9 décembre 2005

Prima della rivoluzione (1964) de Bernardo Bertolucci

Prima della rivoluzione Elle :
Je n’ai pas vraiment réussi à accrocher à ce deuxième film très hermétique de Bertolucci. Certes, un style se dessine avec des prises de vues noir et blanc très photographiques mais Bertolucci se laisse trop emporter par la forme au détriment de ses personnages qui ne sont pas attachants. Une jeune tante névrosée tombe amoureuse de son neveu et fait état de ses doutes et de ses angoisses, peut-être un peu trop d’ailleurs… Ce long métrage semble faire partie de ces films (peut-être trop intellectualisant) de la nouvelle vague qui vieillissent assez mal et perdent de leur impact avec le temps.
Note : 1 étoile

Lui :
Ce genre de réflexion, existentielle et politique, a beaucoup plus de mal à prendre, quarante ans plus tard.
Note : 1 étoile

Acteurs: Evelina Alpi, Gianni Amico, Adriana Asti
Voir la fiche du film et la filmographie de Bernardo Bertolucci sur le site IMDB.

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18 septembre 2005

Le facteur (1994) de Michael Radford

Titre original : « Il Postino »

Le facteur Elle :
Film tendre et touchant sur un facteur, fils de pêcheur qui découvre son amour pour la poésie et son admiration sans bornes pour le poète chilien Pablo Neruda en exil sur une île italienne. Grâce à ce contact amical avec le poète, Mario, issu d’un milieu très simple, prend contact avec le monde des mots, des métaphores, la beauté du monde et de l’amour. La poésie de cet homme affable touche au plus profond le cœur des gens simples. Le départ de Neruda et l’absence de nouvelles laisse Mario dans un profond abattement. Mario est interprété par un acteur qui mourra à la fin du tournage. Son jeu un peu naïf, ses hésitations verbales et son regard grave nous touche. Le film tourné sur une île italienne dans un minuscule village coincé contre d’immenses falaises témoigne de l’isolement, l’absence de communication et d’instruction de ces familles de pêcheurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Michael Radford réussit à faire passer beaucoup d’émotion dans ce film, l’histoire assez touchante de la confrontation de Pablo Neruda en exil avec un facteur sicilien d’apparence simple mais touché par la poésie. C’est aussi un film sur la magie et la force des mots, sur leur puissance évocatrice. Et il y a cet acteur merveilleux, Massimo Troisi, qui interprète parfaitement ce facteur un peu gauche mais très délicat.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Massimo Troisi, Philippe Noiret
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14 août 2005

Nos meilleures années (2003) de Marco Tullio Giordana

Titre original : « La meglio gioventù »

Nos meilleures années Elle :
J’ai complètement craqué pour Nos meilleures années, un film de six heures qui rappelle la belle époque du cinéma italien. Marco Tullio Giordana se livre à une brillante et bouleversante analyse de la société italienne des dernières quarante années. Pour cela, il choisit de suivre passionnément le destin d’une famille et plus particulièrement celui de deux frères dont les parcours vont s’opposer. Mattéo, le solitaire est idéaliste et coléreux. Nicola, le médecin tourné vers les autres, sacrifie sa vie pour sa femme terroriste. Cette saga familiale souligne les idéaux qui animent la jeunesse, l’envie de se trouver une place dans la société pendant qu’autour règne la violence, la corruption. Les évènements politiques qui ont marqué l’Italie défilent sous nos yeux. Les utopies s’estompent au fur et à mesure que les années défilent. Les personnages finissent par se couler dans le moule et se fondre dans le système. Les personnages sont très attachants. Leur vie s’égrène et fait étrangement écho à la nôtre. Le réalisateur est très sobre dans sa mise en scène même s’il sait faire appel à l’émotion quand besoin est. Enfin, c’est une réelle performance de tenir le spectateur en haleine pendant six heures.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce film de six heures nous fait suivre le parcours de deux frères depuis 1966 jusqu’en 2000. La chaleur humaine qui se dégage de Nos meilleurs années est franchement remarquable, elle engendre une extraordinaire proximité des personnages. Le scénario ne repose pas sur une succession de catastrophes ou d’évènements particuliers mais plutôt sur des seconds rôles assez hors du commun, ce qui permet à l’histoire d’aborder plusieurs domaines, politiques notamment, même si ces domaines sont quelque peu survolés. Marco Tullio Giordana parvient à faire passer beaucoup d’émotions, sans jamais abuser d’effets faciles et au final les 6h de film sont passionnantes à suivre.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Luigi Lo Cascio, Alessio Boni, Adriana Asti
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10 août 2005

Profession: magliari (1959) de Francesco Rosi

Titre original : « I Magliari »

