18 avril 2009

Lily la tigresse (1966) de Woody Allen et Senkichi Taniguchi

Titre original : « What’s Up, Tiger Lily? »

Lily la tigresse Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
S’il y a un sujet qui a alimenté de nombreuses discussions parmi les amateurs, c’est bien « doit-on considérer Lily La Tigresse comme le premier film de Woody Allen ? ». L’idée de départ vient en fait non pas de lui-même mais d’un producteur qui avait acheté les droits d’un film japonais d’espionnage : trouvant après coup l’histoire trop confuse pour le public américain, il demanda à Woody Allen de mettre d’autres dialogues par dessus pour en faire une comédie. Woody Allen qualifie aujourd’hui le projet comme étant « complètement débile et puéril ». Woody Allen a néanmoins réuni quelques amis dans un studio et ils ont fait vite fait bien fait quelque chose qu’il faut regarder aujourd’hui avec beaucoup de mansuétude… parce qu’il faut bien avouer que le résultat est très moyen, probablement parce qu’il reste trop près du film initial. Au lieu de rechercher un microfilm, le héros se retrouve bien à chercher la recette de la salade aux œufs mais le délire s’arrête là. Lily la tigresse On peut toutefois noter déjà la capacité de Woody Allen à détourner des scènes, ou à en retourner la tension, par des dialogues décalés. Signalons la musique de Lovin’ Spoonful (avec John Sebastian) et deux passages rajoutés où on les voit jouer. Lily La Tigresse est donc à regarder par curiosité uniquement.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Tatsuya Mihashi, Akiko Wakabayashi
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen et de Senkichi Taniguchi sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Woody Allen chroniqués sur ce blog…

Remarques:
1. Le film original s’appelle Kokusai himitsu keisatsu: Kagi no kagi
Lovin' Spoonful What's up Tiger Lily 2. Le film revu par Woody Allen ne faisant que 60 minutes, les producteurs en ont rajouté 19 dont les scènes où l’on voit Lovin’ Spoonful jouer et certaines scènes avec une voix-off imitant Woody Allen. La dernière phrase que prononce Woody Allen à la fin du générique/strip-tease aurait été aussi modifiée.
3. Dans ses entretiens avec Stig Björkman (1993), Woody Allen parle de Lily la Tigresse : « Ce fut une expérience calamiteuse (…) J’ai attaqué le producteur en justice juste avant la sortie du film, pour l’empêcher de sortir en salle, car il avait fait des modifications supplémentaires qui me semblaient épouvantables. Mais durant l’instruction du procès, le film est néanmoins sorti et a récolté d’excellentes critiques. J’ai donc retiré ma plainte estimant que mon argumentation s’effondrait. Mais je persiste à dire que le film était insipide. C’était une idée de potache. »

29 mars 2009

The happy ending (1969) de Richard Brooks

The Happy EndingElle :
(pas vu)

Lui :
Richard Brooks a écrit et réalisé ce film pour sa femme, Jean Simmons. Il n’eut aucun succès aux Etats-Unis et n’est même jamais sorti en France. Une des explications de cet insuccès est qu’il portait un propos qui, en 1969, était en avance de 7 à 10 ans sur son temps. L’histoire de The Happy Ending est celle d’une femme qui, après 15 ans de mariage dit-heureux, est étouffée par son couple : un mari trop prévenant, un sentiment de vacuité, la peur de vieillir, tout pousse Mary à ne pas (ou plus) trouver d’épanouissement dans ce rôle d’épouse parfaite. Le jour de son 16e anniversaire de mariage, elle fait une fugue. Malgré une ambiance un peu trop romanesque (accentuée par la musique sirupeuse de Michel Legrand), Richard Brooks parvient à donner beaucoup de force à ce récit féministe avant l’heure. La construction est un peu alambiquée, on ne sait plus très bien ce qui relève du flashback ou pas, mais l’ensemble a une cohésion certaine. En le regardant aujourd’hui il faut bien entendu se replacer dans le contexte de l’époque. The Happy Ending offre un très beau rôle à Jean Simmons, qui y est assez admirable.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Simmons, John Forsythe, Lloyd Bridges, Teresa Wright, Nanette Fabray, Shirley Jones
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Brooks sur le site IMDB.

