10 janvier 2009

Les cent pas (2000) de Marco Tullio Giordana

Titre original : « I cento passi »

Les Cent pasElle :
Ce film préfigure ce qui fera le succès de Nos meilleures Années de par son contenu et sa forme. Fin des années 60 en Sicile, un jeune homme rebelle est bien décidé à dénoncer les pratiques de la Mafia qui sévit dans son village et jusqu’au sein de sa famille. Il rentre au parti communiste, s’associe au mouvement hippie et anime une émission de radio contestataire à la barbe des mafiosi. Marco Tullio Giordana retrace avec émotion l’esprit de ces années-là inspirées par la musique pop et le vent de liberté venant d’outre atlantique. D’autre part, il s’inspire de l’histoire vraie de Peppino Impastato. L’ensemble, ponctué d’images d’archives parfaitement intégrées, est bien fait et équilibré. La jeunesse insoumise est combative, pleine d’espoir et de joie.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Cent pas raconte l’histoire de Peppino Impastato, jeune sicilien qui combattit la mafia dans les années 70. Bien qu’il ait grandi dans une famille impliquée dans la mafia (Cent pas, c’est la distance qui séparait sa maison du chef mafieux de son village), il s’opposera à elle jusqu’à son assassinat en 1978. Marco Tullio Giordana réussit parfaitement à faire revivre cette histoire, sans tomber dans les travers du genre, avec au contraire beaucoup de naturel et de réalisme, sans spectaculaire inutile. Il s’inscrit ainsi plus dans la lignée de films comme Salvatore Guiliano de Rosi que celle du Parrain. Il parvient de plus à créer une émotion. très facile d’abord, Les Cent Pas rend ainsi un juste hommage à Peppino Impastato.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Luigi Lo Cascio, Luigi Maria Burruano, Lucia Sardo
Voir la fiche du film et la filmographie de Marco Tullio Giordana sur le site IMDB.
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Remarques :
Les véritables auteurs de l’assassinat de Peppino Impastato en 1978 ne furent condamnés qu’en 2002, soit après la sortie de ce film.
Pour en savoir plus :
> Centre Sicilien de Documentation Giuseppe Impastato (en italien)
> peppinoimpastato.com
> Guiseppe Impastato sur Wikipedia

15 novembre 2008

Un homme, un vrai (2003) de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu

Un homme, un vraiElle :
Les Frères Larrieu nous offre leur regard bien personnel un peu décalé sur la vie conjugale d’un jeune couple qui bascule entre fantaisie et drame. Les rôles sont renversés; le mari fait office de nounou puisqu’il n’a pas de métier et la femme ramène à la maison l’argent d’un vrai travail. Trois temps de la vie de couple avec la rencontre amoureuse, la séparation et les retrouvailles dans trois lieux bien différents. Le dernier est très insolite puisqu’il se situe dans la haute montagne pyrénéenne, là où l’on peut apercevoir les coqs de bruyère. C’est justement là que ce mari un peu loser retrouve sa masculinité et son identité, au contact de la nature brute. Servi par les deux bons acteurs que sont Mathieu Almaric en mari lunaire et par Hélène Fillières en mère fugueuse inconsciente, le film se laisse regarder avec plaisir.
Note : 3 étoiles

Lui :
Premier long métrage des Frères Larrieu, Un Homme Un Vrai est une amusante fantaisie autour d’une histoire d’amour délicate, temporellement structurée en trois moments à 5 années d’intervalle. Marilyne (Hélène Fillières) est cadre supérieur dans une startup et Boris (Matthieu Amalric) aspire à être artiste. C’est par le traitement qu’en font les Frères Larrieu que le film acquiert une réelle personnalité. Par un enchaînement légèrement improbable de situations, ils donnent au film un ton décalé, où règne l’inattendu, où chaque situation chasse la précédente. On peut globalement reprocher un manque de contenu mais Un homme un vrai se savoure surtout au niveau de l’instant et de sa vitalité. Originaires des Pyrénées, Arnaud et Jean-Marie Larrieu en profitent pour nous faire découvrir les coqs de bruyère et leur étonnant chant amoureux.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mathieu Amalric, Hélène Fillières
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28 octobre 2008

