3 mars 2009

Y a-t-il un pilote dans l’avion? (1980) de Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker

Titre original : « Airplane! »

Y a-t-il un pilote dans l'avion?Elle :
(pas vu)

Lui :
Ce qui est remarquable à propos de Y a-t-il un pilote dans l’avion?, c’est qu’un petit trio d’auteurs sans expérience de réalisation ait réussi à obtenir un bon budget pour tourner une comédie loufoque sans aucune tête d’affiche. Il s’agit d’une satire des films-catastrophe qui ont fleuri dans les années 70 et les auteurs s’en sont donnés à cœur joie. Les gags fusent dans tous les sens, toujours très courts, l’un poussant l’autre ; quand ce ne sont pas des jeux de mots, ce sont des gags visuels, tout est source de dérision, poussé jusqu’à la caricature. Le rythme permet d’éviter toute lourdeur. Les références filmiques sont nombreuses depuis des classiques comme Tant qu’il y aura des hommes jusqu’aux films-catastrophe, bien entendu. Comme on le sait, le film fut un énorme succès. Y a-t-il un pilote dans l’avion? n’est toutefois pas un film à mépriser car ce genre totalement débridé est assez rare, surtout à Hollywood. Le film eut une suite, moins réussie, la machine commerciale ayant repris les choses en main.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Hagerty, Robert Hays, Leslie Nielsen, Lloyd Bridges, Peter Graves, Robert Stack
Voir la fiche du film et les filmographies de Jim Abrahams, David Zucker & Jerry Zucker sur le site imdb.com.

Voir les commentaires sur la suite : Y a t-il enfin un pilote dans l’avion?

28 février 2009

L’Affaire Cicéron (1952) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « 5 fingers »

L'Affaire CicéronElle :
(pas vu)

Lui :
L’affaire Cicéron est basé sur des faits réels qui se sont réellement déroulés et qui n’ont jamais été entièrement élucidés. Début 1944, à Ankara, un brillant espion vend des copies de nombreux documents secrets britanniques aux allemands qui peinent à croire à leur authenticité tant ils sont importants. Mankiewicz a adapté cette histoire avec beaucoup de soin pour en faire un film particulièrement prenant, avec beaucoup de style. La peinture qu’il fait des personnages est assez étonnante : il y a d’abord cette fascination pour son personnage principal qu’il rend extrêmement civilisé, brillant, sûr de lui, juste à la limite de l’arrogance, mû par un désir de revanche sociale qui provoque en lui cet appât du gain. Ce personnage, complexe et séduisant, est magnifiquement personnifié par le jeu de James Mason dont la prestance trouve ici l’un de ses plus beaux écrins. Ensuite, on peut que remarquer que les personnages secondaires ne sont aucunement traités avec manichéisme : allemand ou anglais, personne n’est montré sous un mauvais jour, tout le monde nage en eaux troubles car la tromperie peut être partout. L’affaire Cicéron est parfaitement rythmé et Mankiewicz fait preuve d’une grande maîtrise dans le déroulement du scénario pour signer l’un des plus grands films d’espionnage.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Mason, Danielle Darrieux, Michael Rennie,  Oskar Karlweis, John Wengraf
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.
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Remarque :
Dans la réalité, le nom de cet espion était Elyesa Bazna ; il était bien domestique auprès de l’ambassadeur d’Angleterre à Ankara. En revanche, le personnage de la comtesse est inventé de toutes pièces. D’autre part, il semble que les plans du débarquement n’aient jamais fait partie de ces fuites, contrairement à ce qui a souvent été dit.
En 1950, l’allemand Ludwig Moyzich, l’homme qui assurait le contact avec Cicéron, a publié un livre « Who was Cicéro ? » (L’affaire Cicero). 12 ans plus tard, en 1962, Elyesa Bazna lui a en quelque sorte répondu en publiant « I was Cicero » (Signé Cicéron).

