8 avril 2008

La consultation (2006) de Hélène de Crécy

La ConsultationElle :
Un film documentaire utile, intéressant et émouvant sur le quotidien d’un médecin généraliste qui est le rouage essentiel de la communication et de l’information médicale. Toutes les couches de la société défilent devant lui avec leurs espoirs, leurs problèmes et leurs douleurs. Les émotions qui se dégagent de ces entretiens avec le médecin sont de l’ordre de l’humain mais aussi de l’impudique. La souffrance physique révèle la plupart du temps des problèmes psychologiques comme si les maux du corps étaient un révélateur de l’âme. On peut cependant s’interroger sur ce qui a pu pousser ces clients volontaires à se prêter au jeu de la caméra et de cette mise à nu car elle les déshabille parfois impudiquement et négativement.
Note : 4 étoiles

Lui :
Certes, La Consultation est un documentaire absolument nouveau dans la vision qu’il nous offre de la « médecine ordinaire » d’un généraliste confronté à des cas forts différents : il nous présente à la fois une certaine image de la société actuelle et aussi nous interroge sur notre rapport à la médecine. Cependant on peut aussi se demander où va s’arrêter cette pénétration parfaitement impudique de la caméra, cette Caméra sacralisée par notre société comme de l’organe de l’ouverture totale. Quelle est l’étape suivante ? « 24 heures de la vie d’un psychiatre » ? « Secrets de confessionnal » ? On peut aussi se demander pourquoi La Consultation n’a pas été tourné avec des acteurs (il y a ne serait-ce que 10 ans, ce documentaire avec personnes réelles eut été probablement inconcevable). Répondre à cette question en entraîne d’autres sur le rôle de l’information dans notre société.
Note : 2 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Hélène de Crécy sur le site imdb.com.

7 avril 2008

TwentyNine Palms (2003) de Bruno Dumont

Twentynine PalmsElle :
Un homme et une femme sont à la dérive en plein désert californien pour faire du repérage photographique. Ambiance de road movie avec ses bars, ses motels, ses stations-service et ses grands espaces désertiques. Mis à part des scènes de sexe assez crus, le temps s’écoule très lentement sans qu’il arrive quelque chose de notoire. La routine du quotidien prend le dessus : manger, dormir, faire l’amour, rouler. C’est une parenthèse hors du temps dans laquelle Bruno Dumont ausculte un couple dans ses rapports de domination de l’un par rapport à l’autre en tentant de faire monter l’angoisse dans ce no man’s land sans fin. Cet homme et cette femme passent de la plus grande des jouissances à la pire des violences et douleurs. L’amour et la haine se catapultent, les ego s’entrechoquent entre masculin et féminin. La deuxième partie est longue et confuse. Le réalisateur préfère laisser le spectateur démêler les fils de son histoire qui se termine violemment. C’est assez frustrant ; on reste sur sa faim et on trouve l’exercice un peu vain.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans 29 Palms, Bruno Dumont n’a visiblement aucune intention narrative. Le film est une errance d’un photographe et de son amie dans les déserts du sud de la Californie. Il est difficile de dire que nous les observons puisqu’ils ne parlent pas beaucoup et qu’il ne passe que peu de choses durant les ¾ du film, à part des accouplements un peu primitifs et quelques disputes. Partant d’un environnement neutre, l’atmosphère devient un peu plus inquiétante et oppressante mais les transitions sont brutales, laissant le spectateur sans explication à ces changements inopinés. La fin est quant à elle dramatique et brutale, laissant libre cours à une certaine bestialité. L’image et le son sont globalement très bruts, à tel point qu’une scène de nuit comporte même le bruit lancinant de la machinerie de l’équipe de cinéma (cela donne l’impression d’avoir enfilé un générateur électrique comme sac à dos). 29 Palms est à mes yeux plus à voir comme un film assez expérimental ; cela a sans doute permis à Bruno Dumont de faire ensuite des films assez puissants comme Flandres.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yekaterina Golubeva, David Wissak
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6 avril 2008

Amadeus (1984) de Milos Forman

AmadeusElle :
(En bref) Très beau film, pathétique à souhait, qui ravit les yeux et les oreilles. Le personnage de Mozart est très attachant de par son originalité de comportement dans le monde empesé de la cour royale. Plusieurs projections d’Amadeus permettent même de redécouvrir le film sous de nouveaux angles.
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) Amadeus est une formidable mise en image de l’hypothétique haine d’Antonio Salieri envers Mozart. Il faut pardonner les clichés hollywoodiens et certaines libertés (ou plus exactement, interprétations) historiques, pour savourer tout à loisir cette plongée dans l’univers de ce génie de la musique pré-romantique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Frank Murray Abraham, Tom Hulce, Elizabeth Berridge, Jeffrey Jones
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[Mise à jour 2016] :
La découverte début 2016 d’une partition cosignée par Mozart et Salieri met un terme définitif à ce ce qui est unanimement considéré comme un mythe absurde de l’histoire de la musique, celui d’une supposée animosité entre Salieri et Mozart. Cette fable est née d’une pièce écrite par Pouchkine en 1830, renforcée à la fin du même siècle par un opéra de Rimski-Korsakov.

