27 août 2007

Le vent nous emportera (1999) de Abbas Kiarostami

Titre original : Bad ma ra khahad bord

Le vent nous emporteraElle :
Dépaysement, mystère et humour sont au rendez-vous dans ce magnifique village immaculé d’Iran. Dans la première partie, le réalisateur se plaît à nous faire languir sur les raisons qui ont amené ce photographe armé d’un téléphone portable dans cette contrée d’un autre monde accroché à ces traditions. On se laisse bercer par ces paysages magnifiques. Dommage que dans la seconde partie, le scénario commence à tourner en rond et devienne répétitif et toujours aussi obscur. On est plus spectateur qu’acteur et on aurait aimé en apprendre un peu plus sur les réelles motivations de ce photographe qui venait faire un reportage sur une cérémonie funèbre.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le film s’essouffle et la seconde heure paraît bien longue. Pourtant, le début est original et charmeur, les lieux sont magnifiques (Kurdistan iranien) et la mise en place est remarquable. Le personnage principal est à la fois étranger et familier du village, on ne connaît pas ses buts, ses collègues restent hors-champ. Tout ceci crée un climat unique, tout en laissant de la place à l’humour : le téléphone portable, l’invisible creuseur de tranchées, la vache souterraine. Malgré les longueurs de la seconde moitié, le film reste agréable à regarder et dépaysant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Behzad Dorani
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12 mai 2007

Free Zone (2005) de Amos Gitai

Free ZoneElle :
(Abandon)
Note : Pas d'étoiles

Lui :
Dès les premières secondes de Free Zone, Amos Gitai place le spectateur dans une attitude d’incompréhension et d’incertitude, nous forçant à assister à une scène dont on ne connaît pas le sens : une jeune femme filmée en très gros plan pleure pendant 10 minutes sans que l’on ne sache ni la raison ni le lieu. Passée cette épreuve (dont la portée m’échappe quelque peu, je dois bien l’avouer…), le cinéaste continue de jouer sur ce registre, nous guidant le strict minimum par quelques flashbacks en superposition (assez désagréables pour le spectateur) et nous emmenant dans des situations que nous ne comprenons que partiellement. S’agit-il de nous faire ressentir cette position où l’on subit un environnement sur lequel nous n’avons pas de prise ? Toujours est-il que Free Zone nous dresse le portrait de trois femmes, une israélienne, une palestinienne et une américaine et par la même traite de la difficulté à cohabiter. Le film pourrait par instant friser le documentaire mais l’ensemble reste passablement abscons, du moins à mes yeux. Je serais même incapable de dire si son propos est optimiste ou pessimiste.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Natalie Portman, Hana Laszlo, Hiam Abbass
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Remarque : La Free Zone existe réellement. La Jordanie compte même plusieurs Free Zones sur son territoire. Ces zones sans taxes furent créées pour favoriser l’implantation d’industries tournées vers l’exportation. Celle du film est celle de Zarqa le long d’une route qui mène vers les 3 pays frontaliers (les frontières sont toutefois, pour certaines, très très loin).

20 septembre 2006

« Le tableau noir » (2000) de Samira Makhmalbaf

Titre original : « Takhté siah »

Le tableau noirElle :
Douloureuse plongée dans l’univers du Kurdistan avec la présence de deux instituteurs chargés d’un tableau noir qui sillonnent les hautes montagnes arides à la recherche d’élèves à éduquer. L’un rencontre des enfants contrebandiers qui ont comme seul objectif la survie dans ce monde hostile. L’autre instituteur se mêle à une foule errante de vieillards kurdes qui tentent de gagner la frontière irakienne et ont bien du mal à tenir debout. La tentative désespérée d’éduquer ces pauvres hommes humiliés passe du comique au tragique. Le tableau devient une civière, un paravent, une étente à linge et enfin un abri contre les balles. Cette talentueuse cinéaste iranienne de 20 ans donne une émouvante et onirique vision de ces peuples kurdes oubliés et harassés par des années de guerre.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est un film assez poignant. La réalisatrice choisit de prendre des personnages inhabituels, des instituteurs portant leur tableau noir sur le dos, pour nous dépeindre la situation sur la frontière Iran-Irak en pleine guerre. Sur ces montagnes arides, il ne semble rester que des gamins qui font de la contrebande et une procession de vieillards. La qualité de réalisation (photo) assure la réussite du film qui parvient parfaitement à nous faire partager les sentiments de ces hommes. En revanche, l’interprétation est assez inégale, allant du meilleur (l’instituteur) au pire (la femme).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Said Mohamadi, Behnaz Jafari
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10 juillet 2006

La fiancée syrienne (2004) d’ Eran Riklis

Titre original : « Ha-Kala Ha-Surit »

