10 juillet 2006

Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo

Zéro de conduite Elle :
(Court métrage de 41 mn, la qualité sonore et visuelle est assez rudimentaire) Ce film, censuré jusqu’en 1946, vaut surtout par son audace et son propos. Inspiré par ses souvenirs de jeunesse, ce jeune cinéaste prend le parti de peindre un collège en rébellion contre l’ordre établi, position anarchiste très osée à l’époque. Jean Vigo mourra à 29 ans après quatre films dont le dernier sera L’Atalante.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vu avec ses deux autres courts métrages, A propos de Nice (regard de Jean Vigo sur la faune de la Promenade des Anglais) et La Natation par Jean Taris (d’un intérêt un peu plus limité), Zéro de conduite apparaît comme une fable anarchiste et poétique. Depuis soixante dix ans, le cinéma nous a montré tant de choses qu’il est assez difficile de le regarder avec les yeux de l’époque. Dans les années 60-70, c’est son côté hautement subversif (aucune institution n’est épargnée) qui plaisait tant mais il est aussi remarquable par sa forme : l’image est criante de naturel, de vérité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Dasté, Robert le Flon
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Vigo sur le site IMDB.

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10 juillet 2006

L’Atalante (1934) de Jean Vigo

L'Atalante Elle :
Ce dernier film de Jean Vigo, vu ici en version restaurée, est le plus abouti. Sur une péniche, un jeune couple de mariniers éprouve des difficultés à vivre ensemble dans cet espace restreint. A bord, un homme à tout faire, incarné par un Michel Simon dépenaillé et gouailleur, a des moeurs étranges mais un grand coeur. C’est lui qui parviendra à ramener la jeune femme auprès de son mari. Ce film est précurseur des films de la Nouvelle Vague de par son onirisme, sa poésie et son réalisme cru.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette version de L’Atalante (restaurée en 1990) serait la plus proche de celle qu’aurait voulu Jean Vigo. Ce qui frappe le plus quand on la regarde soixante-dix ans après sa création, c’est la vérité qui se dégage de l’histoire racontée, cette authenticité qui inspira tant de cinéastes (la Nouvelle Vague notamment) et, à ce titre, l’interview de François Truffaut (1) qui, en 1970, parle de ce film est hautement intéressant : il permet de mieux replacer ce film et de comprendre pourquoi il a tant été porté au pinacle par une génération de cinéastes. Bien plus que Zéro de Conduite, cette touchante histoire, si superbement racontée, laisse entrevoir quel magistral cinéaste aurait pu être Jean Vigo s’il n’était mort si jeune.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Dita Parlo, Jean Dasté
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Vigo sur le site IMDB.

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(1) Cette interview figure dans les suppléments du DVD.

6 juillet 2006

M le maudit (1931) de Fritz Lang

Titre original : « M – Eine Stadt sucht einen Mörder »

M le maudit Elle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Premier film parlant de Fritz Lang, M le maudit nous apparaît toujours soixante quinze ans plus tard comme un film totalement abouti. C’est à la fois un film policier, avec ses atmosphères nocturnes, son ambiance, ses personnages hauts en couleur, mais aussi un film social ; dans cette histoire de meurtrier de petites filles, c’est l’Allemagne de ce début des années trente que Fritz Lang décrit, avec tous les éléments qui favorisent la montée du nazisme : pauvreté, crime organisé, impuissance des autorités. Ce meurtrier, c’est toute la société qu’il terrorise et met en péril. Pègre et police vont se lancer à ses trousses, non pas ensemble mais en parallèle, chacun avec ses méthodes, symbole du combat entre le gouvernement légal et le nazisme. M le maudit est un film vraiment prenant, haletant, légèrement angoissant. La mise en scène est particulièrement précise avec une étonnante maîtrise du son, déjà parfaitement utilisé. Toute la carrière de Peter Lorre fut certainement marquée par ce M qu’il personnifie si parfaitement.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Peter Lorre, Ellen Widmann
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.
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M le maudit était vu ici sur DVD avec en supplément une analyse approfondie et assez passionnante des plans de la première séquence du film.
Voir aussi quelques éléments d’analyse filmique sur le site analysefilmique.free.fr

