9 janvier 2023

L’Année du dragon (1985) de Michael Cimino

Titre original : « Year of the Dragon »

L'année du dragon (Year of the Dragon)New York. Une vague mystérieuse de violence vient de s’abattre sur Chinatown. Récemment muté dans le quartier, le capitaine Stanley White, un vétéran du Vietnam au tempérament bien trempé, penche pour la théorie du développement d’une mafia chinoise…
L’année du dragon est un film américain réalisé par Michael Cimino. C’est l’adaptation du roman Year of the Dragon de Robert Daley, avec un scénario écrit conjointement par Cimino et Oliver Stone. Cinq ans après le périlleux (mais brillant) La Porte du paradis, Michael Cimino retrouve le chemin de la réalisation avec cette plongée fascinante et anxiogène dans les méandres du Chinatown new-yorkais. Michael Cimino explore une nouvelle facette de l’Amérique : le melting-pot et la place des communautés. Le film fut taxé de racisme à sa sortie alors que le cinéaste dénonce les stéréotypes : il souligne (avec insistance) le manque de reconnaissance envers la communauté chinoise qui a aidé à construire les Etats-Unis.  Michael Cimino a été impressionné par le Scarface de Brian de Palma (1982), ce qui le pousse à placer des scènes de déchaînement de violence comme celle du restaurant. Mickey Rourke fait une belle prestation, avec une grande présence à l’écran. Il est rare de le voir si bien utilisé. Les rôles secondaires sont en revanche un peu ternes. Le happy-end final peut paraitre bien conventionnel et révèle les intentions commerciales. Le film n’a pas la brillance des réalisations précédentes de Cimino mais il est doté d’une indéniable force.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mickey Rourke, John Lone, Ariane Koizumi, Raymond J. Barry, Caroline Kava, Victor Wong
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Cimino sur le site IMDB.

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L'année du dragon (Year of the Dragon)Hon-Lam Pau, Mickey Rourke, John Lone et Victor Wong
dans L’année du dragon (Year of the Dragon) de Michael Cimino.

23 mars 2013

Quel phénomène! (1929) de Clyde Bruckman

Titre original : « Welcome Danger »

Quel phénomène!Harold Bledsoe, étudiant en botanique, est appelé à San Francisco, où son défunt père était chef de la police, pour combattre le commerce de l’opium dans le quartier chinois. En chemin, il fait la connaissance d’une jeune femme, Billie… Après Speedy, Harold Lloyd entreprit de tourner un film se déroulant dans les bas-fonds de Chinatown intitulé « The Butterfly Catcher ». Le film était beaucoup trop long (16 bobines) et c’est pendant qu’il travaillait à le raccourcir qu’il assista à une séance de cinéma parlant. Il décida aussitôt de transformer son film muet en film parlant, retournant une bonne partie des scènes ce qui lui coûta au final une petite fortune. Welcome Danger Le résultat est assez particulier, Welcome Danger est un film de transition : il a le rythme global d’un film muet, beaucoup de ses scènes reposent sur des gags assez visuels mais il y a aussi des dialogues, qui sont parfois assez plaqués (1), beaucoup de bruitages et des gags sonores (il y a même une scène uniquement sonore puisqu’elle se déroule dans le noir). Malgré quelques longueurs, l’ensemble est réussi car l’humour est toujours là, avec de bonnes trouvailles qui témoignent de l’inventivité d’Harold Lloyd. Welcome Danger est souvent jugé un peu sévèrement, un peu trop sans doute car, malgré ses petits défauts, il reste vraiment très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Barbara Kent, Noah Young
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Remarque :
Quel phénomène! La version muette de Welcome Danger a été distribuée dans les cinémas non équipés pour le parlant et dans les pays étrangers. Cette version n’est pas parvenu jusqu’à nous dans sa totalité mais elle a pu être récemment reconstituée et beaucoup de ceux qui ont vu les deux versions disent préférer la version muette.

(1) Des dialogues ont parfois été ajoutés sur des scènes de la version muette. C’est particulièrement visiblement car le mouvement des lèvres n’est pas synchronisé avec ces dialogues.

