24 août 2009

L’aurore (1927) de F.W. Murnau

Titre original : « Sunrise: A song of two humans »

L'aurore(Film muet) En 1926, Friedrich Wilhelm Murnau quitte son Allemagne natale pour venir s’installer aux Etats-Unis. L’Aurore est son premier film à Hollywood. Grâce au succès aux Etats-Unis de son précédent film Le dernier des hommes, la Fox met alors à sa disposition de très gros moyens. Le réalisateur a parfaitement su les utiliser, L’Aurore étant finalement un film assez allemand où l’inspiration du cinéaste reste intacte. L'aurore L’histoire est simple et proche de nous, « l’histoire de deux êtres humains » (1). C’est Carl Meyer qui a écrit cette adaptation d’une nouvelle de Hermann Sudermann : séduit par une touriste venue de la ville, un jeune fermier envisage de tuer sa femme pour laquelle il avait un amour profond. L’Aurore forme un ensemble parfait où tout semble fonctionner en harmonie. La photographie et les éclairages sont absolument superbes, de nombreuses scènes sont de véritables tableaux qui forcent l’admiration, non seulement dans les scènes se situant à la campagne, ou sur le lac, mais aussi dans la grande ville. La mobilité de la caméra est permanente, toujours avec une grande délicatesse, les superpositions (faites pour la plupart directement sur le négatif avec des caches) forment des effets parfaitement fondus et particulièrement expressifs. Les scènes urbaines, entièrement recréées en studio, sont assez grandioses, vertigineuses même. Le jeu des acteurs est très expressif, d’une force rare. L'aurore Quelques pointes d’humour viennent compléter cet ensemble. L’Aurore est l’un des plus beaux films muets, probablement le plus beau. Malgré de très bonnes critiques, le film fut pourtant un échec commercial dont Murnau ne se releva pas. L’engouement pour le cinéma parlant naissant a desservi les films muets dès 1927 (2). Nous sommes là à la fin d’une époque. Quel dommage car, s’il y a un film qui mérite d’être qualifié d’oeuvre d’art, c’est bien L’Aurore de Murnau.
Note : 5 étoiles

Acteurs: George O’Brien, Janet Gaynor, Margaret Livingston, Bodil Rosing
Voir la fiche du film et la filmographie de F.W. Murnau sur le site IMDB.
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L'aurore (1) C’est le sous-titre du film.
En préambule, Murnau définit ainsi son film : « Ce chant de l’Homme et la Femme est de nulle part et de partout, on pourrait l’entendre n’importe où, à n’importe quelle époque. Partout où se lève et se couche le soleil, dans le tourbillon des villes ou dans le plein air d’une ferme, la vie est toujours la même, tantôt amère, tantôt douce, avec ses rires et ses larmes, ses fautes et ses pardons. » (Le dernier carton manque sur certaines copies du film, le texte s’arrêtant ainsi abruptement à « tantôt douce »).

(2) Seulement quinze jours séparent la première du film Le chanteur de jazz de celle de L’Aurore. A noter toutefois que L’Aurore est le premier film avec le système Movietone de la Fox qui permettait de placer une musique sur la pellicule elle-même, système qui deviendra un futur standard.

Versions :
Les négatifs originaux ont été perdus lors d’un incendie en 1937. La version la plus courante actuellement est la version Movietone de 95 minutes environ. On peut aussi trouver dans un coffret DVD (Fox Box Set), une version plus longue, 106 minutes, issue d’une copie d’origine tchèque. Un coffret HD avec les deux versions est sorti fin 2010.

Remake :
Le voyage à Tilsit (Die Reise nach Tilsit) de l’allemand Veit Harlan (1939). Le voyage à Tilsit est le titre de la nouvelle de Hermann Sudermann.

Homonymes (sans autre rapport avec le film de Murnau que le titre) :
Aurore de Luc Dionne (2005) avec Marianne Fortier
Aurore de Nils Tavernier (2006) avec Margaux Châtelier et Carole Bouquet.

