3 octobre 2009

Paris nous appartient (1961) de Jacques Rivette

Paris nous appartientElle :
(pas vu)

Lui :
Par l’intermédiaire de son frère, la jeune Anne rencontre un metteur en scène de théâtre qui monte une pièce avec très peu de moyens. Par ailleurs, la mort d’un ami guitariste, réfugié espagnol, trouble tout le monde : s’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné par une obscure organisation politique ? Paris Nous Appartient est le premier long métrage de Jacques Rivette. Il lui a fallu faire preuve de grande ténacité pour l’achever : commencé en 1958, tourné avec des moyens de fortune, il n’est sorti qu’en 1961 (1). Le film se veut être le portrait d’une génération de jeunes intellectuels, attirés par l’art sous toutes ses formes et vivant dans l’angoisse d’une épée de Damoclès politique, le retour sournois d’un certain fascisme. Ils se sentent aussi exilés que leurs amis réfugiés et cherchent à conquérir Paris avec leur art mais sans compromission. Ils regrettent la pureté et l’innocence, ici personnalisée par la jeune Anne. Le film de Jacques Rivette n’est pas sans défaut : surtout dans sa première partie, il se perd en bavardages qui s’étirent en longueur mais la seconde moitié du film est plus enlevée avec un meilleur rythme. Rivette était alors critique aux Cahiers du Cinéma et on note les apparitions de ses amis comme Jean-Luc Godard (au générique sous son nom de plume, Hans Lucas) ou Claude Chabrol. Finalement, malgré ses longueurs et son aspect intellectualiste trop marqué, Paris Nous Appartient montre une certaine richesse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Betty Schneider, Giani Esposito, Françoise Prévost, Daniel Crohem, François Maistre, Jean-Claude Brialy
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Rivette sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jacques Rivette chroniqués sur ce blog…
(1) Ironie de l’Histoire (ou justification du propos), le film est sorti en 1961 alors que Paris vivait dans l’angoisse des attentats de l’OAS.

1 octobre 2009

Les murs porteurs (2007) de Cyril Gelblat

Les murs porteursElle :
Une jolie réussite que ce premier long métrage de ce réalisateur de 28 ans qui témoigne d’une belle maturité. Un film sensible et touchant qui parvient à trouver le ton juste sur des thèmes pas très faciles à aborder au cinéma : la famille, la vieillesse, la perte d’identité et de mémoire et le temps qui passe. Le jeu de Miou Miou et Charles Berling dégage beaucoup de tendresse et de sincérité vis-à-vis de cette mère qui perd la mémoire. Ces murs porteurs, ce sont ceux de l’appartement de famille où chacun puise ses souvenirs, passe à une autre étape de la vie, essaie de retrouver l’équilibre. Tous les personnages du film sont en perte de repère et cherchent à donner un sens à leur vie. C’est l’amour qui les réunira.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les murs porteurs est le premier long métrage du jeune réalisateur Cyril Gelblat. Il est centré sur les thèmes de la famille, de l’identité, de la transmission et du temps qui efface. Cette famille incomplète comporte trois générations, tous se cherchent. Sur un sujet pas très facile, Cyril Gelblat fait preuve d’une délicatesse et d’une maturité étonnante et livre un film d’une grande justesse dans ses portraits, ses réflexions et questionnements. Il parvient aussi à éviter de le rendre trop sombre et triste, Les murs porteurs est finalement un film optimiste, presque réconfortant. La justesse de ton se retrouve dans le jeu des acteurs. Voilà un premier film très prometteur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Miou-Miou, Charles Berling, Giovanna Mezzogiorno, Shulamit Adar, Dominique Reymond, Anaïs Demoustier
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27 septembre 2009

