5 septembre 2025

Le Prince et le Pauvre (1977) de Richard Fleischer

Titre original : « The Prince and the Pauper » Titre USA : « Crossed Swords »

Le Prince et le pauvre (The Prince and the Pauper)XVIe siècle. Pour un bal costumé, le jeune Prince de Galles, héritier d’Angleterre, a échangé ses vêtements avec un jeune garçon pauvre qui lui ressemble trait pour trait. Pris pour un voleur, il est aussitôt jeté dehors. Le garçon pauvre se retrouve forcé de prendre sa place alors que le roi Henri VIII est sur le point de mourir…
Le Prince et le pauvre est un film britannique réalisé par Richard Fleischer. Il s’agit d’une libre adaptation du roman de Mark Twain déjà adapté plusieurs fois au cinéma, notamment par William Keighley en 1937 avec Errol Flynn. Le succès des Trois Mousquetaires (1973) de Richard Lester avait ravivé l’intérêt pour les films de capes et d’épées. Le scénario de cette histoire d’échange d’identité est riche en péripéties avec des seconds rôles pittoresques. Un peu fade, Mark Lester (aucune relation avec les deux réalisateurs du même patronyme) joue les deux rôles (alors que de vrais jumeaux avaient utilisés dans la version de 1937). L’ensemble est bien plaisant et divertissant même si la distribution tourne quelque peu au défilé d’acteurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oliver Reed, Raquel Welch, Mark Lester, Ernest Borgnine, George C. Scott, Rex Harrison, David Hemmings, Harry Andrews
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Fleischer sur le site IMDB.

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Raquel Welch, Mark Lester et Oliver Reed dans Le Prince et le pauvre (The Prince and the Pauper) de Richard Fleischer.

Les adaptations de Le Prince et le Pauvre au cinéma :
1909 : The Prince and the Pauper, film américain court de J. Searle Dawley
1920 : Prinz und Bettelknabe, film autrichien réalisé par Alexander Korda
1937 : Le Prince et le pauvre (The Prince and the Pauper), film américain de William Keighley, avec Errol Flynn
1972 : Le Prince et le pauvre (URSS) réalisé par Vadim Dmitrievitch Gaouzner
1977 : Le Prince et le pauvre (Crossed Swords), film américain de Richard Fleischer
1990 : Le Prince et le pauvre (The Prince and the Pauper), film d’animation de George Scribner (Disney)
2012 : I Am the King (Naneun Wangirosoida), film sud-coréen de Jang Gyu-seong, avec Ju Ji-hoon
2012 : Masquerade (Gwanghae, Wangyidoen namja), film sud-coréen de Choo Chang-min, avec Lee Byung-hun

17 juillet 2020

La Charge de la brigade légère (1968) de Tony Richardson

Titre original : « The Charge of the Light Brigade »

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Dans les années 1850, en Angleterre, le capitaine Nolan rejoint le 11e régiment de hussards commandée par le colonel Cardigan. Une rivalité s’installe rapidement entre les deux hommes. Le régiment va se retrouver en première ligne lors de la Guerre de Crimée…
Dans sa version anglaise de 1968 réalisée par Tony Richardson, l’un des principaux animateurs du Free Cinema britannique des années 60, La Charge de la brigade légère est bien différent du film homonyme américain de Michael Curtiz (1936). Il n’est plus question ici de glorifier le militarisme et l’héroïsme mais au contraire de dresser un portrait mordant et caustique du système militaire britannique. Le récit souligne l’incompétence, et même la bêtise, des officiers supérieurs. Notre première impression est de trouver le propos exagéré mais il n’en est rien (voir ci-dessous) ; même l’épisode de la « bouteille noire » est authentique. On peut se demander d’ailleurs si le film est antimilitariste ou s’il est simplement anti-bêtise. Personne n’est épargné : même le personnage présenté positivement pendant les trois quarts du film est montré ensuite sous un jour fort différent. L’humour est toutefois très présent. De plus, à divers moments, Tony Richardson a inclus de courtes séquences d’animations exaltant le patriotisme dans le style des dessins politiques satiriques, initiative aussi originale que réussie. La Charge de la brigade légère est un film assez remarquable dans le style très britannique de la satire. Commercialement parlant, le film n’eut pas le succès escompté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Trevor Howard, Vanessa Redgrave, John Gielgud, Harry Andrews, Jill Bennett, David Hemmings
Voir la fiche du film et la filmographie de Tony Richardson sur le site IMDB.

