4 janvier 2020

La Religieuse (1966) de Jacques Rivette

Titre complet : Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot

La ReligieuseAu XVIIIe siècle, Suzanne Simonin, née de père inconnu, est cloîtrée contre son gré par ses parents qui la destinent à la vie conventuelle sans qu’elle en ait la vocation…
La Religieuse de Jacques Rivette, son deuxième long métrage, est l’adaptation du roman anticlérical de Denis Diderot paru en 1796. Le film fut interdit à sa sortie ce qui provoqua un tollé. Grâce à cette publicité, il connut un assez beau succès lorsqu’il put enfin être projeté sur les écrans un an plus tard en 1967 (avec une interdiction au moins de 18 ans qui ne sera levée qu’en 1975). L’adaptation reste très proche du roman. C’est un film très austère, à la mise en scène dépouillée, long, très long. En outre, Jacques Rivette utilise le son de façon surprenante, avec des bruitages mixés très forts (peut-être s’agit-il d’une expérimentation pour traduire le tourment des personnages). Cette bande sonore et une musique légèrement dissonante amplifient l’aspect rebutant du film. La Religieuse de Rivette bénéficie toujours aujourd’hui de son aura de « film interdit ».
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Anna Karina, Liselotte Pulver, Micheline Presle, Francine Bergé, Francisco Rabal
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Rivette sur le site IMDB.

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Remarque :
Le producteur Georges de Beauregard avait proposé dès la fin des années cinquante à Jacques Rivette de réaliser une adaptation du roman de Diderot La Religieuse. Après un avis de précensure défavorable, le scénario écrit par Jacques Rivette et Jean Gruault est d’abord adapté en 1963 au théâtre au Studio des Champs-Élysées, sous la direction de Jean-Luc Godard et avec Anna Karina dans le rôle principal. La pièce passa inaperçue et n’eut aucun succès.

La ReligieuseAnna Karina (à droite) dans La Religieuse de Jacques Rivette.

Autre adaptation :
La Religieuse de Guillaume Nicloux (2013) avec Pauline Étienne

29 août 2019

Mr. Klein (1976) de Joseph Losey

Mr. KleinParis, 1942. Dans la France occupée, Robert Klein fait des affaires lucratives en rachetant des œuvres d’art à des personnes acculées à la vente. Un jour, il découvre dans son courrier un exemplaire du journal « Informations juives » portant son nom et son adresse. Inquiet, il enquête et découvre qu’un autre Robert Klein existe, il part à la recherche de cet homonyme…
Costa-Gavras a écrit le premier scénario de Monsieur Klein pour le tourner lui-même avec Yves Montand. Quand le projet est abandonné, Alain Delon le récupère en producteur et confie la réalisation à Joseph Losey avec qui il avait tourné L’Assassinat de Trotsky en 1972. Le scénario s’inspire fortement de Kafka mais a l’intelligence de se placer à une époque précise de notre Histoire, une page très sombre : l’implication de la police française sous l’Occupation dans le fichage et la déportation des juifs. L’administration (dans le sens générique du terme) est ici une machine à broyer les humains et ses décisions tombent brutalement sans que l’on puisse toujours les comprendre. Le scénario  montre ainsi que le propos d’un Kafka n’est pas une exagération issue de l’esprit d’un écrivain : cela peut devenir une réalité et l’est déjà devenu. Certes l’obstination du personnage principal à retrouver son double peut sembler presque irréelle mais elle le conduit à une prise de conscience plus vaste de l’être, qui est à mes yeux le sujet principal. Tout le reste, la paranoïa, le fantastique ne sont que des moyens. Joseph Losey sait mieux que quiconque exprimer un certain caractère trouble, presque un malaise, dans sa mise en scène pourtant très limpide. Alain Delon fait ici l’une de ses interprétations les plus remarquables de sa carrière, avec une sobriété et une richesse qui alimentent la complexité du personnage.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Michael Lonsdale, Francine Bergé, Juliet Berto, Jean Bouise, Jeanne Moreau, Suzanne Flon
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Remarques :
* A sa sortie, le film a (bien entendu) été controversé, beaucoup de critiques s’égarant à détecter ici et là des erreurs historiques qui n’ont finalement aucune importance.
* Les décors sont signés Alexandre Trauner.

Monsieur KleinAlain Delon dans Mr Klein de Joseph Losey.

Monsieur KleinAlain Delon, Michel Lonsdale et Francine Bergé dans Mr Klein de Joseph Losey.

7 février 2019

Numéro une (2017) de Tonie Marshall

Numéro uneBrillante et volontaire, Emmanuelle Blachey est cadre supérieur du géant français de l’énergie. Elle est approchée par un réseau de femmes d’influence qui se propose de l’aider à prendre la tête d’une entreprise du CAC40, géant de la distribution de l’eau. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction…
Même s’il est présenté ainsi, Numéro une n’est pas tant un film sur le sexisme dans le milieu des dirigeants d’entreprise : seules quelques répliques entrent dans cette catégorie et elles restent dans le machisme très traditionnel. Le sujet est plutôt la lutte de pouvoir qui précède la nomination d’un haut dirigeant d’entreprise, une lutte où tous les coups sont permis. Toutes ces manigances et machiavélismes ne sont guère passionnants, d’autant plus que Tonie Marshall ne fait pas preuve d’une grande originalité : bassesses et moyens de pression utilisés de part et d’autre sont vraiment conventionnels. De plus, elle ne parvient pas dans son scénario à mêler habilement les soucis de sa vie personnelle qui nous paraît tout aussi ennuyeuse. En revanche, la photographie est assez belle (très beaux flous d’arrière-plan).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Sami Frey, Benjamin Biolay, Francine Bergé
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Numéro Une
Emmanuelle Devos dans Numéro une de Tonie Marshall.