14 février 2022

Les Fleurs de Shanghai (1998) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Hai shang hua »

Les fleurs de Shanghai (Hai shang hua)Dans le Shanghai de la fin du XIXe siècle, les « maisons de fleurs » sont des maisons closes de luxe. Comme ses amis, Wang, un fonctionnaire aisé, vient y chercher la compagnie de courtisanes. Il fréquente ainsi depuis quatre ans Rubis qui n’a pas d’autres clients. Mais depuis peu, il a également une liaison avec Jasmin dans une autre maison. Rubis vient de l’apprendre…
Les fleurs de Shanghai est un film taïwanais réalisé par Hou Hsiao-hsien, écrit par sa scénariste habituelle, la romancière Chu Tien-wen. Précisons d’emblée qu’il n’est jamais question de sexe, le récit se concentre sur les rapports entre les personnages. Au début, les rapports entre Wang et ses maitresses ont certaines similitudes avec ceux d’un couple classique mais le pouvoir de l’argent se montre de plus en plus important à mesure que la situation évolue. L’enfermement des jeunes femmes est bien perceptible. Les discussions sont feutrées même lorsque les sentiments bouillonnent. Seuls les repas (très arrosés) avec quelques amis sont plus animés. Wang ne sait quelle maitresse il doit préférer (et épouser), ne pouvant décrypter les intentions de chacune. Tout se déroule en intérieur, dans deux maisons closes et même dans deux pièces seulement. Le film est bâti sur de longs plans-séquences séparés par d’ostensibles fondus au noir, l’éclairage est tamisé, le rythme est assez lent, les mouvements de caméra sont amples et d’une grande douceur. L’ensemble pourra paraître un peu long mais reste vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tony Leung Chiu-Wai, Michiko Hada, Michelle Reis, Carina Lau, Jack Kao
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Les fleurs de Shanghai (Hai shang hua)Tony Leung Chiu-Wai et Michiko Hada dans Les fleurs de Shanghai (Hai shang hua) de Hou Hsiao-hsien.

23 novembre 2018

Taipei Story (1985) de Edward Yang

Titre original : « Qing mei zhu ma »

Taipei StoryChin et Lung sont très proches depuis le lycée mais n’arrivent pas à franchir le pas et à se marier ou à vivre ensemble. Chin travaille comme assistante d’une femme cadre supérieur et vient d’emménager dans un appartement pour se libérer de l’emprise familiale. Lung, qui connut son heure de gloire en  star locale du baseball, tient une boutique de tissus mais a bon espoir de monter une affaire aux Etats-Unis avec son beau-frère…
Réalisé en 1985, Taipei Story est un film majeur de la nouvelle vague taïwanaise. Il n’est sorti en France qu’en 2017, après restauration. Il décrit les atermoiements de ses deux personnages principaux au moment de prendre des décisions importantes dans leur vie. Taiwan est un monde bruyant où la modernité s’installe très (trop) rapidement sous les influences japonaises et américaines. Le propos n’est pas noir, mais il est bien gris du fait de cette grande difficulté des personnages à se forger un futur. Le film est assez lent avec des plans aux cadrages travaillés, et une économie souvent frustrante de dialogues qui finit, il faut bien l’avouer, par engendrer un certain ennui. Le rôle principal est tenu par le réalisateur Hou Hsiao-hsien.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Tsai Chin, Hou Hsiao-Hsien
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Taipei Story
Lin Hsiu-ling et Tsai Chin dans Taipei Story de Edward Yang.

Taipei Story
Hou Hsiao-Hsien dans Taipei Story de Edward Yang.

3 octobre 2017

The Assassin (2015) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Cìkè Niè Yinniáng »

