17 décembre 2008

Reine de beauté (1935) de Mervyn LeRoy

Titre original : « Page Miss Glory »

Reine de beauté Elle :
(pas vu)

Lui :
Un trio de petits escrocs mondains invente une Reine de Beauté grâce à un montage photographique. Forcés de la montrer à la presse, ils demandent à une jeune femme de chambre naïve et fraîchement arrivée de sa campagne natale d’incarner cette femme idéale. C’est un film assez peu connu de Mervyn LeRoy mais étonnamment réussi, une comédie très bien équilibrée, légère et fertile en rebondissements. La Reine de Beauté est Marion Davies mais contre toute attente ce n’est pas elle que le film met le mieux en valeur (1). Reine de BeautéReine de BeautéLe film repose beaucoup plus sur Pat O’Brien, parfait en escroc qui retombe toujours sur ses pieds, et aussi sur de très bons seconds rôles : Dick Powell, très amusant en amoureux déterminé, et Mary Astor, discrète mais efficace. Le scénario, adaptation d’une pièce bien rodée à Broadway, se déroule parfaitement. Bien que rien ne la fasse vraiment sortir du lot, Reine de Beauté fait partie de ces excellentes comédies des années trente qui sont toujours très plaisantes à regarder soixante-quinze ans plus tard.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Marion Davies, Pat O’Brien, Dick Powell, Mary Astor, Frank McHugh
Voir la fiche du film et la filmographie de Mervyn LeRoy sur le site IMDB.
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Marion Davies(1) Reine de Beauté est le premier des quatre films que Marion Davies tournera pour la Warner. Depuis longtemps la maîtresse de Randolph Hearst (qui avait créé pour elle une compagnie de production, la Cosmopolitan, et qui lui restera fidèle jusqu’à sa mort), Marion Davies passa à la Warner quand le milliardaire rompit avec la MGM. La Warner ne crut jamais en elle et ces quatre films termineront sa carrière d’actrice. Plus que dans Citizen Kane (où elle est caricaturée par Welles), le personnage de Marion Davies est mis en scène dans Citizen Welles (RKO 281, 1999) de Benjamin Ross où elle est incarnée par Melanie Griffith et dans le film de Peter Bogdanovich Un parfum de meurtre (The cat’s meow, 2005) où elle est incarnée par Kirsten Dunst. A noter aussi, le téléfilm The Hearst and Davies affair (Le scandale Hearst) de David Lowell Rich (1985) où elle est incarnée par Virginia Madsen.

11 décembre 2008

Quinze jours ailleurs (1962) de Vincente Minnelli

Titre original : « Two weeks in another town »

Elle :
(pas vu)

Two Weeks in Another TownLui :
Minnelli tourne Quinze jours ailleurs dix ans après Les Ensorcelés et il est difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux films. Un acteur déchu, sortant d’une grave dépression, part retrouver à Rome un réalisateur sur le déclin pour tenter de faire repartir sa carrière. Minnelli se penche donc à nouveau sur le monde du cinéma, avec un regard certainement encore plus dur cette fois : pour tourner, le cinéaste vieillissant de son histoire est contraint d’aller à Rome et de se mettre à la merci de producteurs aux vues bassement mercantiles. Et l’on retrouve toujours ces querelles, ces haines et luttes d’influence et aussi une pléthore d’imbéciles. Le tableau que dresse Minnelli est donc assez sombre, lugubre même. Un beau sujet. Quinze jours ailleurs Mais Quinze jours ailleurs semble globalement manquer de cohérence, les personnages principaux ont des motivations pas toujours très claires, les seconds rôles sont peu précis, ils se contentent d’être odieux. Le personnage de l’ex-femme (Cyd Charisse) est étonnamment peu présent alors qu’il s’agit du troisième rôle. Le film aurait beaucoup souffert d’un montage fait à la hussarde par la MGM, ce qui expliquerait beaucoup de choses. La scène finale où Kirk Douglas et Cyd Charisse foncent en décapotable pour tenter d’aller s’écraser sur un mur est restée célèbre (elle est toutefois suivie d’une courte scène de happy-end simplet, très hollywoodien).
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Kirk Douglas, Edward G. Robinson, Cyd Charisse, George Hamilton, Daliah Lavi, Claire Trevor
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9 décembre 2008

