5 mai 2010

Ratatouille (2007) de Brad Bird et Jan Pinkava

RatatouilleLui :
L’idée de départ de faire d’un rat un grand chef cuisinier est assez gonflée mais permet de créer une multitude de situations amusantes. Ratatouille écarte joliment les antinomies pour faire une ode à la créativité et à la french cuisine. On peut bien entendu reprocher certaines recettes toutes faites (!) et clichés mais l’ensemble est réussi, bien dosé et sans aucune lourdeur. Le Paris qui est recréé devant nos yeux est assez beau, bien chargé de cette ambiance empreinte d’une certaine magie. L’humour est assez constant, sans jamais montrer de faiblesse. On pourra noter que les références générationnelles, traditionnellement très nombreuses dans ce genre de film, sont ici plus réduites. Ratatouille permet aussi de mesurer les avancées techniques puisque la production mentionne le chiffre ébouriffant de 30 000 poils pour chaque rat et la scène dans la rivière souterraine est assez étonnante (il faut savoir que la fourrure et l’eau font partie des choses les plus complexes à modéliser sur ordinateur). Mais Ratatouille n’est pas qu’une prouesse logicielle car la base reste de l’animation dans la meilleure tradition qui soit (un logo en fin de générique précise de façon amusante que le film est garanti 100% sans motion-capture). Formant un bel ensemble, Ratatouille est un petit délice d’humour, un joli divertissement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Patton Oswalt, Ian Holm, Lou Romano, Peter O’Toole
Voir la fiche du film et la filmographie de Brad Bird et Jan Pinkava sur le site IMDB.

4 mai 2010

Versailles (2008) de Pierre Schöller

VersaillesElle :
Un film sombre, sensible et très touchant sur le thème de l’exclusion sociale et des sans-abris, thèmes peu abordés au cinéma. Pour tenter d’aller se reconstruire par le travail, une jeune femme perdue abandonne son enfant Enzo à Damien, un sans abri vivant dans une cabane au fond des bois. Les ambiances sont dépouillées, pudiques, dures et les conditions de vie sont presque animales. Entre Enzo et Damien va se créer un lien filial qui va permettre leur rédemption. L’enfant sauve l’adulte de la folie et l’adulte sauve l’enfant de l’abandon et du désamour. Les dialogues sont sobres et sonnent justes ; tout se passe par les regards et les gestes de tendresse et d’amour qui s’échangent. Les corps sont la seule chose affective et sensible qui reste. Le réalisateur parvient à faire un film poignant; ses personnages sont à vif dans leurs blessures. La mère, l’enfant et Damien interprété par Guillaume Depardieu, sont remarquables et bouleversants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Premier long métrage de Pierre Schoeller, Versailles est un film digne d’être remarqué car il porte un regard très juste sur un monde que l’on préfère parfois ne pas voir. Les personnages de son histoire vivent totalement en marge de notre société, sans domicile et sans ressources, dans le bois de Versailles à deux pas du château. C’est aussi un film sur la rencontre de Damien, l’homme des bois, avec un enfant de cinq ans. Pierre Schoeller a su éviter tout apitoiement ou pathos excessif, l’image qu’il donne sonne juste, sans paroles inutiles, utilisant souvent les ambiances nocturnes. Guillaume Depardieu semble fait pour ce rôle auquel il donne une très grande consistance et on reste sans voix devant la prestation du très jeune Max Baissette de Malglaive qui est, lui aussi, très juste dans son jeu et qui contribue à apporter à Versailles toute son authenticité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Guillaume Depardieu, Max Baissette de Malglaive, Judith Chemla, Aure Atika, Patrick Descamps
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Schöller sur le site IMDB.

3 mai 2010

Crésus (1960) de Jean Giono

CrésusLui :
Après avoir été adapté plusieurs fois à l’écran, l’écrivain Jean Giono décide de passer lui-même derrière la caméra pour mettre en scène cette fable provençale, Crésus. Un berger découvre une ogive bourrée de billets de banque. L’histoire en elle-même est une variation sur le thème « l’argent ne fait pas le bonheur » que Giono parvient à rendre savoureuse, d’une part par ses dialogues relevés et d’autre part par son interprétation très colorée, Fernandel en tête. C’est la Provence des hauts plateaux qui sert ici de cadre, pas de cyprès à l’horizon mais des montagnes assez arides et plutôt froides. La mise en scène de Giono est très simple, assez statique, presque rustique ce qui ne dépare pas l’histoire, ceci dit. A l’époque, le film a été porté au pinacle par les Cahiers du Cinéma, il est vrai que, par certains aspects, par son traitement notamment, on peut rapprocher Crésus de la Nouvelle Vague.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel, Marcelle Ranson-Hervé, Rellys, René Génin, Paul Préboist
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Giono sur le site IMDB.

