24 septembre 2009

Battle for Haditha (2007) de Nick Broomfield

Battle for HadithaElle :
Battle for Haditha est inspiré de faits réels, un attentat contre un convoi de marines en Irak et qui engendra en représailles 24 victimes irakiennes innocentes en novembre 2005. C’est à la fois un film et un documentaire bouleversant d’un grand réalisme car tourné en petite équipe, avec des ex-marines et des irakiens exilés. Sans effets numériques artificiels, Nick Brommfield livre un film intense, brut, parfois insoutenanble et révoltant sur les tragédies et les absurdités d’une guerre engendrée par un président américain quelque peu paranoïaque. D’un côté, les marines dressés comme des machines à tuer, peuvent se retrouver en cour martiale si leurs exactions sont diffusées dans les médias ; de l’autre côté, les terroristes irakiens transforment leur peuple en martyrs pleins de haine prêts à se sacrifier jusqu’au bout. Au milieu, les civils irakiens subissent leur sort ne sachant plus de quel côté se tourner. La folie et la peur s’emparent de tous ces êtres humains en détresse profonde. C’est un film très efficace qui montre clairement la spirale sans issue dans lequel les Etats Unis et l’Irak se sont enfoncés.
Note : 5 étoiles

Lui :
Battle for Haditha évoque un épisode dramatique du conflit irakien : juste après un attentat ayant tué et blessé plusieurs d’entre eux, une escouade de soldats américains tue furieusement de nombreux civils irakiens autour du lieu de l’attentat. Le film de l’anglais Nick Broomfield est original dans son traitement sur au moins deux points. D’une part, il s’agit d’une fiction filmée comme un documentaire : le tournage s’est fait en Jordanie avec des acteurs non professionnels, ex-marines ou irakiens exilés, ce qui donne une très grande authenticité au film, et les moyens légers utilisés nous plongent littéralement au cœur des scènes. D’autre part, Battle for Haditha nous fait vivre l’évènement sous plusieurs angles ; le fait de nous faire suivre les différents protagonistes (les Marines américains, les poseurs de la bombe, les civils irakiens) donne une grande force au fond de son propos, la démonstration de l’absurdité de la guerre et de l’engrenage infernal et implacable issu de la situation en Irak. Ce n’est pas tant un film à charge contre les américains ou contre les poseurs de bombe, c’est surtout un film à charge contre la guerre. Battle for Haditha est un film particulièrement efficace que l’on reçoit comme un coup de poing.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Matthew Knoll, Eric Mehalacopoulos, Nathan De La Cruz, Elliot Ruiz
Voir la fiche du film et la filmographie de Nick Broomfield sur le site imdb.com.

22 septembre 2009

Be happy (2008) de Mike Leigh

Titre original : « Happy-Go-Lucky »

Be happyElle :
Très différent des univers habituels de Mike Leigh, Be happy est un film plein de fantaisie, de rire et d’optimisme dans la noirceur d’une Angleterre déprimée et en perte de repères. Poppy, une jeune institutrice qui aime rire et prendre la vie à la légère est le pilier central du film. Elle répand de l’amour et le bonheur de vivre autour d’elle ; elle aime ses élèves et son métier, ceux qui la fréquentent comme le moniteur d’auto école déséquilibré ou cet enfant violent peuvent se transformer intérieurement et laisser de côté leur colère et leur violence enfouies. La prestation très réussie de Sally Hawkins la rend attachante et irrésistible. Mis à part quelques invraisemblances de scénario et un début un peu difficile, on passe un bon moment.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il faut saluer la démarche de Mike Leigh qui n’hésite à pas à marcher à contre-courant. A une époque où il est de bon ton d’afficher sans modération noirceur et pessimisme, le réalisateur anglais n’hésite pas à jouer avec son image de cinéaste social sombre pour nous offrir un film résolument optimiste. Ceci dit, Be happy n’est pas si différent de ses précédentes réalisations car nous y retrouvons le regard très pointu du cinéaste sur la société anglaise et la mise en relief d’une certaine difficulté de communication. La différence ici est que son héroïne a une inébranlable bonne humeur, elle s’amuse de tout, ne semble ne rien prendre au sérieux et, surtout, elle voudrait communiquer ce bonheur et cette simplicité autour d’elle, et là elle va buter sur de gros obstacles. Sally Hawkins interprète son personnage de trentenaire survoltée et pétulante avec beaucoup de naturel, bondissant et papillotant, avec moult mimiques et intonations de voix ; faire tout cela sans rendre le personnage insupportable (du moins est-ce le cas en V.O.) est un véritable tour de force. Mike Leigh a construit son film comme un assemblage de petites briques, une scène au milieu du film n’étant même pas reliée aux autres. Ce type de construction lui permet de se concentrer sur l’essentiel car, au-delà d’un film qui propose une attitude optimiste, Be happy est avant tout un certain regard sur notre société et, en ce sens, s’inscrit tout fait dans la lignée de ses films précédents.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sally Hawkins, Alexis Zegerman, Eddie Marsan, Samuel Roukin
Voir la fiche du film et la filmographie de Mike Leigh sur le site IMDB.

