9 août 2008

Le roi et l’oiseau (1979) de Paul Grimault

Le roi et l’oiseauElle :
(pas vu)

Lui :
En 1950, Paul Grimault avait réalisé La Bergère et le ramoneur, un dessin animé (le premier long métrage français d’animation) adapté d’un conte d’Andersen avec l’aide de Jacques Prévert. Le film ne sortira que 3 ans plus tard après avoir été remanié et dénaturé par les producteurs. 17 ans plus tard, Paul Grimault reprend le projet pour le réaliser vraiment selon ses intentions premières et celles de Jacques Prévert. Il ne garde qu’une vingtaine de minutes de la première version. Le Roi et l’Oiseau met en scène un roi despotique et imbu de son image qui traque sans répit une jeune bergère qu’il veut épouser et le jeune ramoneur avec lequel elle s’est enfuie. Les décors sont à la mesure de l’ego du roi, démentiels et démesurés tout en restant très beaux et parfois aériens. Certaines parties sont copiées sur Venise et la basse cité évoque Metropolis. De nombreux mécanismes rendent ces décors vivants, avec moult trappes pour les importuns (!), le plus volumineux étant un géant de métal que le roi utilise comme arme d’anéantissement. On sent la plume de Prévert dans les textes et les gags parsèment tout le film. Pamphlet contre la tyrannie et l’oppression, Le Roi et l’Oiseau est vraiment remarquable, une perle rare dans le cinéma d’animation.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: (voix) Jean Martin, Pascal Mazzotti, Raymond Bussière
Voir la fiche du film et la filmographie de Paul Grimault sur le site imdb.com.

8 août 2008

Adieu Cuba (2005) de Andy Garcia

Titre original : « The Lost City »

Adieu CubaElle :
Certes, Andy Garcia nous offre de belles images d’un Cuba de carte postale… mais cela ne suffit pas à rendre le film intéressant. Le scénario de cette saga familiale située au moment de l’arrivée de Fidel Castro est particulièrement confus avec des digressions interminables et souvent un peu mièvres. La multiplicité des morceaux de musique composés par l’acteur-réalisateur est agaçante car ils prennent beaucoup trop de place. La présence inutile de Bill Murray et Dustin Hoffman ne fait qu’alourdir l’ensemble. Bref, on s’ennuie ferme.
Note : 1 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, l’acteur Andy Garcia a tenu à rendre hommage à son pays natal. Adieu Cuba retrace le passage de la révolution castriste vue des yeux d’un directeur de club qui tente de préserver l’intégrité de sa famille et son amour pour une femme. Le projet était ambitieux, peut-être trop car Andy Garcia tombe indéniablement dans l’écueil de vouloir trop en faire. Certains effets de montage sont très maladroits telle cette attaque du palais présidentiel entrecoupée de flashs de show musical, le tout sur fond de musique tonitruante. La musique, justement, est extrêmement présente, insistante et au final embarrassante au point de provoquer un sentiment d’overdose. Andy Garcia a lui-même composé et assemblé pas moins de 40 morceaux ! Le film est très long (2h19) et il est difficile de dire si le scénario, mieux traité, aurait pu se révéler être un tant soit peu intéressant.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Andy Garcia, Inés Sastre, Bill Murray, Nestor Carbonell, Dustin Hoffman
Voir la fiche du film et la filmographie de Andy Garcia sur le site IMDB.

