24 décembre 2005

Un si doux visage (1952) de Otto Preminger

Titre original : « Angel Face »
Autre titre français (Belgique) : « Infernale beauté »

Un si doux visage Elle :
Un grand classique du film noir que je n’avais pas revu depuis très très longtemps. Le duo Robert Mitchum et Jean Simmons s’impose de par leur grande présence. Cette femme riche au visage angélique que l’on croit incapable de méchanceté tisse sa toile peu à peu. Elle attire dans ses filets cet ambulancier ordinaire et manigance pour pouvoir le garder et se débarrasser de sa belle-mère. Sa passion pour cet homme les entraîne tous les deux vers la mort inéluctable. Otto Preminger parvient à créer un climat mystérieux et inquiétant et utilise si bien le mécanisme attirance-répusion entre ses deux héros que l’on plonge avec eux dans leur drame passionnel.
Note : 5 étoiles

Lui :
Infernale beauté Un si doux visage de Preminger n’est pas sans rappeler Laura, ne serait-ce que par le fait de mettre en scène une jeune femme très énigmatique. Mais la comparaison s’arrête un peu là car il est assez difficile de s’attacher à cette jeune femme dont on perçoit dès le début du film les desseins machiavéliques. Robert Mitchum traverse le film, torse bombé, aussi chaleureux qu’une porte de garage… et c’est un peu cela qui pêche également : tout y est assez froid et on reste à distance respectable. La mise en scène de Preminger est impeccable comme à l’habitude, d’une précision suisse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Jean Simmons
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21 novembre 2005

La femme modèle (1957) de Vincente Minnelli

Titre original : « Designing Woman »

La femme modèle Elle :
Ce petit chef-d’oeuvre d’humour met en scène Mike (Gregory Peck) et Marilla (Lauren Bacall) qui se marient sur un coup de tête pendant leurs vacances. Ce n’est quand rentrant chez eux qu’ils découvrent qu’ils appartiennent à des milieux totalement différents. Le monde de la boxe et de la haute couture se télescopent joyeusement. Vincente Minelli égratigne avec beaucoup de justesse et de drôlerie le milieu mondain new-yorkais. Le scénario de La Femme Modèle fourmille de détails très amusants et de personnages hauts en couleur tels le caniche qui saute dans les bras des invités, le boxeur primaire qui dort les yeux ouverts. Bref, on passe un délicieux moment et on rit franchement.
Note : 5 étoiles

Lui :
La Femme Modèle est une bonne comédie, très classique dans son scénario, assez bon enfant, mais qui fonctionne parfaitement grâce à une mise en scène sans faille et une excellente interprétation. Ce film de Vincente Minelli s’inscrit dans la lignée des meilleures comédies américaines des années 30 et 40.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lauren Bacall, Gregory Peck
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11 octobre 2005

Le Plaisir (1951) de Max Ophüls

Le PlaisirLui :
Cette adaptation de trois contes de Maupassant est l’occasion pour Max Ophüls de traiter en trois sketches trois aspects du thème du plaisir, paravent de sentiments plus forts. Dans le premier et le troisième, tous deux plus courts que le second, Max Ophüls nous entraîne dans une véritable frénésie de mouvements de caméra, sans cesse en mouvement, exprimant une virtuosité certaine et un sens du mouvement qui fait corps avec la scène, qui nous plonge dans la scène. Le second sketch, particulièrement la partie en plein air à la campagne, introduit une paix, une sorte de grâce. Presque toutes les scènes de ce film sont des petits bijoux. C’est drôle, léger, grave, sérieux, c’est tout à la fois. Tout est en harmonie. Les acteurs semblent se fondre dans le film. Le Plaisir de Max Ophüls est vraiment du très grand cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Madeleine Renaud, Jean Gabin, Danielle Darrieux, Pierre Brasseur, Daniel Gélin, Gaby Morlay, Jean Servais, Claude Dauphin, Ginette Leclerc, Paulette Dubost
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23 septembre 2005

Le roi du tabac (1950) de Michael Curtiz

Titre original : « Bright leaf »