6 avril 2008

A la campagne (1995) de Manuel Poirier

A la campagneElle :
(En bref) Dans cette chronique de vie à la campagne, Manuel Poirier nous fait languir pendant 1h30 pour peu de choses. On a l’impression qu’il s’ennuie autant que ses acteurs avec son sujet, sujet que l’on discerne bien mal.
Note : 2 étoiles

Lui :
(En bref) A la Campagne c’est un peu la province vue par un réalisateur parisien : boulots pas intéressants, pas de nanas, voisins casse-pieds… et tout ce petit monde ne rêve bien entendu que d’une chose : aller à Paris! Bref on s’ennuie ferme à la campagne, à tel point que le film n’a pas grand chose à raconter.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Benoît Régent, Judith Henry, Sergi López
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5 avril 2008

La courtisane (1998) de Marshall Herskovitz

Titre original : Dangerous Beauty

La CourtisaneElle :
(En bref) Film qui se laisse regarder pour se plonger dans l’univers de Venise au XIVe siècle au travers de cette charmante courtisane. Néanmoins, le film reste conventionnel et alourdi de nombreux clichés et travers hollywoodiens.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Parfaitement à l’image de son héroïne courtisane jouée par l’ensorcelleuse Catherine McCormack, La Courtisane est film plaisant à regarder. Il ne faut sans doute pas lui en demander beaucoup plus.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine McCormack, Rufus Sewell, Oliver Platt, Fred Ward, Naomi Watts, Jacqueline Bisset
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Homonyme :
La Courtisane (Susan Lenox [her fall and rise]) de Robert Z. Leonard (1931) avec Greta Garbo et Clark Gable.

5 avril 2008

Le cinquième élément (1997) de Luc Besson

Le cinquième élémentElle :
J’ai plutôt moins apprécié ce film à sa deuxième projection. La première partie n’est guère passionnante et le film ne décolle vraiment qu’à partir de l’entrée en scène de Bruce Willis et de Milla Jovovich. Luc Besson a su en faire des personnages à la fois attachants et forts. Le monde d’anticipation qu’il a recréé déborde d’imagination et constitue le second point fort du film. Dans Le cinquième élément, Besson nous montre sa dextérité à jongler avec le montage, le son et les images percutantes.
Note : 3 étoiles

Lui :
Luc Besson nous offre là un film très complet. Le scénario, tout en étant classique sur le fond, est riche et puissant. Son univers science-fiction est très varié, inventif, parfois onirique. Bien entendu, on peut lui reprocher son penchant à toujours jouer avec le spectaculaire mais dans Le Cinquième Elément le spectaculaire prend tout son sens : il vient souligner le rêve qu’apporte la science fiction qui permet toutes les excentricités, de pousser à bout toutes les idées.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Gary Oldman, Ian Holm, Milla Jovovich, Chris Tucker
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4 avril 2008

Les témoins (2007) de André Téchiné

Les TémoinsElle :
Désir de trouver le bonheur dans la sexualité, de vivre l’intensité d’un instant présent et pourtant en ce début des années 80, c’est l’apparition brutale d’une maladie méconnue le sida. Le film nous remet en mémoire un contexte difficile : prise en charge sommaire, pas de traitements, préjugés, angoisses de mort. Téchiné nous plonge au cœur du milieu homosexuel par le biais d’un médecin amoureux d’un jeune homme qui va le tromper avec le mari d’une de ses amies. Les vies se croisent, s’entrechoquent, les repères se fissurent, les expériences sont douloureuses mais l’appétit de vivre et le désir d’amour est plus fort lorsque la mort est au rendez-vous. Les personnages de Téchiné sont fragiles, sensibles et lumineux, sur la lisière d’un gouffre.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’art d’André Téchiné avec Les Témoins est de ne pas aborder bille en tête son sujet principal : il prend le soin de nous dresser le portrait d’un petit groupe de personnes très différents dans leur façon d’aborder la vie tout en étant proches. Cette première partie est une belle chronique qui parvient à rendre ces personnages attachants ce qui accentue d’autant la soudaineté de l’irruption de la maladie qui survient sans crier gare. André Téchiné sait alors éviter l’excès de mélodrame, pouvant donner l’impression de rester parfois descriptif, mais cela donne à son film beaucoup de force et d’authenticité. Il s’appuie aussi sur un excellent quarteron d’acteurs : Sami Bouajila est particulièrement remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Johan Libéreau, Julie Depardieu
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3 avril 2008

