28 mars 2005

Les carabiniers (1963) de Jean-Luc Godard

Les CarabiniersElle :
Ce film de Godard fut tourné la même année que Le Mépris. Quelle différence de qualité entre ces deux films ! Les Carabiniers n’est en effet pas son film le plus abouti, réalisé avec des bouts de ficelle et en trois semaines seulement. Il traverse assez mal le temps. La bande-son frise parfois le ridicule. Seul le manifeste anti-guerre reste intéressant. Sous la forme d’une fable satirique et absurde, il met en scène deux hommes auxquels les carabiniers promettent mille merveilles s’ils partent faire la guerre. Ceux-ci se comportent comme des sauvages et rentrent avec des centaines de cartes postales comme trésor de guerre.
Note : 2 étoiles

Lui :
Cette dénonciation de la guerre, sous la forme d’une pseudo farce ubuesque, est vraiment bâclée. La bande son et l’image sont épouvantablement rudimentaires, Godard l’a d’ailleurs tourné en moins de trois semaines. Sur le fond, Jean-Luc Godard dénonce bien les méfaits de la guerre et de l’attirance vers l’argent, mais il le fait vraiment sans nuance… Tout sent la précipitation et la rapidité, y compris quand il rend un hommage aux Frères Lumière. Si ce film pouvait avoir un rôle de trublion à jouer au moment de sa sortie en 1963, il revêt beaucoup moins d’intérêt 40 ans plus tard.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Juross, Marino Massé, Catherine Ribeiro, Geneviève Galéa
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26 mars 2005

Une vie à t’attendre (2004) de Thierry Klifa

VieaattendreElle :
Un premier film pas mal mis en scène mais avec un sujet bien éculé et assez ennuyeux: les retrouvailles de deux amants après douze ans d’absence. Patrick Bruel incarne l’amant hésitant en permanence entre une nouvelle vie avec la jeune Claire ou refaire sa vie avec son ancienne compagne (Nathalie Baye) plus âgée que lui. Il sourit tout le temps et nous sert tout un flot de platitudes sur le sens de la vie. Le traitement du film est très convenu et bourré de clichés sur l’amour. Les seconds rôles qui gravitent autour des personnages principaux manquent d’épaisseur. Thierry Klifa a du mal à remplir et à finir son film.
Note : 2 étoiles

Lui :
Cette histoire d’amour inachevée il y a 15 ans est on ne peut plus conventionnelle, on y trouve toute la panoplie des dialogues de circonstance les plus banals et l’on a toujours l’impression de pouvoir prédire la suite. La mise en place des personnages est assez confuse. Patrick Bruel sourit beaucoup, il passe même tout le film à sourire (il faut reconnaître qu’il est d’ailleurs assez bon pour sourire, il pleure une fois vers la fin, mais c’est plus moyen…) Nathalie Baye sourit beaucoup aussi ; en revanche, les seconds rôles font franchement la gueule… Pour un premier film, la mise en scène est plutôt réussie mais le film est franchement desservi par un scénario trop faible et bien trop conventionnel.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Nathalie Baye, Patrick Bruel, Géraldine Pailhas
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24 mars 2005

Chemins de traverse (2004) de Manuel Poirier

CheminstraverseElle :
Manuel Poirier renoue avec le thème de l’errance de gens marginalisés qui ont coupé les ponts avec le travail et la famille. On retrouve à nouveau Sergi Lopez en père itinérant de ville en ville avec son fils de 16 ans. Il est à la recherche de quelque chose d’inaccessible et rate tout ce qu’il entreprend. Le fils subit ce mode de vie l’excluant de toute vie sociale mais reste très attaché à ce père inconscient. Il finit par prendre les choses en main sans heurter le père et les rôles s’inversent. Le réalisateur parvient à relater les problèmes de communication et les relations tendues de ces deux personnages avec sensibilité. C’est par petites touches, avec des longs silences, des regards, des tons de voix qu’il arrive à exprimer ce que ce père et ce fils ne parviennent pas à se dire. Un film très touchant.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sur une histoire qui aurait pu être terne et démoralisante, Manuel Poirier réussit à faire un film plein de demi-teintes et de délicatesse, sans forcer le trait, sans caricaturer ses personnages. De ce fait, on se sent très proche du personnage interprété par Sergi Lopez, personnage sans domicile fixe, entraînant son fils de ville de ville enchaînant les boulots tous aussi foireux les uns que les autres. On voit le rapport entre lui et son fils évoluer, empreint d’une certaine connivence et d’un amour certain, malgré un mutisme ambiant. C’est la force de ce rapport qui au final est toute leur richesse.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sergi Lopez, Kevin Miranda
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23 mars 2005