MagliariElle :
Ce quatrième film de Francesco Rosi est surtout remarquable par sa mise en scène. L’intrigue autour d’escrocs napolitains vivant en Allemangne est plus faible et on a tendance à s’en désintéresser. L’histoire d’amour entre l’apprenti-escroc au cœur pur et la belle italienne attirée par l’argent est trop superficielle. Le plus intéressant est d’arpenter les cafés enfumés de Hanovre, les quais brumeux et bas quartiers de Hambourg, de croiser des bandes rivales qui s’affrontent, de regarder ces napolitains qui gesticulent. Il faut noter également la présence hilarante d’Alberto Sordi qui fait déploie tout son talent de comique pour vendre des tapis ou du tissu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Avec I magliari, Francesco Rosi montre des qualités qui préfigurent bien de son futur cinéma, mais le film n’est pas sans défauts, ce qui gâche un peu l’ensemble. D’un côté, nous avons en effet une belle mise en scène, avec beaucoup de scènes urbaines de nuits (qui ne sont pas sans rappeler la nouvelle vague en France) et une peinture assez réaliste, et non dénuée de tendresse, de travailleurs tout en contraste avec le monde de petits malfrats. De l’autre côté, nous avons un scénario assez faible, avec une histoire d’amour qui semble interminable et une certaine confusion dans la mise en place de l’histoire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Renato Salvatori, Alberto Sordi, Belinda Lee
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9 juillet 2005

Violence et passion (1974) de Luchino Visconti

Titre original : « Gruppo di famiglia in un interno »

Violence et passion Elle :
Cet avant-dernier film de Visconti, deux ans avant sa disparition, reflète au travers de Burt Lancaster les angoisses d’un vieil homme face au chamboulement des moeurs suite à mai 68, à l’effritement des valeurs familiales et la crainte du retour du fascisme. La vie monacale et solitaire de cet homme se trouve bouleversée par l’irruption dans sa vie d’une famille extravagante dont tous les codes moraux sont renversés. La mère a un gigolo qui lui-même couche avec sa fille. Cette cellule de personnages évolue dans une atmosphère étouffante, survoltée et malsaine. Le vieillard comprend son isolement et sort de sa coquille attiré par la jeunesse, la beauté des corps et le mouvement. Visconti joue en permanence sur l’ambiguïté des personnages ainsi que l’homosexualité refoulée du vieil homme. Tous les thèmes sont abordés, la solitude, la vieillesse, la mort, le sens de la vie, l’amour, le respect des valeurs. Visconti s’interroge et émet ses doutes sur une société en mouvement.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cette confrontation d’un homme déjà âgé et de jeunes et riches oisifs revêt chez Visconti de nombreux aspects: politique, culturel, sociologique, etc… Ce n’est pas qu’un conflit de génération, c’est la confrontation de deux mondes et l’inaptitude du personnage principal à s’identifier avec ce monde bougeant. Comme toujours avec Visconti, les personnages sont très forts, même quand le trait est très appuyé et que les caractères sont très marqués. C’est un beau film, assez sombre dans son dénouement, comme un dernier regard de Visconti sur ce monde qu’il redoute et ne comprend plus.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Helmut Berger
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Plus d’infos sur ce film sur un site consacré à Visconti

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9 juin 2005

Affreux, sales et méchants (1976) d’ Ettore Scola

Titre original : « Brutti sporchi e cattivi »

Affreux, sales et méchants Elle :
Avec Affreux, sales et méchants, Ettore Scola pose un regard féroce sur la société italienne des années 70, cette société qui laisse de côté de pauvres gens vivre dans des conditions misérables au milieu des immondices. C’est un Nino Manfredi méconnaissable qui incarne un père de famille nombreuse obsédé par son pécule qu’il craint de se faire voler par sa propre famille. Le réalisateur nous fait pénétrer au cœur de la vie d‘un bidonville sur les hauteurs de Rome. Il filme crûment ces gens qui vivent dans la crasse, la promiscuité, la haine, la violence. Il n’hésite pas à montrer les corps difformes, la saleté, les scènes de sexe. C’est du cinéma brut à la façon du néoréalisme italien. Il mêle les situations tragiques, choquantes et cocasses. On passe du rire à la tristesse puis à la révulsion. Le mérite d’Ettore Scola est de dénoncer de façon satirique ces drames sociaux sans jamais faire de grand discours idéologique.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ettore Scola choisit l’humour et la dérision pour montrer les conditions d’extrême pauvreté qui existent en cette seconde moitié de XXe siècle. Dans son Affreux, sales et méchants, Nous sommes dans les années 70, à la lisière d’une grande métropole, Rome dont le dôme du Vatican est visible au loin. De la splendeur de Rome, c’est tout que nous verrons puisque le film prend place dans un endroit mi-décharge, mi-terrain vague, où vivent quelques familles entassées dans des baraquements de fortune. Cependant, au lieu d’opter pour un film néo-réaliste, Scola nous offre une comédie, où cette famille incroyablement nombreuse est menée tant bien que mal par un père particulièrement pittoresque. Par de nombreuses trouvailles de scénario et de mise en scène, Scola maintient l’intérêt du spectateur tout au long du film, sans aucun temps mort et soutenu par une caméra étonnamment mobile. On rit franchement et c’est cela qui est admirable dans ce film car en même temps Scola parvient indéniablement à faire passer son message.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi
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24 avril 2005