Autre remarque :
Fait suffisamment rare pour être noté, le titre français est plus juste et représentatif que le titre original, imposé par Zanuck à Mankiewicz. Dans l’esprit du producteur, les cinq doigts étaient censés symboliser la cupidité…

27 février 2009

Les carrefours de la ville (1931) de Rouben Mamoulian

Titre original : « City streets »

Les carrefours de la villeElle :
(pas vu)

Lui :
Les carrefours de la ville est le second film de Rouben Mamoulian. Le scénario est signé Dashiell Hammett, alors employé par la Paramount. Une jeune femme est impliquée par son beau-père dans la petite mafia qui contrôle le commerce de la bière ; son amoureux est réticent à s’engager dans la bande. Le film réussit un habile mélange d’une histoire de gangsters avec une intrigue amoureuse. Contrairement aux autres films du début des années 30, Les carrefours de la ville ne montre aucune fascination ni aucune attirance vers le milieu de la pègre qui est montré ici comme étant peu reluisant. Les Carrefours de la ville Le film de Mamoulian montre une certaine inventivité au niveau des angles de caméra et du son : en 1931, nous sommes encore aux tous débuts du parlant et, ainsi, Les carrefours de la Ville est le premier film où une voix-off est utilisée pour exprimer les pensées d’un personnage (dans la scène où Nan est allongée sur son lit en prison après avoir vu le Kid). Le couple formé par Sylvia Sydney et Gary Cooper dégage une grande fraîcheur et même une naïveté qui contraste fortement avec le milieu de petits malfrats dans lequel ils évoluent.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Sylvia Sidney, Paul Lukas
Voir la fiche du film et la filmographie de Rouben Mamoulian sur le site IMDB.

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24 février 2009

I’m not there (2007) de Todd Haynes

I'm Not There.Elle :

J’aime beaucoup Dylan mais, malgré sa forme originale, je ne vois pas l’intérêt de ce film en forme de faux documentaire avec un Dylan aux multiples visages d’acteurs très différents qui m’empêche d’y croire et me fait abandonner. J’ai de très loin préféré No Direction Home de Scorcese (abandon).
Note : pas d'étoile

Lui :
I’m not there est une mise en images de la personnalité de Bob Dylan particulièrement riche et originale. Todd Haynes a en effet choisi de prendre 6 acteurs différents pour illustrer très librement 7 facettes différentes du personnage : un jeune baroudeur fan de Woody Guthrie, un chanteur de protest songs engagé, un poète amateur d’Arthur Rimbaud, un chanteur provocateur qui refuse de jouer le rôle de contestataire que l’on lui a assigné, un acteur qui a relations délicates avec sa femme, un prédicateur converti de fraîche date et un cow-boy franc-tireur et solitaire. Le plus étonnant dans le choix des comédiens, c’est que ce sont les deux choix les plus extrêmes qui sont les plus réussis : le jeune Bob Dylan est interprété par un gamin noir de 11 ans (!) vraiment convaincant et surtout Cate Blanchett est absolument stupéfiante en Bob Dylan de Blonde on Blonde (*).  Même si certaines scènes au début du film peuvent le laisser craindre (comme ces fausses interviews de Joan Baez / Julianne Moore), le propos de I’m not there n’est en aucun cas de dresser une biographie de Dylan ; il est bien d’illustrer cet aspect multi-facettes du personnage. Le récit est structuré assez librement avec une multitude de détails pour nous ravir. La musique est bien entendu omniprésente, avec beaucoup de morceaux interprétés par Dylan lui-même ; l’univers d’un  petit nombre de morceaux est même mis en scène, l’un d’entre eux est un véritable petit clip. I’m not there est absolument admirable. Todd Haynes a vraiment su trouver la bonne formule pour retracer toutes les dimensions du personnage, même si c’est là une formule qui peut dérouter. Maintenant, je ne sais pas comment pourra réagir le spectateur qui n’est pas familier de l’univers du chanteur…
Note : 5 étoiles

Acteurs: Cate Blanchett, Ben Whishaw, Charlotte Gainsbourg, Christian Bale, Richard Gere, Marcus Carl Franklin, Heath Ledger, Julianne Moore, Bruce Greenwood
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(*) Personnellement, comme j’avais l’avantage de n’avoir rien lu sur le film avant de le voir, je me suis vraiment laissé prendre : j’ai bien trouvé l’acteur assez androgyne et à plusieurs moments je me suis posé la question mais ce n’est qu’à la toute fin (quand il/elle nous regarde droit dans les yeux) que j’ai eu la certitude qu’il s’agissait d’une femme. La lecture du générique m’a ensuite laissé pantois.