Le Caïd (1942) de Lewis Seiler

Titre original : « The Big Shot »

Le CaïdElle :
(pas vu)

Lui :
Tourné par Bogart juste avant Casablanca, Le Caïd s’inscrit pleinement dans la lignée des films de gangster de la Warner. Cette histoire d’un truand qui essaie en vain de se ranger après 3 condamnations n’est pas sans rappeler les films précédents de Bogart, notamment High Sierra (La grande évasion). Seulement voilà, Lewis Seiler n’est pas Raoul Walsh, loin de là, et l’ensemble est moins fougueux, beaucoup plus terne. Il faut aussi reconnaître que la période,Le Caïd 1942 avec l’entrée en guerre imminente des Etats-Unis, n’est plus tellement propice à ce genre d’histoires de petit caïd. Ce sera d’ailleurs quasiment le dernier rôle de truand qu’Humphrey Bogart interprétera. On retrouve le thème de la fatalité, l’homme qui ne peut échapper à son destin. La dernière partie est plus prenante avec notamment une belle poursuite finale dans la neige (que, parait-il, Truffaut aimait beaucoup…) Sans être vraiment mal fait, Le Caïd manque de flamboyance pour être vraiment notable.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Irene Manning, Richard Travis, Susan Peters
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Homonyme :
Le Caïd de Bernard Borderie (1960) avec Fernandel.

8 décembre 2008

Mère fille, Mode d’emploi (2007) de Garry Marshall

Titre original : « Georgia rule »

Mère fille, Mode d’emploiElle :
Lé début du film ne laisse rien augurer de bon et l’on semble parti pour une comédie sans grand intérêt (Abandon).
Note : Pas d'éheight=

Lui :
Mère fille, Mode d’emploi démarre effectivement très mal ; la mise en place, particulièrement conventionnelle, évoque plutôt l’atmosphère d’une série télé que celle d’un film. La suite se révèle être hélas dans la même veine, insipide et sans surprise, restant dans les stéréotypes et les moules hollywoodiens réglementaires. Felicity Huffman et Lindsay Lohan ne laisseront certainement pas de traces durables dans le cinéma (en tous cas, pas pour ce film-là) et ce n’est pas la rare Jane Fonda qui peut remonter ici le niveau, car malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour elle, il faut bien reconnaître qu’elle ne s’est jamais montrée grande actrice.
Note : 1 eacute;toiles

Acteurs: Jane Fonda, Lindsay Lohan, Felicity Huffman, Dermot Mulroney, Cary Elwes
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6 décembre 2008

Baby Boy Frankie (1961) de Allen Baron

Titre original : « Blast of silence »

Baby Boy FrankieFrankie Bono est un homme solitaire. Frankie Bono est un tueur à gages. Il arrive à New York la veille de Noël pour prendre commande d’un contrat… Blast of Silence est (du moins, était) une rareté, un film noir écrit, réalisé et interprété par Allen Baron dont c’est la première réalisation (1). Il aura fallu attendre 45 ans pour que le film sorte en France. Le film n’est pas sans défaut mais se révèle assez étonnant, héritier des films noirs des années 50 et préfigurant ceux des années 60 et même 70. C’est Allen Baron qui joue lui-même le rôle principal d’un tueur à gages qui vient exécuter un contrat à New York. La grosse originalité de Baby Boy Frankie est d’avoir une voix-off tout au long du film, sorte de voix intérieure du tueur qui se parle à lui-même. Cette voix, grave et chaleureuse (bien qu’il ne soit pas au générique, on sait maintenant qu’il s’agit de Lionel Stander), donne une certaine humanité à ce tueur à gages alors qu’il prépare son mauvais coup. Le climat est assez lourd mais sans excès, fataliste et mélancolique surtout,  filmé en décors réels dans le New York nocturne ou en plein jour dans des rues désertes et froides (nous sommes à la veille de Noël). Vu avec le recul, Baby Boy Frankie apparaît comme un précurseur, il semble préfigurer de nombreux films, Le Samouraï de Melville s’il n’y en avait qu’un à citer.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker
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Baby Boy FrankieRobert De Niro dans un film de Scorsese ? Non, Allen Baron dans son propre film : Baby Boy Frankie (1961)

Remarques :
* La voix-off est celle de Lionel Stander (le gangster de Cul-de-sac). Il ne figure pas au générique.
* Merrill S. Brody est à la fois directeur de la photographie, caméraman et producteur.
* Martin Scorsese, qui a vu Blast of Silence à sortie alors qu’il était étudiant, en a souvent parlé comme un film qui l’a marqué.

