6 septembre 2012

Une séparation (2011) de Asghar Farhadi

Titre original : « Jodaeiye Nader az Simin »

Une séparationEn instance de divorce, Simin quitte son mari Nader qui doit embaucher une personne pour veiller son père malade… Telle est la situation de départ de ce brillant film de l’iranien Asghar Farhadi, Une séparation, qui voit ensuite se développer une intrigue forte où la tension reste à son niveau maximal jusqu’à la fin. C’est un conflit entre deux couples de niveau social différent, complexifié par les tensions internes à chacun des couples. La situation est assez universelle, il n’y a que peu de spécificités à la société iranienne si ce n’est l’importance de la religion. Ce qui est remarquable dans l’approche d’Asghar Farhadi, c’est la façon avec laquelle il évite de prendre parti. Il sème l’incertitude et nous laisse la liberté de jugement et d’interprétation. La mise en scène est parfaitement maitrisée, de nombreuses scènes ont pourtant été tournées sur les lieux réels. L’interprétation est elle aussi remarquable. Une séparation est un drame humain intense.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peyman Moadi, Leila Hatami, Sareh Bayat, Shahab Hosseini, Sarina Farhadi
Voir la fiche du film et la filmographie de Asghar Farhadi sur le site IMDB.

2 mai 2011

Le temps qu’il reste (2009) de Elia Suleiman

Titre original : « The time that remains »

Le temps qu'il resteElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
Le troisième long métrage d’Elia Suleiman est un récit historique et semi-autobiographique se concentrant sur quatre périodes importantes. Palestinien vivant en Israël, c’est une page de l’Histoire de son pays qu’il illustre ici. La forme est très personnelle : Elia Suleiman introduit partout de l’humour, y compris dans les situations les plus dramatiques, un humour qui met en relief l’incongru, l’absurde. Dans ce face à face entre la population palestinienne et l’armée israélienne, la violence est constamment présente mais de façon très subtile, jamais de façon trop ostentatoire. Il n’y a que peu de paroles, les silences mettant mieux en relief les situations, les rapports entre les personnes. Le rythme est important aussi : Suleiman fait très souvent des cassures de rythme en milieu de scène ce qui amplifie l’impact de certaines actions. Il réussit également de très beaux plans graphiques. Le temps qu’il reste est un film original, personnel et très travaillé. On ne peut que regretter qu’Elia Suleiman ne tourne pas plus souvent.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Saleh Bakri, Samar Qudha Tanus
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21 décembre 2010

La visite de la fanfare (2007) de Eran Kolirin

Titre original : « Bikur Ha-Tizmoret »

La visite de la fanfareLui :
Une petite fanfare de la police égyptienne arrive en Israël pour jouer lors de la cérémonie d’inauguration d’un centre culturel arabe. A leur arrivée à l’aéroport, ils tentent de se rendre par eux-mêmes à destination mais se retrouvent par erreur dans une petite ville sans âme, isolée au beau milieu du désert. La Visite de la Fanfare est un film aussi original par son sujet que par son traitement. Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur israélien Eran Kolirin a choisit une approche minimaliste pour traiter cette histoire. Avec douceur et délicatesse, par petites touches, il nous montre ces rencontres improbables marquées par la difficulté de communication, des rencontres qui auraient besoin de temps pour vraiment éclore. Graphiquement, Eran Kolirin joue avec le cadre large et l’alignement des musiciens, les rues vides, les personnages perdus dans des lieux publics immenses, les tons ocre. Il parsème son film de petites notes d’un humour alimenté par le saugrenu des situations. L’ensemble est réussi, on peut juste regretter qu’il ne soit pas allé plus loin dans le développement, qu’il n’y ait pas cette petite étincelle qui aurait porté le film beaucoup plus haut.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sasson Gabai, Ronit Elkabetz, Saleh Bakri, Khalifa Natour
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Remarques :
Cette histoire est en réalité arrivée au dramaturge égyptien Ali Salem en 1993.