Erin Brockovich (2000) de Steven Soderbergh

Erin BrockovichElle :
(En bref) L’histoire semble exagérée mais comme il s’agit d’une histoire vraie (la vraie Erin Brockovich fait d’ailleurs une courte apparition dans le film dans le rôle d’une serveuse), il faut bien tempérer son jugement! Malgré l’habileté de la mise en scène, l’ensemble paraît un peu long.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) C’est le genre d’histoire dont les américains raffolent : David contre Goliath, ici une femme vulgaire (et un tantinet malpolie…) qui va se battre contre une multinationale avec ses talons aiguilles. Il n’en reste pas moins que le film est plaisant à regarder car, comme toujours avec Soderbergh, il est admirablement bien construit et de plus il emploie le ton juste pour traiter cette histoire tout de même hors du commun.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julia Roberts, Albert Finney
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27 octobre 2008

Stand-by (2000) de Roch Stéphanik

Stand-byElle :
Belle découverte que ce premier long métrage. Une rupture amoureuse brutale juste au moment d’embarquer pour l’Argentine change totalement le destin d’Hélène. L’aéroport de verre devient son lieu de résidence ; elle s’y prostitue pour subvenir à ses moyens. Le scénario est simple, bien construit et plein d’intensité. Rendez-vous étonnants parfois amusants mais aussi rencontres violentes font que l’on s’attache à cette jeune femme déstabilisée. Elle revendique à sa manière sa liberté et son indépendance après avoir été sous la coupe d’un compagnon trop égoïste. Dominique Blanc joue une subtile partition entre la femme fragile et la femme fatale. L’aéroport d’Orly est formidablement bien filmé. Le film est jalonné de beaux et chauds éclairages, de jeux de flous et de reflets qui donnent l’illusion d’une bulle de verre dans laquelle on se sent bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
Stand-by est un film vraiment étonnant. La base de départ est somme toute assez simple mais assez dramatique : en partance pour une nouvelle vie à l’étranger, une jeune femme se fait « plaquer » malproprement par son compagnon en plein aéroport. Sous le choc, elle reste à Orly dans l’aérogare. Ce qui est remarquable dans Stand-by, c’est tout d’abord l’apparente maturité et la maîtrise de Roch Stephanik alors qu’il s’agit de son premier long métrage. Il utilise les travellings originaux et audacieux, des effets de ralentis, sans jamais en abuser et joue admirablement avec la profondeur de champ ; il a en tout cas une façon très personnelle d’utiliser le décor de l’aérogare d’Orly Sud et le résultat est franchement séduisant. Ensuite, il y a la formidable prestation de Dominique Blanc dans ce rôle multi facettes et lui donne une profondeur mélancolique. Stand-by est un très beau film et on peut se demander pourquoi le film est passé à ce point inaperçu (malgré 2 Césars) et surtout pourquoi, diable, Roch Stéphanik n’a pas tourné de long métrage après celui-ci.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dominique Blanc, Roschdy Zem, Patrick Catalifo, Jean-Luc Bideau
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20 septembre 2008

La bande du Drugstore (2002) de François Armanet

La bande du DrugstoreElle :
(Abandon rapide)
Note : 0 étoiles

Lui :
François Armanet adapte lui-même son livre au grand écran La bande du Drugstore. Il s’inspire de son propre vécu pour décrire une jeunesse aisée à la fin des années 60, des petits minets dont la préoccupation principale est de frimer et de draguer les filles. Il ne porte pas de regard particulier et donc assez rapidement, on s’ennuie autant que les protagonistes… La reconstitution de l’univers des années 60 n’est pas franchement réussie et sonne un peu faux, même la musique (Kinks, Animals, etc…) ne semble étonnamment pas à sa place. La Bande du Drugstore met toutefois bien en valeur Mathieu Simonet, le photogénique fils de Francis Perrin. Un film pas déplaisant mais pas vraiment intéressant non plus.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mathieu Simonet, Cécile Cassel, Aurélien Wiik, Alice Taglioni
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19 septembre 2008