Le roi du tabacElle :
Ce film dramatique de Michael Curtiz met en scène Brant Royle (Gary Cooper), un homme qui pour venger son père et épouser la fille du puissant Singleton met tout en oeuvre pour aboutir à ses fins et notamment monte l’industrie du tabac qui laminera son vieil ennemi. A ses côtés, deux femmes redoutables en affaire (Lauren Bacall et Patricia Neal) qui se vengeront elles aussi de la cupidité et de la soif de pouvoir de Royle. La mise en scène est sombre, à l’image des noirs desseins qui habitent chacun des protagonistes. Les personnages vont au bout d’eux même malgré leurs erreurs et ce n’est qu’après la chute qu’il y a rédemption. Un film assez conventionnel et moraliste.
Note : 3 étoiles

Lui :
Film assez classique de par son scénario du type « un homme court après une chose inaccessible au lieu de profiter de ce qu’il a à portée de la main ». Assez belle prestation de Gary Cooper, même s’il semble un peu absent par moments…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Lauren Bacall, Patricia Neal, Jack Carson
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29 août 2005

Les contrebandiers de Moonfleet (1955) de Fritz Lang

Titre original : « Moonfleet »

Les contrebandiers de Moonfleet Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Cette histoire de jeune garçon, qui fait malgré lui irruption dans le monde rude des contrebandiers de l’Angleterre du 18e siècle, permet à Fritz Lang de jouer avec notre fascination pour l’aventure et pour l’étrange. Lang aurait semble t-il plus ou moins renié le film dont le montage lui aurait échappé, pourtant cela n’empêche pas Les contrebandiers de Moonfleet d’être un film très complet, baigné d’un climat fort et étrange en permanence, avec des images assez lyriques (malgré l’aversion de Lang pour le cinemascope). L’équilibre est quasi parfait, il n’y a aucun excès et on se laisse volontiers captiver par l’histoire.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Stewart Granger, George Sanders, Jon Whiteley
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10 août 2005

Profession: magliari (1959) de Francesco Rosi

Titre original : « I Magliari »

MagliariElle :
Ce quatrième film de Francesco Rosi est surtout remarquable par sa mise en scène. L’intrigue autour d’escrocs napolitains vivant en Allemangne est plus faible et on a tendance à s’en désintéresser. L’histoire d’amour entre l’apprenti-escroc au cœur pur et la belle italienne attirée par l’argent est trop superficielle. Le plus intéressant est d’arpenter les cafés enfumés de Hanovre, les quais brumeux et bas quartiers de Hambourg, de croiser des bandes rivales qui s’affrontent, de regarder ces napolitains qui gesticulent. Il faut noter également la présence hilarante d’Alberto Sordi qui fait déploie tout son talent de comique pour vendre des tapis ou du tissu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Avec I magliari, Francesco Rosi montre des qualités qui préfigurent bien de son futur cinéma, mais le film n’est pas sans défauts, ce qui gâche un peu l’ensemble. D’un côté, nous avons en effet une belle mise en scène, avec beaucoup de scènes urbaines de nuits (qui ne sont pas sans rappeler la nouvelle vague en France) et une peinture assez réaliste, et non dénuée de tendresse, de travailleurs tout en contraste avec le monde de petits malfrats. De l’autre côté, nous avons un scénario assez faible, avec une histoire d’amour qui semble interminable et une certaine confusion dans la mise en place de l’histoire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Renato Salvatori, Alberto Sordi, Belinda Lee
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12 juillet 2005

Les Sept Samouraïs (1954) de Akira Kurosawa

Titre original : « Shichinin no samurai »

Shichinin no samuraiElle :
Ce film mythique, vu ici dans sa version intégrale de 3h20, illustre la venue de sept samouraïs venus défendre un village de paysans pauvres dans le japon du 16ème siècle. Kurosawa fait une mise en scène somptueuse aux multiples facettes et bourrée de symboles chers à la philosophie japonaise. Il utilise les symboles de la pluie, de la terre, du feu pour mettre en avant les thèmes de la fertilité, la sexualité, la violence qui animent ses personnages. Il met en constante opposition le monde paysan synonyme de vie et celui des guerriers symbole de mort même si temporairement ils parviennent à communier. Les batailles et combats sont filmées avec audace en utilisant des ralentis novateurs pour l’époque. Et surtout, il parvient à nous tenir en haleine pendant ces trois heures grâce à ses personnages attachants et cocasses tel le samouraï fantasque.
Note : 5 étoiles

Les Sept Samouraïs Lui :
Vu dans sa version intégrale, Les sept samouraïs prend une tout autre dimension, mettant en avant plus le monde paysan que les samouraïs eux-mêmes et la stratégie qu’ils mettent en oeuvre. On peut ainsi se rendre compte à quel point la version courte de 2h10 était réductrice, trop centrée sur les scènes d’actions. La version complète semble mieux équilibrée, plus entière et complète dans les thèmes abordés. Le film est toujours aussi puissant, avec des plans fortement symboliques, hautement lyriques. Kurosawa montre une grande précision dans la mise en scène, une mise en scène qui servira de source d’inspiration à de nombreux metteurs en scène. « Film éternel » par excellence, le temps ne semble pas avoir de prise sur Les Sept Samouraïs.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Yoshio Inaba, Seiji Miyaguchi
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Lire une analyse plus complète du film.