27 juin 2006

La règle du jeu (1939) de Jean Renoir

La règle du jeu Elle :
La règle du jeu fut honni à sa sortie pour cause d’irrévérence et de satire de l’aristocratie. En effet, Jean Renoir nous entraîne de façon jubilatoire dans les relations tumultueuses d’un marquis (Marcel Dalio) et sa femme slave. Le trait est vif et narquois pour cerner les attitudes, l’hypocrisie et les mensonges de la gent aristocratique. Ce qui est amusant aussi, c’est le parallèle que le cinéaste fait avec les domestiques qui ont les mêmes tourments amoureux que leurs patrons. Dans ce rôle, Julien Carette est inénarrable. Les scènes de la soirée chic où tous les carcans sociaux sautent sont truculentes. Jean Renoir s’y défoule à coeur joie.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il est toujours agréable de revoir ce film de Renoir, même s’il faut se replacer dans le contexte de l’époque pour apprécier toute la nouveauté et l’inventivité contenue dans ce film. Mordante satire de la (haute) bourgeoisie qui arrange (à vue) les règles sociales, le propos est servi par une mise en scène sans failles, très moderne.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marcel Dalio, Nora Gregor, Roland Toutain, Jean Renoir, Paulette Dubost, Julien Carette
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.

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22 juin 2006

Liebelei (1933) de Max Ophüls

Liebelei Elle :
Ce film dramatique met en scène deux lieutenants de garnison qui connaissent enfin l’amour avec deux jeunes femmes simples et sincères. Au travers de cette intrigue presque banale, Max Ophüls s’attache à faire transparaître des émotions au travers de ses personnages et ce qui les rend si touchants..
Note : 4 étoiles

Lui :
Liebelei est le film qui mit Max Ophüls sur le devant de la scène, c’est effectivement le premier grand film d’Ophuls mais c’est le dernier qu’il fit en Allemagne : devant la montée du nazisme, il émigrera quelques mois plus tard et réalisera même une version française de ce film, « Une histoire d’amour » (1933), en faisant doubler certains acteurs et en introduisant des acteurs français. C’est toutefois cette première version allemande qui est la plus réussie, un cinéma intimiste tout en délicatesse qui tranche franchement avec la tendance de l’époque vers le réalisme. Dans cette histoire d’amour tragique, Ophüls nous place très près de ses personnages et de leurs émotions. Magda Schneider est particulièrement touchante de simplicité. Sa fille, Romy Schneider, tournera un remake de ce film en 1958 (« Christine » par Pierre Gaspard-Huit), un film qui hélas a laissé une trace plutôt comme point de départ de l’idylle Romy Schneider / Alain Delon que pour ses qualités cinématographiques…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Magda Schneider, Wolfgang Liebeneiner
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Voir aussi la fiche de Une histoire d’amour (1933) et celle de Christine (1958)

19 juin 2006

Si j’avais un million (1932) d’ Ernst Lubitsch, Norman Taurog, James Cruze, H. Bruce Humberstone, Norman McLeod, Stephen Roberts, William A. Seiter & Lothar Mendes

Titre original : « If I had a million »

If I Had a MillionElle :
(pas vu)

Lui :
Célèbre film à sketches du début des années 30 basé sur un scénario simple : à la veille de sa mort, un industriel richissime, déçu par la cupidité de ses proches, décide de donner un million de dollars à huit inconnus pris au hasard dans l’annuaire. Cet argent tombé du ciel va bien entendu avoir des conséquences très différentes selon les cas. Les sketches sont assez inégaux, tous remplis de cet humour un peu grinçant des années trente, humour même franchement noir pour l’un des sketches. Celui avec WC Fields est complètement farfelu. L’attribution des sketches aux différents réalisateurs est assez incertaine mais Lubitsch aurait signé le très court (mais excellent) sketch avec Charles Laughton. Parmi les scénaristes, on peut noter la présence du jeune Joseph Mankiewicz.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Bennett, Gary Cooper, W.C. Fields, Charles Laughton, George Raft
Voir la fiche du film sur le site imdb.com.