Kekexili, la Patrouille Sauvage (2004) de Lu Chuan

Titre original : Kekexili

Kekexili La Patrouille sauvageElle :
Ce film à message écologique basé sur une histoire vraie offre à l’œil des paysages sauvages et grandioses de toute beauté. Sur un haut plateau tibétain enneigé, une poursuite impitoyable s’ensuit entre des braconniers et des volontaires qui veulent sauver du massacre l’antilope tibétaine. C’est beau, intense, bien filmé mais une certaine lassitude et confusion au niveau du scénario finissent par s’insinuer.
Note : 2 étoiles

Lui :
Dans les hauts plateaux du Kekexili en Chine, une patrouille sauvage tente d’empêcher le massacre des dernières antilopes du Tibet par des braconniers. Le film de Lu Chuan nous montre les conditions périlleuses dans lesquelles cette patrouille pseudo-officielle poursuit une bande de braconniers insaisissable. Le réalisateur ne porte aucun regard moralisateur, son film prend même parfois un aspect documentaire. La réalisation est à l’image de ses personnages : rude et taillée à la serpe. Le montage a de plus tendance à embrouiller quelque peu le propos : il est parfois difficile d’identifier les personnages. Les paysages sont superbes.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Duobuji, Lei Zhang
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19 août 2008

Metropolis (2001) de Rintaro

Titre original : « Metoroposiru »

Metropolis de RintaroElle :
(pas vu)

Lui :
Le Metropolis de Rintaro est un film d’animation adapté du manga homonyme publié à la fin des années 40 par Osamu Tekuza. Les décors ont été réalisés en image de synthèse ce qui permet des plans audacieux (contre-plongées et plongées vertigineuses sur des décors tout en hauteur) sur lesquelles les personnages sont placés à plat avec les techniques traditionnelles de l’animation. Les mouvements des personnages sont conformes aux standards des dessins animés japonais, c’est-à-dire épouvantables… Reprenant partiellement le thème original de Metropolis (la création d’un être supérieur pour gouverner le monde), l’histoire en elle-même, obscure et confuse, n’est pas très passionnante, apparaissant comme un creuset où viennent s’entasser plusieurs thèmes accessoires. Il faut peut-être faire partie de la génération qui a grandi avec les dessins animés japonais pour apprécier ce Metropolis de Rintaro ; cela n’étant pas mon cas, j’ai trouvé l’ensemble terriblement ennuyeux!
Note : 1 eacute;toiles

Acteurs:
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Lire aussi nos commentaires sur le film Metropolis de Fritz Lang

12 juin 2008

Juste un Baiser (2001) de Gabriele Muccino

Titre original : « L’ultimo bacio »

Juste un BaiserElle :
Pas grand-chose à dire… juste une petite comédie légère sans importance sur les problèmes de couple qui touchent tous les âges aussi bien la mère vieillissante qui jalouse la vie remplie de sa fille que la-dite jeune femme qui se fait tromper par son compagnon en pleine crise de doute. Les personnages et quiproquos défilent longuement sur un air de déjà vu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Certes, Juste un baiser est un film de plus sur les trentenaires indécis, sur ce moment où l’on balance entre l’insouciance et les responsabilités qui se profilent, mais le film Gabrielle Muccino possède un charme certain, pas seulement parce qu’il est italien (cela nous change agréablement des trentenaires américains ou français que l’on commence à connaître un peu beaucoup) mais aussi parce qu’il est porteur d’une certaine innocence, une ingénuité assez rafraîchissante. Juste un baiser est donc plaisant, pittoresque à souhait avec ses scènes de (jeune) ménage « à l’italienne », c’est-à-dire démonstratives en gestes et en paroles, mais aussi plein de vie. Il faut aussi reconnaître que c’est passablement moralisateur…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Stefano Accorsi, Giovanna Mezzogiorno, Stefania Sandrelli, Marco Cocci, Pierfrancesco Favino, Sabrina Impacciatore
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Le film ayant été un gros succès en Italie, Juste un baiser eut un remake américain : The Last Kiss (2006) de Tony Goldwyn
(dont on peut raisonnablement supposer que toute cette fraîcheur aura disparu…)