Sciuscià (1946) de Vittorio De Sica

SciusciaElle :
Tout comme dans Le Voleur de Bicyclette, Vittorio de Sica met en scène des enfants des rues dans l’Italie de l’après-guerre. La misère règne et les familles ne mangent pas à leur faim. Deux enfants cireurs de chaussures sont laissés à l’abandon, trempent dans des mauvais coups pour gagner un peu d’argent et finissent dans une prison. De Sica parvient à saisir avec émotion le tragique parcours de ces enfants, leurs moments de joie, leur désespoir, leur lutte pour survivre, leur attente de jours meilleurs, les rudes conditions de vie de cette période, l’incohérence de la justice qui doit emprisonner des gamins qui volent pour manger. C’est un témoignage fort et poignant sur cette triste période d’après Mussolini.
Note : 5 étoiles

Lui :
Tourné 2 ans avant Le voleur de bicyclette, ce film de De Sica traite un peu du même thème, la survie dans la l’Italie de l’après-guerre de jeunes gamins livrés à eux-mêmes. Il le fait sans misérabilisme, soulignant par là le fait que ce sont surtout les circonstances qui leur enlèvent tout avenir. Très réaliste, mais filmé avec beaucoup de sensibilité, le cinéma de De Sica émeut et touche assez profondément, même 60 ans après sa sortie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Franco Interlenghi, Rinaldo Smordoni
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Remarque :
Luis Bunuel raconte dans ses mémoires que Sciuscià l’avait incité à tourner Los Olvidados.

23 février 2005

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) d’ Elio Petri

Titre original : « Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto »

EnquetecitoyenElle :
Je revois ce film pour la deuxième fois et 30 ans plus tard. On est au début des années 70 en Italie et les autorités italiennes se livrent à la chasse aux gauchistes et aux communistes. Elio Piétri se livre à une satire féroce des institutions et de la corruption de la société italienne. Il choisit un commissaire de police assoiffé de pouvoir et pervers pour illustrer son propos. Il tue sa maîtresse, laisse des indices pour se faire accuser, va jusqu’à s’accuser du meurtre mais l’institution policière ne veut pas de remous et ferme les yeux. C’est un portrait sans concession et sans doute un peu trop tranché mais la démonstration est efficace. Gian Maria Volonté interprète brillamment un policier froid, sans scrupules et implacable.
Note : 4 étoiles

Lui :
Vu avec du recul, ce film de Pietri semble bien porter toutes les qualités et les défauts de son époque. Du côté des qualités, il y a ce cinéma très inventif, avec une caméra très libre, un déroulement du scénario parfait et une rigueur certaine dans la mise en scène. Du côté de ses défauts, il y a surtout cette façon de grossir le trait, le personnage principal prenant même certains côtés burlesques tant il est caricatural et poussé à l’extrême. Il n’en reste pas moins que le film est intéressant et au delà de la satire de la police, il y a une certaine réflexion, un peu brute et simpliste tout de même, sur le pouvoir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volonte, Florinda Bolkan
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8 février 2005

Un coeur ailleurs (2003) de Pupi Avati

Titre original : « Il Cuore altrove »

Un coeur ailleurs Elle :
Film au charme suranné qui fleure l’ambiance des années 20 en Italie. Il s’agit de l’amour fou d’un jeune professeur naïf et timide pour une belle italienne aveugle qui le manipule afin de rendre jaloux son ancien amant. Le jeune homme accède à ses caprices sans sourciller mais la belle retrouve la vue et le laisse tomber lamentablement. La mise en scène de cette relation est un peu poussive et ennuyeuse. Les portraits des parents sont nettement plus amusants. Le père, tailleur du Pape est plus déluré que son fils. Les dialogues ne manquent pas d’humour.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est une film gentiment désuet, dont le personnage principal est d’une naïveté telle que cela ne peut en être que touchant. Il est juste dommage que se dégage une certaine futilité à tout cela, et cela a beau être charmant, on n’en est pas moins persuadé de l’oublier assez rapidement…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Neri Marcoré, Giancarlo Giannini
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4 février 2005

Pinocchio (2002) de Roberto Benigni

PinocchioElle :
On l’aime bien Benigni mais là, il pousse un peu. En dépit des moyens engagés pour la réalisation, il ne parvient pas à capter l’auditoire. C’est plus une occasion pour lui de se faire plaisir, faire le pitre, virevolter dans tous les sens et parler à tort et à travers. On préfère nettement l’histoire originale avec des vraies marionnettes en bois.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Benigni s’en donne à coeur joie dans ce film pour donner vie à un Pinocchio qui ressemble à une véritable tornade… Il en fait vraiment beaucoup!
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Roberto Benigni
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