Remarques :
1) Il s’agit de la seule réalisation de Jean Giono.
2) Claude Pinoteau aurait été assistant-directeur (non crédité au générique) pour assister Jean Giono sur Crésus. S’il n’avait pas encore réalisé de films, Pinoteau était assistant depuis de nombreuses années, notamment auprès de Cocteau.

Voir aussi le site du Centre Jean Giono

2 mai 2010

Wackness (2008) de Jonathan Levine

Titre original : « The Wackness »
Autre titre (DVD) : « La loose »

The WacknessLui :
Le thème de la fin d’adolescence et du passage à l’âge adulte est assez récurrent dans le cinéma américain, qu’il soit hollywoodien ou indépendant. Prix du public au festival de Sundance, Wackness n’évite pas les écueils du genre et les poncifs pseudo-philosophique sur le sens de la vie… mais il a le mérite d’aborder le thème de manière différente, un peu décalée : ses personnages sont loin d’être classiques ce qui leur donne une humanité certaine. Le réalisateur Jonathan Levine a eu vingt ans à l’époque de cette histoire, c’est-à-dire au milieu des années quatre-vingt dix, et il dit avoir mis un peu de lui-même dans Wackness. Dans son désir d’aborder le thème différemment, il va certainement trop loin et appuie un peu trop fort sur la pédale (quel intérêt d’en faire un vendeur de drogues, totalement improbable d’ailleurs ? ). En revanche, il est servi par une très belle interprétation de Ben Kingsley, en psy perturbé et un peu déjanté, et du jeune Josh Peck qui parvient à donner une indéniable profondeur à son personnage au fur et à mesure que le film avance. Wackness est toutefois plombé par une mise en scène peu précise et paraît un peu long et verbeux. Pas franchement raté mais pas franchement réussi non plus. La bande son est assez riche, hip-hop des années 90 et pop des années 70.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ben Kingsley, Josh Peck, Famke Janssen, Olivia Thirlby
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Levine sur le site IMDB.

Remarque :
1) Plusieurs fois mentionné dans le film Wackness, Rudolph Giuliani a été maire de New-York entre 1994 et fin 2001 ; il s’est fait élire sur le thème de la lutte contre l’insécurité. Il reste aujourd’hui l’un des hommes politiques de premier plan : lors de l’élection présidentielle de 2008, il était l’un des candidats potentiels du parti républicain.
2) Wackness est un dérivé d’un mot d’argot « wack » ou « wacky » qui désigne quelqu’un de farfelu, original voire un peu cinglé.
3) Le titre français de la sortie vidéo, « la loose« , n’est vraiment pas réprésentatif du film (il faudrait un jour faire passer une loi qui oblige les distributeurs à voir le film au moins une fois avant de choisir un titre…!) Le titre canadien « Thérapie pour mon Psy » est bien mieux choisi et a le mérite d’être plus amusant.

30 avril 2010

Sommaire d’avril 2010

Bel AmiCaramelLe   gaucherEngrenagesFolies de   femmesIntelligence serviceL'école du   crimeVictime   du destin

Bel Ami

(1947) de Albert Lewin

Caramel

(2007) de Nadine Labaki

Le gaucher

(1958) de Arthur Penn

Engrenages

(1987) de David Mamet

Folies de femmes

(1922) de Erich von Stroheim

Intelligence service

(1957) de Michael Powell et E. Pressburger

L’école du crime

(1938) de Lewis Seiler

Victime du destin

(1953) de Raoul Walsh

Femme   ou démonPour   l'amour du cielRed EnsignIndiana Jones et le royaume du crâne de cristal

Femme ou démon

(1939) de George Marshall

Pour l’amour du ciel

(1926) de Sam Taylor

Red Ensign

(1934) de Michael Powell

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal

(2008) de Steven Spielberg

Nombre de billets : 12

30 avril 2010

Bel Ami (1947) de Albert Lewin

Titre original : « The Private Affairs of Bel Ami »
Autre titre : « Women of Paris »