The AssassinChine, IX siècle. Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil. Son éducation a été confiée à une nonne qui l’a initiée dans le plus grand secret aux arts martiaux et lui a donné une mission : tuer son cousin Tian Ji’an, gouverneur d’une province frontalière susceptible de se dresser contre l’Empereur… Après huit ans, Hou Hsiao-hsien nous revient avec cette adaptation longuement mûrie d’une courte nouvelle qui fait partie des récits de la dynastie Tang. Ces récits traditionnels sont très populaires en Chine, le réalisateur les appréciait déjà lorsqu’il était enfant. Le titre peut prêter à confusion car le film ne répond en rien aux codes des films de sabre modernes avec des combats à la chorégraphie exubérante. Les rares combats sont sobrement et rapidement montrés. De plus, Hou Hsiao-hsien a choisi de ne pas développer toutes les méandres de l’intrigue ; les relations entre les personnages ne sont pas pleinement expliquées et il est inévitable qu’un spectateur occidental ne puisse percevoir toutes les implications de cette histoire. Mais cela importe finalement peu car nous sommes envahis par cette atmosphère de beauté et de contemplation, la lenteur des scènes finissant par nous envouter et nous transporter avec grande délicatesse. L’ensemble n’est pas sans rappeler certains films de Kurosawa comme Ran ou Rashomon. The Assassin mérite plus que tout autre d’être qualifié d’œuvre d’art.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou
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The Assassin
Shu Qi dans The Assassin de Hou Hsiao-hsien.

The Assassin

The Assassin

22 avril 2017

Green Green Grass of Home (1982) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Zai na he pan qing cao qing »

L'herbe verte de chez nousTaïwan. Un jeune homme arrive de la grande ville dans un petit village isolé pour remplacer l’une des institutrices de l’école. Son arrivée apporte un souffle d’air frais et une relation discrète commence à se nouer entre lui et une jolie institutrice… Green Green Grass of Home, titre parfois traduit en français par L’herbe verte de chez nous, est le troisième film du réalisateur taiwanais Hou Hsiao-hsien. Comme pour les deux précédents, il s’agit d’un film destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwanaise Kenny Bee. Ce dernier a une nouvelle partenaire, Chiang Ling, qui est on peut plus charmante. L’histoire est très convenue, gentillette même, d’un intérêt assez faible. En faisant preuve d’un peu plus d’indulgence, on peut s’intéresser au portrait d’un petit village qui vit près de la nature mais ce portrait paraît passablement édulcoré. Ces trois premiers films ont certainement permis à Hou Hsiao-hsien de trouver son style puisqu’il a eu envie de faire ensuite des choses différentes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Chiang Ling
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Remarque :
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Green Green Grass of Home
Kenny Bee et Chiang Ling dans L’herbe verte de chez nous de Hsiao-Hsien Hou.

21 avril 2017

Cute Girl (1980) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Jiu shi liu liu de ta »

Cute GirlFille unique d’un riche industriel, la jeune Wenwen accepte avec résignation le mariage arrangé par ses parents. Mais, juste avant de rencontrer son futur fiancé, elle décide de s’octroyer un séjour à la campagne chez sa tante. Elle fait alors la connaissance de Daigang… Cute Girl est la première réalisation du réalisateur taïwanais Hou Hsiao-hsien. L’histoire est très conventionnelle, sur le thème de l’amour  plus fort que tous les mariages arrangés. Il s’agit d’un film de commande, destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwannaise Kenny Bee, ce qui explique la présence de plusieurs chansons (Fong Fei-Fei est aussi  chanteuse). L’ensemble est très léger et plutôt anodin mais une charmante fraicheur s’en dégage. Malgré une fin plutôt ridicule, Cute Girl est un film plaisant. Il ne faut toutefois pas trop y chercher les prémices du style du cinéaste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Anthony Chan, Feng Fei Fei
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Remarques :
* Le deuxième film de Hou Hsiao-hsien, Feng er ti ta cai (1981) (film qui n’est pas ressorti), réutilise le couple Kenny Bee et Feng Fei Fei.
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Cute Girl
Feng Fei Fei dans Cute Girl de Hou Hsiao-hsien. A noter que l’actrice/chanteuse a été surnommée « The Queen of Hats »…

20 avril 2017

Poussières dans le vent (1986) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Liàn liàn fengchén »

Poussières dans le ventDans un petit village de Taïwan, au milieu des années soixante, Ah-yuan et Ah-yun sont amis depuis l’enfance. Sans que ce soit dit, ils sont promis l’un à l’autre. Aussi quand Ah-yuan se rend en ville pour chercher du travail tout en finissant ses études avant le service militaire, Ah-yun le suit… Poussières dans le vent conclut le cycle autobiographique du réalisateur taiwanais, inauguré trois ans auparavant avec Les Garçons de Fengkuei (1983). On retrouve le thème du passage de la campagne à la ville, de la découverte d’un monde et de l’amour. Mais, cette fois, Hou Hsiao-hsien signe  un film d’une infinie délicatesse, il parvient à saisir l’impalpable, donnant presque un caractère de transparence à ses deux personnages principaux. L’image est très belle, avec de beaux plans fixes et des plans-séquences que le réalisateur multipliera par la suite. La musique ajoute encore de la délicatesse à l’ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chen Shu-Fang, Hsin Shu-fen
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Remarque :
* On ne peut que remarquer l’importance du cinéma : les séances en plein air dans le village et le cinéma de quartier à la ville (l’ami de Ah-yuan qui l’héberge travaille dans un petit cinéma où on les voit peindre des affiches pour les films qu’ils passent).