21 mai 2006

Königsmark (1935) de Maurice Tourneur

Königsmark Elle :
Une adaptation du roman de Pierre Benoit que j’aimais bien lire adolescente. Complot à la cour, mort suspecte du mari de la princesse, tels sont les ingrédients de ce film qui paraît assez artificiel dans sa mise en scène. L’adaptation est un peu inconsistante dans son scénario.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une histoire assez classique de princesse d’un petit état germanique au début du XIXe siècle, tout à fait dans le style Pierre Benoit. Ce n’est pas franchement mal fait, mais pas franchement intéressant non plus. Vu actuellement, Königsmark apparaît surtout très kitsch…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Fresnay, Elissa Landi
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19 mai 2006

Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné

Hôtel du Nord Elle :
Très beau film populaire réaliste dans les magnifiques décors d’Alexandre Trauner aux éclairages noir et blanc contrastés. Le couple Jouvet / Arletty excelle grâce à ses dialogues gouailleurs et savoureux. Le couple Anabella / Jean-Pierre Aumont est très émouvant dans sa recherche d’un bonheur impossible. Les seconds rôles avec Bernard Blier, Paulette Dubost, François Périer contribuent fortement à mettre en avant cette atmosphère populaire et familiale. Une belle réussite qui parvient à traverser brillamment les générations.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est toujours un plaisir de voir ce petit bijou de Marcel Carné. Ses dialogues, notamment du couple Arletty/Jouvet, sont bien entendu mémorables mais aussi le scénario, l’équilibre global du film est exemplaire. Très complet, on y trouve aussi bien une étude de moeurs, qu’une intrigue policière ou encore une histoire d’amour. Marcel Carné, comme toujours, montre une très grande maîtrise de la mise en scène. Hôtel du Nord est un film qui ne vieillit pas.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Arletty, Annabella, Jean-Pierre Aumont, Bernard Blier
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Les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur Alexandre Trauner.

8 avril 2006

Le dernier tournant (1939) de Pierre Chenal

Le   dernier tournant Elle :
Film d’une grande intensité dans la noirceur des personnages et de leurs desseins. Le trio mari, femme, amant fonctionne bien. Michel Simon en mari naïf est convaincant. On peut cependant éprouver un certain détachement vis-à-vis du couple machiavélique tant la perversité de leurs projets est grande.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le dernier tournant est la toute première adaptation du roman de James Cain “Le facteur sonne toujours deux fois”, roman qui a été porté six fois à l’écran! Des personnages de cette version française émane la même force, la même intensité dans le dramatique que l’on trouvera dans les versions suivantes, voire même plus. Michel Simon joue sobrement, il est particulièrement convaincant, et les deux autres personnages sont tout aussi forts. Un beau film, peu connu.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Fernand Gravey, Michel Simon, Marcel Vallée, Florence Marly
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Le roman de James Cain a été porté 4 fois à l’écran :
Le dernier tournant de Pierre Chenal (1939) avce Michel Simon et Fernand Gravey
Ossessione (Les amants diaboliques) de Visconti en 1943.
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) célèbre film noir de Tay Garnett (1946) avec le couple Lana Turner / John Garfield,
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) de Bob Rafelson en 1981, version plus racoleuse avec Jessica Lange et Jack Nicholson.

A noter également une version hongroise en 1998 : « Szenvedély » de György Fehér, et une version malaise : « Buai laju-laju » (« Swing My Swing High, My Darling ») de U-Wei Haji Saari en 2004.
En outre, Chair de Poule de Julien Duvivier (1963) avec Robert Hossein et Catherine Rouvel présente de grandes analogies avec le roman de James Cain.

1 avril 2006

Le Schpountz (1938) de Marcel Pagnol

Le Schpountz Elle :
Talentueux et irrésistible duo d’acteurs que sont Fernandel et Fernand Charpin ! Marcel Pagnol se livre à une peinture acerbe du milieu du cinéma rongé par ses bassesses et intrigues. Irénée (Fernandel), un brave type naïf de Marseille qu veut devenir acteur est victime d’un canular tendu par une équipe de cinéma peu scrupuleuse. Malgré quelques longueurs, on passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sans être à la hauteur des meilleurs Pagnol, Le Schpountz permet de voir un Fernandel assez exceptionnel et des scènes bien pittoresques de “pagnolade” avec un Fernand Charpin assez en forme lui aussi. Les autres acteurs sont nettement un ton en dessous et l’ensemble est un peu décousu, Pagnol oscillant entre la comédie franche et les réflexions sur le monde du cinéma, sur la fonction du comique, réflexions intéressantes mais bien mal amenées. L’ensemble reste néanmoins très plaisant 65 ans après sa sortie, comportant même quelques scènes d’anthologie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Fernandel, Orane Demazis, Fernand Charpin
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Pagnol sur le site imdb.com.
Note : ce film a eu un remake en 1999 réalisé par Gérard Oury.

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