24 juillet 2010

Duplicity (2009) de Tony Gilroy

DuplicityLui :
Après avoir démissionné, deux anciens agents secrets se retrouvent dans le monde des affaires où l’espionnage industriel fait des ravages. Tout le monde ment, d’où le titre : Duplicity. Malgré une construction originale (que certains spectateurs pourront toutefois trouver inutilement confuse), le film ne parvient pas vraiment à nous passionner. Faut-il accuser le manque de rythme ou le scénario guère palpitant ? Probablement mais son défaut majeur est certainement de trop miser sur son couple d’acteurs, deux stars bien en vue, pour chercher le succès commercial. Ils sont certes tous deux charmants mais cela ne suffit pas. Le film n’est pas sans bons moments, surtout dans les joutes verbales entre nos deux tourtereaux, mais ils sont trop rares. Duplicity ne restera sans doute pas longtemps dans nos esprits. Cette tentative de transposer le film d’espionnage sur le terrain industriel n’est guère convaincante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Clive Owen, Julia Roberts, Tom Wilkinson, Paul Giamatti
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23 juillet 2010

Présumé coupable (2009) de Peter Hyams

Titre original : « Beyond a reasonable doubt »

Beyond a Reasonable DoubtLui :
Persuadé que le brillant procureur Hunter fabrique des pièces à conviction pour gagner ses procès, un jeune journaliste décide de se laisser accuser d’un meurtre pour le piéger et le confondre. Présumé Coupable est le remake du très beau film de Fritz Lang L’invraisemblable vérité (1956), remake qui reste bien loin de son modèle. Le scénario se déroule ici assez laborieusement, les dialogues sont pauvres et l’interprétation reste distante et froide. L’ensemble n’est donc guère convaincant… tout devient anecdotique y compris la fin : elle avait une portée particulièrement profonde dans le film de Fritz Lang, elle est ici anodine et fade (il faut aussi préciser que nous sommes alors impatients de voir le mot « fin » !). Film sans grande ambition, Présumé Coupable n’est pas sorti en salles en France et on comprend aisément pourquoi.
Note : 1 étoile

Acteurs: Jesse Metcalfe, Amber Tamblyn, Michael Douglas, Joel Moore, Orlando Jones
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Lire nos commentaires sur l’original de Fritz Lang : L’invraisemblable vérité (1956) avec Dana Andrews…

20 juillet 2010

Battement de coeur (1940) de Henri Decoin

Battement de coeurLui :
Evadée d’une maison de redressement, une jeune fille échoit dans une école de pickpocket assez pittoresque. Ses premières activités vont l’amener à rencontrer un diplomate qui va l’employer pour une mission toute particulière. Si la base du scénario de Battement de cœur est tout à fait prometteuse, le développement de l’histoire semble un peu fade et trop prévisible. Le film semble surtout l’occasion de mettre en valeur son actrice vedette, Danielle Darrieux, qui était alors en pleine ascension et aussi la femme d’Henri Decoin. Effectivement, elle parvient à jouer les différentes facettes de son rôle avec beaucoup de charme. Mais le film reste trop centré sur elle, les autres rôles paraissant plus effacés ou oubliés. Les dialogues sont toutefois vifs, souvent assez brillants. Battement de cœur fut un immense succès, propulsant son actrice au rang de superstar à l’âge de 22 ans.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Claude Dauphin, André Luguet, Julien Carette, Jean Tissier, Saturnin Fabre
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20 juillet 2010

A very british gangster (2007) de Donal MacIntyre

A Very British GangsterLui :
Donal McIntyre est l’un des journalistes d’investigation les plus connus de Grande-Bretagne. Il est parvenu à convaincre Dominic Noonan, puissant chef de clan de la pègre de Manchester, de se laisser filmer. A mi-chemin entre documentaire et fiction, A very british gangster est donc un portrait de ce personnage assez étonnant, placide et charismatique. Le film ne porte aucun jugement moral, cela faisait partie du contrat, et présente donc un portrait plutôt flatteur : aucune violence, la seule arme que manie Dominic Noonan est le téléphone portable qu’il utilise pour régler les problèmes des habitants de son quartier, se substituant ainsi à la police ou aux services sociaux. Pour un peu, tout cela paraîtrait assez bon enfant. Son comportement, et celui des membres du gang, est visiblement influencé par le cinéma, cette influence étant évidente lors des funérailles du frère (également chef de gang) auxquelles participe une bonne partie de la ville. Cette longue scène semble sortie tout droit d’un film de Scorcese. Le film de Donal McIntyre est tout de même assez unique et étonnant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dominic Noonan
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18 juillet 2010

La baronne de minuit (1939) de Mitchell Leisen

Titre original : « Midnight »

