30 avril 2011

Les avatars de Charlot (1918) de Leo White

Titre original : « Triple trouble »

Les avatars de CharlotLui :
(Muet 23 minutes) Deux ans après le départ de Chaplin, la compagnie Essanay crée un film de toutes pièces à partir de fragments et de chutes. Les avatars de Charlot est ainsi composés d’images de Charlot apprenti et de Charlot Cambrioleur ainsi que de fragments de ce qui aurait pu être le premier long métrage de Chaplin : Life. Une histoire de savant est plaquée sur l’ensemble et de nouvelles scènes sont tournées. L’ensemble est bien entendu très disparate et n’a aucune cohésion. L’histoire n’a aucun sens. La meilleure scène reste celle de l’asile de nuit dont on ne sait exactement s’il s’agit d’une chute de Charlot Cambrioleur ou d’un fragment de Life. Mise à part cette scène, Les avatars de Charlot ne sont pas d’un grand intérêt.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Leo White, Billy Armstrong
Voir la fiche du film et la filmographie de Leo White sur le site IMDB.

Remarques :
* Les approximations sont nombreuses : ainsi plusieurs personnages ne sont pas tenus par les mêmes acteurs dans les scènes où figure Chaplin que dans les scènes ajoutées !
* Plusieurs scènes reprises de Charlot Cambrioleur sont inversées (gauche/droite), sans doute pour éviter qu’on ne les reconnaisse !
* Essanay n’en était pas à son coup d’essai puisqu’ils avaient transformé Burlesque on Carmen en long métrage en réincorporant toutes les chutes de tournage et de montage.

30 avril 2011

Charlot cambrioleur (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « Police »

Charlot cambrioleurLui :
(Muet 25 minutes) A peine libéré de prison, Charlot est détroussé par un faux pasteur puis rencontre un ancien codétenu qui l’entraîne cambrioler une maison… Ce film paraît très inégal et s’inscrit parmi les moins relevés de la période Essanay qui s’achevait alors. Il y a bien quelques bons gags mais ils sont trop peu nombreux et Chaplin ne parvient pas à donner une dimension dramatique ou sociale, Charlot cambrioleur si ce n’est tout de même cette notion de l’homme qui est en équilibre instable entre le bien et le mal : il voudrait faire le bien mais son environnement le pousse à faire le mal. Plusieurs scènes de Charlot cambrioleur seront réutilisées par Essanay pour sortir deux ans plus tard un film apocryphe : Les avatars de Charlot.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Wesley Ruggles
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.

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Remarque :
Charlot cambrioleur L’affiche ci-contre est intéressante car elle met en avant l’argument publicitaire : « The $670,000 comedian ». Le frère de Charlie Chaplin venait de lui trouver un nouveau contrat à la Mutual : 10 000 dollars par semaine plus 150 000 de bonus à la signature. Cela fait bien 670 000 (très grossièrement l’équivalent de 10 millions d’euros d’aujourd’hui). Personne n’avait obtenu une pareille somme de toute la (jeune) histoire du cinéma ! Cela fit un peu scandale et entacha quelque peu l’image de Chaplin qui était de son côté surtout intéressé par l’entière liberté que lui promettait la Mutual (à l’époque, il vivait toujours dans un hôtel de moyenne gamme du centre de Los Angeles, l’hôtel Stowell sur Spring Street). L’affiche ci-contre peut être datée de l’automne/hiver 1916 (ou plus récent), nous sommes donc au minimum plusieurs mois après la signature du contrat (février 1916), ce qui signifie que ce surnom est resté dans les esprits un certain temps.