The Private Affairs of Bel AmiLui :
Albert Lewin est souvent décrit comme l’un des réalisateurs hollywoodiens les plus cultivés, il a plusieurs fois montré son attrait pour la littérature ou la peinture. Bel Ami est l’adaptation du roman de Guy de Maupassant du même nom, l’ascension d’un arriviste qui utilise son succès auprès des femmes pour obtenir argent et position sociale. Georges Sanders est particulièrement remarquable dans ce rôle de dandy sans scrupules. Albert Lewin filme cela avec une camera très statique comme pour mieux exprimer les pesanteurs de cette société parisienne de la fin du XIXe siècle. La censure hollywoodienne a imposé une fin différente de celle du livre, considérant qu’un tel « gredin » devait avoir une fin déshonorante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Sanders, Angela Lansbury, Ann Dvorak, John Carradine
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Lewin sur le site IMDB.

Remarques :
La tentation de Saint-Antoine La tentation de Saint-Antoine  * Tout comme dans son film précédent, le Portrait de Dorian Gray, Albert Lewin insère dans son film noir et blanc un plan en couleurs mettant en scène une peinture. Il a organisé un concours auprès de grands peintres sur le thème La tentation de Saint-Antoine. Si c’est Max Ernst qui a gagné le concours et donc sa toile qui apparaît dans le film, la toile de Salvador Dali créée pour concours est devenue très célèbre.
* Le film n’est sorti en France que dans les années 80 !

29 avril 2010

Caramel (2007) de Nadine Labaki

Titre original : « Sukkar banat »

CaramelElle :
Cette chronique qui porte sur plusieurs générations de femmes au coeur de Beyrouth est pleine de sensualité, d’espoir et d’humour. Ces femmes, des plus jeunes aux plus âgées, gravitent autour d’un salon de beauté qui devient un cocon à l’écart des hommes et le réceptacle de leurs angoisses et de leurs joies. Elles étouffent dans le carcan des hommes qui régentent et surveillent leur vie amoureuse. Elles sont pleines d’hésitation dans le choix de la vie à mener. Le culte de l’apparence et de la jeunesse, l’attrait pour l’occident éblouissent ces femmes en perte de repères. Doivent-elles garder une part de vérité et de pudeur ou exaucer leurs désirs de séduction à tout prix? La jeune réalisatrice trace des portraits sensibles et pleins de vie.
Note : 4 étoiles

Lui :
Avec pour lieu central un salon de beauté un peu défraîchi de Beyrouth, Caramel nous fait partager les sentiments de plusieurs femmes libanaises, leurs aspirations, leurs déceptions… Pour son premier long métrage, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki tient elle-même le rôle principal et parvient à dresser des portraits très authentiques. Ces femmes d’âges différents ont en commun d’être en quête affective. Certaines recherchent une certaine assurance dans une exubérance certaine mais elles se montrent très fragiles. Elles paraissent comme écartelées entre la pesanteur d’une société et des modèles occidentaux édulcorés. Loin de tout manichéisme ou de simplification, le propos de la réalisatrice semble être plus de décrire que d’accuser. Son film est au final assez attachant. Son authenticité est certainement nourrie par le fait que tous ses acteurs sont amateurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nadine Labaki, Yasmine Elmasri, Joanna Moukarzel, Gisèle Aouad
Voir la fiche du film et la filmographie de Nadine Labaki sur le site IMDB.

27 avril 2010

Le gaucher (1958) de Arthur Penn

Titre original : « The left handed gun »