La baronne de minuitLui :
Une aventurière, danseuse de revue à ses heures, (Claudette Colbert) arrive à Paris par le train de Monte Carlo, vêtue d’une robe du soir lamée pour tout bagage. Elle est d’abord aidée par un chauffeur de taxi (Don Ameche) puis remarquée par un quadragénaire mondain (John Barrymore) qui va lui faire une surprenante proposition. Tel est le point de départ de La Baronne de Minuit, une comédie dont le scénario se développe de façon absolument éblouissante : l’histoire rebondit sans cesse et, loin de s’essouffler, devient de plus en plus surprenante. Aucun temps mort. Que le scénario soit une petite merveille n’est guère étonnant quand on sait qu’il est signé par le tandem Charles Brackett / Billy Wilder et l’on sent déjà l’influence de Lubitsch sur le futur réalisateur (1). Claudette Colbert est particulièrement à son aise dans son personnage et c’est un plaisir de voir John Barrymore dans l’un de ses derniers rôles, l’un des plus drôles de sa carrière. Si le film rencontra un assez grand succès à sa sortie, il est un peu oublié aujourd’hui. C’est dommage. Certes Mitchell Leisen n’est pas à ranger parmi les plus grands réalisateurs mais, grâce à son scénario et son interprétation enlevée, La Baronne de Minuit fait partie des meilleures comédies américaines des années trente. Une petite merveille.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Claudette Colbert, Don Ameche, John Barrymore, Francis Lederer, Mary Astor, Rex O’Malley
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(1) Billy Wilder et Charles Brackett ont écrit ensemble une petite dizaine de scénarios pour la Paramount entre 1938 et 1940, dont deux pour Lubitsch (La huitième femme de Barbe-Bleue et l’admirable Ninotchka). Bien qu’assez différents, ils ont formé un tandem qui a vraiment parfaitement fonctionné.

17 juillet 2010

Les comédiens (1967) de Peter Glenville

Titre original : « The Comedians »

Les comédiensLui :
Basé sur un roman de Graham Greene qui en a assuré lui-même la transposition, Les Comédiens nous plonge dans l’Haïti de Duvallier et de ses sinistres Tontons Macoutes. Un anglais, patron d’un bel hôtel sans clients, tente avec quelques occidentaux de passer entre les gouttes et de rester apolitique. Le titre du film prête un peu à confusion : en fait, il caractérise la faculté de ces personnages de mentir à leur entourage par jeu social, sentimental ou politique. Il ne fait nul doute que les qualités médiatiques du couple Taylor/Burton aient motivé les producteurs américains mais le film, d’esprit plutôt anglais, n’est pas sans intérêt. Il est porté par la belle interprétation de Richard Burton, qui manifeste, comme toujours, une très forte présence à l’écran. Il est soutenu par de solides seconds rôles, remarquablement tenus par des acteurs comme Alec Guinness, Peter Ustinov ou encore Lillian Gish. Petit plus : le film présente aujourd’hui un certain intérêt historique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Burton, Elizabeth Taylor, Alec Guinness, Peter Ustinov, Paul Ford, Lillian Gish
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16 juillet 2010

Les indomptables (1952) de Nicholas Ray

Titre original : « The Lusty Men »

Les indomptablesLui :
Un ancien champion de rodéo guide un jeune cowboy désireux de gagner rapidement de l’argent ; sa femme et lui rêvent en effet de s’acheter une petite ferme. Mais ces compétitions sont particulièrement dangereuses. Les indomptables a un indéniable côté documentaire sur le monde si particulier des rodéos (1), nous éclairant non seulement sur le déroulement des épreuves mais aussi sur les motivations des concurrents. Mais le film de Nicolas Ray est surtout un double portrait de déracinés : l’ex-champion qui ne parvient pas (ou plus) à trouver quelle peut être sa place et le jeune couple qui aspire à une vie meilleure. Ce thème des déracinés est un thème qui revient souvent dans l’oeuvre de ce cinéaste. Une solide interprétation donne au film toute son intensité, jusqu’au beau et poignant sacrifice final.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Susan Hayward, Robert Mitchum, Arthur Kennedy, Arthur Hunnicutt
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(1) Les scénaristes, l’un d’entre eux étant lui-même un ancien cowboy, ont suivi pendant presque toute année le circuit des compétitions de rodéo pour s’imprégner de l’atmosphère et de la façon de parler de ces cowboys.