23 août 2009

Tueur à gages (1942) de Frank Tuttle

Titre original : « This gun for hire »

Tueur à gagesElle :
(pas vu)

Lui :
Après avoir exécuté un contrat, un tueur à gages solitaire tente de retrouver les commanditaires qui l’ont doublé. Adaptation d’un roman de Graham Greene, This gun for hire, Tueur à gages, est souvent cité comme l’un des tous premiers films noirs de la décennie quarante. L’histoire est en fait à mi-chemin entre le policier et l’espionnage ; le film est tourné en pleine guerre et, sans rien dévoiler de l’intrigue, disons qu’il y est question de cinquième colonne. Toute la force du film vient du personnage principal, un tueur solitaire et froid qui attire tout de même la sympathie par les petites touches qui permettent de réaliser que sous le désespoir, il y a une bonne part d’humanité en lui. Le film fut un formidable tremplin pour la carrière d’Alan Ladd, le « tueur au visage d’ange », et de l’envoûtante Veronica Lake dont la chevelure est blonde est superbement mise en valeur par la photographie noir et blanc et les éclairages assez contrastés. Les deux acteurs forment un séduisant duo qui fut largement réutilisé par la Paramount. A noter également, les petites touches de psychanalyse qui commencent à faire leur apparition, annonciatrices de la vogue qui naîtra après la fin de la guerre. En plus de son beau suspense, Tueur à gages est donc un film intéressant à plus d’un titre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alan Ladd, Veronica Lake, Robert Preston, Laird Cregar
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Remakes :
* James Cagney a réalisé en 1957 (c’est sa seule réalisation) une copie absolument conforme, plan par plan : A deux pas de l’enfer (Short cut to Hell).
* Le personnage interprété par Alan Ladd dans Tueur à gages a très fortement inspiré Jean-Pierre Melville pour Le Samouraï : Alain Delon en tueur froid et solitaire qui nourrit son canari est la réplique d’Alan Ladd qui recueille un petit chat.

Homonymes :
Tueurs à gages (Intent to kill) de Jack Cardiff (1958)
Les tueurs à gages (Camorra) de l’italien Pasquale Squitieri
Tueurs à gages (Grosse Point Blank) de George Armitage (1997) avec John Cusack
Tueur à gages (Killer) de Darezhan Omirbayev (Kazakhstan) (1998)

21 août 2009

Sabrina (1954) de Billy Wilder

Sabrina Elle :
(pas vu)

Lui :
Fille du chauffeur de la richissime famille Larrabee, Sabrina s’est amourachée de l’un des deux fils. Elle est envoyée deux ans à Paris pour oublier. A son retour, elle est transformée : la jeune fille est devenue une charmante jeune femme. Il y a beaucoup de choses inattendues dans le film Sabrina : il est étonnant de voir Billy Wilder écrire et tourner un film somme toute assez gentillet. Il est saugrenu de voir Humphrey Bogart jouer le rôle d’un homme d’affaires (1), Sabrina il est étonnant de voir cette jeune fille de 25 ans tomber amoureuse de cet homme d’affaires assez terne, deux fois plus vieux qu’elle (2) et accessoirement il n’est pas courant de voir William Holden teint en blond. Néanmoins, le film de Billy Wilder reste plaisant, illuminé par la présence d’Audrey Hepburn et de ses yeux de biche et aussi grâce aux petites touches d’humour un peu mordant : les membres de la famille sont assez hauts en couleur, surtout le père (la petite scène du placard est hilarante…). Sans être l’un des films les plus notables de Billy Wilder (ou d’Humphrey Bogart, qui est ici franchement terne), Sabrina est un film amusant et charmant. Il aurait pu être remarquable.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Audrey Hepburn, William Holden, Walter Hampden, John Williams
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Sabrina (1) Humphrey Bogart n’aimait pas son personnage, n’aimait pas le film, détestait William Holden qu’il considérait comme « l’archétype du personnage ordinaire » et tenait Audrey Hepburn en petite estime : « Elle est bien… à condition de faire 12 prises ». C’était Cary Grant qui était initialement prévu pour jouer le personnage joué par Bogart.
(2) (Attention : cette remarque va dévoiler la fin du film ; donc, ne la lisez pas si vous avez l’intention de voir prochainement le film) Sabrina Malgré son aversion pour Sabrina, quand certains critiques ont commencé à dire qu’il était illogique que ce soit lui, et non Holden, qui ait la fille à la fin, Bogart s’est indigné « Ces propos sont insultants. A Hollywood, on vous enterre dès que vous êtes plus vieux que Tony Curtis. La tombe est déjà creusée. C’est très américain car en Europe on n’a pas ce problème. » (note : Tony Curtis avait 28 ans à cette époque) Bogart était particulièrement chatouilleux sur ce point car il sentait alors qu’il était en passe d’être supplanté par des acteurs plus jeunes.