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6 septembre 2009

Première désillusion (1948) de Carol Reed

Titre original : « The fallen idol »

Fallen idolElle :
(pas vu)

Lui :
Le jeune fils de l’ambassadeur de France à Londres ne voit que rarement ses parents ; il a une grande admiration pour le majordome Baines qui s’occupe de lui. En revanche, il évite la tyrannique Mme Baines qui ne l’aime guère. Des évènements vont lui faire jouer un rôle important. Première désillusion est entièrement vu par les yeux de l’enfant qui va se frotter, sans le vouloir, au monde des adultes. Ses valeurs sont simples mais fragiles, sans distinction du bien et du mal. Première désillusion L’enfant va se perdre entre ses propres notions de la vérité et du mensonge et celles des adultes, avoir sa première désillusion, perdre une partie de son innocence. Carol Reed, que l’on connaît surtout comme réalisateur du Troisième Homme, filme cette histoire signée Graham Greene de façon méthodique mais aussi très délicate à l’instar de ses personnages. Première désillusion est agréablement très « british », ce qui n’empêche pas Michèle Morgan d’y paraître parfaitement à son aise, avec un jeu tout en douceur et en retenue.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ralph Richardson, Michèle Morgan, Sonia Dresdel, Bobby Henrey
Voir la fiche du film et la filmographie de Carol Reed sur le site IMDB.

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4 septembre 2009

Un anglais à New-York (2008) de Robert B. Weide

Titre original : « How to lose friends & alienate people »

Un anglais à New-YorkElle :
(pas vu)

Lui :
Inspiré des souvenirs d’un ancien rédacteur de la revue Vanity Fair, cette comédie satirique légèrement déjantée n’est pas sans intérêt. Un jeune journaliste anglais est embauché par un magazine people new-yorkais. Plein d’arrogance mais aussi refusant les compromissions, il détone dans le monde policé qu’il est censé fréquenter. Tout le film repose sur Simon Pegg, acteur comique anglais, qui tend parfois à surcharger son personnage. Après un début où les gags sont parfois un peu lourds, le film parvient toutefois à trouver un bon rythme et à jouer, avec une certaine subtilité, sur le thème du trublion qui arrive dans ce monde de paillettes et de faux-semblants comme un chien dans un jeu de quilles. Certaines saynètes sont assez hilarantes. Le dernier tiers du film, à partir du moment où le journaliste rentre dans le rang, est hélas plus conventionnel et de moindre intérêt. Un anglais à New York (admirons une fois de plus la prodigieuse inventivité des distributeurs français dans les traductions de titres de film )(1) est tout de même assez détonnant dans tous les sens du terme et se révèle globalement assez rafraîchissant par son impertinence.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Simon Pegg, Kirsten Dunst, Jeff Bridges, Megan Fox, Gillian Anderson
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert B. Weide sur le site IMDB.

(1) Le titre canadien, à défaut d’être inventif, a au moins le mérite de respecter le sens et de donner une bonne idée du ton général du film : « Comment perdre ses amis et se mettre tout le monde à dos ».