7 avril 2008

TwentyNine Palms (2003) de Bruno Dumont

Twentynine PalmsElle :
Un homme et une femme sont à la dérive en plein désert californien pour faire du repérage photographique. Ambiance de road movie avec ses bars, ses motels, ses stations-service et ses grands espaces désertiques. Mis à part des scènes de sexe assez crus, le temps s’écoule très lentement sans qu’il arrive quelque chose de notoire. La routine du quotidien prend le dessus : manger, dormir, faire l’amour, rouler. C’est une parenthèse hors du temps dans laquelle Bruno Dumont ausculte un couple dans ses rapports de domination de l’un par rapport à l’autre en tentant de faire monter l’angoisse dans ce no man’s land sans fin. Cet homme et cette femme passent de la plus grande des jouissances à la pire des violences et douleurs. L’amour et la haine se catapultent, les ego s’entrechoquent entre masculin et féminin. La deuxième partie est longue et confuse. Le réalisateur préfère laisser le spectateur démêler les fils de son histoire qui se termine violemment. C’est assez frustrant ; on reste sur sa faim et on trouve l’exercice un peu vain.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans 29 Palms, Bruno Dumont n’a visiblement aucune intention narrative. Le film est une errance d’un photographe et de son amie dans les déserts du sud de la Californie. Il est difficile de dire que nous les observons puisqu’ils ne parlent pas beaucoup et qu’il ne passe que peu de choses durant les ¾ du film, à part des accouplements un peu primitifs et quelques disputes. Partant d’un environnement neutre, l’atmosphère devient un peu plus inquiétante et oppressante mais les transitions sont brutales, laissant le spectateur sans explication à ces changements inopinés. La fin est quant à elle dramatique et brutale, laissant libre cours à une certaine bestialité. L’image et le son sont globalement très bruts, à tel point qu’une scène de nuit comporte même le bruit lancinant de la machinerie de l’équipe de cinéma (cela donne l’impression d’avoir enfilé un générateur électrique comme sac à dos). 29 Palms est à mes yeux plus à voir comme un film assez expérimental ; cela a sans doute permis à Bruno Dumont de faire ensuite des films assez puissants comme Flandres.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yekaterina Golubeva, David Wissak
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24 janvier 2008

La chute (2004) de Oliver Hirschbiegel

Titre original : « Der Untergang »

La ChuteElle :
Un film aux allures de téléfilm et de documentaire-fiction qui m’a mis mal à l’aise. La chute d’un régime criminel et du pire dictateur de tous les temps dans son bunker, entouré de ses terribles comparses, la lente décomposition d’un Hitler vieillissant et tremblant, capable d’avoir la larme à l’œil et de se montrer attentif envers les enfants et les jeunes femmes, des visages angéliques d’enfants et de secrétaires qui suscitent un certain attendrissement et assez peu d’éléments précis sur la barbarie du national socialisme malgré les quelques abominables vociférations d’Hitler. Il faudra le générique de fin pour en avoir une meilleure idée. Est-ce suffisant pour faire passer le message aux jeunes générations ? Il faut saluer la performance d’acteur de Bruno Ganz.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il est certain que l’existence même d’un film sur les derniers jours du plus grand tyran de l’Histoire n’est pas sans poser quelques problèmes : le risque de le rendre humain n’est pas négligeable et sur ce point le film peut être critiqué à cause de certaines scènes, notamment celle où l’on voit une larme perler sur sa joue à l’annonce de la défection de l’un de ses proches. Néanmoins, La Chute parvient à dresser le portrait d’un dictateur parvenu à une impasse, aveuglé par une idéologie primaire et brutale, lâché peu à peu par une partie de ses généraux. Il est présenté comme étant parfaitement lucide et revendiquant la justesse de ses actes. C’est une bonne chose dans la mesure où il aurait été trop facile (et non-conforme à l’Histoire) de le montrer comme un fou psychopathe. En revanche, sur le plan physique, le film nous le montre vieillissant très rapidement et pris de tremblements permanents. Evitant les écueils, La Chute parvient donc à trouver une représentation juste de ce monstre de l’Histoire, aidé par l’interprétation particulièrement remarquable de Bruno Ganz. On peut, bien entendu, s’interroger sur la nécessité ou l’intérêt de faire un tel film mais son succès en Allemagne montre qu’il a un grand besoin de savoir. Et sur ce point, seule une production allemande pouvait parvenir pleinement à ce résultat.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Ulrich Matthes, Juliane Köhler, Corinna Harfouch
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