27 février 2011

Le royaume des fées (1903) de Georges Méliès

Au royaume des féesLui :
(Muet 16 minutes) Le Royaume de Fées est l’un des plus beaux films de Méliès. Il présente la même richesse et la même beauté visuelle, voire plus, que Le Voyage dans la Lune. L’histoire est adaptée d’une féérie du Chatelet. Alors que le Roi annonce le mariage de sa fille avec un beau prince, sous l’égide de bonnes fées, la princesse est brutalement enlevée par une abominable sorcière. Une expédition est immédiatement entreprise par le jeune prince pour aller la délivrer… L’histoire est simple sur le fond mais assez élaborée dans ses développements. Les décors sont riches et variés, toujours très beaux avec de remarquables couleurs. Les paysages sous-marins sont particulièrement admirables, très poétiques. L’histoire permet à Méliès d’utiliser sa grande maîtrise des apparitions et disparitions, des superpositions et des effets pyrotechniques (étonnante scène « à grand spectacle » de l’incendie du château avec le plafond qui s’écroule). Joli final. La projection du Royaume des Fées était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est essentiel de regarder une version avec ce commentaire qui permet de bien comprendre l’action. Le film est entièrement colorié à la main, image par image. Le Royaume des Fées est un film remarquable, d’une richesse étonnante, d’une beauté admirable. Il mériterait indéniablement d’être aussi célèbre que Le Voyage dans la Lune.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bleuette Bernon, Georges Méliès
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site IMDB.

Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

27 février 2011

Le voyage de Gulliver à Lilliput et chez les Géants (1902) de Georges Méliès

Le voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géantsLui :
(Muet, 4 minutes) La série des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift fournit un beau contexte à Méliès pour utiliser habilement ses effets de superpositions. Grâce à sa maîtrise de la double exposition, il réussit très bien à placer dans le même cadre géants, hommes et lilliputiens. Il se permet même de beaux effets. Une scène étonnante est celle où Gulliver reçoit la visite du Roi et de la Reine des lilliputiens, cette dernière arrivant en chaise à porteurs que Gulliver prend et pose sur la table devant lui ; la Reine en sort alors (voir photo ci-contre). La réalisation technique est parfaite et l’effet est saisissant. En revanche, le scénario n’est pas vraiment développé en une histoire continue. Il n’y a que cinq scènes en tout mais il n’est pas impossible que le film ait été plus long originellement car le début est abrupt et la transition avec le pays des Géants est tout aussi rapide : Gulliver se retrouve alors minuscule sur une table où trois géants jouent aux cartes. On notera les transitions en fade entre les scènes. Le film est en couleurs, colorié à la main image par image.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

Autres films mettant en scène Gulliver, le personnage de Jonathan Swift.

26 février 2011

Barbe-bleue (1901) de Georges Méliès

Barbe-bleueLui :
(10 minutes) Barbe Bleue fait partie des premiers « grands films » (dans le sens « long », c’est-à-dire d’une longueur de dix minutes à une époque où la plupart ne duraient qu’une ou deux minutes) de Georges Méliès. Ce conte de Perrault lui permet d’intégrer ses fameux trucages au sein d’une histoire : apparitions, disparitions, scènes de rêves… Méliès maîtrise déjà parfaitement tous ces effets. Celui du diablotin qui jaillit du grand livre est remarquablement réussi. On remarquera aussi l’utilisation habile d’un mannequin dans la scène où Barbe Bleue traîne sans ménagement sa femme par les cheveux (1). Sans être aussi développé que celui du Voyage dans la Lune, film qu’il réalisera l’année suivante, le scénario est très riche, faisant intervenir une petite dizaine de lieux différents. Belle symbiose entre les « trucs » de Méliès et un récit bien construit, Barbe Bleue est un film étonnant : quelle inventivité !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Georges Méliès, Jeanne d’Alcy, Bleuette Bernon
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site IMDB.

Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

(1) Ce film prouve que The great train robbery (1903) n’est donc pas le premier film utilisant un mannequin dans une scène violente scénarisée. D’ailleurs, l’illusion est plus parfaite ici car la légèreté du mannequin est peu visible.