7 août 2008

2 Days in Paris (2007) de Julie Delpy

2 Days in ParisElle :
Julie Delpy a bien du talent non seulement de comédienne mais aussi de réalisatrice. Ce premier film révèle un ton très personnel à mi-chemin entre les prises de tête à la Woody Allen et la légèreté des films français d’auteur. La fraîcheur, la spontanéité, l’humour, l’anticonformisme mais aussi la gravité émanent de cette histoire de couple qui ne parvient pas à trouver l’accord parfait entre la France et l’Amérique. Les dialogues et situations sont souvent hilarants. On passe un bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
Marion, française d’origine, vit à New York avec Jack. Au retour d’un voyage à Venise, ils repassent par Paris, l’occasion pour Marion de revoir parents et amis. 2 days in Paris est vraiment un film de Julie Delpy, puisqu’elle y fait tout : scénario, rôle principal, réalisation, montage. Elle parvient à trouver un style bien à elle, un style qui fait penser à Woody Allen bien entendu mais dans une tonalité différente. Son style se sent dans l’écriture, dans le ton libre et relevé et aussi dans un humour omniprésent qui se moque de tous nos petits travers de français sans que la critique ne soit très virulente toutefois (sauf pour les chauffeurs de taxi qui ne sont pas gâtés…) L’américain lui permet de jouer avec le décalage et le recul, ce qui donne des scènes parfois hilarantes. Mais il y aussi un certaine sensibilité, une vision sur la vie à deux, la façon de faire durer une relation, de dépasser l’éphémère. Julie Delpy s’est visiblement beaucoup impliquée dans 2 Days in Paris. A noter que ce sont ses propres parents qui interprètent les rôles du père et de la mère (aussi pittoresques l’un que l’autre). Ce second long métrage de l’actrice est une belle réussite, une comédie française d’un ton nouveau.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Julie Delpy, Adam Goldberg, Daniel Brühl, Marie Pillet, Albert Delpy, Aleksia Landeau, Adan Jodorowsky
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6 août 2008

Le paradis des mauvais garçons (1952) de Josef von Sternberg et Nicholas Ray

Titre original : « Macao »

Le paradis des mauvais garçonsElle :
(pas vu)

Lui :
C’est contraint et forcé que Josef von Sternberg a accepté de tourner Macao, Le Paradis des mauvais garçons et son manque d’enthousiasme se perçoit dans le film. Il n’avait pas participé à l’écriture du scénario comme à son habitude. On peut considérer qu’il s’agit plutôt d’un film de producteur, en l’occurrence Howard Hughes, qui imposa également les deux acteurs vedettes : Robert Mitchum et Jane Russell, « sa » création, actrice qui le fascinait toujours autant. Sternberg n’aimait ni l’un ni l’autre… Quant à Gloria Grahame, elle ne voulait pas tourner dans ce film et fut forcée par Hughes. Josef von Sternberg fut remercié avant la fin du tournage et le film fut terminé par Nicholas Ray (alors en procédure de divorce d’avec… Gloria Grahame) qui assura également le montage, sans toutefois être mentionné au générique. L’histoire, purement policière, ne parvient pas à s’envoler réellement malgré l’exotisme du lieu sauf dans quelques scènes comme celle de poursuite au tout début et à la fin. Comme ordonné par le producteur, Le Paradis des Mauvais Garçons met très bien en valeur Jane Russell sans toutefois exploiter beaucoup son personnage. Au final, le film se laisse regarder avec plaisir mais sans être enthousiasmant comme purent l’être d’autres créations de Sternberg.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Robert Mitchum, Jane Russell, William Bendix, Gloria Grahame, Brad Dexter
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Voir les autres films de Josef von Sternberg chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Nicholas Ray chroniqués sur ce blog…

Ne pas confondre ce film avec :
Macao, l’enfer du jeu de Jean Delannoy (1942) avec Eric von Stroheim

5 août 2008

Guerre au crime (1936) de William Keighley

Titre original : « Bullets or ballots »

Guerre au crime Elle :
(pas vu)

Lui :
Guerre au crime est inspiré des exploits d’un policier de l’époque, John Broderick, qui d’après Edward G. Robinson était tout comme lui fort mécontent du scénario. En fait, il s’agissait surtout pour la Warner de faire jouer à l’acteur un rôle à biface (policier/truand) et donc de respecter les nouvelles règles du Code Hays qui interdisaient de glorifier les truands. Guerre au crime Humphrey Bogart tient le rôle de second couteau, impulsif et borné comme souvent dans ses films des années 30. Sans être vraiment remarquable, Guerre au crime (le titre anglais, Bullets or Ballots, « des balles ou des votes », est soit dit-en passant bien plus représentatif du film) est de bonne facture, bien enlevé par un rythme assez soutenu. Edward G. Robinson est toutefois un peu plus retenu que dans certains de ses autres rôles.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Joan Blondell, Barton MacLane, Humphrey Bogart
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3 août 2008