20 février 2009

New Rose Hotel (1998) de Abel Ferrara

New Rose HotelElle :
(pas vu)

Lui :
Basée sur une nouvelle de l’écrivain de science-fiction William Gibson (l’auteur qui révolutionna le genre avec son livre Le Neuromancien), l’histoire de New Rose Hotel nous plonge dans une affaire d’espionnage industriel, avec un chercheur brillant que l’on cherche à attirer pour le compte d’un grand groupe. Mais peu importe tout cela car visiblement ce n’est l’histoire, somme toute assez banale, qui a intéressé Abel Ferrara : il semble ne s’en servir que comme prétexte et New Rose Hotel se situe plus au niveau des sensations, de l’atmosphère, avec une certaine recherche sur le plaisir et aussi sur l’amour. L’ensemble reste hélas un peu ennuyeux, avec une verbosité un peu trop marquée et une certaine intellectualisation guère passionnante (du moins à mes yeux). La fin semble particulièrement interminable… Christopher Walker fait une belle prestation, dans un registre qui lui est toutefois assez familier.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Christopher Walken, Willem Dafoe, Asia Argento, Annabella Sciorra
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17 février 2009

7h58, ce samedi-là (2007) de Sidney Lumet

Titre original : Before the Devil knows you’re dead

Before the Devil Knows You're DeadElle :
(pas vu)

Lui :
Sydney Lumet nous entraîne dans une histoire familiale peu commune. 7h58 ce samedi-là commence par un braquage de bijouterie qui tourne mal et ce n’est que le début d’un drame assez épouvantable. Comment en est-on arrivé là ? Lumet nous l’expose avec une construction faite de différents flashes-back vus par des personnes différentes. La normalité apparente déraille pour engendrer une situation de plus en plus inextricable et inenvisageable. Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawk incarnent avec beaucoup de présence ces deux frères aux tempéraments tout à fait opposés : l’un est manipulateur, cupide et arrogant, l’autre est sans ambition, englué dans une vie terne et plombée par un divorce. Les deux acteurs livrent tous deux une très belle performance. Avec 7h58 ce samedi-là, Sydmet Lumet signe à 84 ans un très beau film, très prenant, où la tension monte lentement mais sûrement, sans jamais se relâcher. Il ne porte pas de jugement, son film n’est en aucun cas moralisateur et cela le rend encore plus terrifiant… !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney, Marisa Tomei
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Remarque :
Le titre original fait référence à un dicton irlandais, utilisé pour porter un toast : “May you be in heaven half an hour before the devil knows you’re dead” (= puissiez-vous être déjà arrivé au Paradis depuis une demi-heure quand le Diable apprendra votre mort !).

11 février 2009

La nuit nous appartient (2007) de James Gray

Titre original : « We own the night »

La Nuit nous AppartientElle :
Même si je n’accroche habituellement pas vraiment aux histoires de mafia et de corruption qui reposent souvent sur les mêmes schèmes, je reconnais un grand talent de mise en scène à James Gray. Ce polar est sombre et intense grâce à ses décors et éclairages somptueux; ses personnages ténébreux sont particulièrement convaincants. Le scénario simple et bien huilé est émaillé de scènes d’action remarquables comme ces folles courses poursuites en voiture ou à pied dans les roseaux.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le gérant d’une boîte de nuit new-yorkaise cache à ses patrons mafieux que son frère et son père sont dans la police. Les événements vont le forcer à se rapprocher de sa famille. Comme le titre nous le précise indirectement (« We Own the Night » était la devise d’une unité de la Police de New York chargée des crimes sur la voie publique jusqu’en 2002), La Nuit nous Appartient met en relief le travail de la police de New York dans sa lutte contre les trafiquants de drogue. Il le fait sous la forme d’un film policier de grande intensité avec une présence forte des personnages. James Gray tourne peu mais montre une approche très personnelle et une grande maîtrise comme en témoigne la remarquable mise en place du film dans ses premières minutes. Tourné à New York même, La Nuit nous Appartient possède une atmosphère puissante et réaliste qui accentue encore la tension, quasi permanente tout au long du film. L’interprétation est un peu inégale mais Joaquin Phoenix met beaucoup d’intensité dans son jeu.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Joaquin Phoenix, Eva Mendes, Mark Wahlberg, Robert Duvall, Alex Veadov
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Remarque :
Certaines des photos montrées dans le générique de début sont de Leonard Freed ; ce grand photographe-reporter (décédé en 2006) a publié deux recueils de photographies sur la police de New-York : Police Work (1980) et New York Police (1990).