25 août 2009

Deux soeurs pour un roi (2008) de Justin Chadwick

Titre original : « The other Boleyn girl »

Deux soeurs pour un roiElle :
(pas vu)

Lui :
Le règne du roi d’Angleterre Henri VIII constitue depuis toujours un riche creuset pour la littérature et le cinéma. Deux sœurs pour un roi est l’adaptation d’une série de romans « Les Tudors » dans lequel l’auteur Philippa Gregory n’hésite à donner des coups de pouce à l’Histoire pour pimenter son récit. Cinématographiquement, cette prétendue compétition entre Anne Boleyn et sa sœur Mary permet de mettre deux grandes stars face à face et de faire froufrouter tout ce petit monde dans des costumes (superbes ceci dit) de l’époque. Dès les premières minutes, Deux sœurs pour un Roi montre tous les atours du film historique à grand spectacle, avec moult mouvements de camera et musique épique très présente. Les personnages sont très typés pour relever l’intrigue et créer des oppositions marquantes. Malgré une assez belle prestation de Natalie Portman, plutôt convaincante de son rôle d’intriguante, Deux soeurs pour un Roi se présente donc comme un film particulièrement formaté.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Natalie Portman, Scarlett Johansson, Eric Bana, Kristin Scott Thomas, David Morrissey
Voir la fiche du film et la filmographie de Justin Chadwick sur le site IMDB.

17 août 2009

Le voyeur (1960) de Michael Powell

Titre original : « Peeping Tom »

Le voyeurElle :
(pas vu)

Lui :
Un jeune assistant de cinéma filme le visage angoissé de jeunes femmes avant de les tuer. Il pense ainsi prolonger les travaux de son père sur les expressions de la peur. Le Voyeur est, on l’aura compris, un film assez particulier, un film que l’on peut classer dans les films d’épouvante, le plus épouvantable étant certainement que ce personnage n’est pas un monstre sanguinaire, il est séduisant, timide et plutôt proche de nous. Michael Powell nous livre là une réflexion sur la fabrication de l’image et sur le rapport du cinéaste au monde réel, la caméra mettant le cinéaste en dehors de la vie, en état de frustration permanente. Presque clinique dans son approche, Le Voyeur paraît assez en avance sur son temps : si, par certains côtés, il peut s’inscrire dans la lignée des films psychanalytiques des années 40, il va beaucoup loin et il est surtout plus dérangeant du fait de la proximité du héros. Pour cette raison, il fit scandale et fut violemment rejeté par la critique et le public de l’époque. Le Voyeur aurait été certainement mieux accueilli s’il était sorti ne serait-ce que dix ans plus tard…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Maxine Audley
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell sur le site IMDB.

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15 août 2009

Les promesses de l’ombre (2007) de David Cronenberg

Titre original : « Eastern promises »

Les promesses de l'ombreElle :
(pas vu)

Lui :
Après la mort d’une jeune fille lors d’un accouchement, un jeune infirmière anglaise tente de trouver le nom de ses proches dans son journal intime écrit en russe. Sans le savoir, elle va trouver face à elle un gang de mafieux russes unis par un fort code d’honneur. Si Les Promesses de l’ombre semblent s’inscrire dans la lignée du film précédent de Cronenberg, A history of violence, ils n’ont pas tant de points communs et surtout il manque à ces Promesses de l’ombre la force de scénario de son prédécesseur. L’histoire est ici assez classique et sans surprises, il faut donc se contenter de la forme, de l’atmosphère lourde et froide que Cronenberg est parvenu à recréer pour nous faire pénétrer dans cette secte, une plongée dans un univers quasi cauchemardesque. Il joue aussi sur la fascination de la mafia et de la violence et effectivement les scènes d’hyper-violence ont fortement contribué à la popularité du film. Bonne interprétation, assez intense.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Naomi Watts, Viggo Mortensen, Vincent Cassel, Armin Mueller-Stahl
Voir la fiche du film et la filmographie de David Cronenberg sur le site IMDB.