17 avril 2011

The Americano (1916) de John Emerson

Titre français : « L’américain »

The AmericanoLui :
(Film muet) Un ingénieur américain se laisse convaincre d’aller diriger les mines du pays imaginaire de Paragonia après avoir eu le coup de foudre pour la fille du président venue à New York. Mais lorsqu’il arrive sur place, un coup d’état a eu lieu : le président est emprisonné, sa fille doit épouser de force le nouveau chef des armées… The Americano est le dernier des films de Douglas Fairbanks pour la Triangle Company, films supervisés par David W. Griffith. Le type d’histoire est assez classique pour l’acteur : Douglas Fairbanks a bâti sa popularité sur ce genre de personnage de sauveur, celui qui vient à la rescousse et fait des prouesses pour rétablir ce qui est juste. L'américain Le film est assez court mais bien construit, avec un scénario assez travaillé relativement à ses autres films. L’aspect comédie est plutôt moins développé qu’à l’habitude. The Americano est plaisant, pas ennuyeux mais pas vraiment remarquable non plus. Fairbanks reprendra le même thème, de façon plus élaborée, l’année suivante dans Reaching for the moon, toujours mis en scène par John Emerson mais cette fois sous l’égide de la Douglas Fairbanks Pictures nouvellement créée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Alma Rubens, Spottiswoode Aitken, Carl Stockdale
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L'Americano Remarques :
Le scénario est signé Anita Loos qui est en devenir non seulement l’une des grandes scénaristes d’Hollywood mais aussi la femme de John Emerson.

16 avril 2011

The New York hat (1912) de David W. Griffith

The New York HatLui :
(Film muet, 16 minutes) Une mère lègue une petite somme d’argent au pasteur de son village pour qu’il achète à sa fille quelques frivolités dont elle est privée par un père trop rigide. Le pasteur achète un chapeau de la toute dernière mode qui faisait visiblement très envie à la jeune fille. Dans le village, cet achat fait jaser… The New York Hat illustre la rigidité des codes de la morale victorienne de cette époque et cette propension à juger et à condamner sur de simples apparences. La jalousie est le principal moteur de ces travers. Le scénario est signé par la toute jeune (14 ans!) Anita Loos, dont ce serait la première adaptation au cinéma (1). L’histoire est simple mais Griffith sait lui donner de la force. Il s’agit du dernier film de Mary Pickford sous la direction de Griffith, l’actrice passant ensuite de Biograph à la Paramount. On notera la présence de Lionel Barrymore dans l’un des premiers rôles (2) et l’une des premières apparitions de Liliane Gish dans un petit rôle (l’une des trois jeunes filles devant la vitrine, puis devant l’église).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Lionel Barrymore, Charles Hill Mailes, Claire McDowell, Mae Marsh
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Remarques :
(1) Anita Loos sera l’une des grandes scénaristes d’Hollywood. Son livre le plus célèbre est sans aucun doute « Les hommes préfèrent les blondes ».
(2) Il est parfois fait mention d’un film de 1908 appelé « The Paris Hat » qui serait le premier film de Lionel Barrymore. Il n’existe aucune preuve de l’existence d’un tel film. Il s’agit probablement d’une confusion avec The New York Hat. Lionel Barrymore ne débuta au cinéma qu’en 1911.

13 avril 2011

Charlot joue Carmen (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « Charlie Chaplin ‘s burlesque on Carmen »

Burlesque on Carmen Lui :
(Muet 32 min) Charlot est officier dans une petite garnison de la côte espagnole. Des contrebandiers demandent à la belle Carmen de le séduire afin de pouvoir passer leurs marchandises… Charlot joue Carmen est une parodie de l’opéra de Bizet et aussi une réponse à deux films qui avaient eu beaucoup de succès l’année précédente : Carmen de Cecil B. DeMille (1915), avec Geraldine Farrar et Wallace Reid, et Carmen de Raoul Walsh (1915) avec la belle Theda Bara. Il s’agit du dernier film de Chaplin pour Essanay qui en profita pour dénaturer le film (1). Burlesque on Carmen Le résultat est plutôt inférieur aux autres courts métrages Essanay, le personnage principal étant trop peu développé ce qui l’empêche d’acquérir une dimension supplémentaire. Les meilleures scènes sont celles d’humour pur, notamment le combat dans l’auberge. A noter également, une fin surprenante où Chaplin et Edna Purviance jouent sérieusement une scène de meurtre suivie d’un suicide (probablement la seule fois où l’on voit Chaplin jouer un meurtre)… mais un amusant twist final lui permet de tout dédramatiser.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Ben Turpin, John Rand
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Remarques :
Burlesque on Carmen (1) Si Chaplin avait monté une version de deux bobines, Essanay s’empressa d’allonger le film dès que Chaplin eut quitté les studios pour aller travailler pour la Mutual. De nouvelles scènes furent tournées avec les seconds rôles et certaines scènes, écartées par Chaplin au montage, furent réintégrées. Essanay en fit ainsi une version de 67 minutes sur quatre bobines, soit le double de la durée initiale! Chaplin en fut bien entendu furieux et leur intenta un procès.
Dans les années 1990, une version de 30 minutes fut reconstituée. On pense qu’elle est assez proche de celle que voulait Chaplin.

