17 novembre 2012

Tomboy (2011) de Céline Sciamma

TomboyPendant les vacances d’été, la famille de Laure, 10 ans, emménage dans un nouveau quartier. Par jeu ou peut-être plus, Laure se fait passer pour un garçon aux yeux d’un groupe d’enfants et se fait appeler Michael… Avec Tomboy, Céline Sciamma aborde une nouvelle fois la psychologie de l’enfant et plus particulièrement le trouble identitaire sexuel. Elle filme les enfants qui jouent avec beaucoup de naturel, le ton est très juste. C’est un regard très neutre, qui observe sans expliquer, qui laisse toutes les questions en suspend. On pourra soit apprécier la sensibilité de ce regard et la justesse des questions soulevées, soit trouver l’ensemble un peu maigre et finalement ennuyeux.
Elle: 3 étoiles
Lui : 1 étoile

Acteurs: Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy
Voir la fiche du film et la filmographie de Céline Sciamma sur le site IMDB.

Voir les autres films de Céline Sciamma chroniqués sur ce blog…

26 septembre 2012

Mon oncle d’Amérique (1980) de Alain Resnais

Mon oncle d'AmériqueMon oncle d’Amérique est basé sur les recherches d’Henri Laborit sur le comportement humain qu’il voit influencé par quatre éléments : la subsistance, la récompense, la punition (qui peut engendrer la lutte ou la fuite) et l’inhibition. Alain Resnais illustre son propos avec le parcours professionnel et sentimental de trois personnages, deux hommes et une femme. La construction est élégante : récits et exposé des théories sont subtilement entremêlés, avec une belle utilisation de la voix-off ; Alain Resnais sait en outre trouver la juste distanciation pour attiser notre intérêt. Plus que le récit en lui-même, c’est ici la démarche intellectuelle qui importe mais le film reste très facilement abordable. Seul un grand réalisateur comme Alain Resnais pouvait réussir à éviter tous les travers et trouver l’équilibre parfait. Bien entendu, un tel film pourra être apprécié diversement, trop didactique pour les uns, critiquable du fait des théories exposées pour les autres (le film fut assez mal reçu par les milieux scientifiques). Mais il n’est nul besoin d’adhérer pleinement aux théories de Laborit pour apprécier le film, Mon oncle d’Amérique est enthousiasmant à la fois par sa forme et aussi en tant que film qui stimule la réflexion.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre, Nelly Borgeaud, Pierre Arditi
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site IMDB.
Voir les autres films de Alain Resnais chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alain Resnais

Remarque :
Les deux petites îles bretonnes du film Mon oncle d’Amérique sont les îles Logoden, dans le Golfe du Morbihan. L’une des deux est effectivement privée. Détail amusant : le nom Logoden est dérivé du breton Logod qui signifie « les souris ».

Mon oncle d'Amérique

21 octobre 2011

Le médaillon (1946) de John Brahm

Titre original : « The locket »

Le médaillonLe jour de son mariage avec une femme qui est, aux yeux de tout son entourage, la femme idéale, John Willis reçoit la visite étrange d’un homme qui vient lui révéler le vrai visage de sa future épouse… Le médaillon est un film psychanalytique, à la frontière du genre film noir, dans un style proche de certains films d’Hitchcock. La construction est surprenante puisque nous avons trois flashbacks, imbriqués comme des poupées russes. L’histoire nous prend assez rapidement, elle nous intrigue et ne nous lâche plus : la vérité se fait jour petit à petit mais ne semble jamais vouloir se livrer entièrement. Le scénario est à la fois simple et joliment complexe, seule la fin paraît plus conventionnelle. Même s’il ne présente pas une mise en scène vraiment remarquable, Le médaillon est fort bien fait, vraiment prenant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laraine Day, Brian Aherne, Robert Mitchum, Gene Raymond
Voir la fiche du film et la filmographie de John Brahm sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Brahm chroniqués sur ce blog…

Le médaillon
Robert Mitchum, Laraine Day et Brian Aherne dans The Locket.

Remarques :
Pour la maison des Willis, John Brahm a réutilisé le décor de la maison des Sebastian dans Les Enchainés (Notorious) d’Hitchcock, tourné quelques mois auparavant.

Homonyme :
Le Médaillon (The medallion) de Gordon Chan (2003) avec Jackie Chan.

18 septembre 2011

La charge victorieuse (1951) de John Huston

Titre original : « The red badge of courage »

La charge victorieusePendant la Guerre de Sécession, un jeune soldat fuit son premier champ de bataille. Après une errance dans les bois, il rejoint sa compagnie. Quand il faudra repartir à l’attaque, il trouvera le courage de combattre… La charge victorieuse est l’adaptation d’un roman de Stephen Crane, jeune auteur très talentueux (1). Il ne faut surtout pas se limiter à une lecture militariste (ou même antimilitariste), le propos est plus de montrer la réalité psychologique d’un champ de bataille et les mécanismes de la peur. Le film eut une histoire mouvementée. Dès l’écriture du scénario, le film fut l’objet de vives tensions à la tête de la MGM (2). A la fin du tournage, John Huston s’est détaché du film pour aller préparer le tournage d’African Queen. Dépité par les réactions de rejet des publics-test, il laissa ses producteurs faire de larges coupes et ajouter une voix off. Au final, le film fut en bonne partie défiguré et ne durait plus que 69 minutes, une durée trop courte pour une bonne exploitation commerciale (3). Ce n’est qu’avec le temps que La charge victorieuse fut reconnu comme un film d’importance. Bien qu’il paraisse assez décousu, le film brille par la profondeur de son étude psychologique par son réalisme, les scènes de bataille font penser à Griffith (4). L’image est assez belle, avec des côtés bucoliques qui tranchent avec la dureté des combats. Assez paradoxalement, John Huston avait choisi comme interprète principal, Audie Murphy, l’homme qui était connu pour être le soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audie Murphy, Bill Mauldin, Douglas Dick, Royal Dano
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Huston chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) Stephen Crane est né juste après la Guerre de Sécession et n’avait pas l’expérience directe d’un champ de bataille. Néanmoins, son livre a été jugé très réaliste. Il s’est appuyé sur des interviews et des récits de vétérans.
(2) Louis B. Mayer était opposé à l’idée d’adapter le roman de Stephen Crane, persuadé que ce serait un échec commercial. Dore Schary, alors vice-président chargé de la production, était au contraire partisan de tourner le film. Il alla trouver Nicholas Schenck (président de Loew’s Inc.), homme discret qui avait tous les pouvoirs, et obtint son soutien. Le film fut donc mis en chantier. Mis ainsi sur la touche, Louis B. Mayer en profita pour quitter le studio et prendre sa retraite.
(3) Toute l’histoire de la production de ce film a été l’objet d’un livre de la journaliste du New Yorker Lillian Ross : « Picture : A story about Hollywood ». La version complète du film, tel que Huston le voyait, est hélas perdue. Cette version aurait probablement montré un grand film.
(4) Les scènes de bataille furent d’ailleurs tournées à San Fernado Valley, près d’Hollywood, là où D.W. Griffith avait filmé les batailles de Naissance d’une Nation. Le film de John Huston fait également penser à certains courts-métrages de Griffith.