Casablanca (1942) de Michael Curtiz

CasablancaSi Casablanca est maintenant considéré comme un classique du cinéma et l’un des films les plus aimés par les américains, on peut dire qu’il revient de loin. Le scénario eut bien du mal à trouver preneur : cette histoire de personnes fuyant la guerre et se retrouvant bloqués à Casablanca était tout d’abord destinée à n’être qu’une production moyenne avec Ronald Reagan et Ann Sheridan. Si Humphrey Bogart fut rapidement pressenti, ce n’est qu’après avoir européanisé l’héroïne qu’Ingrid Bergman fut choisie. Ni l’un, ni l’autre n’étaient alors de grandes stars… Même la fameuse chanson « As time goes by », devenue l’emblème du film, revient de loin, elle aussi : elle n’était que provisoire et devait être remplacée par une autre chanson ; si elle est restée, ce n’est que parce que la scène ne put être retournée, Ingrid Bergman s’étant coupé les cheveux un peu prématurément (1)… Le scénario fut bricolé, modifié au jour le jour. Dans son autobiographie, Ingrid Bergman décrit les conditions de tournage comme étant désastreuses, tout le monde travaillant dans le vague. Elle dit avoir à peine fait la connaissance d’Humphrey Bogart que ces conditions de travail rendaient fou et qui s’isolait dans sa loge. Tous les acteurs étaient très tendus.

Et pourtant, de cette apparente confusion a émergé un film qui trouve un équilibre parfait entre une superbe histoire d’amour et le drame de la guerre qui se rapproche. Malgré les extérieurs de carton-pâte, on se croit parfaitement à Casablanca (en revanche, les scènes du flash-back à Paris sont franchement ratées et relèvent du plus mauvais Hollywood). Michael Curtiz a su créer une ambiance parfaite, jouant beaucoup avec la lumière à la fois sur les décors et sur les personnages (les gros plans d’Ingrid Bergman sont fabuleux). Le film est parsemé de scènes assez fortes, s’appuyant sur de très beaux seconds rôles. Et il y a bien entendu cette histoire d’amour, l’une des plus belles du cinéma, l’amour fidèle et atemporel, celui qui vous arrache des larmes. Cette femme, écartelée par son amour profond pour deux hommes, est parfaitement interprétée par Ingrid Bergman et le fait que l’actrice était déboussolée pendant le tournage y a probablement contribué (2).

Casablanca
Rick : « If that plane leaves the ground and you’re not with him, you’ll regret it. Maybe not today. Maybe not tomorrow, but soon and for the rest of your life. »

Et, bien entendu, Casablanca repose beaucoup sur un Humphrey Bogart magistral qui n’est pas étranger au succès que le film a connu dès sa sortie : dans ce personnage dur mais intègre, libre et refusant de plier sous le joug, toute l’Amérique de 1943 s’est reconnue, une Amérique qui s’apprêtait alors à intervenir plus activement en Europe. Son personnage fonctionne tout aussi bien encore maintenant d’ailleurs. Et il y a cette scène finale, mythique (3), avec cette tirade émouvante et déchirante de Bogart qui renvoie Ingrid Bergman vers son rival. Oui, c’est bien l’une des plus belles fins de cinéma.

Si, techniquement parlant, ce n’est pas le plus grand film de l’histoire du cinéma et s’il faut bien reconnaître qu’il souffre d’imprécisions, ne boudons pas notre plaisir : 65 ans après son tournage, la magie de Casablanca est bel et bien toujours là. Elle semble être, elle aussi, atemporelle.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid, Claude Rains, Sydney Greenstreet, Peter Lorre
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(1) Dès le lendemain du dernier jour de tournage de Casablanca, Ingrid Bergman s’est coupé les cheveux : elle devait tourner un essai pour le rôle de Maria dans « Pour qui sonne le glas », un rôle qui lui tenait bien plus à cœur.

