5 juin 2009

Notre univers impitoyable (2008) de Léa Fazer

Notre univers impitoyableElle :
(pas vu)

Lui :
Margot et Victor vivent ensemble, travaillent ensemble dans le même cabinet d’avocats et sont tous deux susceptibles d’être promu associé. Seul l’un des deux est l’heureux élu. Quel va être l’impact sur leur couple et surtout que ce serait-il passé si l’autre avait été choisi ? L’idée de départ de Notre Univers Impitoyable est très intéressante pour mettre en relief la guerre des sexes dans un univers de type assez carriériste. Hélas, le film de Léa Frazer peine à tenir ses promesses. La construction est pourtant excellente car nous sautons d’une hypothèse à l’autre en douceur, sans aucune confusion possible, et certains parallèles sont amusants. Cependant, la peinture sociale a bien du mal à dépasser les clichés habituels et sombre ensuite dans le mélodrame amoureux passablement conventionnel. On regarde tout cela d’assez loin, le milieu choisi étant certainement trop situé dans les hautes sphères pour que l’on partage leurs émotions et leurs sentiments. La fin, facile et complaisante, semble un peu bâclée.
Note : 1 étoile

Acteurs: Alice Taglioni, Jocelyn Quivrin, Thierry Lhermitte, Pascale Arbillot, Scali Delpeyrat, Julie Ferrier
Voir la fiche du film et la filmographie de Léa Fazer sur le site IMDB.

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3 juin 2009

Les femmes de l’ombre (2008) de Jean-Paul Salomé

Les femmes de l'ombreElle :
Le film aborde un sujet forcément très touchant puisqu’il s’agit de femmes résistantes qui sacrifient leurs vies, à la veille du débarquement de 1944. Elles intègrent le service secret anglais SOE créé par Churchill pour sauver l’opération à la dernière minute. La première partie est franchement gênante; la mise en scène est trop léchée, le scénario un peu académique et les actrices ne sont pas très à leur aise dans des dialogues qui sonnent un peu faux. Et puis finalement c’est le côté action, mélo, embuscades qui finit par faire décoller un peu le film. Les évènements dramatiques qui s’enchaînent sans répit font passer un peu d’émotion et de suspense. Mais était-ce la bonne approche pour évoquer un sujet si douloureux… je suis un peu perplexe…
Note : 3 étoiles

Lui :
A la veille du débarquement allié de juin 1944, les services spéciaux anglais assemblent un commando de cinq femmes pour aller délivrer un géologue anglais fait prisonnier en Normandie. Au même moment, un officier allemand, persuadé que le débarquement se fera en Normandie, cherche des faits pour prouver sa théorie. Les Femmes de l’ombre a été inspiré au réalisateur par le récent décès de Lise Villameur, une femme qui a participé à de tels commandos. Jean-Paul Salomé a aligné un beau casting pour donner une certaine dimension à son film, un hommage à ces femmes de l’ombre qui ont souvent donné leur vie dans ces périlleuses missions. Après un début un peu difficile qui soufre d’un jeu d’acteurs un peu trop rigide, le film capte ensuite toute notre attention dès l’arrivée de ces femmes en France et, dans la traque qui s’en suit, le réalisateur parvient à créer un fort suspense tout en conservant la terrible gravité de ces évènements. A aucun moment, il ne cherche à créer un spectacle et les actrices trouvent alors le ton juste. Même les décors ne donnent pas l’impression d’être factices et le fait d’avoir tourné en décors naturels contribue certainement à créer cette authenticité. Destiné à un public large, le film atteint ses objectifs. Il est en tout cas bien plus convaincant que les précédentes réalisations de Jean-Paul Salomé…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sophie Marceau, Julie Depardieu, Marie Gillain, Déborah François, Moritz Bleibtreu, Maya Sansa, Julien Boisselier
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Paul Salomé sur le site IMDB.