26 novembre 2010

My Father, my Lord (2007) de David Volach

Titre original : « Hofshat Kaits »

Mon père mon seigneurLui :
Menahem est un jeune garçon qui porte un regard plein de curiosité sur le monde qui l’entoure. Il ne trouve pas toutes les réponses auprès de son père, rabbin qui a dédié sa vie à l’étude et l’enseignement de la Torah, ni de sa mère qui le chérit fortement tout en restant, elle aussi, dans le cadre strict du respect de la religion. My Father, My Lord est le premier film de l’israélien David Volach qui connaît très bien le milieu ultra-orthodoxe qu’il décrit puisqu’il a grandi en son sein. Il porte un regard à la fois hautement critique mais aussi plein de tendresse et c’est cet équilibre qui rend son film attachant. Il ne condamne pas mais critique l’obéissance aveugle. Plus que le drame qui clôt le film, c’est la scène du précepte du « renvoi du nid » qui résume bien tout le film, l’application d’un précepte qui, vu de l’extérieur, semble tout à fait gratuit : le père l’applique mais peine à en expliquer les fondements, le fils ne comprend pas, la mère arrondit les angles en tentant de réintroduire un peu d’humanité. La mise en scène de David Volach est très épurée ; centrée sur l’essentiel, elle donne beaucoup de présence à ses trois personnages centraux. A noter également, la très belle musique de Michael Hope et Martin Tillman. Un premier film très réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Assi Dayan, Ilan Griff, Sharon Hacohen
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29 avril 2010

Caramel (2007) de Nadine Labaki

Titre original : « Sukkar banat »

CaramelElle :
Cette chronique qui porte sur plusieurs générations de femmes au coeur de Beyrouth est pleine de sensualité, d’espoir et d’humour. Ces femmes, des plus jeunes aux plus âgées, gravitent autour d’un salon de beauté qui devient un cocon à l’écart des hommes et le réceptacle de leurs angoisses et de leurs joies. Elles étouffent dans le carcan des hommes qui régentent et surveillent leur vie amoureuse. Elles sont pleines d’hésitation dans le choix de la vie à mener. Le culte de l’apparence et de la jeunesse, l’attrait pour l’occident éblouissent ces femmes en perte de repères. Doivent-elles garder une part de vérité et de pudeur ou exaucer leurs désirs de séduction à tout prix? La jeune réalisatrice trace des portraits sensibles et pleins de vie.
Note : 4 étoiles

Lui :
Avec pour lieu central un salon de beauté un peu défraîchi de Beyrouth, Caramel nous fait partager les sentiments de plusieurs femmes libanaises, leurs aspirations, leurs déceptions… Pour son premier long métrage, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki tient elle-même le rôle principal et parvient à dresser des portraits très authentiques. Ces femmes d’âges différents ont en commun d’être en quête affective. Certaines recherchent une certaine assurance dans une exubérance certaine mais elles se montrent très fragiles. Elles paraissent comme écartelées entre la pesanteur d’une société et des modèles occidentaux édulcorés. Loin de tout manichéisme ou de simplification, le propos de la réalisatrice semble être plus de décrire que d’accuser. Son film est au final assez attachant. Son authenticité est certainement nourrie par le fait que tous ses acteurs sont amateurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nadine Labaki, Yasmine Elmasri, Joanna Moukarzel, Gisèle Aouad
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14 juin 2009

Les citronniers (2008) de Eran Riklis

Titre original : « Etz Limon »

Les CitronniersElle :
Ce film poignant livre un regard lucide sur l’incompréhension et l’absence de communication entre deux voisins, un ministre israélien et une veuve palestinienne. Un simple champ de citronniers entre leur maison respective finit par devenir un enjeu politique national. Miradors, barbelés, gardes du corps… la phobie d’une attaque conduit le ministre à vouloir éliminer ces vieux arbres qui pourraient abriter des terroristes. Un scénario bien construit à partir du symbole fort de l’arbre qui nourrit, une histoire d’amour émouvante entre Salma et son jeune avocat, une analyse intéressante sur la peur permanente qui animent les deux parties, sur la brutalité de la riche société israélienne et le conservatisme des hommes palestiniens… tous ces éléments créent un bel équilibre qui apporte beaucoup d’intensité et d’émotion.
Note : 5 étoiles