Le gaucherLui :
Dès son premier long métrage, Arthur Penn met en place les éléments qui vont marquer pratiquement tous ses films : un personnage principal tourmenté, ici le légendaire Billy The Kid, et une mise en scène que certains trouvent trop brouillonne mais que l’on peut aussi définir comme assez versatile, dans le bon sens du terme, avec des brusques accélérations, et surtout très libre. Le Gaucher est déjà l’archétype de son cinéma. Pour son Billy The Kid, il trouve l’interprète idéal avec le jeune Paul Newman qui tient là son premier grand rôle, sans aucun doute parmi les plus grands de toute sa carrière. Avec son visage enjôleur, il est capable de passer en quelques secondes d’une figure parfaitement angélique à celle d’un tueur implacable : adolescent, naïf, rieur, déboussolé, grave, froid, sûr de lui… il est tout à la fois. Sa quête d’un père (autre thème récurrent chez Arthur Penn) est touchante, Arthur Penn introduisant une dose de psychanalyse pas vraiment courante dans le genre du western. C’est ici tout le moteur du Gaucher : Billy The Kid ne fait que rechercher les assassins de son père adoptif  et il trouve sur son chemin un autre figure du père (Pat Garrett). A l’image de son personnage principal, Le Gaucher est un film complexe mais aussi plein de vie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Lita Milan, John Dehner, Hurd Hatfield, James Congdon, James Best
Voir la fiche du film et la filmographie de Arthur Penn sur le site IMDB.

Voir les autres films de Arthur Penn chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Billy the Kid* La légende qui affirmait que Billy The Kid était gaucher s’est révélée être fausse! Cette erreur aurait été engendrée par une photographie inversée (d’ailleurs Arthur Penn s’amuse a recréer la situation où cette photographie a été prise). Une seconde photographie, prouvant qu’il était droitier, n’a été retrouvée qu’en… 1986.
* C’est James Dean qui devait tenir le rôle principal. Sa mort prématurée en 1955 l’en empêcha.

Autres films sur le thème de Billy the Kid chroniqués sur ce blog :
Billy the Kid de King Vidor (1930) avec Wallace Beery
Pat Garrett et Billy the Kid de Sam Peckinpah (1973) avec James Coburn, Kris Kristofferson (et Bob Dylan)
Il y a de nombreuses autres variations (voir la liste sur IMDB)

26 avril 2010

Engrenages (1987) de David Mamet

Titre original : « House of Games »

EngrenagesLui :
Première réalisation de l’auteur dramatique David Mamet, Engrenages montre le choc de deux mondes très différents : une psychanalyste, auteur de livres à succès, à la vie trop terne à son goût (Lindsay Crouse), rencontre un beau parleur, joueur et arnaqueur (Joe Mantegna). Il va lui faire découvrir un monde qui va l’attirer comme un aimant. Grâce à une écriture parfaite qui nous fait habilement pénétrer dans l’histoire, David Mamet nous capte totalement : même si nous ne sommes pas aussi trompés que certains (ne disons pas lesquels…) de ses personnages, nous sommes, nous aussi, fascinés par ce monde de tromperie et de faux-semblants. David Mamet a tourné Engrenages avec peu de moyens, évitant les acteurs de premier plan pour donner les deux rôles principaux à Lindsay Crouse, sa femme à l’époque, qui fait ici une belle prestation de femme en apparence froide qui aspire à un peu plus de piment, et à son ami Joe Mantegna, un rôle de petit escroc enjôleur qui lui va comme un gant. Non dénué de style, Engrenages est un joli suspense psychologique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lindsay Crouse, Joe Mantegna, Mike Nussbaum, Lilia Skala
Voir la fiche du film et la filmographie de David Mamet sur le site IMDB.

Voir les autres films de David Mamet chroniqués sur ce blog…

Une phrase célèbre… :
Lors de la partie de poker, quand le ton monte et que l’un des joueurs demande « mais d’où il sort celui-là ? », Joe Mantegna répond « I’m from the United States of Kiss My Ass »… formule assez largement reprise depuis.

15 avril 2010

Folies de femmes (1922) de Erich von Stroheim

Titre original : « Foolish Wives »

Folies de femmes Lui :
Folies de femmes est le troisième film d’Erich von Stroheim (1), c’est l’un de ses films majeurs. C’est aussi l’un des plus personnels : il est à la fois auteur du scénario, metteur en scène et acteur principal. Folies de femmes montre les agissements d’un faux comte russe qui séduit la femme d’un diplomate américain en visite à Monte Carlo. Le tableau qu’Erich von Stroheim brosse de cette haute société est assez noir, plein de faux-semblants mais aussi de passions… parfois incontrôlées. Il installe un climat très particulier qui mêle grand luxe, décadence et luxure, avec des relations complexes et équivoques, de type maître-esclave, entre certains personnages. Ne serait-ce que pour cette seule raison, les films d’Erich von Stroheim sont très différents des autres films de l’époque. Il va toujours plus loin que tous les autres.

