10 juillet 2024

Fièvre méditerranéenne (2022) de Maha Haj

Titre original : « Mediterranean Fever »

Fièvre méditerranéenne (Mediterranean Fever)Walid, 40 ans, Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, cultive sa dépression et ses velléités littéraires. L’emménagement d’un nouveau voisin, Jalal, bouleverse son quotidien. Exubérant et optimiste, le nouveau venu suscite l’agacement, puis, peu à peu, la fascination de Walid car il trempe de toute évidence dans des histoires louches…
Fièvre méditerranéenne est une comédie noire écrite et réalisée par la réalisatrice arabo-israélienne, mais qui se définit comme palestinienne, Maha Haj. Il s’agit de son second long métrage après Personal Affairs (2016). Le film est une coproduction entre la Palestine, le Qatar, Chypre, l’Allemagne et la France. C’est une comédie noire qui joue avec l’absurde et l’ironie. Le conflit israélo-arabe n’est pas loin mais reste en toile de fond. Il est certainement l’une des causes du caractère dépressif du personnage principal qui ne parvient pas à définir son mal-être, pas même à sa psychiatre. La réalisatrice précise : « Par le biais de ce personnage, j’ai poussé à leurs extrêmes des pensées qui peuvent m’être familières. Je connais intimement sa personnalité et son caractère. J’ai ainsi tourné en dérision mon propre côté sombre à travers un homme qui me ressemble sur certains points, tout en étant différent de moi. » Un peu lent à évoluer dans sa deuxième partie, son film se situe dans le style d’Elia Suleiman. Prix du meilleur scénario dans la sélection Un certain regard de Cannes 2022.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Amer Hlehel, Ashraf Farah
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Ashraf Farah et Amer Hlehel dans Fièvre méditerranéenne (Mediterranean Fever) de Maha Haj.

27 février 2022

It Must Be Heaven (2019) de Elia Suleiman

It Must Be HeavenA Nazareth puis à Paris et à New York, Elia Suleiman observe et découvre des parallèles inattendus…
Le réalisateur palestinien Elia Suleiman tourne peu. Dix ans après Le temps qu’il reste, il se met en scène pour nous livrer sa vision du monde à travers une série de petites saynètes. Il ne parle pas (il prononce en tout et pour tout deux mots), il observe dans une position attentive et circonspecte, sans intervenir, avec son habituelle impassibilité apparente. Comme toujours avec Suleiman, l’humour et le saugrenu tiennent une grande place mais, cette fois, sans éviter parfois une certaine artificialité. Hormis le thème de l’appartenance à un peuple et de l’identité palestinienne, le fond de son propos est de pointer certains travers de notre société : il fustige ainsi l’individualisme, les dogmes religieux, le besoin sécuritaire, l’omniprésence de la police. Parfois, Elia Suleiman manque de finesse (les armes à New York par exemple) mais c’est assez rare. A l’opposé, certaines allégories sont un peu difficiles à décrypter (la femme aux deux cruchons par exemple). Inévitablement, l’ensemble manque un peu d’unité et de liant. Un peu décevant à sa vision, It Must Be Heaven est un film que l’on apprécie plus en y repensant…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Tarik Kopty, Ali Suliman, Grégoire Colin
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Voir les autres films de Elia Suleiman chroniqués sur ce blog…

 It Must Be HeavenElia Suleiman dans It Must Be Heaven de Elia Suleiman.

 It Must Be HeavenElia Suleiman dans It Must Be Heaven de Elia Suleiman
(dans toute une série d’étonnants plans de Paris vidé de ses habitants)

