10 juillet 2008

Extase (1933) de Gustav Machatý

Titre original : « Ekstase »
Titre américain : « Ecstasy »

ExtaseLui :
Mariée avec un homme trois fois plus âgé qu’elle, une très jeune femme ne ressent que frustration et manque d’amour. Lors d’une balade champêtre, elle va faire la rencontre d’un jeune terrassier…
Extase est un film tchécoslovaque rare et mythique : on y voit la jeune Hedy Lamarr (qui s’appelait encore Hedy Kiesler à l’époque, elle avait 19 ans) se baignant nue dans un lac. Cette courte scène, ainsi que quelques scènes d’amour (certaines scènes trop passionnées auraient même été brûlées par le producteur avant même la sortie du film), donnèrent au film une forte notoriété. De plus, le milliardaire autrichien, que l’actrice venait d’épouser, devint obsédé par le film et tenta de retirer toutes les copies en circulation en offrant une forte somme d’argent. Son action eut l’effet inverse : les projectionnistes et distributeurs en firent de multiples copies pour pouvoir les revendre ensuite au mari jaloux ! D’autres coupaient les meilleures scènes pour les conserver. Extase fut bloqué à l’entrée des Etats-Unis et, là aussi, des scènes furent enlevées. Peu de copies intégralement intactes ont donc finalement survécu. Extase est un film amusant à regarder aujourd’hui ne serait-ce que par le symbolisme sexuel omniprésent (tout y passe… depuis le gros plan du piston dans son cylindre jusqu’à la saillie d’une jument) ; ce n’est certes pas un film majeur mais il est plaisant. Ne comportant que très peu de dialogues, Extase est tourné comme un film muet. La caméra s’attarde longuement sur la jeune Hedy Lamarr pour mettre en valeur sa grande beauté. Les scènes de nudité et d’amour sont en fait assez délicates.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hedy Lamarr, Aribert Mog, Zvonimir Rogoz
Voir la fiche du film et la filmographie de Gustav Machatý sur le site imdb.com.

Hedy LamarrHedy Lamarr, surnommée dans les années 40 « la plus belle femme d’Hollywood », ne put envisager de retourner dans un film après Extase qu’en 1937… après son divorce. Elle émigra aux Etats-Unis. Louis B. Mayer de la MGM l’engagea sur le champ et lui demanda de changer son nom : Hedy Kiesler devint Hedy Lamarr.

Dans son autobiographie Ecstasy and Me (Ed. Bartholomew House, 1966), l’actrice raconte comment Ekstase a été tourné avec un script de 5 pages dans lequel il n’était nul mention de scène de nudité. Mise au pied du mur par le réalisateur, elle aurait forcé toute l’équipe à filmer sa baignade du haut d’une colline sans penser qu’ils pourraient utiliser des objectifs télescopiques (cette justification est amusante mais peu probable, certains plans sont visiblement pris de très près). L’actrice raconte aussi comment on la piquait avec une aiguille pour exacerber ses réactions dans les scènes d’amour et c’est donc des expressions de douleur et non d’extase que montre son visage…! (Là encore, la justification est amusante).

6 réflexions sur « Extase (1933) de Gustav Machatý »

  1. Ce film m’a enchanté. Un vrai tourbillon d’images, de scènes, de symboles freudiens extrêmement audacieux pour l’époque( le montage, la temporalité du film sont typiquement Eisensteiniens ); tout est fait pour suggérer l’éveil à la sensualité d’une jeune mariée pleine de désirs, ses premiers émois érotiques auxquels la nature gonflée de sève des beaux jours fait écho, son époux ne lui apportant qu’ennui et frustrations. La fin est asse ambigue car on se demande pourquoi elle quitte le jeune homme assoupi qui aurait pu la rendre heureuse et à quoi correspond le bébé dans ses bras; probablement un songe du jeune homme. C’est l’ impact érotique qui prime ici comme ce soleil levant qui forme un symbole phallique sur son visage endormi et semble pénétrer son cerveau ! il y a certes aussi l’étalon et la jument, les gros plans sur sa bouche et sa poitrine et j’en passe… mais une simple goutte de rosée est elle aussi érotisée !! J’adore. Hedy Lamarr est à croquer, d’une beauté très moderne, même si, ici, très jeune, elle n’est pas encore le super canon hollywoodien qu’elle est dans « Angoisse » ou « Casbah » les rares films d’elle disponibles ici.

  2. Il semblerait que ce ne soit pas Louis B. Mayer qui ait trouvé le pseudonyme de Lamarr mais l’actrice elle-même, en hommage à la grande star du cinéma muet Barbara La Marr qu’elle admirait beaucoup.

  3. Je réponds un peu en retard… 🙂 mais Hedy Lamarr dit elle-même dans son autobiographie que c’est Louis B. Mayer qui a trouvé son nom : il considérait Barbara La Marr comme la plus belle actrice de tous les temps.
    (Note : Barbara La Marr est une actrice du muet, effectivement très belle, qui a surtout joué des seconds rôles avant de mourir prématurément en 1926 à l’âge de 29 ans.)

  4. Je trouve que la talentueuse Hedy Lamarr à été beaucoup trop sexualisée pour son jeune âge à l’époque, c’est pourtant une grande qui nous permet aujourd’hui d’avoir accès au réseaux internet (le WiFi). En effet c’est une grande dame, un grande inventrice elle mérite tout le respect du monde ! 💛

  5. Oui, vous avez raison. Hedy Lamarr était passionnée par la technologie et même plus puisqu’elle est la première personne à avoir déposé un brevet sur l’utilisation des sauts de fréquences pour encoder les communications pour piloter une torpille (en 1941, avec son ami, un pianiste!) Hedy Lamarr est donc loin d’être une potiche…
    Cet aspect de sa personnalité n’a fait surface que récemment (elle-même, dans ses mémoires, n’en parle pas, me semble-t-il). Les militaires à l’époque avaient pris cela de haut et ce n’est que dans les années soixante que cette technologie a été utilisée pour le guidage des armes (grâce à la miniaturisation électronique), et plus tard d’une façon plus large pour le téléphone portable.

  6. 1933 ,Hedy Lamarr, le premier orgasme féminin au cinéma, je m’attendais à un film sur l’amour fou, et je suis bien déçu. A part quelques beau gros plans sur ses acteurs, on ne peut pas dire que Machatý réussit grand-chose. Son symbolisme est lourd, presque comique à voir aujourd’hui, quand au drame il manque singulièrement de force. Et qu’est-ce que fait Hedy avec ce vieux bonhomme de toute façon ? Et cette apologie du travail à la fin du film ? Et cette poésie bon marché ? D’accord pour l’intérêt historique, mais le reste est assez ridicule.

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