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La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)John Gielgud et David Hemmings dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

Contexte historique :
Pendant la Guerre de Crimée, une brigade de cavalerie britannique reçut l’ordre inconsidéré d’attaquer de front une série de batteries d’artillerie russe et en sortit décimée. Cet événement fut étudié dans les écoles militaires d’Europe comme le contre-exemple à ne pas suivre : un ordre imprécis, une hiérarchie confuse (on est entre Lords !), la morgue toute britannique qui n’a que mépris pour ses alliés français et ses ennemis russes: toutes ces fautes accumulées conduisent au désastre. (Source Wikipédia)

Les mêmes faits historiques avaient inspirés Michael Curtiz pour son film La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade, 1936, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland) mais le film de Tony Richardson n’est pas un remake du film de Michael Curtiz.

Animations :
Les séquences en animation ont été dessinées par Richard Williams (futur directeur de l’animation sur Who Framed Roger Rabbitt ?) Les dessins sont basés sur le style d’un magazine satirique très influent à Londres dans les années 1850 :  Punch; or, The London Charivari.

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Harry Andrews (au centre) dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

24 avril 2016

Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Blowup »

Blow Up24 heures de la vie d’un photographe en vogue, dans le Swinging London du milieu des années soixante. Il va faire une découverte étonnante dans ses clichés… Blow Up marque un tournant dans la carrière d’Antonioni : c’est son premier film non-italien, le personnage principal n’en est pas une femme et la psychologie des personnages n’est pas l’objet du film. Antonioni se penche sur le rapport entre un individu et la réalité, sur son rapport avec le monde. La réalité perçue par l’appareil photographique est différente de celle qu’a perçue le photographe, changeant totalement la nature d’une scène à laquelle il a assisté. Grâce à la possibilité d’agrandissement (Blow-Up en anglais), la photo dévoile de plus en plus de choses, jusqu’à un certain point toutefois : trop agrandie, la photo devient semblable à la peinture abstraite du voisin du photographe, elle nécessite une interprétation (1). Le grain photographique devient alors générateur d’énigme. Les frontières sujet/objet et fiction/réalité sont donc mouvantes ou même s’effacent. C’est aussi une mise en abyme de la machine cinématographique et c’est pour cette raison que le film d’Antonioni eut une influence sur de nombreux réalisateurs (2). Accessoirement ou presque, le film est un témoignage de l’atmosphère du Swinging London sur lequel Antonioni porte un regard assez fasciné.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vanessa Redgrave, David Hemmings, Sarah Miles, Jane Birkin
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Remarques :
* Le groupe pop qui joue dans le club est The Yardbirds avec Jimmy Page et Jeff Beck. Jeff Beck est particulièrement déchainé, cassant sa guitare à la demande d’Antonioni qui était fasciné par ce que faisait Pete Townshend (des Who) sur scène.
* La musique est composée par Herbie Hancock.
* Le personnage du photographe est librement inspiré des photographes de mode David Bailey et Terence Donovan.
* L’appareil que David Hemmings utilise la plupart du temps est un Nikon F (reflex 35mm) qui bénéficia ainsi d’une belle publicité gratuite. Dans le studio, on le voit aussi utiliser un Hasselblad 500.

(1) A noter que cette particularité n’a pas disparu avec la photo numérique, bien au contraire : on ne peut agrandir une photo au-delà de la résolution du capteur (sauf dans les films hollywoodiens…)
(2) La filiation la plus évidente est celle de Conversation secrète de Coppola (1974) qui est au son ce que Blow-up est à l’image, et également Blow Out de Brian De Palma (1981) qui développe le thème en intrigue policière.

Blow-Up
David Hemmings dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

Blow up
David Hemmings agrandit et osculte ses clichés dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.