15 juillet 2010

Pot-Bouille (1957) de Julien Duvivier

Pot-BouilleLui :
Un jeune arriviste arrive à Paris dans un immeuble bourgeois. Peu scrupuleux, il va séduire les femmes qui passent à sa portée pour se frayer un chemin dans le monde du négoce. Adaptation d’un roman d’Emile Zola, Pot-Bouille (1) est une comédie qui met en relief l’hypocrisie et les mesquineries de la vie bourgeoise. Le ton est particulièrement caustique et les dialogues d’Henri Jeanson sont vifs et relevés, parfois féroces. L’humour y est toujours présent. Que ce soit dans les premiers ou seconds rôles (et ils sont nombreux), l’interprétation est uniformément assez remarquable. Pot-Bouille est bien soutenu par une réalisation sans faille ce qui lui permet de traverser allégrement les époques. Assez bizarrement, le film est souvent considéré comme mineur. Il mérite bien mieux que cela.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Philipe, Danielle Darrieux, Dany Carrel, Anouk Aimée, Henri Vilbert, Jane Marken
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(1) « Pot-Bouille », dans le langage familier du XIXe siècle, est un synonyme de « popote », le quotidien du ménage. Balzac fut le premier à l’employer (1838) de façon littéraire sous sa forme « faire pot-bouille avec quelqu’un » qui signifie « se mettre en ménage ». Bien plus tard (1882), Zola en fera le titre d’un de ses romans auquel il donnera une suite un an plus tard : « Au bonheur des dames ».

14 juillet 2010

Duel au sommet (2008) de Philipp Stölzl

Titre original : « Nordwand »

NordwandLui :
Librement adapté d’un fait réel, le film allemand Duel au Sommet met en scène le vrai défi d’escalader la face nord de l’Eiger en Suisse, une paroi quasiment verticale de 1600 mètres, l’une des plus terribles des Alpes. Le film nous fait suivre la tentative des allemands Toni Kurz et Andreas Hinterstoisser, peu avant les Jeux Olympiques de 1936, en y ajoutant comme il se doit une petite romance. Si les films sur les grands exploits d’alpinisme peuvent être parfois assez passionnants, Duel au Sommet ne parvient que partiellement à ce but, le film n’ayant pas tout à fait l’envergure requise : caméra hésitante, effets de montage faciles, étirement du récit. Les scènes les plus réussies se situent lors de l’escalade mais finissent par être gâchées par les longueurs. Le suivi par les idéologues nazis, par l’intermédiaire d’un journal (partie inventée), ne convainc guère. Duel au Sommet manque quelque peu de densité.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Benno Fürmann, Florian Lukas, Johanna Wokalek, Georg Friedrich
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6 juillet 2010

Le jour du vin et des roses (1962) de Blake Edwards

Titre original : « Days of wine and roses »

Le jour du vin et des rosesLui :
Intermède dramatique dans la filmographie de Blake Edwards, Le jour du vin et des roses est l’un des rares films hollywoodiens traitant de l’alcoolisme. Jack Lemmon, probablement désireux de démontrer ses talents d’acteur dramatique, est à l’origine du projet : porter au grand écran une pièce de J.P. Miller qui avait été très remarquée à la télévision. L’histoire est celle d’un cadre commercial qui va entraîner sa femme dans l’alcoolisme. Il est inévitable de penser à son illustre prédécesseur, le film que Billy Wilder a réalisé 17 ans plus tôt: Le Poison. Tourné en un superbe noir en blanc, le film de Blake Edwards atteint une tension dramatique soutenue, aidé par l’excellent jeu de Jack Lemmon et de Lee Remick. Remarquablement construit, le film est ponctué de scènes particulièrement fortes qui alimentent la force du film jusqu’à sa fin, assez puissante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Lemmon, Lee Remick, Charles Bickford, Jack Klugman
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Le jour du vin et des roses Remarques :
1) Blake Edward a subi de fortes pressions pour édulcorer la fin. Il a heureusement tenu bon. Jack Lemmon avait d’ailleurs avancé son départ vers l’Europe (pour son film suivant) afin d’empêcher le tournage de toute nouvelle scène.
2) La version TV de The days of wine and roses a été diffusée en 1958 par CBS dans la série Playhouse 90. Elle avait été tournée sur la direction de John Frankenheimer qui aurait bien aimé diriger également la version cinéma. Ce serait Jack Lemmon qui aurait préféré Blake Edwards.
3) Le titre peut surprendre. Cette phrase est extraite d’un court poème du poète anglais Ernest Dowson (1867-1900) intitulé « Vitae Summa Brevis » :

Le jour du vin et des roses

They are not long, the days of wine and roses:
Out of a misty dream
Our path emerges for a while, then closes
Within a dream.

Que l’on peut traduire assez librement par :
« La vie est brève » – « Ils ne durent pas les jours du vin et des roses : / Emergeant d’un rêve brumeux / Notre chemin se trace un moment avant de s’achever / Comme dans un rêve. »
(En utilisant le singulier au lieu du pluriel, la personne qui a traduit le titre en français en a quelque peu détruit le sens au passage.)
A noter que le titre « Gone with the wind » était également tiré d’un poème de Dowson.