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11 août 2009

Les mondes futurs (1936) de William Cameron Menzies

Titre original : « Things to Come »
Autre titre français : « La vie future »

La vie futureElle :
(pas vu)

Lui :
Les Mondes futurs est l’adaptation cinématographique du roman de H.G. Wells « The shape of things to come ». C’est Wells lui-même qui a écrit le scénario (1). Le producteur anglais Alexander Korda confie le projet à William Cameron Menzies, décorateur américain de génie. Les mondes futurs est le film de science-fiction le plus cher et le plus ambitieux des années trente, l’un des tous premiers grands films de ce genre avec Metropolis (2). Le film se déroule sur trois grandes périodes, anticipant ainsi les cent années à venir : 1940 avec le début d’une guerre qui durera 25 ans, 1972 où le monde exsangue est revenu à une civilisation de type féodal et enfin 2036 où règne le culte du progrès sous un régime de technocrates bienveillants.

Outre son côté prophétique (3), ce sont les décors qui sont le plus remarquables, tout particulièrement dans la période 2036 où Menzies montre tout son talent et son inventivité pour créer des illusions de gigantisme et de puissance. La transition vers cette période future est assez étonnante avec plusieurs minutes d’effets visuels de machineries gigantesques, un jeu de superpositions sans cesse renouvelé. Hélas, si Menzies est l’un des décorateurs les plus brillants d’Hollywood, il montre clairement ses limites sur le plan de la direction des acteurs dont le jeu est statique et qui déclament leur texte sans y insuffler suffisamment de vie. Pour cette raison, le film ne révèle pas être à la hauteur des talents mis en œuvre. Toutefois, Les mondes futurs reste l’un des films les plus importants de science-fiction et vaut la peine d’être vu, ne serait-ce que pour la qualité de ses décors et de ses prospectives.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Raymond Massey, Edward Chapman, Ralph Richardson, Margaretta Scott
Voir la fiche du film et la filmographie de William Cameron Menzies sur le site imdb.com.

Voir aussi : un excellent site sur le film Things to come avec notamment une superbe collection de posters et photos de tournage.

Notes:
(1) Wells a écrit « The shape of things to come » en 1933. Après avoir écrit l’adaptation cinématographique, il en a publié le script (ou une version très proche) sous le titre « Things to come: a film story » en 1935, peu avant la sortie du film. Ni l’un ni l’autre ne semblent avoir été traduits en français.
(2) H.G. Wells haïssait le film Metropolis de Fritz Lang (1927) et le disait haut et fort à toute l’équipe.
(3) Les mondes futurs place le début de la seconde guerre mondiale en décembre 1940, ne se trompant ainsi que de 15 mois. On y voit des attaques aériennes surprise sur l’Angleterre. Ce sont des bombes de gaz : à cette époque, la crainte que les allemands utilisent massivement les gaz, comme à la fin de première guerre mondiale, était très forte. La période de 2036 montre une civilisation plutôt pacifique mais gouvernée par des technocrates. Rejetant le progrès, la population se révolte ; il est encore trop tôt pour juger la qualité de cette prédiction… En revanche, le plus discutable est l’utilisation d’un canon géant pour envoyer des hommes sur la lune, faisant ainsi revivre l’idée de Jules Verne (et que Wells avait déjà reprise dans son livre de 1901 « Les premiers hommes sur la Lune » ) : en 1935, Wells devait savoir que ce n’était pas possible.

1 août 2009

Une question de vie ou de mort (1946) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « A matter of life and death »
Titre américain : « Stairway to Heaven »

A matter of life and deathElle :
(pas vu)