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29 mai 2009

L’an 01 (1973) de Jacques Doillon

L'an 01Elle :
Adapté de la bande dessinée de Gébé, L’an 01 reste un film agréable et intéressant à revoir aujourd’hui. Reflet d’une époque pleine de fraîcheur, d’utopies, de rêves insensés, d’innocence mais aussi de visions justes sur les excès de notre société de consommation. Doillon, Resnais et Rouch sont aux commandes et ça se sent dans la qualité de la mise en scène. Réjouissant de revoir quantité d’artistes en devenir, Depardieu, Romain Bouteille, la bande du Café de la Gare, l’équipe d’Hara Kiri, Coluche, Higelin, Béranger et j’en passe.
Note : 3 étoiles

Lui :
Au départ, il y a eu une petite bande dessinée de Gébé (5 pages dans sa toute première version, étendues ensuite à une centaine), au début des années 70, qui s’appelait l’an 01 : partant d’une description d’une société de consommation, le propos était d’aboutir à l’établissement de nouveaux principes, l’An 01, dont la première résolution était tout simplement le fameux slogan « On arrête tout ». Le film de Jacques Doillon met en images cette phase de « démobilisation générale » suivi de l’abandon de toutes les obligations, de toute forme d’autorité et de pouvoir. C’est un joyeux happening, avec une multitude de petites saynètes et de nombreux personnages, l’occasion de voir beaucoup de têtes en passe de devenir connues. Musicalement, l’essentiel de la musique est de François Béranger avec une courte apparition d’Higelin. Avec le recul, l’ensemble nous paraît gentiment utopique mais il reflète bien l’état d’esprit du début des années 70 et génère aujourd’hui une certaine nostalgie… On pourra toutefois noter que presque tout le côté écologique des réflexions de L’an 01, basé sur le thème de l’épuisement des ressources, est accepté maintenant par le grand public. La séquence qui se passe à New York a été réalisée par Alain Resnais, la scène au Niger par Jean Rouch.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Christian Clavier, Coluche, Romain Bouteille, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Miou-Miou, Martin Lamotte, Daniel Auteuil, Nelly Kaplan, Gébé, Marcel Gotlib, François Béranger, Cabu, François Cavanna, Professeur Choron, Jacques Higelin, Patrice Leconte
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Doillon sur le site imdb.com.

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28 mai 2009

L’assassin habite au 21 (1942) de Henri-Georges Clouzot

L'assassin habite... au 21Elle :
(pas vu)

Lui :
L’assassin habite au 21 est la première vraie réalisation du jusqu’à présent scénariste Henri-Georges Clouzot. C’est un coup de maître car le film est incontestablement l’un des meilleurs films policiers français des années 40. Le scénario est tiré d’un livre de Stanislas-André Steeman. Un commissaire s’introduit anonymement dans une pension de famille pour tenter de démasquer un tueur en série. L’intrigue est très ficelée et il est bien difficile de deviner par avance le coupable. Mais, au-delà du remarquable suspense, si L’assassin habite au 21 est un film qui se revoit avec autant de plaisir même quand on en connaît l’issue, c’est grâce à sa galerie de portraits. Les personnages sont hauts en couleur et l’interprétation les rend inoubliables : Noël Roquevert, Jean Tissier, Pierre Larquey, c’est un délice de les voir faire leur numéro. Mais tous les personnages sont parfaitement campés. Comme le remarque l’historien Jacques Lourcelles : « la caractérisation pittoresque et variée des différents personnages fait le lien avec le cinéma d’avant-guerre où les acteurs de second plan supplantaient souvent, en talent et en relief, les vedettes. » La vision que donne Henri-Georges Clouzot de ses personnages est assez sombre. Le rythme est soutenu, l’humour apporte un contrepoint salvateur. Ces portraits sans complaisance rendent le film impérissable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier, Pierre Larquey, Noël Roquevert
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Remarque :
Le personnage du commissaire Wenceslas Wens,  déjà interprété par Pierre Fresnay, était présent dans Le Dernier des Six de Georges Lacombe (1941), basé sur un roman de Steeman dont Henri-Georges Clouzot avait signé l’adaptation.