26 février 2011

Jeanne d’Arc (1900) de Georges Méliès

Jeanne d'ArcLui :
(Muet 10 minutes) Jeanne d’Arc est la première « superproduction » de l’histoire du cinéma : plus de dix minutes (à une époque où la durée la plus courante était 1 minute), de nombreux décors, un nombre impressionnant de figurants (1). Le film retrace dans les grandes lignes le parcours de Jeanne d’Arc. Il y a en tout onze scènes différentes ; elles sont pratiquement toutes superbes, les plus remarquables sont l’interminable défilé des soldats qui suivent Jeanne d’Arc et le sacre de Charles VII qui a vraiment de belles couleurs. La projection de Jeanne d’Arc était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est essentiel de regarder une version avec ce commentaire qui permet de bien comprendre l’action. Le film est entièrement colorié à la main, image par image.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bleuette Bernon, Georges Méliès, Jeanne d’Alcy
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site IMDB.

Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

(1) L’historien Georges Sadoul avance le chiffre de 500 rôles de figuration, ce qui est considérable. Méliès joue lui-même plusieurs rôles différents.  

Remarque :
Il faut éviter de regarder les versions disponibles sur internet qui sont de bien piètre qualité. Préférer le magnifique coffret DVD de Lobster Films (films restaurés par Serge Bromberg) ou encore le beau double DVD de Studio Canal (fait par les descendants directs de Georges Méliès mais qui n’a pas Jeanne d’Arc).

Voir aussi : Le site Georges Méliès tenu par Pauline Méliès, arrière arrière petite fille du cinéaste.

Jeanne d'Arc

Autres films sur la vie de Jeanne d’Arc :
* Les Frères Lumière avaient produit deux ans auparavant L’Exécution de Jeanne d’Arc (1998), film de 40 secondes environ, composé d’un seul plan.
* Jeanne d’Arc (Joan of Arc) de Cecil B.DeMille (1916) avec Geraldine Farrar
* La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer (1928) avec Maria Falconetti
* Jeanne d’Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming (1948) avec Ingrid Bergman
* Sainte Jeanne (Saint Joan) d’Otto Preminger (1957) avec Jean Seberg
* Le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson (1962) avec Florence Delay
* Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999) avec Milla Jovovitch

25 février 2011

L’Affaire Dreyfus (1899) de Georges Méliès

La dictée du bordereauLui :
(Muet, 11 x 1 minute) A côté de ses films à trucs et de ses contes, Georges Méliès a également excellé dans le genre de la reconstitution historique. A cette époque où les illustrations d’actualités étaient fort peu nombreuses, le public était friand de ces reconstitutions (précisons qu’il ne s’agissait pas de tromper le public en laissant croire que ces films montraient la réalité mais simplement de mettre en scène des évènements importants). En pleine Affaire Dreyfus, pendant le procès de Rennes, Méliès reconstitue la chronologie de cette affaire en 11 tableaux. Il désire ainsi participer à la défense de Dreyfus et influencer l’opinion. Chaque film est constitué d’un seul plan d’une minute environ, l’ensemble, mis bout à bout, durant près de quinze minutes. Les exploitants étaient encouragés à n’acheter que les plus populaires. Deux d’entre eux sont perdus. Cet ensemble, remarquable par son ampleur pour l’époque, a surtout un intérêt historique. On remarquera l’étonnante scène de bagarre entre journalistes où Méliès laisse les acteurs en pleine action s’approcher de la caméra.
Note : 2 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

Les 11 films de Méliès sur l’Affaire Dreyfus :
1. La dictée du bordereau
2. La dégradation (film perdu)
3. A l’Île du Diable
4. Mise au fers de Dreyfus
5. Suicide du Colonel Henry
6. Débarquement à Quiberon
7. Entrevue de Dreyfus et de sa femme à Rennes
8. Attentat contre maître Labori
9. Bagarre entre journalistes
10. Le conseil de Guerre en séance à Rennes
11. Dreyfus allant du lycée de Rennes à la prison (film perdu)

25 février 2011

Cendrillon (1899) de Georges Méliès

CendrillonLui :
(Muet, 6 minutes) Le conte de Charles Perrault offre à Méliès un sujet en or pour bien intégrer ses trucages de substitution dans une histoire. La fée transforme non seulement la citrouille en carrosse mais aussi un rat en gnome bondissant. Les apparitions se multiplient… Cendrillon est considéré comme étant le premier film à utiliser une technique de disparition en douceur d’une scène pour passer à une autre (fade) : c’est lors de la transition vers la scène du bal. Le film se termine en apothéose par un ballet de muses, une scène qui fit intervenir pas moins de 36 figurants. La version qui a été restaurée est partiellement en couleurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bleuette Bernon, Jeanne d’Alcy
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site IMDB.

Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Georges Méliès mettra à nouveau en scène ce conte en 1912, l’un de ses tous derniers films.

17 novembre 2010

Le voyage à travers l’impossible (1904) de Georges Méliès

Le voyage à travers l'impossibleLui :
Devant l’immense succès de son film Le Voyage dans la Lune qu’il a réalisé deux ans plus tôt, Méliès décide de lui donner une suite. Après la lune, c’est au tour du soleil d’être la destination d’une expédition fantastique. L’histoire est (très) librement adaptée d’une pièce de Jules Verne qui porte le même nom. L’ingénieur Mabouloff et ses collègues de la « Société de Géographie Incohérente » construisent un véhicule révolutionnaire : l’automabouloff intersidéral. Ils se rendent dans les Alpes pour trouver un grand plan incliné qui servira de rampe de lancement. Après un rapide voyage, ils parviennent sur la surface du soleil (!) où ils sont obligés de s’enfermer dans une grande glacière… Le voyage à travers l'impossible Ils reviennent sur terre avec un engin submersible qui tombe au fond d’un océan avant qu’une pieuvre géante ne cause une explosion dans la salle des machines qui les fait revenir de force à la surface. Il faut bien avouer qu’à la première vision, l’histoire n’est pas toujours très facile à comprendre sans les commentaires qui étaient dits à l’époque par un bonimenteur sur place. De plus, certaines actions sont montrées deux fois (1). Le Voyage à travers l’Impossible reprend globalement la succession d’évènements du Voyage dans la Lune (conférence, construction, départ, court séjour sur place, retour dans la mer) mais l’ensemble apparaît un peu plus confus. Méliès met beaucoup plus d’humour : tout est prétexte à gesticulations diverses et à la farce, aucune séquence n’est vraiment sérieuse. Il est, probablement pour cette raison, beaucoup moins poétique que son prédécesseur. Le Voyage à travers l’Impossible est plus développé et plus long ; en 1904, c’est le plus long film jamais produit. Méliès vend des copies coloriées à la main. Une fois de plus, Méliès va plus loin que tout autre… il continue de « créer » le cinéma.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Georges Méliès
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site IMDB.
Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

(1) Par exemple, lorsque les savants arrivent dans les Alpes par train, nous les voyons descendre du wagon depuis l’intérieur. Ensuite, nous voyons le train arriver en gare à nouveau (mais, cette fois, vu de l’extérieur) et les voyageurs descendre du train. Cette façon de montrer deux fois des actions importantes était une convention dans certains spectacles populaires. Cette pratique sera abandonnée quelques années plus tard.

Remarques :
* Méliès tient lui-même le rôle de l’ingénieur Mabouloff.
* Une fin additionnelle de deux minutes aurait été mise à la disposition des exploitants (moyennant supplément). Une copie de cette fin allongée aurait été redécouverte il y a peu.