Muriel ou Le temps d’un retour (1963) de Alain Resnais

Muriel ou Le temps d'un retourElle :
Un scénario complexe, une mise en scène élaborée, une musique contemporaine oppressante, intrigante et des personnages qui vivant sous le poids du passé ne parviennent pas à s’en échapper. C’est ainsi que se retrouvent à Boulogne, bien des années après leur séparation pendant la guerre, deux anciens amants Alphonse et Hélène. Autre guerre, celle du beau fils d’Hélène qui revient d’Algérie, hanté par le souvenir de Muriel qui fut torturé. Ces trois personnages tentent de se souvenir, de garder des traces du passé pour comprendre et combler des vides non vécus. La mémoire tue le présent et empêche de se projeter dans l’avenir. Des personnages secondaires mystérieux croisent leur vie ; Alain Resnais sait entretenir l’ambiguïté.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une jeune veuve, antiquaire à Boulogne sur Mer qui vit seule avec son beau-fils, désire revoir le grand amour de ses seize ans. Il arrive par le train avec sa jeune nièce pour quelques jours. Muriel ou le temps d’un retour est le fruit de la collaboration entre Alain Resnais et l’écrivain Jean Cayrol qui en a écrit le scénario. C’est un film sur le poids des souvenirs qui viennent entraver le présent, souvenirs d’occasions manquées, souvenirs sources de rancœur ou même de terreur dans le cas du fils. Jean Cayrol le décrit ainsi : « C’est un essai de réhabilitation de l’homme au cœur de ses épreuves. Ce film veut témoigner que jamais rien n’est pire. L’histoire vraie peut commencer à la fin du film. » La banalité a une certaine importance, banalité des personnages accentué par la place laissé au quotidien. Alain Resnais filme cela en amplifiant les décalages (montage par flashes, décalage de la bande son, déstructuration du montage dans certaines discussions) et l’étrange (musique, gros plans sur le fils). Plus que jamais, le cinéaste agit par contrepoints sonores et visuels. Très belle interprétation de Delphine Seyrig.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Delphine Seyrig, Jean-Pierre Kérien, Nita Klein, Jean-Baptiste Thiérrée
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Voir les livres sur Alain Resnais

Remarques :
* Jean Cayrol avait déjà collaboré avec Alain Resnais en écrivant le commentaire du court-métrage Nuit et Brouillard.
* Muriel ou le temps d’un retour est le premier film à parler (même si c’est indirectement) de la guerre d’Algérie en laissant comprendre que des tortures ont eu lieu.

21 septembre 2009

Affaire de famille (2008) de Claus Drexel

Affaire de familleElle :
Un film qui veut jouer sur le côté film noir et qui abuse de grosses ficelles sonores et visuelles agaçantes. Miou-Miou et Dussollier ne parviennent pas à sauver l’ensemble. Une histoire plutôt creuse. (Abandon)
Note : pas d'étoile

Lui :
Affaire de famille est le premier film de Claus Drexel. A la faveur d’une rencontre de football, un hold-up est commis au stade de Grenoble. Juste à côté, l’abri de jardin d’une famille sans histoire prend feu. Le lendemain matin, la femme trouve le comportement de son mari bien étrange, même franchement inquiétant… Difficile d’en dire plus sur cette fantaisie policière à tiroirs sans trop la dévoiler. Le film nous fait vivre cette histoire au travers de chacun des personnages et c’est là un bon moyen de faire rebondir sans arrêt cette aventure qui peut paraître par moments un peu trop abracadabrante. Mais, l’intérêt est sans cesse relancé, nous redécouvrons l’histoire à chaque fois sous un angle totalement différent et l’ensemble fonctionne finalement très bien. Le scénario est construit de façon vraiment astucieuse. Affaire de famille est une comédie, un divertissement policier, il faut bien voir le film comme tel et, dans ce cadre, il est assez réussi et franchement amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Miou-Miou, Eric Caravaca, Hande Kodja, Julien Courbey
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16 septembre 2009

Copie conforme (1947) de Jean Dréville

Copie conformeElle :
(pas vu)

Lui :
Lorsqu’un cambrioleur de haut vol découvre qu’il a un sosie parfait en la personne d’un paisible employé de bureau, il décide de l’employer pour se forger des alibis. Copie Conforme est l’occasion pour Louis Jouvet de s’amuser à jouer plusieurs rôles à la fois, non seulement le cambrioleur et son sosie mais aussi les différents personnages qu’il utilise pour accomplir ses forfaits. Il s’y donne à cœur joie et c’est un plaisir de le voir se transformer et donner tant de crédibilité à des rôles si différents. A ses côtés, Suzy Delair donne beaucoup de vie à son personnage (à noter également la présence du tout jeune et discret Jean Carmet). Les dialogues sont assez enlevés et l’humour est permanent. Copie Conforme est une comédie policière qui reste très plaisante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Suzy Delair, Annette Poivre, Jean Carmet
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5 septembre 2009

