3 mai 2022

Le Roman de Renard (1937) de Ladislas Starewitch et Irene Starewitch

Le Roman de RenardAu royaume des animaux, Renard le goupil a pour habitude de berner son prochain. Les doléances se multiplient auprès du roi Noble le lion, qui décide de le faire arrêter…
Le Roman de Renard est un long métrage français de marionnettes réalisé par Ladislas Starewitch avec sa fille Irène. S’il s’agit de son premier long métrage, ce russe installé en France est déjà très connu et reconnu pour ses courts métrages d’animation et maitrise parfaitement son art. Il filme image par image des marionnettes habillées de daim, de velours et de cuir par sa femme Anna, et leur donne véritablement vie : gestes et mouvements bien évidemment mais aussi respiration, mouvements des yeux. Le résultat est efficace et réussi mais bien entendu ne peut se comparer aux techniques modernes auxquelles nous sommes maintenant habitués. En 1930, le procédé était unique et révolutionnaire. De plus, Starewitch utilise des moyens ingénieux pour créer des effets visuels, par exemple pour simuler les courses-poursuites. Le récit est parfois un peu laborieux mais le morceau de choix est l’attaque du château fort où le renard emploie des dispositifs hilarants pour repousser ses adversaires. Cette partie évoque les grands comiques du muet, Buster Keaton notamment. Le tournage dura environ 18 mois. Les images furent prêtes en 1930 mais la bande sonore fut longue à mettre au point du fait d’un imbroglio juridique avec le producteur. Le film n’est diffusé en Allemagne qu’en 1937 où il remporte de nombreux prix et en 1941 en France, avant de tomber rapidement dans l’oubli. Il est intéressant de pouvoir visionner aujourd’hui ce film historiquement important.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claude Dauphin, Romain Bouquet, Sylvia Bataille
Voir la fiche du film et la filmographie de Ladislas Starewitch et Irene Starewitch sur le site IMDB.

Voir les livres sur Ladislas Starewitch

Remarques :
* Au moment où il est tourné, Le Roman de Renard est le premier long métrage d’animation en volume mais sa sortie différée le privera de ce titre, ravi par le film soviétique Le Nouveau Gulliver d’Alexandre Ptouchko sorti en URSS en 1935.
* Le retard pour le sonoriser est à imputer au producteur qui imposa la solution de la sonorisation à l’aide de disques, principe qui devint rapidement obsolète.
* La version sonore française a été réalisée par Roger Richebé. Les dialogues sont de Jean Nohain et Antoinette Nordmann.
* Les marionnettes mesuraient 80cm pour les plus grandes. Les photos où l’on voit Ladislas Starewitch et sa fille entourés de marionnettes ayant leur taille est en réalité un montage publicitaire.

Le Roman de RenardLe Roman de Renard de Irene Starewicz et Wladyslaw Starewicz.

26 décembre 2021

Le Grand Méchant Renard et autres contes… (2017) de Patrick Imbert et Benjamin Renner

Le Grand méchant renard et autres contes...Ceux qui pensent que la campagne est un lieu calme et paisible se trompent, on y trouve des animaux particulièrement agités, un Renard qui se prend pour une poule, un Lapin qui fait la cigogne et un Canard qui veut remplacer le Père Noël…
Le Grand Méchant Renard et autres contes… est à l’origine une bande-dessinée de Benjamin Renner, parue en 2015. Il l’adapte lui-même à l’écran avec l’aide de Patrick Imbert. Le film est constitué de trois histoires avec de nombreux personnages en commun. Presque toutes les scènes se déroulent dans une petite ferme (sans humains visibles) ou dans la forêt à l’entour. Le récit est anthropomorphe, chaque animal a une personnalité marquée. Le dessin est simple mais très expressif. L’humour est constant, fin et accessible à tous, des plus petits aux plus grands. Les rebondissements sont variés et toujours drôles. Le film a connu un succès justifié.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrick Imbert et Benjamin Renner sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Le Grand méchant renard et autres contes...Le Grand méchant renard et autres contes… de Patrick Imbert & Benjamin Renner.

27 décembre 2019

Parvana, une enfance en Afghanistan (2017) de Nora Twomey

Titre original : « The Breadwinner »

Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner)En Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana est une jeune fille de onze ans qui vit à Kaboul. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté sans que l’on sache pourquoi. Parvana reste bloquée à la maison avec sa mère et sa sœur. Elle décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de pouvoir sortir pour aller au marché…
Ce film d’animation réalisé par l’irlandaise Nora Twomey est l’adaptation de Parvana, une enfance en Afghanistan, premier tome d’une série de romans écrits par la canadienne Deborah Ellis. Le récit mêle la réalité de la vie sous le joug des talibans, où les femmes ont l’interdiction de paraître en public, avec des contes merveilleux que la jeune fille raconte à son tout jeune frère. Ces contes fantastiques et flamboyants permettent ainsi de s’évader de cette éprouvante réalité tout en préservant le lien avec la culture du pays. S’il n’est pas dénué de défauts, en grande partie du fait de la volonté de garder une certaine simplicité, Parvana, une enfance en Afghanistan est un louable pamphlet contre l’obscurantisme et le fanatisme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Nora Twomey sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
* Producteur exécutif : Angelina Jolie.

Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner)Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner) de Nora Twomey.

21 février 2017

Contes italiens (2015) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Titre original : « Maraviglioso Boccaccio »

Contes italiensEn 1348, alors que la peste frappe cruellement Florence, sept demoiselles et trois jeunes hommes décident de quitter la ville et de s’isoler à la campagne. Là, pour tromper l’ennui, ils décident que chaque jour, l’un d’entre eux devra raconter une histoire… Librement inspiré du Décaméron de Boccace, Contes italiens est un superbe hymne à l’amour, à la beauté et à la vie. Après un préambule sur les dégâts de la peste, les frères Taviani reprennent cinq contes, parmi les cent que compte le roman. Trois sont à caractère plutôt dramatiques sur le thème de la force de l’amour ; ce sont les plus beaux, les plus émouvants, les plus déchirants même pour le dernier. On est transportés par leur puissance évocatrice. Deux contes plus légers, et un peu plus courts, servent en quelque sorte d’intermède récréatif. La réalisation est parfaite, l’image est d’une grande beauté et la musique tient une grande place, apportant une dimension supplémentaire. Il est un peu désolant de voir la critique laminer un tel film, le qualifiant hâtivement d’ « académique ». Il ne faut pas les écouter : à plus de quatre-vingts ans, les frères Taviani ont signé un film étonnamment jeune ; il est en outre assez féminin (Paolo Taviani, lui-même, le confirme). Contes italiens est une petite merveille.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Carolina Crescentini, Flavio Parenti, Kim Rossi Stuart, Riccardo Scamarcio, Kasia Smutniak, Jasmine Trinca
Voir la fiche du film et la filmographie de Paolo Taviani et Vittorio Taviani sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Paolo Taviani et Vittorio Taviani chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur les frères Taviani

Précédente adaptation :
Le Décaméron (Il Decameron) de Pier Paolo Pasolini (1971), comportant dix contes et bien entendu très différent. Le réalisateur l’a renié par la suite.

Contes italiens
Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 1 : Riccardo Scamarcio et Vittoria Puccini dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 2 : Kim Rossi Stuart dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 3 : Michele Riondino et Kasia Smutniak dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 4 : Carolina Crescentini et Leonardo Santini Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 5 : Jasmine Trinca dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

23 avril 2013

Les Trois Lumières (1921) de Fritz Lang

Titre original : « Der müde Tod »

Les trois lumières(Film muet) Au Moyen-âge, un homme tout vêtu de noir, à la silhouette longiligne et au visage émacié, s’installe à la table d’un couple d’amoureux. A l’insu de la jeune fille, le jeune homme et l’homme tout en noir disparaissent peu après. Elle se lance à sa recherche… Der müde Tod (traduction littérale : La Mort lasse) est le premier film important de Fritz Lang, tourné juste avant Docteur Mabuse. Son scénario est signé par sa future femme, Théa von Harbou, qui a puisé son inspiration dans des contes et ballades germaniques. Original et riche, le film montre toute la créativité du couple. Il se compose en trois histoires très différentes encadrées par un prologue et un épilogue. La Mort met en effet la jeune femme à l’épreuve dans trois environnements, Bagdad, Venise et la Chine, où la mort est à chaque fois administrée par un symbole de pouvoir. « L’amour est aussi fort que la mort » lit-elle dans le Cantiques des cantiques mais c’est surtout contre le pouvoir qu’elle doit se battre à chaque fois et si la Mort est lasse, c’est face à la cruauté des hommes. S’inscrivant dans le courant expressionniste, le film est également original dans sa forme, riche de ses références picturales et agrémenté d’effets spéciaux. Malgré la pluralité de ses composantes, Les Trois Lumières forme un ensemble très cohérent, une véritable oeuvre de création d’un grand cinéaste.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lil Dagover, Walter Janssen, Bernhard Goetzke
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Douglas Faibanks a acheté les droits d’exploitation aux Etats Unis de Der müde Tod et en a retardé la sortie. Il s’est inspiré des effets spéciaux de la partie chinoise pour son film Le Voleur de Bagdad. Der müde Tod n’est ainsi sorti aux Etats Unis qu’en 1924 plusieurs mois après le film de Faibanks.