(1) Allen Baron tournera ensuite essentiellement des séries TV.

6 décembre 2008

Hors d’atteinte (1998) de Steven Soderbergh

Titre original : Out of sight

Hors d'atteinteElle :
(En bref) Un braqueur de banques assez brillant s’évade et prend en otage une femme policier. Celle-ci fait ensuite tout pour le retrouver. Hors d’atteinte nous fait passer un bon moment. Construction filmique originale entremêlée de flashbacks.
Note : 4 étoiles

Lui :
(En bref) Excellent polar. Soderbergh s’appuie sur un scénario plutôt original pour créer des personnages forts avec, comme toujours, une structure du récit surprenante. Bref du bon et intense cinéma.
Note : 4 étoiles

Acteurs: George Clooney, Jennifer Lopez, Ving Rhames
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5 décembre 2008

Le voile des illusions (2006) de John Curran

Titre original : « The painted veil »

Le Voile des IllusionsElle :
Dans cette adaptation classique du roman de Somerset Maugham, on retrouve l’univers du voyage lointain cher à l’écrivain. Dans la Chine des années 20 avec la présence voyante des colons anglais, nous plongeons dans une histoire d’amour ratée à la suite d’un mariage arrangé par la famille. La jeune femme plutôt frivole et bourgeoise se retrouve aux côtés d’un mari médecin austère et peu communicatif. Abandonnée par son amant, elle se retrouve propulsée aux côtés de son mari dans un tout autre monde, un monde miséreux contaminé par le choléra. C’est le début pour elle d’une toute autre vie. Les décors dans les montagnes en pain de sucre sont grandioses. On passe un bon moment.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le Voile des Illusions est la troisième adaptation du roman homonyme de W. Somerset Maugham, une histoire très romanesque, genre qui a toujours du mal à passer auprès de la Critique cinématographique mais qui ne manque pas de charme lorsque la réalisation sait trouver un bon équilibre. Et c’est le cas ici, John Curran évite les écueils et clichés et nous livre une histoire assez délicate dans laquelle on se laisse glisser avec plaisir. Se déroulant dans la Chine des années 1920, sur fond d’épidémie de choléra, cette histoire d’amour est portée par un beau duo d’acteurs, Noami Watts et Edward Norton avec un jeu tout en retenue. La photographie est, comme il se doit dans ce genre, assez belle et Le Voile des Illusions captive sans que l’on n’y prenne garde.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Naomi Watts, Edward Norton, Liev Schreiber, Toby Jones, Diana Rigg
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Précédentes adaptations du roman :
The painted veil (Le Voile des illusions, 1934) de Richard Boleslawski avec Greta Garbo et Herbert Marshall
La passe dangereuse (The seventh sin) de Ronald Neame (1957) avec Eleanor Parker et Jean-Pierre Aumont

4 décembre 2008

Madame porte la culotte (1949) de George Cukor

Titre original : « Adam’s rib »

Madame porte la culotteElle :
(pas vu)

Lui :
Madame porte la culotte est bien une comédie, certes, mais son propos se situe bien au dessus de la vulgarité que ce titre français idiot laisserait supposer. Le titre anglais, « la côte d’Adam », est subtilement ironique puisque le film de Cukor met en scène de façon amusante l’égalité des sexes (1). Katharine Hepburn et Spencer Tracy, mari et femme, tous deux avocats, vont s’affronter dans une affaire où une femme a tiré sur son mari volage. Le féminisme est ici traité sans perfidie et le parallèle entre les scènes de tribunal et les scènes du couple le soir est l’occasion de très bons dialogues, un véritable jeu de ping-pong entre nos deux acteurs qui se connaissent bien (Tracy et Hepburn ont tourné 9 fois ensemble dont 3 fois avec Cukor). George Cukor est particulier inventif avec son jeu de caméra, utilisant largement et parfois à contre-emploi les plans fixes : l’un d’entre eux, un plan fixe de plus de sept minutes pendant l’interrogatoire de l’accusée par Katharine Hepburn, est resté célèbre. Madame porte la culotte (quel titre… !) n’a pratiquement pas vieilli, ce qui n’est pas toujours le cas des films de cette époque traitant de l’égalité des sexes. Il le doit au talent de Cukor et à ses deux acteurs principaux dont le duo n’a jamais été si brillant et plein de verve.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Katharine Hepburn, Judy Holliday, Tom Ewell, David Wayne
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Homonyme :
Adam’s Rib (La rançon d’un trône) de Cecil B. deMille (1923)