Golden door (2006) de Emanuele Crialese

Titre original : « Nuovomondo »

Golden doorElle :
(Abandon)
Note : 0 eacute;toile

Lui :
Golden Door nous fait revivre le parcours d’une famille d’immigrants siciliens, depuis leur campagne aride de Sicile jusqu’aux portes de l’Amérique. Alors qu’il nous avait enchanté avec son film précédent Respiro, Emanuele Crialese nous livre cette fois un film assez vide et empâté d’effets visuels inutiles. Le cinéaste semble ainsi avoir perdu toute la fraîcheur et l’authenticité qui faisaient le charme de ses films. Le personnage joué par Charlotte Gainsbourg donne l’impression de n’être, lui aussi, qu’un effet scénaristique inutile. La partie la plus intéressante de Golden Door se situe sur Ellis Island et le film prend alors une fonction de témoignage historique sur la sélection qui s’y est opérée pendant de nombreuses années, à l’entrée des Etats-Unis.
Note : 1 eacute;toile

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Vincenzo Amato
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3 avril 2008

Inséparables (1999) de Michel Couvelard

InseparablesElle :
(En bref) Peinture sociale de la vie d’un quarantenaire un peu paumé et qui s’enferme dans sa déprime. Il quitte Paris pour rejoindre dans le Nord, sa soeur Gisèle, dont le personnage, interprété par Catherine Frot, apporte heureusement une once de gaieté dans cet océan de torpeur et d’ennui.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) La quarantaine déboussolée, Jean-Pierre Darroussin cherche une (nouvelle) direction à sa vie. Le film nous dresse le portrait psychologique de ce personnage en se concentrant sur son présent, le passé étant totalement occulté. On sourit parfois, mais le film semble avoir hérité de la monotonie et la vacuité de la vie de son héros. Inséparables est de ce fait assez franchement déprimant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Fabienne Babe, Sami Bouajila
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2 avril 2008

Fourmiz (1998) de Eric Darnell et Tim Johnson

Titre original : « Antz »

FourmizElle :
Merveilleux film d’animation avec un Woody Allen plus vrai que nature en fourmi perdue dans la foultitude de ses semblables. On passe vraiment un bon moment.
Note : 5 eacute;toiles

Lui :
En 1998, deux films d’animation en images de synthèse basés sur le monde des fourmis sortirent à quelques mois d’intervalle : 1001 pattes (A Bug’s Life) de Pixar/Walt Disney et Fourmiz (Antz) de Dreamworks. S’ils étaient tous deux d’excellente facture, ils visaient un public différent, Disney ciblant son public habituel avec un produit dûment calibré alors que Dreamworks nous a fait un véritable petit bijou en visant un public plus mature, donnant un caractère bien plus anthropoïde (semblable aux humains) à ses fourmis. L’idée brillante de Fourmiz fut en effet de transposer le personnage de Woody Allen, c’est-à-dire un dépressif en proie à d’interminables questionnements existentialistes, au monde totalement impersonnel d’une colonie de fourmis. Tout l’humour repose sur ce transfert et on apprécie d’autant plus Fourmiz que l’on est familier des films (ou du moins du personnage) de Woody Allen. Il faut le voir en VO bien entendu, d’autant plus qu’à ses côtés la brochette d’acteurs qui sont venus prêter leur voix est impressionnante. Si la prouesse technique d’animation, qui fit sensation à l’époque (*), s’est quelque peu émoussée, son contenu le rend toujours aussi amusant à revoir.
Note : 5 eacute;toiles

Acteurs: (voix) Woody Allen, Sharon Stone, Sylvester Stallone, Gene Hackman, Christopher Walken, Dan Aykroyd, Anne Bancroft, Jennifer Lopez
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(*) Fourmiz fut l’un des tous premiers films à être entièrement réalisé en image de synthèse. Avant lui, il y eut Toy Story en 1995 mais l’univers de Fourmiz fit intervenir des objets bien plus complexes à modéliser que celui de Toy Story.