7 novembre 2010

La fée aux choux (1900) de Alice Guy

La fée aux chouxLui :
(Muet, 1 minute) Dans un jardin féérique planté de choux géants, une gracieuse fée cueille des nouveau-nés et vient les poser à l’avant-plan. Depuis qu’elle fut redécouverte, cette petite fantaisie d’Alice Guy a souvent été datée de manière incorrecte de 1896 et présentée comme étant le premier film doté d’un scénario inventé (avec l’Arroseur arrosé qui est de la fin 1895) (1). Comme nous le montre l’excellent coffret édité par Gaumont, La Fée aux Choux aurait été en réalité réalisé par Alice Guy en l’an 1900, date qui paraît bien plus cohérente avec sa filmographie. Alice Guy est, avec les frères Lumière et Georges Méliès, l’un des trois grands pionniers du cinéma. Qu’elle ait été longtemps occultée dans les histoires du cinéma est une grande injustice.
Sage-femme de première classe Alice Guy a par la suite tourné plusieurs variantes de la Fée aux Choux dont l’étonnant Sage-femme de première classe (1902) parfois décrit à tort comme un remake ou même confondu avec l’original (2). Il s’agit d’une petite fantaisie de 4 minutes, bien plus élaborée, où l’on voit un jeune couple aller chez… une marchande de bébés ! Comme aucun des bébés exposés ne leur convient, la marchande les fait entrer dans la réserve, un jardin plein de choux géants et commence à leur montrer les différents modèles en les cueillant derrière les choux pour les étaler au premier plan sur une couverture comme une vulgaire marchandise. Les nourrissons sont de vrais bébés (on les voit brailler à plein poumons). Le couple finit par faire son choix, paye et repart avec son nouveau-né. Il y a de quoi choquer nos esprits modernes mais l’ensemble reste charmant, d’une grande fraîcheur et surtout plein d’humour.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site IMDB.
Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

(1) Les Frères Lumière filmaient essentiellement des scènes de la vie et non des histoires inventées : l’arrivée d’un train, une sortie d’usine, etc… Méliès, de son côté, débutera en 1896. Les premiers films d’Alice Guy dateraient de 1897.
(2) Ces imprécisions ont été engendrées par les déclarations d’Alice Guy dans les années 50 et 60 qui a présenté ce film comme étant son tout premier en le datant de 1896.

A voir aussi : Une conférence de Maurice Ginati à la Cinémathèque Française le 13/03/2011 où l’historien-chercheur place Sage Femme de Première Classe (1902) comme étant le premier film d’Alice Guy. Sa conférence est assez passionnante car il retrace au passage l’évolution des matériels, la construction des studios Gaumont…

30 octobre 2010

The great train robbery (1903) de Edwin S. Porter

Titre français : « Le vol du grand rapide »

Le vol du grand rapideLui :
(Muet 12 minutes) The Great Train Robbery est le premier grand film américain doté d’un scénario (1). En 14 scènes, il montre dans le détail une attaque de train (inspirée de l’attaque du train de la Union Pacific par Butch Cassidy en août 1900) et la poursuite pour capturer les bandits. Le film se termine par une scène-choc qui terrorisa le public : le chef des bandits pointe son arme vers le public et vide son chargeur (cette scène pouvait être placée, au choix de l’exploitant, au début ou à la fin de la séance)(2). The Great Train Robbery montre beaucoup d’inventivité : Le vol du grand rapide deux petits panoramiques, l’utilisation du montage alterné (3) ou encore le remplacement d’un acteur par un mannequin au milieu d’un combat (4). Et surtout il sait créer une tension forte par le déroulement de son scénario. Le succès fut immense, The Great Train Robbery restera longtemps le plus grand succès commercial, détrôné seulement par Naissance d’une Nation, 12 ans plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Justus D. Barnes, Gilbert M. Anderson
Voir la fiche du film et la filmographie de Edwin S. Porter sur le site imdb.com.

Remarques :
* Edwin S. Porter s’est inspiré d’un film anglais, sorti quelques mois plus tôt : Daring Daylight Burglary (1903) de Frank Mottershaw pour la Sheffield Photo Company. Ce film de 5 minutes raconte un cambriolage suivi d’une poursuite. De même Robbery of the Mail Coach (1903) du même Mottershaw aurait inspiré Porter.
Le vol du grand rapide * Il existe une version partiellement colorisée à la main : les fumées des explosions et des tirs, les robes dans la salle de bal, la scène finale (voir des images…)
* Le film est maintenant dans le domaine public. Il est visible sur le site archive.org :
www.archive.org/…robbery1903Film
(c’est la version la plus complète présente sur ce site).

————-

Le vol du grand rapide(1) Contrairement à ce qui a souvent été écrit, The Great Train Robbery n’est pas le premier film au monde doté d’un scénario. Le Voyage dans la lune que Méliès a réalisé en France un an plus tôt en 1902 avait un scénario aussi élaboré sinon plus. Ce n’est pas non plus le premier film durant plus de 3 minutes puisque, là encore, le film de Méliès durait déjà 14 minutes. Ce n’est pas non plus le premier western : le premier western est très probablement Cripple Creek Bar-room Scene (1898) produit par Thomas Edison, film de moins d’une minute qui avait d’ailleurs un embryon de scénario.

