22 octobre 2010

Excursion dans la lune (1908) de Segundo de Chomón

Excursion dans la luneLui :
(Muet 8 minutes) Le succès considérable du Voyage dans la Lune de Georges Méliès entraina l’apparition de nombreuses imitations. Le fait que Pathé décide, 6 ans plus tard, d’en tourner une copie montre bien l’ampleur du succès du film de Méliès. Car cette Excursion dans la Lune n’est pas un remake encore moins une suite, non c’est une pâle copie, un plagiat destiné à profiter de la notoriété d’un autre film. On retrouve ainsi la plupart des scènes-clés du film de Méliès mais tout est bâclé, simplifié, écourté afin d’avoir une durée moindre et donc un prix de vente inférieur à l’original. Les différences les plus visibles sont au niveau de l’alunissage (dans le bouche au lieu de l’œil, l’effet perdant d’ailleurs tout son humour), et au niveau de la partie sur la Lune qui est l’objet d’un petit ballet de danseurs et d’acrobates. Le film reste très intéressant à regarder, ne serait-ce que pour sa valeur historique et c’est une bonne chose de pouvoir le voir aujourd’hui joliment restauré dans une version en couleurs.
Note : 2 étoiles

Acteurs: 
Voir la fiche du film et la filmographie de Segundo de Chomón sur le site imdb.com.

20 septembre 2010

Le récit du colonel (1907) de Louis Feuillade

Le récit du colonelLui :
(Muet, 4mn) Le récit du Colonel est une fantaisie particulièrement débridée. Lors d’un dîner mondain, un colonel se voit prié de raconter une bataille où il s’est illustré. Se laissant emporter par son récit, il commence à mimer l’action avec tant d’ardeur que la salle du dîner se retrouve rapidement mise à sac. Sur le plan cinématographique, il n’y a sans doute rien d’exceptionnel, la caméra reste en place, mais c’est le jeu des acteurs qui rend ce petit film vraiment très drôle : ils sursautent tout d’abord, ensuite la peur les gagne, puis la terreur… Leurs réactions sont parfaitement réglées ; une bonne troupe de comédiens. De plus, il est toujours amusant de voir que l’humour à cette époque pouvait aller assez loin dans l’absurde et même dans une certaine violence : la salle du dîner est en effet totalement dévastée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alice Tissot, Maurice Vinot, Renée Carl
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18 septembre 2010

The lonely villa (1909) de David W. Griffith

The Lonely VillaLui :
(Muet 8mn) Ce film a été parfois présenté comme le premier film de Mary Pickford. En réalité, il s’agit de son 10e film avec Griffith. Un gang de malfaiteurs éloigne un père de famille de son domicile pour pouvoir le dévaliser (et pire encore…) On retrouve donc ce thème cher à Griffith de la cellule familiale attaquée par des éléments extérieurs hostiles. Ici, c’est une mère et ses trois filles qui sont gravement en péril. L’aînée des filles est jouée par Mary Pickford, alors âgée de 17 ans. The Lonely Villa (La Villa Solitaire) ne fait sans doute pas partie des films les plus travaillés de Griffith mais montre sa manière de construire le suspense.
Note : 2 étoiles

Acteurs: David Miles, Marion Leonard, Mary Pickford, Gladys Egan
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.
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Remarque :
L’un des malfaiteurs est joué par Owen Moore que Mary Pickford épousera quelques mois plus tard…

26 août 2010

La Vie du Christ (1906) de Alice Guy

Autre titre : « La naissance, la vie et la mort du Christ »

La vie du ChristLui :
(Film muet, 33 mn) Alice Guy n’est pas seulement la première femme cinéaste. Elle est, avec Louis Lumière et Georges Méliès, l’un des grands pionniers qui ont inventé le cinéma (1). Pourtant, son importance a longtemps été minimisée, voire ignorée (2). Parmi les nombreux films qu’elle a tournés pour Gaumont, La Vie du Christ est le plus long et le plus ambitieux. Il s’agit d’un ensemble de 25 tableaux, chacun étant consacré à un épisode important de la vie du Christ (3). Les 25 décors, réalisés en bois par le décorateur Henri Ménessier, sont tous différents. Certains de ces décors ont été montés en extérieur, dans la forêt de Fontainebleau. La Vie du Christ est une superproduction qui désire dépasser La Passion du Christ que Pathé a sorti quelque temps auparavant. Pas moins de trois cents figurants et acteurs apparaissent dans le film. La caméra d’Alice Guy reste fixe, en plan général, sauf une fois où elle effectue un ‘panoramique’ pour suivre la procession qui passe devant nous. Le jeu des acteurs reste assez théâtral, mais sans excès, les intertitres ne sont pas utilisés, si ce n’est pour donner le titre de chaque tableau (4). Certains effets visuels d’apparitions sont utilisés. La mise en scène est bien maitrisée, les nombreux acteurs et figurants sont parfaitement dirigés ; il est manifeste que le film est le résultat du travail d’une équipe bien plus importante que pour les autres films de la réalisatrice. La Vie du Christ est ainsi le plus grand film de la période française d’Alice Guy. Il fit grande impression et eut un très grand succès.
Note : 3 étoiles

Acteurs: ??
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site imdb.com.