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Remarque :
The Happy Ending a été présenté pour la première fois en France par Patrick Brion en décembre 2008, au ciné-club de FR3.

25 mars 2009

La garçonnière (1960) de Billy Wilder

Titre original : « The apartment »

The ApartmentLui :
Billy Wilder a écrit le scénario de La Garçonnière spécialement pour Jack Lemmon après avoir particulièrement apprécié sa prestation dans Certains l’aiment chaud un an plus tôt. Le film démarre comme une comédie, sur un mode très léger. Bub Baxter est un modeste employé dans une très grande compagnie d’assurances, une des innombrables petites mains qui traitent les dossiers. Pour se faire bien voir de ses chefs, il leur prête son appartement pour leurs petits rendez-vous avec des filles. Le ton a beau être léger, Billy Wilder en profite pour nous dresser un de ces portraits au vitriol de la société américaine dont il a le secret : il y a ceux qui profitent et ceux qui se font exploiter, aussi bien économiquement que sentimentalement. Il dénonce l’arrivisme, l’égoïsme. Tout l’art de Billy Wilder est mettre cela en évidence sans aucune austérité, mais au contraire avec beaucoup d’humour et un beau rythme dans le déroulement du scénario. Et il va encore plus loin dans la virtuosité lorsque La Garçonnière, à mi-parcours, devient un mélodrame d’une puissance émotionnelle peu commune. Le duo formé par Jack Lemmon et Shirley MacLaine prend alors toute sa dimension : Lemmon est émouvant, avec un jeu étonnamment riche, capable de changer de registre très rapidement et Shirley MacLaine trouve là l’un des plus beaux rôles de sa carrière, avec un jeu en retenue, tout empreint de naturel et de candeur. En tournant en scope noir et blanc, à une époque où la couleur était la norme, Wilder personnalise encore plus le regard qu’il nous offre et ajoute un peu de gravité et de réalisme. Léger, drôle, puissant, émouvant, La Garçonnière est tout à la fois. Du grand art.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray, Ray Walston, Jack Kruschen, David Lewis
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.
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Anecdotes :
* C’est dans La Garçonnière que Jack Lemmon utilise une raquette de tennis pour égoutter ses spaghettis.
* Shirley MacLaine ne connaissait pas tout le scénario pendant le tournage. Billy Wilder tenait qu’elle ne sache pas comment tout cela aller finir.
* Les décors sont du grand chef-décorateur français Alexandre Trauner qui a reçu un Oscar pour son travail sur ce film.

La Garçonnière
Jack Lemmon et Shirley MacLaine dans La Garçonnière de Billy Wilder

La Garconnière
Le fabuleux décor de bureau imagé par Alexandre Trauner dans La Garçonnière de Billy Wilder

20 mars 2009

Viridiana (1961) de Luis Buñuel

Viridiana Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Assez paradoxalement, c’est dans son seul film tourné en Espagne franquiste que Luis Buñuel se livre à la diatribe la plus mordante contre l’Etat et la religion. Il va beaucoup plus loin qu’avec son précédent film Nazarin. Le film est plus ou moins basé sur la vie de Santa Viridiana. Une jeune novice est rappelée du couvent par son oncle, juste avant de prononcer ses vœux. La jeune femme va tenter de faire le bien autour d’elle mais cela va se retourner contre elle. Le film est imprégné du début à la fin par une satire intense de la bigoterie et de la bourgeoisie espagnole vieillotte. La première partie oppose Viridiana à son oncle qui vit quasiment reclus sur des principes qui n’ont pas bougé depuis 50 ans. Buñuel met en parallèle le fétichisme religieux de la jeune fille avec le fétichisme érotique passablement macabre du vieil oncle. Viridiana Dans la seconde partie, Buñuel se déchaîne bien plus, notamment avec un groupe de mendiants hébergés par Viridiana, une galerie de trognes hautes en couleur qui semblent sorties de l’univers de Goya ; le film s’achève par une bacchanale délirante qui tourne en véritable orgie. Beaucoup de scènes fameuses parsèment le film d’une multitude d’objets emblématiques ou fétichistes. Toutes les scènes de Viridiana ont un sens, aucune ne semble gratuite ; c’est un film que l’on peut voir et revoir et découvrir de nouvelles choses à chaque vision. Viridiana est sans aucun doute l’un des meilleurs films de Buñuel, l’un des plus mordants et débridés.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Silvia Pinal, Francisco Rabal, Fernando Rey, Margarita Lozano
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.

