9 avril 2012

Frankenstein (1910) de J. Searle Dawley

Frankenstein (Muet, 12 minutes) La première adaptation du roman de Mary Shelley au cinéma est une production Edison de 1910. Le négatif original a hélas brulé dans un incendie quelques années plus tard. Il n’existe aujourd’hui qu’une seule copie de ce Frankenstein connue au monde ; elle fut découverte dans les années soixante-dix par Al Dettlaff, collectionneur du Wisconsin (décédé en 2005), dans un lot qu’il avait acheté vingt ans plus tôt. Il a tenté, en vain, de le revendre à l’AFI (American Film Institute) pour 1 million de dollars. Les copies de cette copie que l’on peut voir aujourd’hui sont en très mauvais état mais elles nous permettent de réaliser à quel point le film était assez élaboré pour son époque. Le film est fidèle au roman, avec une fin assez mystique. Contrairement aux versions suivantes, le monstre de Frankenstein est ici un être créé de toutes pièces, dans un chaudron (1). James Dawley utilise des plans d’un mannequin en train de brûler et de se décomposer sous l’effet de la chaleur et passe le film à l’envers, ce qui est assez convaincant. Le monstre est assez réussi, d’un aspect grotesque et terrifiant. Le film ne comporte hélas aucun gros plan, ni de plan rapproché (absence habituelle pour un film de cette époque). Le maquillage très élaboré du monstre était l’œuvre de l’acteur lui-même, Charles Ogle, acteur de théâtre. Le film est volontairement dénué de toute scène trop choquante et de tout meurtre pour permettre une distribution la plus large possible. Frankenstein eut ainsi un grand succès populaire, ce fut l’un des plus grands succès des studios Edison. Plus que tout autre, il marque la naissance d’un genre : le film d’horreur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mary Fuller, Charles Ogle, Augustus Phillips
Voir la fiche du film et la filmographie de J. Searle Dawley sur le site IMDB.

Remarques :
James Searle Dawley est l’un des tous premiers réalisateurs américains professionnels. Il prétendait même être le premier, affirmation qu’il argumentait en soulignant qu’avant lui le caméraman décidait de tout. Il fut engagé par Edwin Porter en 1907. Il a dirigé D.W. Griffith dans Rescued from an Eagle’s Nest (1908). Son adaptation de Frankenstein reste son film le plus célèbre.

(1) Le roman de Mary Shelley ne donne aucune précision sur la création du monstre.

 

Adaptations suivantes du roman de Mary Shelley :
The Strange Story of Sylvia Gray de Charles Gaskill (1914) pour Vitagraph (film perdu)
Il mostro di Frankenstein de Eugenio Testa (1921) (film perdu)
Frankenstein de James Whale (1931) avec Boris Karloff

25 mars 2012

Frankenstein (1931) de James Whale

FrankensteinHenry Frankenstein, fils du baron Frankenstein, a quitté l’université pour se retirer dans une grande bâtisse lugubre et isolée afin de poursuivre ses recherches : créer de toutes pièces un être humain et lui insuffler la vie… C’est le succès de Dracula, quelques mois auparavant, qui a poussé Universal à poursuivre dans la voie du film d’horreur : ils choisissent d’adapter Frankenstein, le roman de Mary Shelley datant de plus d’un siècle. La trouvaille par rapport au roman est l’utilisation d’un cerveau de criminel, ce qui décuple l’appréhension. Le succès du film repose essentiellement sur trois personnes : James Whale qui crée une ambiance très lourde et noire avec une caméra fluide et des décors très bien utilisés, Boris Karloff qui parvient à générer des sentiments contradictoires chez le spectateur, un subtil mélange de répulsion et de compassion, et enfin Jack Pierce qui a créé le maquillage du « monstre », ce visage qui deviendra inséparable de la créature de Frankenstein (qui, en réalité, n’a pas de nom puisque Frankenstein est le nom de son créateur). Comme on le sait, le film eut un succès immense et son impact sur les esprits fut puissant, devenant le symbole des dangers de la science mal maitrisée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles
Voir la fiche du film et la filmographie de James Whale sur le site IMDB.
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Remarque :
Avant cette version, le roman de Mary Shelley avait déjà été adapté 3 fois
Frankenstein de James Searle Dawley (1910) pour Edison
Life Without Soul de Joseph W. Smiley (1915) (film perdu)
Il mostro di Frankenstein de Eugenio Testa (1921) (film perdu)

10 novembre 2011

Répulsion (1965) de Roman Polanski

Titre original : « Repulsion »

RépulsionUne jeune manucure d’origine belge vit avec sa sœur à Londres. Se retrouvant seule pour quelques jours, elle se renferme sur elle-même dans un monde de cauchemars et d’hallucinations… Répulsion est le premier fruit de la collaboration entre le réalisateur Roman Polanski et le scénariste Gérard Brach, rencontré à Paris. Pour se lancer et avoir les moyens de faire les films dont ils ont envie, ils acceptent de tourner un film d’horreur. Le résultat est bien entendu assez hors normes et le film fut un choc à sa sortie. Habilement, Polanski nous enferme peu à peu dans cet appartement exigu puis dans le monde intérieur de cette jeune femme introvertie. Le choix de Catherine Deneuve n’est pas anodin : très belle, véritable Belle au Bois Dormant, l’actrice permet d’offrir un contraste saisissant entre son apparence extérieure et son monde intérieur tourmenté. Polanski utilise habilement des effets pour exprimer ses tourments, craquelures, mains qui sortent du mur, effets amplifiés par une musique simple au piano. L’appartement est un acteur à part entière! Les frustrations sexuelles sont évoquées sans lourdeur, les fenêtres donnant sur un couvent nous mettent sur la piste d’une éducation religieuse inhibitrice. Sans être un grand film, Répulsion est certainement l’un des films d’horreur les plus intelligents et les plus habiles qui soient et aussi l’un des plus dérangeants.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Ian Hendry, John Fraser, Yvonne Furneaux, Patrick Wymark
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

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