Cet obscur objet du désir (1977) de Luis Buñuel

Cet obscur objet du désirElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Cet obscur objet du désir est le dernier film de Luis Buñuel. Il reprend plusieurs des thèmes chers au cinéaste et évoque plusieurs de ses films. Il s’agit de l’adaptation du roman de Pierre Louÿs « La femme et le pantin » qui avait déjà été porté plusieurs fois à l’écran. Comme Buñuel le décrit lui-même, c’est l’histoire d’une possession impossible d’un corps de femme. Un bourgeois d’âge mûr désire une jeune femme qui se dérobe constamment : à chaque fois qu’il pense parvenir à ses fins, il se heurte à un obstacle infranchissable. Le réalisateur installe cette histoire dans un climat d’insécurité, attentats, agressions, qui crée un sentiment d’instabilité. Il y a aussi ce même parfum de léger onirisme, ou d’irréalité, que l’on avait dans Le fantôme de la liberté ou Le charme discret de la bourgeoisie. L’une des originalités les plus visibles de Cet obscur objet du désir est de faire jouer le rôle de la femme désirée par deux actrices différentes, sans aucune ressemblance : la toute jeune et douce Carole Bouquet, au visage de madone, et la sensuelle et insolente Angela Molina (hélas doublée en français). Ce dédoublement symbolise la dualité de la perception et des sentiments du personnage principal et de ses souvenirs (1). En à-côté, Buñuel s’amuse à détourner l’attention par des détails ou des objets incongrus, comme pour éviter que l’on prenne cette fable trop au sérieux. Sans être tout à fait au niveau des très grands films de Buñuel, Cet obscur objet du désir clôture fort joliment sa filmographie.(2)
Note : 4 étoiles (5/9/2009)4 étoiles (15/06/2024)

Acteurs: Fernando Rey, Carole Bouquet, Ángela Molina, Julien Bertheau, André Weber
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(1) Buñuel explique cela plus prosaïquement par une raison technique : Maria Schneider ayant quitté la production, il fallut la remplacer et comme il avait deux postulantes qui étaient parfaites chacune pour l’un des aspects du personnage, il engagea les deux !
(2) Le film s’achève sur une scène énigmatique (la femme qui reprise un manteau de dentelle taché de sang), la dernière scène que Buñuel ait tournée et dont il parle ainsi : « Cette scène me touche sans que je puisse dire pourquoi, car elle reste à jamais mystérieuse ». Et il accole à cette scène une dernière pirouette, ultime facétie du réalisateur.

Autres adaptations du roman de Pierre Louÿs :
La femme et le pantin de Jacques de Baroncelli (1928)
La femme et le pantin (The devil is a woman) de Josef von Sternberg (1935) avec Marlene Dietrich
La femme et le pantin de Julien Duvivier (1959) avec Brigitte Bardot (adaptation bien terne)

22 août 2009

Mille milliards de dollars (1982) de Henri Verneuil

Mille milliards de dollarsLui :
Sur les indications d’un mystérieux informateur, un jeune journaliste (Patrick Dewaere) se lance dans une enquête qui va le mener jusqu’aux portes d’une multinationale. Mille milliards de dollars (c’est le chiffre d’affaires annuel des 20 plus grosses sociétés mondiales) est un film politique très efficace. En grand spécialiste du cinéma populaire de qualité, Henri Verneuil fait évoluer son scénario avec une superbe maîtrise et maintient l’attention de façon constante par un suspense parfaitement dosé. Patrick Dewaere, ici dans l’un de ses tous derniers rôles, montre beaucoup de maturité dans son jeu, assez retenu et complet. Le propos est toujours aussi actuel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Caroline Cellier, Charles Denner, Anny Duperey, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Kalfon, Michel Auclair
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Remarques :
1. La multinationale G.T.I. du film Mille milliards de dollars présente de très grandes similitudes avec I.T.T., énorme multinationale (aujourd’hui démantelée) aux multiples ramifications économiques et politiques assez obscures.