Devinette :
Quel est le lien entre le film critiqué hier, Scarface, et Sabrina ? Mmmh ? Pas évident…
Eh bien, quand Bogart vient voir son frère qui s’est tailladé le postérieur en s’asseyant sur un verre à champagne, il lui dit en le quittant : « So long, Scarface ! » (c’est bien évidemment un clin d’œil à la version d’Howard Hawks plus qu’à la version de De Palma…)

Remake :
Sabrina de Sidney Pollack (1995) avec Harrison Ford et Julia Ormond.

20 août 2009

Scarface (1983) de Brian De Palma

ScarfaceElle :
(pas vu)

Lui :
Réfugié cubain, Tony Montana fait rapidement fortune dans le trafic de drogue à Miami en laissant beaucoup de cadavres sur son chemin. Pseudo-remake du film d’Howard Hawks, le Scarface de Brian De Palma se place dans un cadre plus récent, la vente d’alcool par la mafia italienne a fait place au trafic de cocaïne par les cubains, mais le personnage du petit caïd qui fonctionne à l’instinct reste. De Palma livre un film particulièrement violent, qui fonctionne par coups de poing successifs et qui joue sur la répétition allant jusqu’à la démesure dans la scène finale (démesure rendue pittoresque par ses excès). On retrouve le thème du gangster qui retourne les idéaux américains à son avantage, le fameux « the world is yours » (= le monde vous appartient) ainsi que les rapports incestueux avec la sœur mais ces aspects sont placés de façon presque anecdotique. La longueur du film (2 h 45) est d’autant plus pesante que, finalement, il ne se passe pas grand-chose… Le Scarface de De Palma semble bien loin de son modèle.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Steven Bauer, Michelle Pfeiffer, Mary Elizabeth Mastrantonio, Robert Loggia, Paul Shenar
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L’original :
Scarface de Howard Hawks avec Paul Muni

19 août 2009

La barbe à papa (1973) de Peter Bogdanovich

Titre original : « Paper Moon »

La barbe à PapaElle :
Une belle réusssite que ce film à la fois plein d’humour et de mélancolie qui nous plonge dans l’Amérique des années 30, en plein cœur de la crise, du temps de Roosevelt. Avec un regard sans concession, Bogdanovitch peint l’Amérique des laissés pour compte qui vivent de débrouille et de petits larçins. Les paysages dépouillés et la palette noir et blanc rehaussent la fulgurance de ce voyage échevelé et désespéré. Ryan O’Neil et sa fille Tatum interprètent un duo émouvant. La fillette pourtant ébranlée par la mort de sa mère se révèle être déjà une petite femme courageuse qui sait ce qu’elle veut tandis que son père hâbleur transpire la fragilité. Le désir de parternité d’Addie scelle la folle course à travers l’Amérique de ce couple hors du commun. Elle évoque aussi bien l’univers de Chaplin que celui de Bonnie and Clyde.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans les années trente dans le centre des Etats-Unis, une gamine de 10 ans, dont la mère vient de mourir, fait équipe avec un escroc à la petite semaine qui pourrait être son père. Elle se révèle étonnamment maligne et débrouillarde… En amoureux du cinéma, Peter Bogdanovich semble ici se situer à mi-chemin entre John Ford et Howard Hawks : il réussit à faire un film qui restitue l’atmosphère de la Grande Dépression avec beaucoup d’humour dans les dialogues et les situations. Tout repose sur les deux personnages principaux interprétés par Ryan O’Neal et Tatum O’Neal, sa fille, qui montre là un énorme talent (elle reçut l’Oscar du second rôle… elle aurait pu tout aussi l’avoir pour le premier rôle tant elle est présente dans le film). La photographie noir et blanc de László Kovács est superbe et de l’ensemble se dégage un fort sentiment d’authenticité. La barbe à Papa est sans aucun doute l’un des films père-fille les plus attachants.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Ryan O’Neal, Tatum O’Neal, Madeline Kahn
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Remarques :
* Ami de Bogdanovich, Orson Welles lui a conseillé d’utiliser un filtre rouge pour augmenter le contraste. Par ailleurs, La Barbe à Papa semble avoir été presque entièrement tourné en grand angle en hyperfocale, c’est à dire avec une très grande profondeur de champ.
* Le film connut un grand succès mais fut (comme les autres films de Peter Bogdanovich) généralement méprisé par la critique. Le fait qu’il soit lui-même ancien critique pouvant expliquer cela (les transfuges ne sont jamais très appréciés… !).