Remarque :
Comment Buñuel a-t-il réussi à tourner ce film dans l’Espagne franquiste reste un mystère. Viridiana représentait même l’Espagne au Festival de Cannes 1961 (Buñuel avait toutefois pris soin de n’apporter son film qu’à la toute dernière minute). Le film fut ensuite immédiatement interdit en Espagne, aucun journal n’eut le droit de dire qu’il avait gagné la Palme d’Or. Cette interdiction dura jusqu’à la mort de Franco.
Viridiana déclencha également le courroux du Vatican. Il faut bien avouer qu’il y avait de quoi… ! L’incroyable parodie de la Cène de Léonard Vinci par la troupe de mendiants qui prend la pose devant une femme qui lève sa jupe en guise d’appareil photo est restée célèbre.

15 mars 2009

Le scandale (1967) de Claude Chabrol

Le ScandaleElle :
(pas vu)

Lui :
L’héritier un peu fantasque d’une grande marque de champagne est très perturbé après avoir été retrouvé sans connaissance à côté d’une femme étranglée. Sorti en 1967, Le scandale préfigure le Chabrol des années 70 car le cinéaste porte déjà son regard sur ce qui deviendra son sujet de prédilection, la haute bourgeoisie de province, pour nous en faire un portrait peu reluisant. Ici, il n’hésite pas à grossir le trait, peut-être un trop : cupides, ivrognes ou parasites, ses personnages ne sont pas présentés à leur avantage… Le film n’a pas la précision dans le déroulement du scénario qu’auront ses films suivants (à commencer par La femme infidèle ou Le boucher deux ans plus tard) mais repose déjà sur un petit nombre de personnages forts et de nombreuses fausses pistes pour nous égarer. Le final est vraiment inattendu. Un peu plus brut que les films qui suivront, Le scandale n’en reste pas moins assez prenant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Maurice Ronet, Yvonne Furneaux, Stéphane Audran, Henry Jones
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6 mars 2009

Pour une poignée de dollars (1964) de Sergio Leone

Titre original : « Per un pugno di dollari »

Pour une poignée de dollarsElle :
(pas vu)

Lui :
A la frontière mexicaine, deux familles ennemies s’affrontent. Un aventurier, roi de la gâchette, vend ses services au plus offrant et cherche à provoquer le massacre des deux clans. Pour une poignée de dollars est le premier « western-spaghetti » : produits à Cinecittà en Italie, les westerns de Sergio Leone vont créer un nouveau genre caractérisé par un scénario violent, le leitmotiv d’une musique bien identifiable, une atmosphère presque irréelle, des longs temps d’attente dans les confrontations et des costumes qui créent des images fortes. L’histoire est généralement simple. Ici, il s’agit même d’un plagiat puisque Pour une poignée de dollars est un remake non déclaré (et simplifié) de Yôjimbô d’Akira Kurosawa (Le garde du corps, 1961). Tous les éléments du western-spaghetti sont déjà présents dans ce premier western de Leone, un peu plus brut que les suivants. Le succès fut énorme et Pour une poignée de dollars fut aussi un tremplin pour la carrière d’acteur de Clint Eastwood. A mes yeux, l’ensemble est assez racoleur et un peu vide, il faut le regarder surtout comme un spectacle.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Marianne Koch, Gian Maria Volontè
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Précisions :
– S’il s’agit du premier « western-spaghetti », il ne s’agit pas du premier western tourné en Italie.
– Sergio Leone signa le film sous le pseudonyme : Bob Robertson. Dans le même esprit, tous les acteurs italiens prirent des noms américains (Gian Maria Volontè prit le nom de Johnny Wells).
– Clint Eastwood ne parlant pas un mot d’italien, il est bien évidemment doublé (mais comme son texte est très réduit, ce n’est guère gênant…)
– Les producteurs n’ayant pas anticipé le succès du film, ils avaient « oublié » d’acheter les droits de Yôjimbô ce qui leur valut un procès et bloqua pour un temps la sortie aux Etats-Unis.
– Le film de Kurosawa eut d’autres remakes parmi lesquels :
Django de Sergio Corbucci (1966) avec Franco Nero
Dernier recours (Last man standing) de Walter Hill (1996) avec Bruce Willis
Inferno de John G. Avildsen (1999) avec Jean-Claude Van Damme
Bonne chance Slevin (Lucky number Slevin) de Paul McGuigan (2006)  avec  Josh Hartnett et… Bruce Willis.