25 avril 2020

Tel Aviv on Fire (2018) de Sameh Zoabi

Tel Aviv on FireSalam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est Palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès « Tel Aviv on Fire ! » Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah. Un jour, Salam se fait arrêter par un officier israélien Assi, dont la femme est fan de la série. Pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste, ce qui va avoir des conséquences inattendues…
Faire une comédie sur le thème du conflit israélo-palestinien peut paraître très risqué. C’est pourtant le défi qu’a relevé le réalisateur et scénariste arabe israélien Sameh Zoabi et il parvient à trouver l’équilibre nécessaire à la réussite. Le fait d’avoir placé un film (ou plus exactement une série) dans le film est astucieux car cela permet d’aborder les sujets sous plusieurs angles : cette série à l’eau de rose voit en effet une espionne palestinienne (française) tenter de séduire un officier de l’armée israélienne pendant la Guerre des Six Jours. Les évènements de la série ont certes un impact différent chez les spectateurs selon leur positionnement par rapport au conflit actuel mais en même temps rassemble par une communauté de sentiments. Le cinéaste est clairement du côté de la jeune génération qui espère une réconciliation pour prendre son destin en main ; il souligne les contradictions de ceux qui, de chaque côté, sont sur une ligne dure d’affrontement. L’humour arrive souvent là où on ne l’attend pas, côtoyant la description d’une réalité difficile. Le cinéma de Sameh Zoabi évoque un peu celui d’Elie Suleiman. Son film est une réussite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kais Nashif, Lubna Azabal, Yaniv Biton, Maisa Abd Elhadi, Nadim Sawalha
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Tel Aviv on FireKais Nashif et Yaniv Biton dans Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi.

13 février 2019

L’insulte (2017) de Ziad Doueiri

L'insulteTony, un Libanais chrétien, vit avec son épouse Shirine dans un appartement à Beyrouth. Il s’oppose à un chef de chantier, Yasser, qui a réparé sa gouttière non conforme dans le cadre de travaux de rénovation du quartier. Le ton monte et Yasser traite Tony de « gros c… » …
Le réalisateur libanais Ziad Doueiri a eu l’idée d’écrire le scénario de L’insulte après une dispute avec son plombier qui a quelque peu dérapé. Il en a amplifié les conséquences pour mieux mettre en relief les fractures et plaies non refermées de son pays : trente ans après la guerre civile, la page n’est pas tournée et les antagonismes entre chrétiens et palestiniens ne demandent qu’à ressurgir. Ziad Doueiri fait preuve d’une grande habilité en mêlant des éléments de comédie à la tragédie, enrichie d’évènements historiques comme le massacre de Damour en 1976. Rares sont les cinéastes qui parviennent à insérer l’humour dans un contexte d’une telle gravité. Démarré comme une farce, le film prend ensuite la forme d’un film de procès, avec dévoilement progressif des motivations profondes de chacun. Plus le film avance et le plus l’intensité du propos s’insinue. Plus admirable encore, Ziad Doueiri ne prend finalement pas parti, non pas en renvoyant dos à dos les protagonistes (ce qui est toujours un peu une facilité) mais en montrant une voie possible vers la réconciliation. Assez justement, son film a connu un certain succès international, il a même été nominé aux Oscars.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Adel Karam, Kamel El Basha, Rita Hayek
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L'insulte
Adel Karam et Kamel El Basha dans L’insulte de Ziad Doueiri.

1 mars 2013

Le Cochon de Gaza (2011) de Sylvain Estibal

Titre anglais : « When Pigs Have Wings »

Le cochon de GazaLe lendemain d’une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, trouve dans ses filets un cochon vivant. Il ne sait comment faire pour se débarrasser de cet animal impur. Il tente tout d’abord de le proposer discrètement aux observateurs des Nations-Unies mais sans succès… Cette comédie qui se déroule à Gaza est le premier long métrage d’un journaliste et romancier français né en Uruguay, Sylvain Estibal. Il en a écrit lui-même le scénario. Le sujet a beau être délicat, surtout quand il s’agit de faire de l’humour, il sait trouver le ton juste. Son humour n’est jamais méchant ni même trop caustique et il est difficile de ne pas adhérer au fond du propos qui prône le rapprochement des peuples. Sylvain Estibal joue beaucoup avec le côté saugrenu et même ubuesque de certaines situations. Il y a vraiment de belles trouvailles d’humour et de belles réparties. Le Cochon de Gaza est une réussite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sasson Gabai, Baya Belal, Myriam Tekaïa, Khalifa Natour, Ulrich Tukur
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