16 août 2009

Scarface (1932) de Howard Hawks

Titre original : « Scarface, shame of a nation »

ScarfaceElle :
(pas vu)

Lui :
Public Enemy, Little Caesar et Scarface sont les trois grands films de biographie de gangster du tout début des années trente. Contrairement à ses deux prédécesseurs, Scarface est une production indépendante : Howard Hughes avait acheté les droits d’un livre d’Armitage Trail mais Howard Hawks et Ben Hecht ont réécrit l’histoire en ne gardant pratiquement rien du livre. L’idée de Hawks était de décrire la montée d’Al Capone « comme s’il s’agissait des Borgia venus s’installer à Chicago ». De fait, on retrouve dans le traitement de l’histoire un certain côté de tragédie, notamment par l’introduction des éléments incestueux de l’histoire des Borgia.

La succession de meurtres et l’absence de jugement moral ne plut guère à la censure de l’époque et la sortie du film fut retardée de plusieurs mois et ne put se faire qu’après avoir tourné une nouvelle fin (1), coupé plusieurs scènes, ajouté un avertissement musclé en prologue (2) et accolé le sous-titre « Honte de la nation ». Ces interdictions peuvent faire sourire aujourd’hui où notre tolérance à la violence est bien plus grande (par exemple, la violence dans le remake de Scarface de De Palma en 1983 est sans aucune mesure) mais l’effet à l’époque était assez fort : ainsi, malgré l’énorme succès populaire, Hollywood prit l’engagement de ne plus tourner un tel déploiement de sauvagerie (4). Pourtant, le recul permet de se rendre compte que Scarface est l’un des films de gangsters qui fait le moins l’apologie du crime. Hawks ne rend pas son personnage sympathique, en revanche il réussit à donner à son personnage une dimension qui appartient à la tragédie et fait de Scarface un film totalement à part.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Paul Muni, Ann Dvorak, George Raft, Karen Morley, Boris Karloff
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(1) La fin originelle montrait Scarface abattu par la bande rivale. Elle fut interdite. Hawks en tourna une autre, celle que l’on peut voir actuellement. Toujours insatisfait, le comité de censure exigea de retourner une fin où il était jugé puis pendu. Cette version (où une doublure vue de dos a été utilisée à la place de Paul Muni) a été commercialisée bien qu’entre temps Howard Hughes ait réussi à faire rétablir la seconde fin, la plus puissante, qui donne un petit côté de héros romantique à Scarface du fait de cet amour incestueux impossible.
(2) Cet avertissement trouve un prolongement par une scène au milieu du film où quelques notables réunis dans le bureau d’un directeur de journal réclame l’intervention de l’armée et une législation sur les armes. Cette scène fut ajoutée sur ordre du comité de censure.
(3) Avant Scarface, Georges Raft était surtout un danseur mondain dans les cafés. Voyant son manque d’expérience d’acteur et ses postures figées, Howard Hawks eut l’idée de lui faire lancer une pièce de monnaie en l’air. Cette image est restée célèbre et a été maintes fois copiée, y compris (paraît-il…) par de vrais gangsters.
(4) Dans son livre sur le Film Noir (1979), François Guérif parle de Scarface en ces termes : « Scarface aura été le plus grand film de gangster en même temps que leur chant du cygne. Le destin tragique du gangster allait laisser la place à l’éloge de la loi et de ceux qui la défendent. »
(5) Les journaux de l’époque ayant l’habitude de montrer les emplacements de cadavres par un X sur les photos, Howard Hawks s’est amusé à placer de nombreux X dans tout le film, à commencer par la toute première image du générique. Ensuite, à chaque fois qu’il y a un mort, il y a un X quelque part dans l’écran, un croisillon, un X sur une feuille de score, etc…