2. Le générique du film mentionne deux livres comme source d’inspiration :
“Mille milliards de dollars” de Robert Lattès (1969)
“False Font” (“Gare à l’intox”) de Lawrence Meyer (1979)
Il omet de mentionner une troisième source, sans doute par crainte de poursuites d’ITT :
“The Sovereign State of ITT” de l’anglais Anthony Sampson (1972), livre qui a mis en perspective tout l’opportunisme de cette multinationale, à commencer par cette rencontre entre le président d’ITT et Hitler dès son arrivée au pouvoir en 1933 (pendant toute la Seconde Guerre Mondiale, ITT a été ensuite fournisseur d’armes et de matériel des deux camps).

9 août 2009

Jeux de dupes (2008) de George Clooney

Titre original : « Leatherheads »

Jeux de dupesElle :
(Abandon)
Note : pas d'étoile

Lui :
En 1925, une équipe de football américain engage un joueur brillant alors qu’une journaliste délurée cherche à le confondre pour un exploit de guerre usurpé. La reconstitution de l’atmosphère des années 20 est très hollywoodienne, une image près proprette avec force filtre sépia, distillée à grandes brassées de jazz New-Orleans ; dès le début du film, le résultat paraît bien artificiel ce qui n’aide pas à se laisser glisser dans son univers. Pour ne rien arranger, l’histoire n’est pas très intéressante, George Clooney jouant à nouveau avec l’image du anti-héro placide. Jeux de dupes peut toutefois intéresser les amateurs de football américain puisqu’il se déroule à l’époque charnière où ce sport s’est doté de règles. Quelques dialogues sont assez bien troussés.
Note : 1 étoile

Acteurs: George Clooney, Renée Zellweger, John Krasinski, Jonathan Pryce
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22 juillet 2009

Liliom (1934) de Fritz Lang

LiliomElle :
(pas vu)

Lui :
Liliom est un bonimenteur de foire qui fait chavirer le cœur des jeunes employées de maison qui viennent sur son manège. Il quitte son employeuse avec fracas pour s’installer avec l’une d’entre elles… Dans la filmographie de Fritz Lang, Liliom s’inscrit entre deux périodes : fuyant l’Allemagne nazie, le réalisateur s’installe un an à Paris et accepte de tourner cette nouvelle adaptation de la pièce de Ferenc Molnár avant de partir s’établir aux Etats-Unis. Liliom est un film qui paraît plus mineur que les autres films de Lang de cette époque mais on y retrouve la volonté du réalisateur d’explorer la psychologie de ses personnages, avec toujours une importance donnée au sentiment de culpabilité. Le contexte social y joue aussi un rôle sous-jacent mais important, à l’instar de M. ou des Mabuse. On y retrouve aussi la même notion d’aveuglement des institutions. Par les décors, le jeu des acteurs, Liliom montre sans doute un peu trop ses origines théâtrales. Il faut saluer la belle performance de Charles Boyer qui sait toujours aussi bien mêler séduction et cruauté dans le même personnage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Madeleine Ozeray, Robert Arnoux
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Autres versions :
Liliom de Michael Curtiz (1919) avec Gyula Csortos
A trip to paradise de Maxwell Karger (1921) avec Bert Lytell
Liliom de Frank Borzage (1930) avec Charles Farrell
Carousel de Henry King (1956) film musical avec Gordon MacRae.

21 juillet 2009

Le nouveau protocole (2008) de Thomas Vincent

Le nouveau protocoleElle :
(pas vu)

Lui :
Après que son fils se soit tué dans un accident de voiture sur une route isolée des Vosges, Raoul Kraft découvre qu’il avait signé un protocole pour tester de nouveaux médicaments. Aiguillonné par une jeune femme en lutte contre le lobby pharmaceutique, il part à Paris pour découvrir la vérité. Le Nouveau Protocole est un thriller politique français qui tente de mêler enquête et scènes d’action. Hélas, ce sont ces dernières qui prennent le plus de place et l’enquête manque sérieusement de corps. Le scénario apparaît bien plus faible que celui de The Constant Gardener par exemple, qui traitait du même sujet. Ici, on ne croit pas beaucoup à l’ensemble, beaucoup de scènes paraissant totalement improbables. Clovis Cornillac est parfait dans ce rôle de taureau qui agit avant de réfléchir, même s’il a tendance à forcer un peu trop ce caractère de son personnage. Le fond du sujet est finalement peu abordé.
Note : 1 étoile

Acteurs: Clovis Cornillac, Marie-Josée Croze, Dominique Reymond
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