Titre original : « What’s up, Doc? »
Elle :
(pas vu)
Lui :
Le titre français peut laisser craindre le pire mais tel n’est pas le cas. Ancien critique de cinéma, Peter Bogdanovich a toujours montré son amour du cinéma et avec On s’fait la valise, Docteur ? c’est aux comédies des années 30 et aux films burlesques du cinéma muet qu’il désire rendre hommage. Un docteur en musicologie lunaire et distrait vient à San Francisco pour essayer de décrocher un financement auprès d’une fondation. Il rencontre en chemin une jeune femme assez extravagante. On reconnaît là la base de départ de L’Impossible Monsieur Bébé mais Bogdanovich exploite cette situation de façon différente puisque vient se greffer une histoire de valises identiques dont l’une est recherchée par un agent secret et l’autre par des malfrats. S’ensuit une série de quiproquos et de gags. L’humour est bien dosé, jamais trop répétitif. Peter Bogdanovich parvient surtout à trouver un très bon rythme, l’ensemble étant ponctué par d’excellentes scènes : dans le drugstore, au restaurant, la mise à sac d’une chambre d’hôtel en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, une course poursuite dans les rues de San Francisco pittoresque et passablement mouvementée et, pour finir, une scène de tribunal absolument hilarante. Barbra Streisand est merveilleuse en petit lutin facétieux, c’est un vrai plaisir de la voir usurper sans hésitation l’identité de la fiancée, et Ryan O’Neal (qui venait de faire pleurer la terre entière dans Love Story) est tout à fait à son aise dans son personnage gauche et naïf. L’ensemble est vraiment très drôle ; malgré les mauvaises critiques de l’époque, On s’fait la valise, Docteur ? est une réussite.
Note :
Acteurs: Barbra Streisand, Ryan O’Neal, Madeline Kahn, Austin Pendleton, Liam Dunn
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Bogdanovich sur le site IMDB.
Voir les autres films de Peter Bogdanovich chroniqués sur ce blog…
Remarque :
* Le titre anglais What’s up Doc ? (« Quoi de neuf, Docteur ? ») fait bien entendu référence à Bugs Bunny et c’est la première phrase que dit Barbra Streisand à Ryan O’Neal, tout en croquant négligemment une carotte…
* Ce film est souvent décrit comme étant un hommage aux screwballs comedies et aux slapstick comedies.
Screwball est un terme employé pour désigner les comédies des années 30 reposant sur des situations saugrenues, souvent dans les rapports homme-femme, et un excellent rythme dans les dialogues et l’enchaînement des situations (Frank Capra, Howard Hawks, Ernst Lubitsch, etc…).
Slapstick désigne le type d’humour reposant sur des fausses violences physiques, comme frapper quelqu’un avec une poêle à frire sur la tête (avec en bruitage un gros « bong »). Dans la Comedia dell’arte, on frappait deux morceaux de bois (Slapstick en anglais) pendant qu’un acteur donnait un grand coup de pied aux fesses à un autre (par exemple). D’où le nom… C’est le type d’humour que l’on rencontre majoritairement dans le cinéma muet (Mack Sennett, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Laurel et Hardy, …). C’est aussi le type d’humour de nombre de dessins animés (Tom et Jerry par exemple)
Voilà, c’était la séquence : « Je brille dans les dîners »…