Folies de femmes Il va aussi plus loin dans la démesure de la production. Folies de femmes est le premier film dont le budget a dépassé un million de dollars, un bon tiers de cette somme ayant été affectée à la reconstitution de la place centrale de Monte Carlo dans le parc des Studios Universal. Dans ce décor, il fait évoluer jusqu’à quatorze mille figurants! Erich von Stroheim a aussi un souci maniaque du détail, chaque objet doit être réel (2). La démesure se retrouve dans les longueurs de films tournées : 320 bobines soit près de 80 heures, chiffre incroyable, et Stroheim aurait certainement continué s’il n’avait été arrêté (3). Folies de femmes Il passe ensuite six mois en salle de montage pour faire une copie de huit heures. Le jeune Irving Thalberg réduit cette longueur à 3 heures puis à 2 heures. Le film fut un succès (4) mais, malgré qu’il ait fait gagner de l’argent aux producteurs, Universal ne voulut plus faire travailler Erich von Stroheim, jugé incontrôlable. Il ira alors vers la MGM. Quoiqu’il en soit, Folies de Femmes est un film sans équivalent, marqué par la démesure et la mégalomanie de son auteur, certes, mais aussi par sa personnalité ce qui en fait un film au contenu fort. Une petite merveille du cinéma muet.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Erich von Stroheim, Rudolph Christians, Miss DuPont, Maude George, Mae Busch, Dale Fuller, Al Edmundsen
Voir la fiche du film et la filmographie de Erich von Stroheim sur le site IMDB.

Voir les autres films de Erich von Stroheim chroniqués sur ce blog…

Folies de femmes(1) A noter que le deuxième film d’Erich von Stroheim, The Devil’s Passkey, est aujourd’hui totalement perdu. En 1941, l’original a été retrouvé entièrement décomposé dans les coffres des Studios Universal. Son premier film Maris Aveugles est heureusement toujours visible.
(2) Quelques exemples : le caviar sur la table du petit déjeuner est du vrai caviar, la fausse monnaie fut imprimée par un vrai contrefacteur, le résultat était si parfait que Stroheim fut arrêté et jugé pour fabrication de fausse monnaie ! Une grande partie du film a été tourné de nuit, avec d’énormes et coûteux éclairages pour simuler le plein jour. Stroheim avait ainsi un meilleur contrôle sur la lumière.
(3) Après onze mois de tournage, lassé des rallonges de budget sans cesse réclamées de façon impérative, le producteur Carl Laemmle envoie son assistant, Folies de femmesle jeune Irving Thalberg (22 ans!) à Hollywood pour arrêter de force le tournage (il faut garder à l’esprit qu’à l’époque les producteurs résidaient à New York, ils avaient donc bien du mal à contrôler les évènements…)
(4) Comme on l’imagine aisément, le film déclencha des vives réactions et protestations. On lui reprochait d’avilir la femme et d’encourager la dépravation. Le fait que la « victime » du comte soit une femme américaine occasionna des réactions épidermiques des exploitants de salles aux Etats-Unis qui parfois taillèrent dans le film ou changèrent certains intertitres : la jeune femme n’était ainsi plus présentée comme la femme d’un représentant du peuple américain…! Folies de femmes

Remarque :
Rudolph Christians, l’acteur qui interprète le diplomate américain, est mort d’une pneumonie pendant le tournage. Il est habilement remplacé par Robert Edeson dans certaines scènes. Il est assez difficile de dire exactement lesquelles.

Versions :
Folies de femmes La première de Foolish Wives à New York en janvier 1922 montrait une version de 210 minutes mais l’exploitation aux Etats-Unis a ensuite utilisé une copie de 70 minutes. Les versions étrangères étaient plus longues. La version remise à jour dans les années soixante-dix était basée sur une copie italienne de 107 minutes. Aujourd’hui, c’est le plus souvent la version de 140 minutes, un condensé de la version de 210 minutes, que l’on peut trouver (c’est la version visionnée ici) (le site IMDB signale l’existence d’une version suédoise de 384 minutes, information à vérifier car celle-ci n’est mentionnée nulle part ailleurs. Avec ses 6h20, elle serait extrêmement proche de celle montée par Stroheim).

Folies de femmes
Voir aussi : une belle collection de photos des décors de Foolish Wives sur Flickr.