La fiancée syrienne Elle :
Un film poignant qui met en évidence l’absurdité des conflits inter ethniques, de la bureaucratie, du machisme et de l’honneur exacerbé des hommes lors d’un mariage arrangé entre un acteur syrien et une jeune fille druze originaire du plateau du Golan occupé par les israéliens. Le sort de cette femme est scellé ; elle va partir vers la Syrie à jamais sans pouvoir revoir sa famille. Le réalisateur nous raconte l’histoire de ce triste mariage dans un no man’s land. La famille est réunie et attend pendant des heures que les syriens donnent leur accord pour faire entrer la jeune fille en Syrie. Tracasseries, humiliations, règlements de compte entre les membres de cette famille éclatée, poids étouffant des traditions qui empêche les femmes d’étudier et de se libérer, attrait de l’occident. Tous ces thèmes sociaux brassés avec sobriété et sensibilité révèlent le mal être profond de ces peuples en conflit.
Note : 4 étoiles

Lui :
La fiancée syrienne met en lumière à la fois l’absurdité de certaines situations frontalières sur le Plateau du Golan et la pesanteur des traditions. Ces deux points sont particulièrement exacerbés dans le cas d’un mariage au-dessus de la frontière. Eran Riklis nous livre un film à plusieurs niveaux de lecture : ce mariage si difficile symbolise le conflit et cette famille, victime des exclusions, recrée des exclusions en son sein… Les pesanteurs sont partout. Les personnages de La Fiancée Syrienne sont assez forts ; la soeur de la mariée est tout un symbole de cette soif de changement, cette volonté d’aller vers un avenir différent. Le film est réussi dans le sens où il parvient parfaitement à démontrer l’absurdité et le manque d’humanité, sans jamais forcer le trait et sans parti pris.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Clara Khoury, Hiam Abbass, Makram Khoury
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23 juin 2006

Tu marcheras sur l’eau (2004) de Eytan Fox

Titre original : « Walk On Water »

Tu marcheras sur l'eau Elle :
Eyal, un agent du Mossad vient de perdre sa femme. Mal en point, il est chargé de retrouver un ancien officier nazi par le biais de son petit fils Axel qu’il accompagne en tant que guide en Israël auprès de sa soeur. Eytan Fox mêle habilement le film d’espionnage à la dure réalité d’Israël. Il filme sans concession les relations haineuses avec les palestiniens, les fantômes d’un passé douloureux avec l’Allemagne nazie, les tabous sur l’homosexualité et le machisme ambiant. Eyal et Axel portent en eux le poids d’un passé trop lourd. On assiste peu à peu à la naissance d’une amitié entre eux ainsi qu’à leur rédemption. Cette nouvelle légèreté leur permet de marcher sur l’eau en toute liberté. Ce film israélien à la mise en scène sobre est intéressant et émouvant.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film d’Eytan Fox est plusieurs choses à la fois : un film d’espionnage, un drame psychologique, un film sentimental, une comédie… Et ce qui est remarquable, c’est que tous ces éléments se combinent parfaitement, se complètent en un ensemble cohérent dont le suspense policier forme la colonne vertébrale. Notre intérêt se maintient constamment même si le film n’est pas sans défaut, notamment par l’utilisation de symboles un peu faciles (à commencer par celui qui donne son titre au film). L’israélien Eytan Fox prône la tolérance et n’épargne pas son propre camp quand il s’agit de montrer l’aveuglement engendré par la haine et on image sans mal les difficultés qu’il a du rencontrer pour produire son film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lior Ashkenazi, Knut Berger, Caroline Peters, Gideon Shemer
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18 mai 2006

Au bout du Monde à gauche (2004) d’ Avi Nesher

Titre original : « Sof Ha’Olam Smola »

Au bout du Monde à gauche Elle :
Un film à la fois drôle, grave et chaleureux pour cette histoire qui réunit deux familles, marocaine et indienne, dans un petit village d’Israël perdu au milieu du désert. Les différences de culture et de tradition et les préjugés s’affrontent. Les enfants jaugent leurs parents sur le terrain de leur émancipation et notamment deux adolescentes qui ont envie de bousculer fortement les codes familiaux. Les couples se font et se défont. La vie s’y déroule comme partout ailleurs sauf que là les gens sont obligés d’apprendre à se connaître pour vivre en harmonie. Le réalisateur a le mérite de donner une autre vision de ce pays, bien loin du conflit israélo-arabe. Les acteurs donnent beaucoup de crédibilité et d’émotion au film. On passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Au bout du monde à gauche est un film assez original, en premier lieu du fait de l’angle choisi pour aborder le conflit israélo-arabe : un face à face ethnique, certes… mais entre un petit groupe de familles indiennes et un autre de familles marocaines. Et deuxièmement, le lieu est tout sauf ordinaire : c’est effectivement le bout du monde, un bout de désert montagneux avec seulement quelques immeubles et une usine. Ces deux groupes ethniques, qui cohabitent de force, subissent le même sort ; ils tous deux rejetés par la société qui les a oubliés. Tout un symbole… Le réalisateur parvient à faire un film plein de vie et d’humanité, de tolérance et de découvertes, et une bonne petite dose d’humour. Belles prestations des acteurs principaux, notamment de la part la jeune Netta Garti.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Netta Garti, Liraz Charhi, Aure Atika, Jean Benguigui
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17 mai 2006