Remake :
Scarface de Brian De Palma (1983) avec Al Pacino.

14 août 2009

L’aventure de Madame Muir (1947) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « The ghost and Mrs. Muir »

L'aventure de Madame MuirL’aventure de Mme Muir est un film comme il y en a peu, inclassable et guère comparable à d’autres films. Contrairement à son habitude, Mankiewicz n’a pas écrit lui-même le scénario, cette adaptation d’un roman d’une femme écrivant sous le pseudonyme R.A. Dick. Une jeune veuve quitte sa belle famille pour venir vivre au bord de la mer. Elle loue une maison qui est, dit-on, habitée par le fantôme d’un capitaine. Entre eux deux vont se nouer des relations assez étroites…
L’aventure de Mme Muir n’a toutefois absolument rien d’un film de fantôme dans le sens classique du terme. Il s’agit plutôt de la rencontre de deux êtres qui, malgré leurs fortes différences, ont beaucoup de choses en commun : la solitude, la quête du bonheur, une certaine mélancolie qui abolit la frontière entre rêve et réalité. L'aventure de Madame MuirTout est parfait dans ce film : la mise en scène, les dialogues, la musique très lyrique de Bernard Herrmann, les décors et bien entendu l’interprétation avec cette fantastique rencontre entre l’imposant Rex Harrison et la fragile Gene Tierney. L’actrice parvient admirablement à exprimer à la fois la douceur, la délicatesse mais aussi la détermination, voire l’obstination, qui caractérisent son personnage ; c’est l’un de ses plus beaux rôles. Oui, L’aventure de Mme Muir est vraiment un film parfait, un film dont chaque vision enchante, un petit chef-d’oeuvre.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood
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13 août 2009

Cow-boy (1958) de Delmer Daves

Titre original : Cowboy

Cow-boyElle :
(pas vu)

Lui :
On retrouve souvent dans les westerns de Delmer Daves le thème de l’homme qui découvre un autre mode de vie. C’est le cas ici dans ce film adapté du livre autobiographique de Frank Harris. Simple employé d’un hôtel de Chicago, le jeune Frank force la main à un convoyeur de troupeau pour partir avec ses hommes et vivre la vie d’un vrai cow-boy. L’histoire est assez simple mais bien dosée dans sa progression. Le film est avant tout remarquable par sa photographie, Delmer Daves utilisant merveilleusement la flamboyance du Technicolor et de larges mouvements de camera : un vrai régal visuel. Cowboy a par certains côtés l’apparence d’un documentaire tant il nous plonge dans cet univers auquel rêvait le jeune citadin. C’est aussi un film sur l’amitié avec un beau face à face entre l’apprenti cow-boy Jack Lemmon, assez convaincant dans ce rôle pourtant à contre-emploi, et Glenn Ford très à l’aise dans son rôle d’homme aguerri et bougrement séduisant. Cowboy nous offre vraiment un très beau spectacle et un western assez… authentique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Jack Lemmon, Anna Kashfi, Brian Donlevy
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12 août 2009

Le démon de la chair (1946) de Edgar G. Ulmer

Titre original : « The strange woman »

Le démon de la chairElle :
(pas vu)