Lui :
A l’instar de son film précédent La fiancée syrienne, le nouveau long métrage du réalisateur israélien Eran Riklis met en relief les conséquences absurdes d’une situation auto-génératrice de conflits. En territoire occupé, une veuve palestinienne, à la tête d’un florissant verger de citronniers, a comme nouveau voisin un ministre israélien. Le service de sécurité estime que ce verger est potentiellement dangereux et en ordonne l’arrachage. La femme veut se défendre et l’attaque au tribunal. Le sujet du film d’Eran Riklis est centré sur les hommes. Le film évolue en un face à face de deux femmes : la femme palestinienne aux citronniers et l’épouse du ministre israélien. Toutes deux ont des trajectoires parallèles qui ne rencontreront jamais, elles sont toutes deux prisonnières d’un carcan qui mène à des situations sans issue où la communication entre les êtres n’a plus de place. Eran Riklis n’aborde pas les sources du conflit israélo-palestinien, il s’attache surtout à montrer que, humainement, la situation ne peut mener qu’à un mur… La fin du film est sans illusion : même si en apparence, les deux parties semblent à demi-gagnantes, sur le plan humain, tout le monde a perdu et la situation a évolué d’un cran supplémentaire vers l’absurde. Bien soutenu par la belle interprétation des deux femmes, Les Citronniers est un beau film profondément humain.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hiam Abbass, Doron Tavory, Ali Suliman, Rona Lipaz-Michael, Tarik Kopty
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14 mai 2009

Valse avec Bachir (2008) de Ari Folman

Titre original : « Vals Im Bashir »

Valse avec BachirElle :
Ari Folman a choisi de raconter sa propre histoire de soldat, au moment de l’invasion du Liban en 1982 par les israéliens, sous la forme d’un film documentaire d’animation. Traumatismes psychologiques, amnésies, massacres, séquelles de toutes les guerres. En cela Valse avec Bachir a une portée universelle. L’univers graphique est très novateur et original; il passe de l’ambiance tragique à l’atmosphère onirique du rêve et de l’hallucination. On peut reprocher la démarche un peu chaotique et ralentie de ses personnages qui tranche avec la fluidité de certaines scènes. Je suis déçue et ne suis pas très convaincue par l’utilisation de l’animation pour raconter ce témoignage douloureux. Dans le même registre, le film de Marjanne Satrapi Persépolis est à mon sens beaucoup plus réussi. Le choix de voix off très monocordes est un peu soporifique. D’autre part, cette narration qui nous place constamment en retrait des personnages fait qu’on ne s’y attache pas. L’émotion ne jaillit pas alors qu’elle le devrait. Le film d’archives final qui nous rappelle à la réalité de la tragédie me paraît bien plus fort.
Note : 2 étoiles

Lui :
Valse avec Bachir est un film (ou un documentaire) vraiment original par ses parti pris de réalisation. Traiter de la 1ere guerre du Liban en film d’animation est bien entendu très audacieux et le faire au travers du récit autobiographique d’une jeune recrue israélienne dont la mémoire n’a gardé aucune trace de ces évènements tragiques l’est tout autant. Il est donc difficile de maltraiter un projet qui sort ainsi des sentiers battus et, de plus, l’engouement qui a porté le film après son premier passage à Cannes a permis de donner une forte portée à son message et à son témoignage des horreurs de la guerre. Néanmoins, le film n’est pas pleinement réussi : il a quelque peu du mal à donner de la force à ses personnages et l’on se sent trop extérieur, ce qui est difficile à expliquer vu la gravité du sujet. L’animation n’aide en rien, montrant un décalage flagrant entre les mouvements minimalistes des personnages et la fluidité du décor ou de certains objets. Le sentiment d’étrangeté créé par cette technique appuie le récit parfois mais gêne le plus souvent. La voix-off du personnage principal se révèle assez lancinante. En revanche, les choix graphiques et l’utilisation des couleurs sont plus réussis. Malgré ses défauts, Valse avec Bachir reste un essai intéressant, apportant un témoignage réel sous une forme vraiment inattendue.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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14 avril 2009