24 mai 2009

Il y a longtemps que je t’aime (2008) de Philippe Claudel

Il y a longtemps que je t'aimeElle :
Il y a longtemps que je t’aime se révèle être un excellent film et Philippe Claudel, l’écrivain, un très bon réalisateur. Mise en scène sobre, pudique et délicate pour un sujet grave et tabou qui remue au plus profond de soi. Kristin Scott Thomas et Elsa Zilberstein font une interprétation remarquable et sensible des retrouvailles de ces deux sœurs au bord du gouffre. Juliette, après 15 ans d’emprisonnement pour meurtre, retrouve la liberté et sa sœur brisée, elle aussi, par cette histoire tragique. On assiste par petites touches à la lente reconstruction de ces deux femmes. La réinsertion professionnelle et sociale ne va pas de soi ; il faut abattre des montagnes pour faire changer le regard des autres. La complicité des deux sœurs est très émouvante, chacune attendant patiemment l’une de l’autre que la glace se brise, que l’étau se desserre pour libérer les souffrances du passé et expliquer ses actes.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour sa première réalisation, l’écrivain Philippe Claudel a non pas adapté l’un de ses livres mais écrit un scénario original sur une femme recueillie à sa sortie de prison par sa sœur qu’elle n’avait plus vue depuis quinze ans. Elles devront réapprendre à se parler, à se connaître, à s’estimer mutuellement. C’est un thème que l’écrivain connaît bien puisqu’il y a été professeur dans les prisons pendant de nombreuses années. Il parvient à faire un film bouleversant, à la fois fort et délicat, et surtout profondément humain. On connaissait déjà le talent de Kristin Scott Thomas pour interpréter des rôles complexes et elle le montre ici une fois de plus. Face à elle, lsa Zylberstein enrichit le film par son jeu en petites touches qui transcrit parfaitement toute la fragilité de son personnage ; cela donne à Il y a longtemps que je t’aime cette légère instabilité, cette impression de marcher sur fil tendu. Philippe Claudel signe là un film d’une grande force. Seul bémol à cette belle réussite, une fin autant inutile que peu crédible.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius, Laurent Grévill, Frédéric Pierrot
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17 mai 2009

Deburau (1951) de Sacha Guitry

DeburauElle :
(pas vu)

Lui :
La même année que se joue la dernière représentation de sa pièce Deburau qu’il a écrite en 1918, Sacha Guitry l’adapte au cinéma, sans aucun doute pour la prolonger, l’empêcher de s’éteindre. Il l’adapte sans fioritures, gardant pratiquement l’intégralité du texte original. Son personnage est bien entendu assez différent du Deburau des Enfants du Paradis : le Deburau de Guitry est tout en verve et il nous gratifie d’un très beau texte tout en vers. Le ton cependant n’est pas léger : le badinage de l’amour est ici triste, celui qui rend malheureux et le thème de l’acteur vieillissant forcé de passer la main avait peut-être une résonance particulière pour Sacha Guitry en 1950. Difficile à dire mais ce qui est certain, c’est qu’il avait connu lui aussi un rejet du public à la fin de la guerre et il ne s’est jamais vraiment remis des accusations de collaboration portées contre lui. Il trouve donc ici naturellement le ton qui convient parfaitement à ce personnage délaissé, un ton plein de mélancolie et de fatalisme. Face à lui, Lana Marconi (depuis peu sa cinquième femme) a un physique parfait et très aristocratique mais ni sa voix ni son jeu ne paraissent remarquables… Deburau fait partie des films les moins connus de Guitry. Il est certes moins léger et mois facile d’abord que beaucoup d’autres mais il permet de garder sa pièce vivante encore aujourd’hui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Lana Marconi, Jean Danet, Michel François
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Le pièce de Sacha Guitry fut adaptée à la télévision par Jean Prat en 1982 avec Robert Hirsch dans le rôle principal.