(2) Cette scène a été reprise par Martin Scorsese à la fin de Les Affranchis (1990) et également par Ridley Scott à la fin de American Gangster (2007).

(3) Le montage alterné permet de montrer deux scènes se déroulant au même moment à deux endroits différents : ici, alors que nous venons de voir les bandits prendre la fuite à cheval, la scène suivante nous montre l’employé de la gare revenir à lui. Bien entendu, ce procédé pour montrer deux actions simultanées nous semble très naturel aujourd’hui mais, à cette époque où le cinéma était dans ses premières années, la continuité dans le déroulement de l’action était le cas général.

(4) The great Train Robbery n’est pas tout à fait le premier film utilisant un mannequin dans une scène violente. Méliès l’avait fait avant lui, et de façon mieux intégrée, dans le film Barbe Bleue de 1901. Encore avant lui, Alfred Clark, un collaborateur d’Edison, avait utilisé un mannequin dans The Execution of Mary, Queen of Scots (1895).

————-

Précision:
Sans les explications qui étaient données aux spectateurs à l’époque, la première scène est un peu délicate à comprendre :
Les bandits forcent l’employé de la gare à actionner un signal pour arrêter le train et à transmettre au machiniste l’ordre de faire le plein d’eau au réservoir proche, là où la bande veut monter dans le train.

Homonyme :
The Great Train Robbery (1979) de Michael Crichton avec Sean Connery.

22 octobre 2010

Le voyage dans la lune (1902) de Georges Méliès

Le voyage dans la lune Lui :
(Muet 14 minutes) S’il n’est pas, loin de là, le premier film de Méliès, Le Voyage dans la Lune est celui qui nous le montre à l’apogée de sa créativité et qui le propulsa au sommet de sa notoriété. Inspirée de Jules Verne et de H.G. Wells, cette fantaisie de science-fiction nous montre l’expédition de six savants vers la lune : nous voyons ce qu’ils y découvrent, avant de revenir sur terre. Méliès avait déjà tourné des films assez longs (rappelons qu’à l’époque, les films duraient souvent entre une et quatre minutes) mais jamais il n’avait condensé en un seul film tant de tableaux différents, ni accompli une telle mise en scène. C’est d’ailleurs sur ce point que son impact a été si considérable sur l’évolution du cinéma : Le Voyage dans la Lune a montré l’importance de la mise en scène, de l’invention, de la création. Méliès adjoint à son histoire beaucoup d’humour et de malice… de charme aussi : ce sont des jeunes femmes en maillots de bains qui assurent les préparatifs de lancement! Le film comporte beaucoup des trouvailles techniques du réalisateur qui, cette fois, sont parfaitement intégrées à l’histoire : apparitions et disparitions soudaines, substitutions d’objet ou de décor, fondus-enchaînés et même une séquence d’animation. Le succès fut considérable et particulièrement durable, en France et surtout aux Etats-Unis.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Georges Méliès
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Méliès sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Georges Méliès chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1) Lors de sa projection, le film était commenté en direct par un bonimenteur. Le commentaire avait été écrit par Méliès.
2) Du fait de la longueur du film et donc de son prix élevé (à cette époque, les films étaient vendus et non loués aux exploitants et le prix était défini au mètre), personne ne voulut l’acheter quand il le proposa aux exploitants forains qui étaient à l’époque ses principaux clients. Méliès dut prêter gracieusement une copie à une baraque de foire. Le succès fut immédiat et les ventes purent se faire.
3) Aux Etats-Unis, Edison fit sans scrupule des dizaines voire des centaines de copies du film pour les vendre à son compte. Méliès alla monter, avec son frère, une succursale à New York pour tenter de faire respecter ses droits. Au final, Edison a gagné beaucoup plus d’argent que Méliès sur l’exploitation du Voyage dans la lune.
Le voyage dans la lune 4) C’est Georges Méliès lui-même qui joue le rôle du professeur Barbenfouillis.
5) Une version en couleurs (peinte à la main) a refait surface en Espagne dans les années 1990. Restaurée par Serge Bromberg, elle ressort en 2011 au Festival de Cannes.