Les Choristes (2004) de Christophe Barratier

ChoristesElle :
Blockbuster français de l’année 2004, ce film remporta les suffrages grâce aux thèmes pleins de bons sentiments qu’il développe : nostalgie d’une certaine enfance de l’après-guerre, mise en lumière des humbles tel ce surveillant au cœur d’or interprété par Gérard Jugnot, amour et mise en valeur de ces enfants turbulents ou abandonnés grâce au chant. Les tyranniques et caractériels comme le directeur de l’internat sont vilipendés. Christophe Barratier dresse le portrait d’une école où tout est noir ou blanc, les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Les problèmes de comportement s’y résolvent un peu trop simplement grâce à la chorale. Les protagonistes sont assez caricaturaux et on ne croit guère à un internat qui ne comporte qu’une seule classe. Cette vision idéalisée en fait un film gentillet qui se laisse regarder sans déplaisir mais sans grand enthousiasme.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est un film plein de bonnes intentions, auquel on peut certainement reprocher son côté simple et presque caricatural car les personnages sont vraiment très typés. A part le méchant directeur… qui est vraiment méchant, tous les autres ont un bon fond qui ne demande qu’à être révélé. C’est un film optimiste qui se laisse regarder sans déplaisir, mais auquel on ne peut demander beaucoup plus.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Jugnot, François Berléand
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22 mars 2005

La vie ne me fait pas peur (1999) de Noémie Lvovsky

ViefaitpaspeurElle :
Décidément, je n’accroche pas aux films de Noémie Lvovsky. Je trouve ses films assez superficiels. Elle s’attache trop aux apparences et pas assez à son scénario. Elle filme des tranches d’adolescence des années 70 et les parsème de quelques trouvailles visuelles humoristiques. Je suppose qu’il s’agit de son parcours personnel. Les personnages sont assez outranciers et ennuyeux.
Note : 1 étoiles

Lui :
Il est un peu difficile de s’intéresser à ces quatre adolescentes que l’on voit évoluer sur plusieurs années, il faut dire que dès le début on est assailli, presque agressé, par force cris et jeux de gamines futiles, la réalisatrice ayant peut-être cherché à recréer un univers qu’elle avait personnellement connu.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Magali Woch, Ingrid Molinier, Julie-Marie Parmentier, Camille Rousselet, Valeria Bruni TedeschiVoir la fiche du film et la filmographie de Noémie Lvovsky sur le site IMDB.

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18 mars 2005

Violence des échanges en milieu tempéré (2003) de Jean-Marc Moutout

Echanges tempereElle :
Le réalisateur évite les clichés caricaturaux sur le monde de l’entreprise et privilégie l’analyse étayée des rapports sociaux entre employés et dirigeants. On découvre cet univers au travers d’un jeune consultant (Jérémie Renier) qui doit faire un audit précis d’une entreprise afin qu’elle puisse être rachetée par un grand groupe. Le jeune homme est confronté entre son désir de réussir professionnellement et ses scrupules vis-à-vis des salariés qu’il doit interroger pour pouvoir les licencier ensuite. Doit-il se rebeller ou adhérer à la doctrine de son employeur « Work Hard, Play Hard » ? Jean-Marc Mourtout fait des portraits sensibles de tous ces personnages et montre les contradictions d’un monde où l’entreprise doit faire du profit pour survivre mais en même temps doit gérer des hommes qui lui ont permis d’être en place.
Note : 5 étoiles

Lui :
En évitant les écueils de la caricature et de la simplification, Jean-Marc Moutout réussit là un film qui montre bien la réalité des entreprises et notamment de ces audits. Le manichéisme est donc évité pour se concentrer sur les rapports humains. Ce n’est pas vraiment positif, dans le sens où le petit jeune qui monte accepte de jouer le rôle de coupeurs de têtes. La mise en scène est assez carrée et précise, à l’image du sujet. Bonne interprétation de Jérémie Rénier.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jérémie Renier, Laurent Lucas, Cylia Malki
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13 mars 2005