L’immeuble Yacoubian (2006) de Marwan Hamed

Titre original : « Omaret yakobean »

L’Immeuble YacoubianElle :
Adaptation d’un best-seller signé par un jeune écrivain, ce film est une fresque inattendue, troublante et courageuse sur la société égyptienne contemporaine. C’est autour des habitants d’un immeuble mythique du Caire que le réalisateur révèle les failles d’un système gangréné par de grands écarts de richesse : le mal être de la jeunesse, la corruption de puissants qui exploitent les pauvres, le machisme, l’asservissement des femmes au bon vouloir des hommes, la montée de l’islamisme radical, le tabou de l’homosexualité, l’archaïsme des traditions, une quantité de facettes révélatrices d’une société malade, en perte de valeurs et de savoir vivre. Dans cette décadence ambiante, seuls une jeune femme et un sexagénaire nostalgique et admirateur de la France tentent de rester authentiques et honnêtes. La mise en scène est très douce dans la violence des comportements. Les éclairages sont somptueux avec une très belle photographie qui joue avec les flous et les plans en profondeur, et une caméra très mobile qui se glisse partout en observatrice de ce monde dévoyé.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’Immeuble Yacoubian est un film égyptien qui mérite d’être remarqué. Adapté d’un roman récent qui fit scandale, il bénéficia de moyens inhabituels pour le cinéma égyptien et s’écarta assez nettement de ses codes usuels, notamment en se concentrant non pas sur un seul personnage mais sur plusieurs. Il prend comme base un immeuble ancien et célèbre du Caire ; en nous faisant suivre plusieurs habitants de L’Immeuble Yacoubian, le film nous dresse en fait un véritable portrait de la société égyptienne, société que nous connaissons généralement plutôt assez mal. Elle nous est décrite ici comme écartelée entre une certaine soif de modernité et les pesanteurs liés à des archaïsmes profonds : le machisme, la corruption et l’intégrisme religieux. On comprend sans mal que le roman puis le film aient fait scandale en Egypte car le portrait n’est guère reluisant. Pire encore, sur le machisme par exemple, les quelques femmes qui parviennent à s’en affranchir utilisent cette liberté pour se livrer à des bassesses peu glorieuses. Non, le constat n’est guère optimiste, montrant plutôt une disparition des valeurs nobles, une impression de fin de civilisation. Sur la forme, L’Immeuble Yacoubian se présente comme un film à grand spectacle. Marwan Hamed se livre à une utilisation intensive, parfois immodérée, de travellings verticaux, latéraux, avants, arrières : ils sont le plus souvent assez beaux, tout comme l’image, très douce, avec une faible profondeur de champ pour mettre en valeur ses personnages. Si l’on peut reprocher un certain tape-à-l’œil, l’ensemble est tout de même très réussi sur le plan esthétique. Avec ses nombreux personnages, L’Immeuble Yacoubian montre une grande richesse qui le rend assez passionnant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Adel Imam, Nour El-Sherif, Youssra, Essad Youniss, Ahmed Bedir, Hend Sabri, Khaled El Sawy, Khaled Saleh
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12 mars 2009

Les climats (2006) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Iklimler »

