17 août 2009

Le voyeur (1960) de Michael Powell

Titre original : « Peeping Tom »

Le voyeurElle :
(pas vu)

Lui :
Un jeune assistant de cinéma filme le visage angoissé de jeunes femmes avant de les tuer. Il pense ainsi prolonger les travaux de son père sur les expressions de la peur. Le Voyeur est, on l’aura compris, un film assez particulier, un film que l’on peut classer dans les films d’épouvante, le plus épouvantable étant certainement que ce personnage n’est pas un monstre sanguinaire, il est séduisant, timide et plutôt proche de nous. Michael Powell nous livre là une réflexion sur la fabrication de l’image et sur le rapport du cinéaste au monde réel, la caméra mettant le cinéaste en dehors de la vie, en état de frustration permanente. Presque clinique dans son approche, Le Voyeur paraît assez en avance sur son temps : si, par certains côtés, il peut s’inscrire dans la lignée des films psychanalytiques des années 40, il va beaucoup loin et il est surtout plus dérangeant du fait de la proximité du héros. Pour cette raison, il fit scandale et fut violemment rejeté par la critique et le public de l’époque. Le Voyeur aurait été certainement mieux accueilli s’il était sorti ne serait-ce que dix ans plus tard…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Maxine Audley
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Powell chroniqués sur ce blog…

5 réflexions sur « Le voyeur (1960) de Michael Powell »

  1. Je me suis toujours interrogé sur ce qui a amené Powell à choisir un acteur allemand pour le rôle principal et sur la façon dont cela a joué sur la perception du film par le public et la critique d’alors (temporisation ?), 15 ans après la fin de la Guerre.

  2. Oui, le film a un charme étrange, mais je crois que comme toujours chez Michael Powell, c’est le traitement de la couleur qui fait la différence, qui lui donne ce côté kitsch.
    Quant au choix de Bohm pour le rôle principal ça s’explique pour des raisons de commercialisation en Europe. Sans être une vedette de premier rang, Bohm était bien connu en France, en Allemagne bien sûr et en Italie.

    http://alexandre.clement.over-blog.com/

  3. Oui, c’est vrai que c’est étonnant.
    L’acteur était surtout connu à l’époque pour son rôle du (charmant) Empereur d’Autriche dans la série des Sissi, et Michael Powell a certainement trouvé intéressant de créer ainsi un contraste, un choc supplémentaire…
    Karlheinz Böhm a une voix très douce mais teintée d’une certaine étrangeté. Sa voix me faisait penser à celle de Peter Lorre…

    Le fait qu’il soit allemand n’a peut-être pas alimenté le rejet des critiques et du public. Prendre un anglais bon teint aurait peut-être été encore pire en rendant le personnage encore plus proche du public. Difficile à dire toutefois…

  4. Dans la pléthore de films dits d’horreur ou d’épouvante de la fin des années 50, en ce qui me concerne, 2 films sont passés à peu prés inaperçus en dépit de leurs qualités nettement supérieures à la moyenne: « Le Voyeur » et « Le Village des Damnés ». Considérés comme séries X par rapport aux productions Hammer par exemple.
    J’ai toujours trouvé l’utilisation de Karlheinz Böhm comme une trouvaille (personnage lisse, physique de bon fils bien élevé, bien propre en opposition avec la noirceur de son âme). Mais je crois surtout que Böhm à l’instar de Romy Schneider avait besoin de se démarquer des « Sissi » de sinistre mémoire. La suite de sa carrière l’a prouvé: par exemple en jouant l’homo vieillissant chez Fassbinder.

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