8 novembre 2012

Patte de chat (1934) de Sam Taylor

Titre original : « The cat’s paw »

Patte de chatFils de missionnaire et élevé en Chine loin de toute civilisation occidentale, le jeune Ezekiel Cobb se rend aux Etats-Unis pour trouver une mère à ses futurs enfants. D’une grande naïveté, il se voit proposé d’être candidat à la mairie par le maire actuel ; en réalité, de mèche avec la pègre, celui-ci cherche à avoir un opposant facile à battre. Mais contre toute attente, le jeune Ezekiel gagne l’élection… The Cat’s Paw est un film assez à part dans la filmographie d’Harold Lloyd, un véritable tournant : Patte de chat alors qu’il avait pour habitude de concevoir ses films comme une succession de gags, majoritairement visuels, il décide (1) de traiter cette histoire qui fustige la corruption des politiques comme un vrai film parlant avec un récit. Cela reste une comédie mais le propos est plus sérieux. C’est assez réussi, Harold Lloyd est parfaitement crédible dans ce rôle de grand naïf. Il y a de belles scènes très amusantes et la fin est originale et forte, tout en étant comique. The Cat’s Paw peut être rapproché de certaines comédies de Frank Capra à connotation sociale ou politique, telle Meet John Doe.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Una Merkel, George Barbier, Nat Pendleton
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Remarque :
L’histoire originale, écrite par Clarence Budington Kelland, est parue dans le Saturday Evening Post en août et septembre 1933. Harold Lloyd en a acheté les droits avant même que l’histoire ne soit entièrement publiée.

(1) Harold Lloyd raconte qu’après avoir acheté l’histoire, Sam Taylor et lui se sont demandés s’ils devaient la traiter de la manière habituelle (gags) ou opter pour une nouvelle façon dictée par le parlant (récit). N’arrivant pas à choisir, ils auraient tiré au sort avec deux bouts de papier dans un chapeau.

22 mars 2012

Hammett (1982) de Wim Wenders

HammettEn 1928 à San Francisco, un ex-détective privé devenu écrivain d’histoires policières se trouve impliqué dans la recherche d’une jeune fille mystérieusement disparue. Son enquête le mène à Chinatown… Grand admirateur du film noir américain, Wim Wenders lui rend hommage par cette évocation du fondateur du roman noir, Dashiell Hammett (1). L’idée est de plonger l’écrivain dans l’univers de ses écrits ce qui constitue une approche originale. Hammett fait partie de la période américaine du réalisateur allemand Wim Wenders qui dut ici collaborer avec un producteur assez intrusif, Francis Ford Coppola. Les visions des deux cinéastes étaient trop différentes, la production fut donc « longue et difficile ». Une première version, plus centrée sur l’écrivain que sur le détective, fut tournée et refusée par Coppola (2). Le résultat final apparaît comme un compromis où la patte de Wenders se ressent de manière un peu plus diffuse que dans ses autres films : un certain détachement et une façon d’aller chercher l’essence de l’époque. L’atmosphère est particulièrement bien rendue, assez épaisse, intense. Hammett est un beau film noir qui se regarde avec plaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frederic Forrest, Peter Boyle, Marilu Henner, Roy Kinnear, Elisha Cook Jr.
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Remarque :
Le superbe plan de la machine à écrire vue par le dessous des touches aurait été soufflé à Wenders par Samuel Fuller. Le réalisateur fait d’ailleurs une petite apparition dans une scène, dans la salle de jeux.

(1) C’est Dashiell Hammett qui a donné un ton nouveau aux histoires policières à la fin des années 20 en durcissant ses personnages, créant ainsi le genre des hard-boiled detective stories (« hard-boiled » = dur à cuire). Son détective ne s’en laisse pas conter car il a à faire face à des adversaires pas toujours très tendres. Raymond Chandler est un peu le fils spirituel de Dashiell Hammett. Plusieurs romans de Dashiell Hammett ont été adaptés au cinéma : Le Faucon Maltais (adapté 3 fois), La Clé de Verre et L’introuvable pour ne citer que les plus célèbres.
(2) Dans la première version, l’amie de Hammett était interprétée par Ronee Blakley, alors épouse de Wenders. Ils divorcèrent entre les deux versions et elle fut donc remplacée ! Presque tous les acteurs furent remplacés d’ailleurs mais Frederic Forrest figure dans les deux (entre les deux versions, il a tourné Coup de Cœur de Coppola).