Les ClimatsElle :
Du beau cinéma brut, épuré, réaliste dans lequel la forme très originale et personnelle donne encore plus de poids et de mystère au fond. Un couple interprété par le réalisateur et sa femme. Entre eux, un mur, une incommunicabilité qui ne s’explique pas mais un fort besoin l’un de l’autre. Peu de dialogues, juste le strict nécessaire mais toujours cette impossibilité de dire, d’expliquer le mal être de chacun. Autour d’eux, le silence pesant mais pas tout à fait, on entend le bruit subtil du vent, de la mer, de la pluie, de la neige, de la tempête, les sons des différents « climats » qui font écho aux tourments intérieurs. De longs plans fixes mais pas complètement. La caméra frôle les visages et les corps immobiles; elle joue avec un flou vivant en arrière-plan. Ils sont bien là mais ne se voient pas nettement. Les cadrages et les lumières sont de toute beauté, sans artifice. Magnifiques paysages de brumes et de brouillards qui correspondent à l’état mental de ces personnages à l’histoire d’amour sans issue. J’avais déjà beaucoup aimé le précédent film de Nuri Bilge Ceylan Uzak dans lequel il avait fait déjà un gros travail sur les sons.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan filme un couple en rupture, un homme et une femme qui ne se trouvent pas. Il le fait de façon très sobre, sans excès de sentimentalisme et sans éclats, sans nous expliquer beaucoup non plus car il part d’une petite dispute bénigne. Nous suivons l’homme et sa réaction face à l’évènement (1). Filmé en numérique HD, Climats montre une très belle photographie avec un jeu assez particulièr sur la profondeur de champ. Les films de Nuri Bilge Ceylan ont une belle personnalité, son cinéma peut évoquer celui de Bergman par certains aspects. Climats est un film lent et beau.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ebru Ceylan, Nuri Bilge Ceylan, Nazan Kirilmis
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(1) En interprétant lui-même son personnage principal, Nuri Bilge Ceylan peut nous laisser supposer qu’il s’agit d’un récit autobiographique mais il a affirmé qu’il n’en était rien.

5 février 2009

Les méduses (2007) de Shira Geffen et Etgar Keret

Titre original : « Meduzot »

Les MédusesElle :
Un film subtil, touchant et riche en symboles sur la solitude, le manque d’affection et d’amour, le voyage, les bateaux, la mer fédératrice et réconciliatrice. Trois histoires se déroulent en même temps avec des passerelles entre des personnages solitaires qui n’attendent qu’une main tendue pour se sentir exister : une petite fille abandonnée sur la plage suite à la querelle de ses parents, une jeune femme ignorée de sa famille qui la recueille, une jeune mariée à la jambe cassée qui passe sa lune de miel dans un hôtel de Tel-Aviv à défaut de pouvoir partir aux Caraïbes. Malgré la gravité du sujet, les deux réalisateurs adoptent un ton décalé parfois comique et usent de situations absurdes qui donnent une vraie touche personnelle au film. Les images sont belles et semblent déconnectées du réel. En jouant entre le net et le flou, elles marquent l’instabilité des personnages, un peu comme ces méduses qui flottent sans trop savoir où elles vont.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le couple israélien Etgar Keret et Shira Geffen a réalisé un film assez surprenant et attachant. Lui est un romancier célèbre, elle est metteuse en scène et auteur de livres pour enfants. Dans Les Méduses, ils entrecroisent trois histoires qui n’ont en apparence aucun lien entre elles mais qui illustrent le même sujet, le même besoin de communication, la même recherche d’attaches. Ils le font de manière très originale, nous plaçant presque hors de la réalité, du moins en décalage avec celle-ci, non sans humour parfois. Les personnages, féminins pour la plupart, ont bien du mal à orienter leur vie, d’où cette analogie avec les méduses dans le titre. Le film apparaît un peu fragmentaire au premier abord mais la cohérence de l’ensemble apparaît ensuite, petit à petit mais avec une certaine force par les nombreux liens qui relient ces trois histoires. Les Méduses est un film très original, à découvrir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sarah Adler, Nikol Leidman, Gera Sandler, Noa Knoller
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