Lui :
Cela peut surprendre, surtout après vu le film, mais Une question de vie ou de mort est au départ une commande du Ministère de l’Information britannique ; le but recherché était d’apaiser les querelles entre anglais et américains en cette fin de 2e guerre mondiale. C’est assez étonnant car le film de Michael Powell et Emeric Pressburger n’a vraiment rien d’un film conventionnel, c’est même un film très surprenant. Stairway to Heaven L’histoire est celle d’un pilote qui, alors qu’il semble voué à une mort certaine dans un avion en flamme, survit miraculeusement. Au Paradis, on s’étonne qu’il manque une personne à l’appel et un émissaire est chargé d’aller la chercher… Voilà une façon originale de traiter un sujet imposé à priori un peu rébarbatif. Cela nous donne une histoire très inventive, à cheval entre le fantastique et la neurologie, où se forme un parallèle entre le monde des vivants, montré en Technicolor, et le Paradis en noir et blanc (en fait plutôt bleu pastel et blanc). Les trouvailles visuelles et les effets sont très réussis, toujours très discrets et parfaitement intégrés avec notamment un superbe (et gigantesque) escalier céleste, une mise en suspension du temps très réussie et de belles transitions, toujours différentes, entre les deux mondes. L’ensemble est vif, parsemé de notes d’humour. Une question de vie ou de mort Les différences et sources de discordes entre anglais et américains sont abordées de façon très amusante vers la fin du film sous forme d’une joute oratoire pleine de dérision. Une question de vie ou de mort est un autre petit bijou du tandem Powell-Pressburger dont la créativité trouve avec cette histoire un superbe support d’expression. C’est un film qui n’a que peu d’équivalents, un film qui, vu aujourd’hui, semble nettement en avance sur son temps.
Note : 5 étoiles

Acteurs: David Niven, Kim Hunter, Roger Livesey, Raymond Massey
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell et de Emeric Pressburger sur le site imdb.com.
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20 juillet 2009

Je sais où je vais (1945) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « I know where I’m going! »

Je sais où je vais Elle :
(pas vu)

Lui :
Une jeune femme ambitieuse se rend en Ecosse, dans les Iles Hébrides, où elle doit épouser un millionnaire plus âgé qu’elle. Parvenue sur une première île, le mauvais temps l’empêche de continuer vers l’île de sa destination. Elle doit attendre… Je sais où je vais mêle habilement une histoire romantique avec une certaine satire sociale et un aspect presque documentaire sur la vie dans les îles d’Ecosse. Citadine sûre d’elle (comme l’indique le titre), cette jeune femme ambitieuse va voir ces certitudes ébranlées par le monde qu’elle découvre, qui n’a pas du tout les mêmes valeurs que le monde urbain d’où elle vient : il semble fonctionner sur des principes plus profonds. En quelque sorte, Je sais où je vais met en relief l’opposition entre le monde artificiel et vénal de la ville et l’authenticité de la nature dans son plus bel appareil. Car, malgré le mauvais temps et des conditions un peu hostiles, le film nous dresse un portrait séduisant de ces îles Hébrides, Je sais où je vais un portrait empreint d’authenticité qui met en valeur la Nature et la force de ses éléments. Grâce au talent de Powell et Pressburger, le film est techniquement parfait, le scénario se déroulant avec une grande fluidité. Les deux réalisateurs parviennent même à glisser à de multiples endroits de belles pointes d’humour. Satire sociale et ode à la nature, Je sais où je vais possède un charme qui semble atemporel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Wendy Hiller, Roger Livesey, Pamela Brown, Finlay Currie
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Précisions :
* Le film a été tourné sur l’île de Mull.
* La petite fille de 10 ans qui accueille Wendy Hiller dans la vaste demeure des nouveaux riches est interprétée par… Petula Clark.
* Chose surprenante, même difficile à croire, l’acteur Roger Livesey n’a pas mis les pieds aux Iles Hébrides pour jouer son personnage. L’acteur était en effet tenu par un autre contrat de rester à Londres. Grâce à plusieurs doublures pour les plans éloignés et des jeux de transparence, Michael Powell et Emeric Pressburger sont parvenus à tourner toutes ses scènes en studio à Londres. Même quand on le sait, il est très difficile de le remarquer à l’écran.
* Un documentaire de la BBC a permis de revenir sur les lieux du tournage : I know where I’m going! Revisited de Mark Cousins (1994).
* Il est inévitable de ne pas rapprocher ce film de A l’angle du monde que Michael Powell a tourné 8 ans auparavant sur une petite île des Shetlands et qui avait aussi un aspect documentaire sur la vie dans ces îles (c’était, ceci dit, une île bien plus isolée).