22 mars 2011

Charlot au music-hall (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A night in the show »

A Night in the ShowLui :
(Muet, 23 minutes) Charlot se rend au music hall. Tout d’abord, il change plusieurs fois de place avec, à chaque fois, beaucoup d’interactions avec les autres spectateurs ou même les musiciens de l’orchestre qui sont juste devant lui. Ensuite, il perturbe parfois malgré lui le bon déroulement du spectacle… En réalité, Chaplin joue deux rôles différents : celui d’un spectateur mondain alcoolique et celui, un peu moins reconnaissable car plus moustachu, d’un spectateur plus populaire à l’étage, encore plus éméché. L’ensemble est bien enlevé, le bon rythme venant d’un enchaînement assez rapide des gags qui sont nombreux et assez variés. A noter qu’Edna Purviance n’a ici qu’un tout petit rôle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance
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12 mars 2011

Charlot marin (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « Shanghaied »

Charlot marinLui :
(Muet, 27 minutes) Un armateur demande à son capitaine de faire sauter son bateau en mer pour toucher l’assurance. Charlot se retrouve enrôlé de force à bord… Précision : le film n’a rien d’oriental (1). Charlot Marin a bien quelques longueurs mais ce onzième court métrage pour Essanay a aussi de très bonnes scènes. Les meilleures sont situées au milieu du film à partir du moment où Chaplin est assigné à la cuisine. Il doit d’abord faire la vaisselle (pendant que le cuisinier prépare la soupe, hum…) puis servir le capitaine. Le bateau se met à tanguer fortement : visiblement dans les scènes d’intérieur, Chaplin a utilisé un système de décor sur des rondins comme il le fera pour l’Emigrant afin de faire tanguer la pièce devant une camera fixe. Pour les scènes d’extérieurs, Shanghaied il fait tanguer la caméra et l’effet paraît bien moins réussi car les mouvements sont trop rapides. Ceci dit, on acquiert, nous aussi, assez rapidement le mal de mer… La scène du repas est aussi pleine de gags. Une petite idylle entre Chaplin et la fille de l’armateur est insérée, sans qu’elle soit vraiment développée mais elle permet de finir en beauté sur un baiser.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Wesley Ruggles, Bud Jamison
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(1) En anglais, le verbe « to shanghai » est un terme de marine qui signifie « enivrer ou endormir un homme pour l’embarquer sur un navire à court d’équipage ».

28 février 2011

Cendrillon ou La pantoufle merveilleuse (1912) de Georges Méliès

Cendrillon ou La pantoufle merveilleuseLui :
(Muet, 24 minutes) Georges Méliès adapte pour la seconde fois le conte de Charles Perrault, Cendrillon. C’est bien entendu beaucoup plus long ici, le réalisateur a tendance à appuyer fortement ses effets et à prolonger les diverses transformations d’objets ou de personnages qui paraissent interminables. L’ensemble manque singulièrement de rythme. Cendrillon ou La pantoufle merveilleuse Comme pour tous les derniers films qu’il a tournés, on sent ici le fort décalage de Méliès avec les autres cinéastes en ce début des années 1910. Malgré tous les effets, la fixité de sa caméra se ressent et le côté théâtral de son cinéma paraît être une lourdeur.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Louise Lagrange, Jacques Feyder
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Précédente adaptation :
Cendrillon (1899) film de 6 minutes de Georges Méliès

Remarque :
Le dessin ci-dessus de Cendrillon ou La pantoufle merveilleuse est un dessin de Georges Méliès datant environ de 1930 (Collection de la Cinémathèque Française).