6 février 2009

Comme une épouse, comme une femme (1961) de Mikio Naruse

Titre original : « Tsuma to shite onna to shite »

Comme une épouse, comme une femmeElle :
Comme dans tous les films de Mikio Naruse, les femmes sont ici très émouvantes tant elles sont à la merci des traditions, des codes et de la loi des hommes. L’adultère est une institution que les épouses sont obligées de subir et les maîtresses, hôtesses de bar, se résignent à accepter. Aucune d’entre elles ne peut construire une vie épanouie et les maris vivent en véritable état de bigamie sans se poser davantage de questions. C’est étonnant de voir ce réalisateur rivé à ce thème des femmes soumises et bafouées tout au long de sa carrière alors que les personnages masculins de ses films sont si lâches et égoïstes. Dans ce film, il nous plonge tragiquement au coeur d’une famille vivant dans le mensonge le plus total depuis de longues années tant sur le plan de l’amour que de la naissance des enfants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Comme une épouse, comme une femmeComme une épouse, comme une femme débute par la vision d’une famille en apparence heureuse et classique mais plus le film avance et plus la réalité nous apparaît bien plus complexe et, à mi film, nous percevons toute la cruauté et le tragique de la situation. Cette progression dans la mise en place de la tragédie est assez remarquable et témoigne de la grande maîtrise du réalisateur japonais. Mikio Naruse traite une fois de plus de la place de la femme dans la société japonaise, en l’abordant cette fois par l’opposition/complémentarité femme légitime / maîtresse. Une fois de plus, les hommes sont particulièrement lâches, et une fois de plus, ce sont au final des vies gâchées. Comme une épouse, comme une femme est un film fort tout en restant très simple.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Chikage Awashima, Masayuki Mori, Yuriko Hoshi, Tatsuya Nakadai, Kumi Mizuno
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5 janvier 2009

L’éclipse (1962) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « L’eclisse »

L’EclipseElle :
Dans le troisième volet de sa trilogie, Antonioni met davantage en avant la forme pour exprimer le fond de son sujet. L’éclipse est une pure beauté visuelle avec ses plans fixes dans lesquels entrent ses personnages en mouvement, ses constructions savantes de lignes, de formes et de masses, ses symboles d’enfermement et d’agression explicités par les grilles, l’entrelacement des branches, les piques, le vide de ses grands espaces déserts ou le plein d’autres endroits de folie comme la Bourse, l’attente, le silence interrompu par le bruit d’une eau vivante, la musique intrigante. Toute cette richesse visuelle et symbolique concourt à faire émerger le mal-être d’une jeune femme perdue suite à la rupture avec un amant plus âgé qu’elle. Elle ne sait plus aimer ni comment vivre la vie. On la suit dans son errance à travers la ville, essayant d’aimer à nouveau un jeune agent boursier ou observant l’aliénation des gens appâtés par l’argent. Antonioni se place en observateur d’un monde en dérèglement et en manque de communication.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’éclipse forme avec L’avventura (L’aventure, 1960) et La notte (La nuit, 1961) un triptyque où Antonioni explore l’itinéraire sentimental du couple. L’éclipse débute par une séparation silencieuse (une séparation où le silence occupe tout l’espace) qui va laisser Vittoria (Monica Vitti) désemparée. Il s’en suit une sorte d’errance sentimentale. L’éclipse ne repose pas sur une construction basée sur le récit, il est plutôt composé de tableaux qui semblent se répondre les uns les autres ou s’opposer. Antonioni filme une Rome aux constructions modernes et géométriques, qui paraît déshumanisée, où le temps semble s’étirer interminablement. La Rome historique et pittoresque est vue soit de très loin, soit par le biais de sa composante la plus incongrue, la Bourse sur laquelle il porte un regard quasi documentaire, visiblement interrogatif « est-ce un marché ou un ring de boxe ? ». Fortement marqué par la difficulté de communiquer, le propos est aussi assez sombre avec une liaison et une recherche d’amour qui semblent toutes deux vouées à l’échec et une fin littéralement apocalyptique. Film à l’esthétisme parfaitement maîtrisé et que l’on peut analyser longuement, L’éclipse s’inscrit avec les deux autres volets de la trilogie parmi les plus grands films d’Antonioni.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Monica Vitti, Alain Delon, Francisco Rabal, Louis Seigner, Lilla Brignone
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4 janvier 2009