Demain on déménage (2004) de Chantal Akerman

DemenageElle :
Chantal Akerman surprend par son ton faussement enjoué bien loin des thèmes sombres de ses premiers films aux plans fixes interminables. C’est une sorte de comédie où la caméra virevolte dans un appartement désordonné habité par une jeune femme (Sylvie Testud) et sa mère (Aurore Clément). La réalisatrice projette la tragédie de sa famille juive dans le personnage de la jeune Charlotte et adopte un humour décalé et absurde pour parler de ces souffrances (on parle beaucoup de poulet au four…). Les dialogues sont pétillants lors de la visite de l’appartement par des visiteurs excentriques mais malheureusement, le tempo s’essouffle peu à peu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Chantal Ackerman nous livre là une petite fantaisie, abusant un peu de l’humour par l’absurde. S’il y a quelques passages intéressants et amusants, tel ce ballet de visiteurs pour acheter l’appartement, on se lasse tout de même car le but de l’ensemble n’est pas très visible (même si l’on peut y voir quelques allégories un peu tirées par les cheveux).
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Sylvie Testud, Aurore Clément, Jean-Pierre Marielle, Natacha Régnier
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6 mars 2005

L’ Esquive (2003) d’Abdel Kechiche

L'EsquiveElle :
Abdel Kechiche nous plonge brutalement dans un autre univers, coupé de tout où les adolescents ne communiquent qu’en criant ou en s’injuriant. Leur langage est incompréhensible tant il est haché. La violence des paroles traduit une grande colère qui s’extériorise en permanence. Nous sommes projetés sans ambages au cœur de cet univers d’un quartier de banlieue. Pendant un demi-heure, on se demande où on a atterri tant les échanges verbaux sont violents. Le seul rayon de soleil qui illumine les journées de ces ados est le théâtre. La pièce de Marivaux (Le Jeu de l’Amour et du Hasard) révèle que notre condition sociale d’origine nous colle à la peau et qu’il est très difficile d’en sortir. Le mélange des classes n’existe donc pas. Ce cinéma brut est parfois à la limite du supportable. C’est un constat amer et peu optimiste.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est un film assez étonnant, qui, dans un quartier de la banlieue parisienne, fait jouer à ses jeunes personnages des scènes de Marivaux pour montrer la difficulté de sortir de son milieu. En dehors de ces scènes, on voit une relation tenter de se tisser entre un garçon, utilisant (malgré lui) des méthodes presque mafieuses pour déclarer son amour à sa belle. Le parallèle et l’opposition sont assez brutaux mais efficaces. Le film est très réaliste, utilisant des cadrages serrés sur les personnages dont les dialogues sont le plus souvent vraiment durs à suivre tant ils sont « réalistes ».
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sara Forestier, Osman Elkharraz
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14 février 2005

Saltimbank (2003) de Jean-Claude Biette

SaltimbankElle :
Film hermétique et ennuyeux dans le genre intellectuel parisien gonflant. On se retrouve au sein d’une troupe de théâtre qui éprouve des difficultés existentielles. Le monde de l’argent s’oppose au monde de la création. Tous les personnages font une tête d’enterrement et on ne sent absolument pas concerné par leurs problèmes. Les liens qui relient tous ces gens sont confus et participent à cette sensation d’indifférence.
Note : 2 étoiles

Lui :
Semblant ne pas suivre de trame, Jean-Claude Biette se laisse porter par son inspiration pour nous livrer un ensemble pêle-mêle de scènes. L’ensemble se passe dans un milieu intellectuel très parisien, semblant ne se préoccuper que de théâtre. Le résultat est à l’image des personnages : assez ennuyeux et plutôt vide.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jeanne Balibar, Jean-Marc Barr, Jean-Christophe Bouvet
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22 janvier 2005

« Derrière la façade » (1939) de Georges Lacombe et Yves Mirande

Derrière la façadeElle :
Bonne enquête policière bien enlevée avec toute une pléiade d’acteurs de renom et de seconds rôles aux visages familiers (Jules Berry, Gaby Morlay, Elvire Pöpesco, Michel Simon, Von Stroheim, Julien Carette etc…). L’enquête sur le meurtre d’une propriétaire d’un immeuble nous conduit dans chacun des appartements. On y fait la rencontre de personnages loufoques qui ont tous quelque chose à se reprocher. Les apparences de façade vacillent. L’humour est également au rendez-vous avec les querelles des deux inspecteurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film de la fin des années 30 est un grand patchwork tout en formant un bel ensemble: Tout d’abord, on est étonné par la profusion d’acteurs vedettes et ensuite, le scénario se prête parfaitement à toute cette série de portraits différents, qui sont un étonnement permanent, une surprise à chaque fois que l’on pousse une porte dans cet immeuble où deux policiers font une enquête sur un meurtre. Il y a d’ailleurs beaucoup d’humour engendré par cette rivalité entre les deux policiers. Même si la peinture sociale reste au niveau des clichés, le film est une réussite qui garde toute sa fraîcheur et son mordant quelque 65 ans plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jules Berry, Gaby Morlay, Elvire Popesco, Michel Simon, Erich Von Stroheim, Julien Carette
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