 

poussières dans le vent
Chen Shu-Fang et Hsin Shu-fen dans Poussières dans le vent de Hsiao-Hsien Hou.

19 avril 2017

Les garçons de Fengkuei (1983) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Feng gui lai de ren »

Les garçons de FengkueiDans un petit village de l’île de Penghu (Taïwan), quatre jeunes garçons ayant fini leurs études s’ennuient en attendant l’âge de partir au service militaire. Ils passent le plus clair de leur temps à boire et à se bagarrer ; ils frisent la délinquance. Trois d’entre eux décident d’aller dans la grande ville taïwanaise proche pour y chercher un travail… Si Les garçons de Fengkuei est le quatrième film de Hou Hsiao-hsien, il s’agit de son premier film personnel, son premier film d’auteur (lui-même considère qu’il s’agit de son premier film). Il s’est inspiré de sa vie personnelle pour témoigner de ce passage d’une vie insouciante à une prise de conscience à la fois sociale et sentimentale, le passage à la vie d’adulte pourrait-on dire pour simplifier. Il le fait sans édulcorer le tableau, sans idéalisme non plus ; son récit est plus une série de sensations à partir de micro-évènements significatifs et qui se révèle être assez émouvant au final. Il est aussi assez délicat comme en témoigne la relation qui se noue entre un jeune garçon et la jeune fille voisine à la ville, à mi-chemin entre l’amour de jeunesse et l’amitié. La forme ne montre pas encore ce qui sera le style du cinéaste, tout au plus peut-on remarquer déjà quelques plans fixes étonnants.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Niu Doze, Tou Chung-Hua, Yang Li-Yin
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Remarque :
* De façon surprenante, Hou Hsiao-hsien a choisi une musique de Vivaldi pour de très nombreuses scènes, ce qui crée un décalage avec les images (j’avoue ne pas percevoir l’intention du réalisateur, probablement cette musique n’est pas perçue de la même façon en Chine qu’en Occident).

 

Les Garçons de Fengkuei
P’eng-chue Chao, Chang Shih, Niu Doze et Yang Li-Yin dans Les garçons de Fengkuei de Hsiao-Hsien Hou.

Les Garçons de Fengkuei
La scène la plus remarquée de Les garçons de Fengkuei de Hou Hsiao-Hsien.

24 mars 2017

Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Tóngnián wangshì »

Un temps pour vivre, un temps pour mourirAu lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la famille du jeune Ah-hsiao quitte la Chine continentale pour s’installer sur l’île de Taïwan. Le jeune garçon grandit dans une famille bientôt frappé par la maladie … Dans ce film semi-autobiographique, Hou Hsiao-hsien évoque deux périodes de son enfance : à l’âge de dix ans d’abord, période marquée par le décès de son père, puis à dix-sept ans, période où il est devenu un adolescent tourmenté. La grand-mère, qui cherche inlassablement un pont pour retourner sur le continent, symbolise le traumatisme de l’exil (1). C’est un récit très placide, duquel il ne faut pas attendre d’évènements exceptionnels, mais qui nous place très près des personnages. Hou Hsiao-hsien développe déjà son style, notamment ses longs plans fixes, un jeu très naturels des acteurs et une quasi-absence de gros plans.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mei Fang, Tien Feng, Yu An-shun, Tang Ru-Yung
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Remarque :
Un temps pour vivre, un temps pour mourir est également le titre d’un roman de Erich Maria Remarque publié en 1954 (aucun lien : il s’agit du récit d’un soldat allemand sur le front russe qui revient en permission chez lui).

(1) La famille est venue volontairement à Taïwan (le père acceptant un poste sur l’île) mais y restera bloquée par le nationalisme de Chang-Kai Cheikh, tout en étant heureuse d’avoir ainsi échappé au communisme.

Un temps pour vivre un temps pour mourir
Toto dans Un temps pour vivre, un temps pour mourir de Hou Hsiao-hsien.