Alice Guy(1) Alice Guy fut embauchée comme sténodactylo par Léon Gaumont en 1895. Elle avait alors 22 ans. Deux ans plus tard, elle tournait ses premiers films. Son approche était nouvelle : faire jouer des acteurs dans des histoires scénarisées. Il ne fallut que quelques années pour qu’elle devienne directrice artistique de la création chez Gaumont. Après avoir épousé Herbert Blaché, elle se rendit aux Etats-Unis en 1907. Elle avait jusqu’alors tourné plus de 300 films pour Gaumont. Certains sont sonores (synchronisé avec un enregistrement sur disque), d’autres sont en couleurs (colorés au pochoir). Beaucoup sont perdus.
(2) Alice Guy (ou Alice Guy-Blaché) est à peine mentionnée dans bon nombre d’Histoire du Cinéma, certains de ses films ont même été longtemps attribués à d’autres (souvent un assistant). Il est hélas plus que probable que cette absence de reconnaissance soit due au simple fait qu’elle est une femme. Il faudra attendre les années cinquante, soixante et soixante-dix pour que certains historiens (comme Francis Lacassin en France) démontre son importance dans le développement de l’art naissant du cinéma et lui rendent hommage.
(3) Francis Lacassin raconte qu’Alice Guy lui a montré lors d’une entrevue en 1963 le recueil de chromos dont elle s’est inspirée : il s’agit de « La vie de Notre Seigneur Jésus Christ » par James Tissot, édité à Tours par Alfred Mame (Francis Lacassin « Pour une contre-histoire du cinéma », 1972)
(4) Il faut garder à l’esprit qu’à cette époque, un bonimenteur se tenait souvent à côté de l’écran lors des projections publiques pour commenter en direct l’action. Cela permettait de pallier à l’absence de dialogues écrits et assurait une parfaite compréhension.

A lire aussi :
Sur Alice Guy : Extraits de son autobiographie…  Actualités et liste d’articles
Sur La vie du Christ : Analyse, extraits, photos, photos des chromos de Tissot
Ces petits sites ont été réalisés par Alice Guy Jr, descendante directe d’Alice Guy.

23 août 2010

Les aventures de Dollie (1908) de David W. Griffith

Titre original : « The adventures of Dollie »

The Adventures of DollieLui :
(muet, 12 mn) S’agissant du premier film tourné par D.W. Griffith, The adventures of Dollie est en soi assez émouvant : il nous fait en quelque sorte assister à la naissance du premier grand cinéaste américain… L’histoire est assez élaborée : par une journée ensoleillée au bord de l’eau, un père et une mère de famille jouent avec leur toute jeune fille. Celle-ci se fait enlever par un brigand de passage. La fillette est enfermée dans un tonneau qui tombe dans une rivière et finit par être retrouvé. L’ensemble est bien entendu assez primitif, la caméra n’étant pas toujours parfaitement centrée sur l’action, mais le film repose sur un montage plutôt élaboré pour un très bon déroulement du scénario. On remarque déjà la présence d’éléments qui reviendront dans les oeuvres ultérieures de Griffith, notamment  The Adventures of Dollie le thème de la cellule familiale qui doit faire face aux dangers extérieurs et (hélas) une pointe de racisme social ici assez évidente. Le film distille une certaine authenticité, sans ce jeu excessif d’acteur qui caractérisait la plupart des films à cette époque. Le film était considéré comme perdu avant d’être retrouvé dans les années cinquante. Les intertitres ont toutefois disparus (c’est une copie pour archive sur support papier qui a été retrouvée) sans que cela gêne à la compréhension…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Linda Arvidson, Gladys Egan, Charles Inslee
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Remarque :
D.W. Griffith tournera près de 500 films courts entre 1908 et 1913, soit une centaine par an!
On retrouvera dans un certain nombre d’entre eux les acteurs jouant ici le père, la mère et la fillette.

23 août 2010

La chambre scellée (1909) de David W. Griffith

Titre original : « The sealed room »

The Sealed RoomLui :
(muet, 11 mn) Adapté d’un roman d’Edgar Poe, La chambre scellée nous emporte à l’époque Renaissance. Un comte fait construire un petit nid d’amour pour lui et sa concubine, une pièce avec une porte pour seule ouverture. Surprenant sa bien-aimée dans les bras de son musicien, il va les enfermer en murant cette porte. L’action est ici assez réduite, Griffith s’efforçant de créer avant tout un certain suspense. Il se concentre sur le trio principal et joue en partie avec les regards. A noter la présence dans des rôles de figuration de Mack Sennett (l’un des soldats) et de Mary Pickford (l’une des courtisanes).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Marion Leonard, Henry B. Walthall
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23 août 2010

Les spéculateurs (1909) de David W. Griffith

Titre original : « A corner in wheat »

Le spéculateur en grainsLui :
(muet, 14 mn) Un magnat spécule pour faire monter les cours à la Bourse du blé, ce qui fait doubler le prix du pain. Le film est remarquablement bien construit et rythmé, Griffith opposant par un montage judicieux le monde des paysans travailleurs, qui semblent accablés par toute la misère du monde, et le monde de quelques riches citadins, insouciants et profiteurs. Les scènes ont ici beaucoup de force Le spéculateur en grains et, ce, tout au long du film. Le film est vraiment abouti et étonnamment moderne. Une curiosité : un plan faussement fixe, la queue dans la boulangerie, un plan où les acteurs tiennent la pose ; la scène évoque un tableau.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Frank Powell, Grace Henderson, James Kirkwood, Henry B. Walthall
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Remarque :
Les acteurs qui interprètent la femme et la fillette du fermier jouaient dans le tout premier film de Griffith, The Adventures of Dollie. On les retrouve dans de nombreux courts de Griffith.