Eden (2001) d’ Amos Gitai

Eden Elle :
Amos Gitai adapte le roman d’Arthur Miller en retraçant l’histoire du peuple juif dans les années quarante, au travers d’un couple en mal de vivre et en mal d’amour qui s’est établi en Israël, et aussi de son père (alias Arthur Miller) qui veut finir sa vie au Canada. Certes, le cinéaste prend tout son temps pour filmer les tourments et les errances de ces personnages accablés par l’éradication du peuple juif mais c’est pour mieux montrer comment les juifs éparpillés aux quatre coins du monde sont désynchronisés dans leur vie quotidienne de par leurs racines si diverses. Il tente aussi de montrer qu’une alternative pacifique est une solution possible pour réconcilier arabes et juifs.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une grande lenteur couplée à une certaine vacuité m’ôte toute possibilité de me concentrer sur le thème du film.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Samantha Morton, Thomas Jane
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1 mai 2006

Silence… on tourne (2001) de Youssef Chahine

Titre original : « Skoot hansawwar »

Silence... on tourne Elle :
Abandon au bout d’une demi-heure. Bien que Youssef Chahine soit un grand cinéaste, il porte ici un regard nostalgique qui sombre dans le kitsch et le sirupeux. Ce film sur la vie amoureuse d’une chanteuse égyptienne comporte un assez grand nombre de chansons de variété à la sauce égyptienne. Il faut vraiment être fan de cette musique pour apprécier.
Note : pas d'étoile

Lui :
Si ce n’est pas ce que l’on appelle un film à l’eau de rose, cela y ressemble fortement. Et il y a les chansons… dans un style qui n’est vraiment pas ma tasse de thé. (Abandon).
Note : pas d'étoile

Acteurs: Latifa
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11 avril 2006

Kandahar (2001) de Mohsen Makhmalbaf

Titre original : « Safar e Ghandehar »

Kandahar Elle :
Oscillant entre le documentaire et le film, Mohsen Makmalbaf nous entraîne en plein coeur de l’Afghanistan au travers d’une femme afghane qui rentre au pays pour retrouver sa soeur qui veut se suicider le jour de l’éclipse. Son dangereux périple à travers le désert et les montagnes croise des cohortes d’unijambistes mutilés par les mines anti-personnelles, des files de femmes voilées soumises au bon vouloir des talibans, des enfants qui récitent mécaniquement les versets du Coran, des villageois affamés ou malades. De belles images choc d’ombres errantes, empreintes d’onirisme, un peu trop peut-être car la situation de ces afghans fait froid dans le dos. Le film a le mérite de mettre au grand jour la situation dramatique dans laquelle se trouve l’Afghanistan.
Note : 3 étoiles

Lui :
On comprend aisément la démarche globale du film, ce désir de sensibiliser sur la condition des femmes afghanes et l’état déplorable du pays sous les talibans. Par contre, il pêche par une recherche excessive de faire des images marquantes, et cette recherche esthétique choque un peu car elle semble un peu déplacée vu le sujet traité, et décrédibilise le propos. Enfin, peut-être faut-il faire cela pour atteindre et marquer un large public.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nelofer Pazira, Hassan Tantai
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5 avril 2006

Mariage Tardif (2001) de Dover Koshashvili

Titre original : « Hatuna Meuheret »

Mariage   Tardif Elle :
Film israélien intéressant tant par le sujet que ses personnages. Il s’agit un homme qui, à 31 ans, n’est toujours pas marié car les femmes qu’il choisit ne conviennent jamais à ses parents, soit parce qu’elles sont divorcées, trop grandes ou trop vieilles. Le réalisateur aborde le problème de la tyrannie d’une famille juive enfermée dans des préjugés infondés et qui est prête à tout pour imposer ses vues au rejeton. Certes, le fils n’est pas indépendant financièrement et n’a pas une assez forte personnalité pour se défendre. On a envie de lui crier de se rebeller et de fuir avec la femme de son choix sans s’occuper du qu’en dira-t-on…
Note : 4 étoiles

Lui :
Mariage tardif : Ce film israélien est à la fois une comédie et presqu’un reportage ethnologique, puisqu’il nous raconte avec humour l’histoire d’un mariage choisi et arrangé par la famille. C’est assez terrifiant mais le réalisateur nous présente cela avec beaucoup d’humour, notamment les scènes où la famille fait le guet dans les voitures sont mémorables… C’est en ce sens que je trouve le film réussi car il parvient à trouver un parfait équilibre et à traiter avec humour d’un sujet grave, touchant la religion ou le poids d’une société toute empreinte de conservatisme. Cela augmente d’autant sa portée.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lior Ashkenazi, Ronit Elkabetz
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