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30 juin 2005

Le désordre et la nuit (1958) de Gilles Grangier

Desordre_nuitElle :
Polar classique bien filmé avec un Gabin qui enfile le costard d’un flic qui succombe aux charmes d’une prostituée. Pas courant pour cet acteur. Le meurtre du proxénète à élucider, un trafic de drogue, une superbe musique de jazz dans un club considéré comme un lieu de perdition, les lumières de la ville dans la nuit. Bref, les ingrédients habituels du film noir. On peut reprocher un scénario un peu mince ainsi que certains clichés. A voir pour l’ambiance.
Note : 3 étoiles

Lui :
Assez beau film noir, avec un Gabin qui excelle dans son style « monolithe au grand coeur ». L’atmosphère « nuit parisienne » est complète avec ses clubs où l’on joue du bon jazz, ses petits truands qui roulent en grosses voitures américaines. Un film noir fort bien ficelé, le genre qui ne vieillit pas.
Note : 3 étoiles

Acteurs:  Jean Gabin, Danielle DarrieuxPaul Frankeur, Robert Manuel, Nadja Tiller, Hazel Scott
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10 juin 2005

Panique dans la rue (1950) de Elia Kazan

Titre original : « Panic in the Streets »

Panic in the StreetsElle :
Bon film noir que j’ai toutefois trouvé un peu moins intense que les autres films d’Elia Kazan. Un assassinat dans une rue de la Nouvelle-Orléans, la victime est atteinte de la peste. Tous les services de la ville se lancent dans la traque du meurtrier qui risque de propager la maladie dans toute la ville. Richard Widmark incarne avec talent le rôle d’un médecin qui prend la tête de cette recherche. Dans le camp des méchants, on découvre pour la première fois à l’écran Jack Palance avec ses pommettes saillantes et son regard d’acier. Elia Kazan filme brillamment les bas-fonds de la ville, les bouges, les gangsters, les quais, le port. Du très beau noir et blanc.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tourné juste avant Un tramway nommé désir et Sur les quais , ce Panique dans la rue de Kazan est en tout premier lieu un film noir mettant en scène de petits malfrats prêts à tuer pour peu de choses. Mais c’est aussi un film social car l’action se passe dans les quartiers les plus populaires de la Nouvelle-Orléans et aussi parce Kazan montre la vie, les motivations de l’agent fédéral chargé d’enrayer une maladie et donc d’en traquer le porteur. Les images sont d’un noir et blanc très contrasté, ce qui épaissit encore plus l’atmosphère. C’est un beau film qui souffre seulement de la faiblesse des scènes de type « problème de couple » du personnage principal. Côté acteur, il faut noter que c’est le premier rôle sympathique de Richard Widmark qui était, avant cela, cantonné dans l’interprétation de tueurs psychopathes.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Jack Palance
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23 avril 2005

La Bataille du Rio de la Plata (1956) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « The battle of the River Plate »

La bataille du Rio de la PlataElle :
Vraiment pas passionnant cette bataille entre un cuirassé allemand et des croiseurs anglais lors de la seconde guerre mondiale. La réalisation manque de moyens et d’envergure si bien que l’on a surtout droit à des plans américains de militaires en train d’observer à la jumelle. Le film manque également d’intensité dramatique. Michael Powell semble avoir du mal à occuper ses personnages dans un espace clos.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le film est un peu dominé par son aspect documentaire, car Michael Powell et Emeric Pressburger ont vraiment cherché à reconstituer minutieusement cet épisode naval du début la seconde guerre mondiale. Cet aspect documentaire s’impose donc au détriment du suspense et du déroulement, ce qui pénalise un peu l’implication du spectateur. Les scènes de combat maritime ont peut-être pâti d’un manque de moyens et les acteurs sont souvent peu convaincants. Le film vaut donc surtout pour son côté historique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Gregson, Anthony Quayle, Ian Hunter
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