10 février 2009

Shrek le troisième (2007) de Chris Miller

Titre original : Shrek the third

Shrek the ThirdElle :
(pas vu)

Lui :
La série des Shrek a bien du mal à tenir la longueur. Rien de neuf dans ce troisième volet qui semble s’inscrire en plein dans ce qui est hélas devenu un standard, une routine : le film d’animation Dreamworks. Le film fait ici le minimum requis, l’humour est assez clairsemé, les ressorts bien faibles. Shrek 3 détourne la légende des Chevaliers de la Table Ronde mais les scénaristes se contentent d’en utiliser les personnages sans aller très loin. L’ensemble manque de cohésion et surtout des bonnes trouvailles qui faisaient tout le charme des Shrek précédents.
Note : 1 étoile

Acteurs: (voix)  Mike Myers, Eddie Murphy, Cameron Diaz, Antonio Banderas, Rupert Everett 
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Voir aussi :
Shrek (2001) d’Andrew Adamson et Vicky Jenson
Shrek 2 (2004) d’Andrew Adamson, Conrad Vernon et Kelly Ashbury

8 février 2009

Le voyage de la peur (1953) de Ida Lupino

Titre original : The hitch-hiker

The Hitch-HikerElle :
(pas vu)

Lui :
Ida Lupino est probablement plus connue en tant qu’actrice qu’en tant que réalisatrice. De ses quelques longs métrages du tout début des années 50, Le Voyage de la Peur est son seul film policier, les autres étant plutôt des mélodrames sociaux. Ce film est particulier sur plusieurs plans : il est considéré comme le seul film noir réalisé par une femme, il est essentiellement basé sur trois personnages et surtout il se déroule en un lieu unique et inhabituel, une voiture, véhicule qui symbolise normalement la liberté de mouvement et qui se transforme ici en quelque sorte en prison. L’histoire serait inspiré de faits réels : deux amis partis pêcher sont pris en otage par un auto-stoppeur, criminel en fuite, qui va les forcer à le conduire à un certain endroit. Ida Lupino filme cette histoire de façon très réaliste, de telle sorte que nous sommes immergés dans cet univers aride et presque désertique de la péninsule mexicaine de la Basse Californie. Les kidnappés réagissent avec pragmatisme, sans héroïsme, face à ce tueur psychopathe (belle prestation de William Talman). La tension reste très forte tout au long du film qui reste pourtant simple dans son déroulement. C’est sans doute cette simplicité et ce réalisme qui donne à ce Voyage de la Peur toute sa force.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Edmond O’Brien, Frank Lovejoy, William Talman
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7 février 2009

City Girl (1930) de F.W. Murnau

Autre titre : Our daily bread

City GirlElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) City Girl est un film plutôt rare de Murnau que l’on a pu voir récemment dans sa meilleure version grâce à Patrick Brion. Le réalisateur allemand voulait originellement tourner un grand drame dans le milieu paysan céréalier, qu’il voulait appeler « Notre pain quotidien », mais il fut bridé par ses producteurs. Le film sortit en deux version : l’une muette, l’autre partiellement parlante, reniée par Murnau. City Girl se déroule dans deux univers successifs, placés en opposition. La partie se déroulant en ville, à Chicago, paraît très conventionnelle, alourdie par la romance naissante du jeune rural et de la « city girl » qui se déroule dans peu de lieux. Il faut attendre leur retour dans les plaines céréalières du Minnesota pour que le film montre son meilleur visage. Les scènes de moisson sont assez remarquables, avec une belle brochette de moissonneurs hauts en couleur (lorgnant tous la jeune fille bien entendu) et de très beaux plans dans les champs, grandioses, réalistes, presque documentaires. La tension entre les personnages est aussi bien plus forte dans cette partie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Farrell, Mary Duncan, David Torrence, Richard Alexander
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