(2) Dans son autobiographie « Ma Vie », elle rapporte : « Je ne cessais de demander de qui je devais être amoureuse : de Paul Henreid ou de Humphrey Bogart ? Quand je posais la question, Curtiz me répondait : On ne sait pas encore… joue entre les deux ! »

(3) Woody Allen rend un amusant hommage à Casablanca en débutant son film Play it again Sam (1972) par la scène finale de Casablanca. De plus, Play it again Sam est bien entendu cette phrase célèbre de Bogart au pianiste du Rick’s Café (phrase qu’il ne prononce pas d’ailleurs… en réalité il dit « If she can stand it, I can! Play it! » mais certains mythes ont la vie dure…)

Casablanca
Humphrey Bogart, Claude Rains, Paul Henreid et Ingrid Bergman dans Casablanca.

3 août 2008

Les européens (1979) de James Ivory

Titre original : « The Europeans »

Les EuropéensElle :
Ce film, adapté du roman de Henry James, nous plonge au cœur de la bonne société bostonienne des années 1850. La vie paisible d’une famille puritaine à cheval sur les principes et sur l’exercice religieux se voit bouleversée par l’arrivée d’Eugenia et de Félix, deux cousins venus d’Europe aux mœurs plus sophistiquées et libérées. C’est le choc de deux façons de vivre. Les bostoniens rigides et timides se laissent peu à peu gagner le désir et le plaisir. La jeune Gertrude veut désormais choisir celui qu’elle aime et non plus se laisser imposer un mari. Les superbes paysages de la forêt rougeoyante laissent filtrer par ses couleurs l’embrasement des esprits les plus retenus. James Ivory traite ces changements de comportement avec beaucoup de subtilité mais aussi d’humour.
Note : 4 étoiles

Lui :
En 1850, un jeune européen et sa sœur viennent s’installer quelque temps chez leurs cousins à Boston. Adapté d’un roman d’Henry James, Les Européens met en relief le choc de deux cultures, personnifiées ici par une famille très puritaine de la bonne société bostonienne et ces deux européens aux mœurs plus libres, ne se souciant guère des conventions. Les premiers recherchent l’élévation de l’âme par une vie austère et stricte, les seconds le bonheur et les plaisirs. James Ivory filme avec subtilité cette confrontation nourrie d’attirance et de répulsion, utilisant comme un écrin la nature automnale et son kaléidoscope de couleurs, comme offrir un piédestal aux desseins spirituels de cette famille. Belle interprétation avec notamment Lee Remick.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lee Remick, Robin Ellis, Wesley Addy, Tim Choate, Lisa Eichhorn
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2 août 2008

Anna M. (2007) de Michel Spinosa

Anna M.Elle :
Anna M. est un film angoissant à mi-chemin entre le thriller et le fantastique dont l’intensité dramatique monte progressivement jusqu’à en devenir presque insupportable, notamment dans les scènes de violence avec les enfants. Michel Spinoza parvient à créer une atmosphère intrigante et passionnelle. Le scénario est bien construit et la mise en scène révèle une belle maîtrise des éclairages et de la caméra. Une femme enfant au visage angélique interprétée par une Isabelle Carré méconnaissable, jette son dévolu amoureux sur un médecin qui l’a soignée. Elle se croit aimée et harcèle cet homme jusqu’à bouleverser sa vie de façon démesurée. Cet amour fou l’obsède tant qu’elle semble prête à tout. Le malaise, le déséquilibre, la folie suintent dans chaque plan.
Note : 3 étoiles

Lui :
Michel Spinoza parvient à créer une atmosphère forte et dérangeante. Il s’est directement inspiré pour cela de cas cliniques et les 3 tableaux du film (l’espoir, le dépit, la haine) sont en fait les trois stades d’évolution d’une psychose, l’érotomanie : croire de façon illusoire être aimé par une personne donnée, une maladie touchant plus particulièrement les femmes. Isabelle Carré montre une fois de plus tout son talent en interprétant une jeune femme assez terrifiante, à l’opposé de son image habituelle. Anna M. monte en intensité, servi pour cela par la précision de sa mise en scène.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Carré, Gilbert Melki, Anne Consigny
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