Lui :
Le titre français Le démon de la chair peut faire sourire mais, pour une fois, ce n’est pas une si mauvaise traduction (strange étant à prendre dans le sens « étrangère » ou même « possédée »). L’histoire est adaptée d’un roman à succès de Ben Ames Williams : la jeune Jenny utilise sa grande beauté pour se sortir de son milieu et échapper à son père alcoolique. Elle épouse un riche commerçant et utilise son argent pour venir en aide aux pauvres de sa ville. Mais elle découvre aussi qu’elle peut manipuler les hommes… Le démon de la chair est donc une histoire de femme fatale, à ceci près qu’elle se déroule le Maine rural du XIXe siècle, un monde fruste et sans le clinquant coutumier à genre d’histoire. Habitué aux productions à très petit budget, Edgar G. Ulmer parvient à bien tirer parti du solide scénario (1). Le film est également porté par son interprétation, notamment par Hedy Lamarr qui s’est largement impliquée dans le projet (2) ; celle que l’on a surnommée « la plus belle actrice d’Hollywood » sait ici jouer avec son image et parvient à mêler parfaitement les côtés ange et démon de son personnage, faisant largement ressortir le côté ange et séducteur… Par son scénario et son interprétation, Le démon de la chair montre une belle et constante intensité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hedy Lamarr, George Sanders, Louis Hayward, Gene Lockhart
Voir la fiche du film et la filmographie de Edgar G. Ulmer sur le site imdb.com.

(1) Douglas Sirk aurait réalisé certaines scènes (peut-être même terminé le film) sans être crédité au générique.
(2) L’actrice Hedy Lamarr venait de se libérer de son contrat avec la MGM. Dans son autobiographie « Ecstasy and me », elle présente Le démon de la chair comme un projet assez personnel, une histoire qu’elle avait choisie un an auparavant. De fait, elle a participé au financement du projet. Elle raconte également, les hésitations et incertitudes de Ulmer sur le tempérament de l’héroïne et sur la meilleure façon de l’interpréter.
Elle présente Edgar G. Ulmer comme étant peu connu (« not an expensive talent« ) mais ayant bonne réputation, notamment en Europe (il est d’origine autrichienne tout comme Hedy Lamarr). Elle précise qu’il avait déjà réalisé 128 films auparavant (IMDB n’en liste de 30 avant 1946 mais s’il s’agit de films européens, c’est effectivement possible).

10 août 2009

Les cerfs-volants de Kaboul (2007) de Marc Forster

Titre original : « The kite runner »

Les Cerfs-Volants de KaboulElle :
Quand Dreamworks s’emmêle en Afghanistan… une vision très hollywoodienne de la réalité de ce pays… certainement un film à oublier très vite.
Note : pas d'étoile

Lui :
Les Cerfs-Volants de Kaboul est l’adaptation d’un best-seller de Khaled Hosseini qui est resté longtemps numéro un des ventes aux Etats-Unis. Dans les années 70, le jeune fils d’un notable de Kaboul est très lié avec le fils des domestiques de la maison. Sous l’effet de la peur, il le trahit un peu honteusement. Vingt ans plus tard, alors qu’il a émigré aux Etats-Unis, il revient dans son pays pour apaiser la culpabilité qui le ronge. Il s’agit donc avant tout d’un film sur le remords, la recherche du pardon plutôt qu’une vision sur la réalité de l’Afghanistan, même si le film met en relief le fort contraste entre l’Afghanistan de 1970 et celui des Talibans. On peut certainement reprocher au scénario  son côté conventionnel (c’est un best-seller…) mais Les Cerfs-Volants de Kaboul est porté par son interprétation assez authentique : les deux enfants sont remarquablement interprétés par deux jeunes apprentis comédiens afghans, et Khalid Abdalla, le héros adulte, donne beaucoup de force à son personnage. La réalisation est classique avec toutefois des scènes de cerfs-volants filmées comme des batailles aériennes. Fait suffisamment rare pour être noté (pour un film américain) : les deux tiers des dialogues sont en langue afghane. Cela contribue certainement à donner cette impression de véracité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Khalid Abdalla, Homayoun Ershadi, Zekeria Ebrahimi, Ahmad Khan Mahmoodzada, Atossa Leoni, Shaun Toub
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