(1) Dans la Bible, Dieu a créé Ève à partir d’une côte d’Adam… Pour accentuer l’ironie, le personnage joué par Spencer Tracy s’appelle Adam.

28 novembre 2008

La lettre (1940) de William Wyler

Titre original : « The letter »

La lettreElle :
(pas vu)

Lui :
La lettre est un film plutôt mal connu qui, de plus, pâtit certainement de la mauvaise image de William Wyler auprès des cinéphiles. Cette (deuxième) adaptation d’une pièce de W. Somerset Maugham est pourtant remarquable. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder simplement la magistrale scène d’ouverture avec un travelling latéral sur une plantation de Singapour à la nuit tombée : le jeu sur les ombres et la lumière préfigure tout le film. Sur le perron, une femme tire plusieurs fois à bout portant sur un homme. Une fois la police sur place, elle raconte comment l’homme a voulu abuser d’elle. William Wyler crée un climat très fort et La Lettre ne montre aucune baisse d’intensité pendant ses 90 minutes. Ce climat joue sur l’exotisme du lieu, bien entendu, mais assez peu finalement : il doit beaucoup plus à l’éclairage et à l’ambivalence de son héroïne. Oui, car il y a Bette Davis… Elle occupe l’écran comme à son habitude, tendant à éclipser ses partenaires, remarquable d’ambiguïté ingénue. La Lettre repose bien entendu beaucoup sur elle mais aussi sur la précision de la mise en scène de William Wyler. Un film qui vaut vraiment la peine d’être découvert.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Herbert Marshall, James Stephenson, Gale Sondergaard
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Autres adaptations de la pièce de Somerset Maugham :
The Letter de Jean de Limur (1929) film muet avec Jeanne Eagels. A noter que Herbert Marshall qui tient le rôle du mari dans la version de Wyler jouait le rôle de l’amant dans la version de 1929.
L’infidèle (The unfaithful) de Vincent Sherman (1947) avec Ann Sheridan.
La pièce fut de plus adapté deux fois à la télévision, une fois en 1956 par… William Wyler et une seconde fois en 1982 par John Erman.

Homonyme :
La lettre de Manoel de Oliveira (1999) avec Chira Mastroianni.

27 novembre 2008

Moi, toi et tous les autres (2005) de Miranda July

Titre original : « Me and you and everyone we know »

Moi, Toi et tous les AutresElle :
Un film original au ton nouveau qui dépeint les névroses de société américaine de consommation. Une vidéaste rêveuse et poétique interprétée par Miranda July est en quête d’amour tout comme les personnages qu’elle côtoie : un père séparé dont elle tombe amoureuse, ses jeunes enfants qui tiennent des discussions pornographiques sur internet en donnant des rendez-vous, des retraités désabusés sur leur couple, une petite fille qui constitue minutieusement sa dot, de jeunes adolescentes qui rêvent de séduire des hommes plus âgés qu’elles. Tous ses personnages aspirent à s’affranchir de leur âge, croyant ainsi trouver le bonheur. Ils évoluent entre burlesque, fantaisie mais aussi mélancolie. Ils semblent englués dans leur condition et quotidien tant que l’affection, l’amour, le regard des autres n’effleurent pas leur vie personnelle.
Note : 3 étoiles

Lui :
Moi toi et tous les autres apparaît comme un ensemble de fragments de vie de plusieurs personnages d’un quartier de petite cité nord-américaine. Ils ont tous en commun d’être assez décalés : les enfants ont des préoccupations ou des aspirations d’adultes et les adultes semblent ne pas trouver leur place et montrent un fort mal-être affectif. L’ensemble est franchement original et amusant, tirant assez souvent sur la gaminerie, mais le fond du propos est plutôt désabusé. On peut probablement lui reprocher d’avoir une portée un peu limitée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Hawkes, Miranda July, Miles Thompson
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