la filmographie de Ted Wilde sur le site imdb.com.

En vitesse(1) L’accident du tramway contre un pilier n’était pas prévu. Ce fut un accident de tournage. Par chance incroyable, le conducteur que l’on voit être éjecté ne fut pas blessé. Harold Llyod dut improviser rapidement un moyen de repartir (grâce à la plaque d’égout) pour recoller au scénario.
(2) C’est aussi le New York d’avant les grands buildings puisque l’Empire State building ne sera érigé qu’en 1931. Les scènes dans le Luna Park de Coney Island furent aussi tournées sur les lieux réels en cachant la caméra pour éviter de créer un attroupement car Harold Lloyd était alors très célèbre. En revanche, lors de la course finale, on peut voir nombre de badauds le long de la route venus regarder le tournage.
Pour les américains ou autres amateurs de baseball, ce film est aussi célèbre pour le petit rôle de Babe Ruth, grand joueur des années vingt, qui joue ici son propre rôle en client du taxi.

Remarque :
Après Speedy, Harold Lloyd tournera quelques films parlants dont aucun n’atteindra le succès de ses films muets.

31 octobre 2009

Sommaire d’octobre 2009

La femme aux chimèresIl maritoLe carnaval des dieuxMes amis, mes amoursMarionIron ManPoil de carotteLes mystères de Paris

La femme aux chimères

(1950) de Michael Curtiz

Il marito

(1958) de Nanni Loy et Gianni Puccini

Le carnaval des dieux

(1957) de Richard Brooks

Mes amis, mes amours

(2008) de Lorraine Levy

Marion

(1997) de Manuel Poirier

Iron Man

(2008) de Jon Favreau

Poil de carotte

(1925) de Julien Duvivier

Les mystères de Paris

(1943) de Jacques de Baroncelli

Terre des pharaonsLa vie de châteauGomorraLa fille de MonacoThe crashLa dernière chasseLa fièvre au corpsMort sur le Nil

Terre des pharaons

(1955) de Howard Hawks

La vie de château

(1966) de Jean-Paul Rappeneau

Gomorra

(2008) de Matteo Garrone

La fille de Monaco

(2008) de Anne Fontaine

The crash

(1932) de William Dieterle

La dernière chasse

(1956) de Richard Brooks

La fièvre au corps

(1981) de Lawrence Kasdan

Mort sur le Nil

(1978) de John Guillermin

Notre histoireBenjamin Gates et le livre des secretsShanghai ExpressDu sang dans le désertLe tour du monde en 80 joursJ'ai toujours rêvé d'être un gangsterParis nous appartientFemale

Notre histoire

(1984) de Bertrand Blier

Benjamin Gates et le livre des secrets

(2007) de Jon Turteltaub

Shanghai Express

(1932) de Josef von Sternberg

Du sang dans le désert

(1957) de Anthony Mann

Le tour du monde en 80 jours

(1956) de Michael Anderson

J’ai toujours rêvé d’être un gangster

(2007) de Samuel Benchetrit

Paris nous appartient

(1961) de Jacques Rivette

Female

(1933) de William A. Wellman, Michael Curtiz et William Dieterle

Les murs porteurs

Les murs porteurs

(2007) de Cyril Gelblat

Nombre de billets : 25

30 octobre 2009

La femme aux chimères (1950) de Michael Curtiz

Titre original : Young man with a horn
Autre titre : Jeune fou à la trompette (Belgique)
Autre titre : Young man of music (UK)

Young Man with a HornElle :
(pas vu)