28 février 2011

À la conquête du pôle (1912) de Georges Méliès

À la conquête du pôleLui :
(Muet, 33 minutes) Les scientifiques du monde se rassemblent pour décider du meilleur moyen de transport à utiliser pour aller explorer le Pôle Nord. Un aéroplane est mis en construction. Puis commence un long voyage… A la conquête du pôle est une libre adaptation du roman de Jules Verne. La structure narrative du film rappelle fortement celle du Voyage dans la Lune qu’il a tourné dix ans plus tôt. Le traitement est aussi assez proche et on mesure là à quel point Méliès n’a pas suivi l’évolution du cinéma. Autant il était formidablement en avance sur son temps en 1902, aussi il paraît être plutôt en retard en 1912 : son cinéma semble comparativement trop théâtral  et c’est ce qui a provoqué sa forte baisse de popularité. La fibre créative, qui rend sa production si attrayante, paraît ici moins vive. À la conquête du pôle Le voyage dans les airs est particulièrement long et reprend le thème des signes du zodiaque animés que l’auteur/réalisateur a déjà utilisé plusieurs fois. Malgré quelques bonnes trouvailles, les scènes sur le pôle sont plutôt décevantes. A la conquête du Pôle fait hélas partie des derniers films qu’a tournés Georges Méliès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Georges Méliès, Fernande Albany
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Remarque :
On notera la façon dont les suffragettes sont ridiculisées par Méliès, allant jusqu’au plus mauvais goût (chute et empalement). Cela illustre bien à quel point l’action de ces suffragettes pouvaient déclencher des réactions hostiles et passionnées en cette veille de la Guerre de 14-18.

19 février 2011

Matrimony’s speed limit (1913) de Alice Guy

Matrimony's Speed LimitLui :
(Muet, 10 mn à 18 im/sec = env. 14 mn à l’origine) Ruiné par une opération financière malheureuse, un jeune homme va annoncer à sa fiancée qu’il ne peut plus l’épouser. Celle-ci lui propose toutes ses économies pour se refaire mais il refuse. Elle imagine un stratagème subtil : elle lui fait parvenir un faux télégramme d’un notaire lui annonçant qu’il hérite d’une forte somme à condition d’être marié le jour même avant midi. Une course-poursuite commence… Cette base de scénario sera reprise plusieurs fois par la suite, on pense notamment à Buster Keaton et ses Fiancées en Folie. La comédie repose ici sur un bon jeu d’acteurs et un rythme qui s’accélère. Le lieu du mariage est assez original…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fraunie Fraunholz, Marian Swayne
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Note : On pourra noter le gag de la femme abordée vue de dos qui se révèle être noire au grand effarement du héros, gag révélateur du racisme ambiant de cette époque (au moins de la totale non-acceptation des mariages inter-raciaux qui seront illégaux jusqu’en 1948). On retrouve d’ailleurs ce type de gag chez Keaton ou chez Harold Llyod quelques années plus tard.

Remarque :
Ce film fait partie de la période américaine d’Alice Guy, la cinéaste ayant suivi son mari, l’anglais Herbert Blaché qui avait été énvoyé par Gaumont aux Etats-Unis en 1907. Après une interruption de trois ans pour mettre au monde une fille, Alice Guy-Blaché fonde sa propre compagnie de production, la Solax, en 1910 et tourne à nouveau des films. Elle connaitra une grande popularité. Des studios seront construit à Fort Lee, dans le New Jersey, en 1912 (le centre névralgique du cinéma était à Fort Lee à cette époque, avant de se déplacer à Hollywood quelques années plus tard). Après son divorce en 1922, Alice Guy reviendra en France.