15 mai 2009

La fabrique des sentiments (2008) de Jean-Marc Moutout

La fabrique des sentimentsElle :
Comme dans Violence des échanges en milieu tempéré que j’avais bien apprécié, Jean-Marc Moutout pose son regard acide et ironique sur les failles de notre société contemporaine qui isole et brise les gens. Drame de la solitude d’une jeune femme bien élevée qui espère trouver l’âme sœur dans le speed-dating, lieu de drague des temps modernes où il faut se valoriser en 7 minutes, comme dans un entretien d’embauche pour espérer un rendez-vous amoureux. Questionnements, doutes, dévalorisation de soi taraudent les personnages qui ne trouvent jamais leur place. Elsa Zylberstein est lumineuse. On reste un peu sur sa faim dans la dernière partie qui s’éternise. Un film sans prétention qui se laisse regarder.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si Eloise a bien réussi dans sa vie professionnelle, elle vit seule et la vacuité de sa vie sentimentale va la pousser à employer une méthode un peu artificielle pour rencontrer l’âme soeur. A la lecture de cette base de scénario, on pourrait penser que La fabrique des sentiments est un film français de plus sur le mal-être des trentenaires. Il paraît cependant un peu différent de ses semblables. Jean-Marc Moutout base son film sur son personnage central, à la fois simple et complexe, et y ajoute une réflexion sur la fabrication des sentiments : Eloise a recours au speed-dating pour rencontrer un homme, technique qui applique les méthodes des entretiens d’embauche pour forcer l’éclosion de relations sentimentales. Si Jean-Marc Moutout semble vouloir orienter sa réflexion dans ce sens, on peut probablement lui reprocher de ne pas aller suffisamment loin ce qui laisse une impression d’inachevé. La seconde moitié de La fabrique des sentiments s’étire parfois en longueur et la fin semble franchement bâclée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elsa Zylberstein, Jacques Bonnaffé, Bruno Putzulu
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7 mai 2009

Le voyage du ballon rouge (2007) de Hou Hsiao-hsien

Le voyage du ballon rougeElle :
Tout comme L’Heure d’Eté d’Olivier Assayas, Le voyage du ballon rouge est issu d’une commande du Musée d’Orsay. C’est une fable poétique pleine de charme dans laquelle il faut se laisser porter comme ce ballon rouge qui flotte dans les rues de Paris aux côtés d’un enfant. Hou Hsiao-hsien nous transporte dans le quotidien d’une marionnettiste débordée qui s’entoure d’une nounou chinoise, étudiante en cinéma pour s’occuper de son jeune fils. Nous voici spectateurs de leur vie avec ses aléas et ses petites joies. Un regard simple et humain sur ce qui nous rattache à nos racines familiales que l’on veut garder au travers de photos ou de bobines de films en 8mm. Juliette Binoche est remarquable de justesse. L’art poétique de la rue devient une passerelle vers le tableau du ballon du Musée d’Orsay dans lequel les enfants plongent en imaginaire. Il faut noter aussi la très belle mise en scène de Hsiao-hsien Hou axée sur les reflets de visages dans les vitrines, les jeux de flous, la fluidité de la caméra. Un beau voyage.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le voyage du ballon rouge est une balade poétique qui ne manque ni de charme ni d’intérêt. Sous une apparence de film en partie improvisé (les dialogues n’ont d’ailleurs pas été écrits), le film de Hou Hsiao Hsien est aussi une réflexion sur le dédoublement, la séparation. Le film se déroule dans trois univers : celui de la mère, survoltée, accablée de problèmes pratiques, celui de l’enfant et de sa baby-sitter, univers privilégié, en construction, et celui du ballon rouge, onirique, presque irréel. Ces univers ne se rencontrent que rarement au cours du film, la mère et son fils pendant le doublage des marionnettes, l’enfant et la ballon au début et à la fin du film. Le cinéaste accentue cette notion de plusieurs univers en utilisant très fréquemment des reflets, des doubles reflets, des triples reflets, ou en jouant avec la profondeur de champ pour créer des flous de premier plan ou d’arrière plan. C’est superbe. La séparation tient aussi beaucoup de place dans la vie de la mère : un conjoint injoignable, un appartement coupé en deux dont la meilleure partie est squattée par une vague connaissance, des impératifs qui l’empêchent de passer du temps avec son fils, alors que son métier est d’interpréter plusieurs personnages à la fois (encore un dédoublement)… Etonnante Juliette Binoche qui parvient à rendre son personnage, de prime abord irritant (une véritable tornade), finalement attachant. Elle charge son personnage mais ne sur joue à aucun moment. Enfin Le voyage du ballon rouge est aussi une réflexion sur l’Art, ou plus exactement sur le regard de l’artiste, qu’il soit cinéaste ou peintre. C’est un film étonnant, dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde malgré l’absence de trame scénaristique traditionnelle. Un très beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Simon Iteanu, Song Fang, Hippolyte Girardot
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La peinture que les enfants vont voir à la fin du film est Le Ballon de Félix Vallonton (1899), un tableau qui contient deux angles de vues, deux univers différents… Voir ce tableau sur le site du Musée d’Orsay
Le voyage du ballon rouge est au départ une commande du Musée d’Orsay, premier film d’une série pour fêter les 20 ans du musée.