Lui :
Très librement basé sur la vie du trompettiste de jazz Bix Beiderbecke, la Femme aux Chimères (1) retrace le parcours d’un jazzman qui a pour son instrument une passion exclusive et dévorante. Si le rythme de l’histoire est assez enlevé dans la première moitié, le film tend à s’enliser quelque peu ensuite et la toute fin praît vraiment plaquée(2). Jeune fou à la trompette Kirk Douglas fait une très belle performance, il est étonnamment crédible en trompettiste (3) et surtout il donne une réelle épaisseur à son personnage, c’est notamment lui qui donne tout l’élan au film dans sa première partie. On ne peut hélas être aussi louangeur sur le jeu de Lauren Bacall qui ne semble guère inspirée par son personnage de femme perturbée qui cherche sa voie. Doris Day est, quant à elle, plutôt surprenante et convaincante. La femme aux chimères a beau être une vue très hollywoodienne de la vie tourmentée de certains grands instrumentistes de jazz, il est globalement de bonne facture et donc plutôt réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Lauren Bacall, Doris Day, Hoagy Carmichael, Juano Hernandez
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(1) Une fois de plus, saluons l’inventivité dont font preuve les distributeurs français quand il s’agit de trouver un titre. En toute logique, on peut déduire que la personne qui a trouvé ce titre n’avait pas vu le film.
(2) En réalité, Bix Beiderbecke est mort très jeune, à 28 ans.
(3) Quand il « joue » de la trompette, Kirk Douglas est doublé par Harry James, jazzman blanc qui, après un court passage chez Benny Goodman, a dirigé son propre orchestre (il est aussi connu pour avoir découvert Frank Sinatra, serveur dans un restaurant,… et pour avoir épousé Betty Grable, la « pinup la plus punaisée » de la seconde guerre mondiale!)
En revanche, Doris Day, dont on connaît les talents de chanteuse, n’est pas doublée quand elle chante. C’est donc sa voix que l’on entend. Hoagy Carmichael, quant à lui, est pianiste et compositeur dans la vraie vie ; à noter qu’il a réellement connu Bix Beiderbecke.

28 octobre 2009

Il marito (1958) de Nanni Loy et Gianni Puccini

Il maritoElle :
(pas vu)

Lui :
Romain beau parleur, plutôt combinard, le fraîchement marié Alberto se laisse submerger par une femme possessive, une belle soeur envahissante et une belle mère dirigiste. Ainsi énoncé, le sujet d’Il Marito (= « le mari ») pourra paraître un peu misogyne et pas tout à fait politiquement correct à nos yeux actuels… mais c’est une comédie légère, plus amusante que mordante. Tout le film repose sur Alberto Sordi qui, en vieux routard de la comédie, occupe tout l’espace ; toujours aussi volubile et gesticulateur, il est absolument parfait dans ce rôle d’italien ordinaire qui tente de garder la tête haute et de faire face à l’adversité qui arrive de tous bords. La réalisation est un peu fade, il s’agit du second film de Nanni Loy qui se spécialisera ensuite dans les comédies napolitaines. Sans être remarquable, Il Marito nous fait passer un bon moment. Il est d’ailleurs rare qu’une comédie avec Alberto Sordi génère l’ennui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Aurora Bautista, Luigi Tosi
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Remarque :
La version espagnole d’Il Marito liste un certain Fernando Palacios comme unique réalisateur.

27 octobre 2009

Le carnaval des dieux (1957) de Richard Brooks

Titre original : Something of Value

Something of Value Elle :
(pas vu)

Lui :
Au Kenya, le fils d’un colon britannique qui a grandi avec un jeune noir va devoir affronter celui-ci lors d’une révolte des noirs contre les colonisateurs. Richard Brooks est connu pour ses films conçus pour soutenir des grandes causes. Ici, il s’inspire de la révolte dite des Mau Mau contre les colons anglais au Kenya en 1952 pour traiter du colonialisme. Il le fait dans son style habituel avec beaucoup d’efficacité, il est même parfois un peu trop démonstratif ; Richard Brooks était journaliste avant d’être cinéaste. Le carnaval des dieux Il le fait aussi avec un certain souci d’impartialité, il prend soin de montrer les torts des deux côtés, en fait il s’applique surtout à montrer l’abîme qui sépare les deux cultures et la grande difficulté de les faire cohabiter. Sydney Poitier fait une remarquable prestation et le film est porté par des seconds rôles qui apportent beaucoup d’authenticité (à noter que le film a été tourné en grande partie au Kenya, ce qui n’était pas pratique courante dans les années cinquante). Rock Hudson, quant à lui, interprète ce jeune britannique avec un accent américain à couper au couteau… En abordant de front le sujet des méfaits du colonialisme, Le Carnaval des Dieux est assez en avance sur son temps.
Note : 3 étoiles

Something of Value

Acteurs: Rock Hudson, Dana Wynter, Sidney Poitier, Wendy Hiller, Juano Hernandez
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Remarque : Le sens du titre (anglais, car chercher le sens du titre français est certainement une perte de temps…) est donné dans une phrase en prologue : quand vous privez un homme de sa culture et de ses croyances, vous avez intérêt que ce soit pour lui apporter quelque chose de grande valeur.