Quand une femme monte l’escalier (1960) de Mikio Naruse

Titre original : « Onna ga kaidan wo agaru toki »

Quand une femme monte l’escalierElle :
Naruse explore sans se lasser et toujours avec autant d’émotion et de subtilité le thème des femmes japonaises victimes de la lâcheté des hommes et de l’organisation très patriarcale de la société japonaise à l’aube des années 60. Avec Quand une femme monte l’escalier, il nous introduit cette fois dans l’univers intimiste des hôtesses de bar qui déployent leurs charmes pour détendre les hommes d’affaires stressés. Il reprend l’actrice au teint de porcelaine Hideko Takamine pour interpréter cette jeune femme perdue entre son désir d’épouser un homme riche qu’elle n’aime pas ou acheter un bar avec l’aide financière de ses clients avec des contreparties à la clé. Un beau film émouvant et superbement mis en scène.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’escalier dont il est question dans le titre est celui de ces bars à hôtesses souvent situés au premier étage du centre de Tokyo en ces années 50. Keiko est l’une de ces hôtesses et quand elle monte l’escalier, elle sait qu’elle doit opérer une transformation en elle. Le cinéaste japonais Mikio Naruse montre une fois de plus tout son talent pour nous faire toucher du doigt la condition des femmes dans cette société japonaise de l’après-guerre en prenant pour sujet une femme dont le métier est de divertir les hommes. En apparence, ces hôtesses sont belles, assez libres et gagnent bien leur vie mais en réalité, elles n’ont que peu de choix possibles pour orienter leur futur. Une fois de plus, l’actrice Hideko Takamine parvient à allier puissance et délicatesse dans son jeu, avec une douceur qui convient si bien à la façon de filmer de Naruse. Quand une femme monte l’escalier n’est pas plus tendre avec les hommes que les autres films du cinéaste, bien au contraire : ils sont invariablement lâches, égoïstes et menteurs. Un très beau film qui, sous la fausse légèreté de son sujet, cache le portrait d’une société.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Masayuki Mori, Reiko Dan, Tatsuya Nakadai, Ganjiro Nakamura
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11 décembre 2008

Quinze jours ailleurs (1962) de Vincente Minnelli

Titre original : « Two weeks in another town »

Elle :
(pas vu)

Two Weeks in Another TownLui :
Minnelli tourne Quinze jours ailleurs dix ans après Les Ensorcelés et il est difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux films. Un acteur déchu, sortant d’une grave dépression, part retrouver à Rome un réalisateur sur le déclin pour tenter de faire repartir sa carrière. Minnelli se penche donc à nouveau sur le monde du cinéma, avec un regard certainement encore plus dur cette fois : pour tourner, le cinéaste vieillissant de son histoire est contraint d’aller à Rome et de se mettre à la merci de producteurs aux vues bassement mercantiles. Et l’on retrouve toujours ces querelles, ces haines et luttes d’influence et aussi une pléthore d’imbéciles. Le tableau que dresse Minnelli est donc assez sombre, lugubre même. Un beau sujet. Quinze jours ailleurs Mais Quinze jours ailleurs semble globalement manquer de cohérence, les personnages principaux ont des motivations pas toujours très claires, les seconds rôles sont peu précis, ils se contentent d’être odieux. Le personnage de l’ex-femme (Cyd Charisse) est étonnamment peu présent alors qu’il s’agit du troisième rôle. Le film aurait beaucoup souffert d’un montage fait à la hussarde par la MGM, ce qui expliquerait beaucoup de choses. La scène finale où Kirk Douglas et Cyd Charisse foncent en décapotable pour tenter d’aller s’écraser sur un mur est restée célèbre (elle est toutefois suivie d’une courte scène de happy-end simplet, très hollywoodien).
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Kirk Douglas, Edward G. Robinson, Cyd Charisse, George Hamilton, Daliah Lavi, Claire Trevor
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