Le film fait référence et rend hommage au court métrage Le Ballon Rouge d’Albert Lamorisse (1956), primé à Cannes.

6 mai 2009

L’heure d’été (2008) de Olivier Assayas

L'heure d'étéElle :
L’heure d’été est une œuvre subtile et originale qui effleure en délicatesse des sujets graves et profonds sans tomber dans la dramaturgie exacerbée. Olivier Assayas entre avec bonheur dans d’autres registres d’expression. Il analyse les relations familiales confrontées au problème du temps qui passe, de la mort, de la disparition d’une mère et de la transmission d’un héritage composé d’une superbe maison et d’œuvres d’art très précieuses. Que deviennent tous ces objets tant aimés dans la sphère intime lorsqu’ils passent le pas de la porte et se retrouvent au musée d’Orsay ? Peu de larmes, pas de déchirures entre frères et sœurs suite à la décision de tout vendre mais des touches de mélancolie, de regret enfouis au travers de ces personnages pleins de respect les uns pour les autres. Le cinéaste ouvre la fin du film vers l’avenir et les enfants qui viennent passer un dernier week-end dans la maison en vente. Ils resteront marqués eux aussi par les bons moments passés à cet endroit aux côtés de leur grand-mère.
Note : 4 étoiles

Lui :
A la disparition de leur mère, trois frères et sœurs doivent décider s’ils doivent ou non garder la grande demeure familiale et une petite collection d’œuvres d’art issue d’un grand oncle, peintre connu. En fait L’heure d’été aborde deux sujets principaux : d’une part, la transmission entre générations d’un patrimoine chargé de vécus mais aussi de valeurs et d’autre part, la place de l’Art, une œuvre d’art qui a pris un sens dans la vraie vie peut-elle continuer d’exister dans un musée ? (1) Comme dans ses autres films, Assayas montre dans L’heure d’été une très grande maîtrise dans la mise en scène, maîtrise qui frise parfois la virtuosité, avec une caméra très mobile qui fait corps avec les mouvements de ses personnages (la scène finale avec les enfants est sur ce point remarquable). Il montre aussi une belle maîtrise du déroulement du récit, pratiquant de larges ellipses sans laisser apparaître de discontinuité. Son cinéma est vraiment convaincant. Il est de plus servi ici par une excellente interprétation, notamment de Charles Berling qui sait parfaitement traduire tous les questionnements de son personnage.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Charles Berling, Jérémie Renier, Edith Scob, Dominique Reymond, Valérie Bonneton, Isabelle Sadoyan
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(1) À ce sujet, il est intéressant de savoir qu’au tout départ, il y avait une commande du Musée d’Orsay pour une série de courts métrages autour de la place de l’Art, projet qui ne vit pas le jour mais inspira ce film à Assayas.

3 mai 2009

Peau de banane (1963) de Marcel Ophüls

Peau de bananeElle :
(pas vu)

Lui :
Peau de Banane est le premier long métrage de Marcel Ophüls (fils de Max Ophüls). C’est une histoire de d’arnaques où une jolie veuve (Jeanne Moreau) s’adjoint les services d’un de ses anciens amoureux (Jean-Paul Belmondo) pour aller dépouiller les ex-associés peu scrupuleux de feu son mari. L’histoire est bien mise en place et se déroule sur le ton de la comédie légère, joliment menée par un duo plein de charme et de vitalité. L’ensemble est plaisant. A noter la présence de Costa-Gavras en assistant-réalisateur, de Claude Sautet en co-scénariste et aussi de Claude Pinoteau et Claude Zidi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo, Claude Brasseur, Jean-Pierre Marielle, Gert Fröbe, Paulette Dubost, Alain Cuny
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