20 septembre 2009

L’année où mes parents sont partis en vacances (2006) de Cao Hamburger

Titre original : « O ano em que meus pais saíram de férias »

L'Année où mes parents sont partis en vacances Elle :
Un film sensible et subtilement mis en scène dans le contexte répressif de la dictature brésilienne en 1970. La traque des communistes durcit le régime. Seul le football, avec l’avènement du roi Pelé, apporte un semblant de liberté. Un petit garçon passionné de football se voit confié à son grand-père par ses parents qui « partent en vacances ». Vacances d’exil politique en fait. Le grand-père est décédé et les parents se sont envolés. Le petit Mauro se voit livré à lui-même puis pris en charge par la communauté juive. Les scènes de liesse populaire, les jeux des enfants et le quotidien désenchanté du petit garçon sont très vivantes et attachantes. Un ton émouvant et mélancolique qui touche au coeur.
Note : 4 étoiles

Lui :
Au Brésil, en 1970, un couple forcé de fuir laisse son jeune garçon devant l’immeuble de son grand-père sans savoir que celui-ci vient de décéder. Le garçon est recueilli sans enthousiasme par un voisin. Au dehors, tout le monde attend la coupe du monde de football pour voir le Brésil gagner. L’année où mes parents sont partis en vacances est entièrement vus par les yeux de cet enfant qui, seul et abandonné, espère le retour de ses parents. Le réalisateur brésilien Cao Hamburger parvient à faire passer l’atmosphère oppressante sous la dictature sans étalage de scènes démonstratrices d’arrestations, tout comme il parvient à rendre ses personnages attachants sans abuser d’effets mélodramatiques. Le football vient créer un solide contrepoint, réunissant toute la population dans un climat de liesse qui semble aplanir toutes les différences. Cao Hamburger filme tout cela avec une délicatesse et même parfois un peu de légèreté.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Michel Joelsas, Germano Haiut, Daniela Piepszyk, Liliana Castro
Voir la fiche du film et la filmographie de Cao Hamburger sur le site IMDB.

19 septembre 2009

La forêt de Mogari (2007) de Naomi Kawase

Titre original : « Mogari no mori »

La forêt de MogariElle :
(pas vu)

Lui :
Dans une petite maison de retraite champêtre japonaise, un pensionnaire et une aide-soignante vont se rapprocher car ils portent tous deux un lourd fardeau. Une errance dans la forêt de Mogari va jouer le rôle d’un parcours initiatique vers une certaine sérénité. La réalisatrice japonaise Naomi Kawase traite de la disparition d’un être cher, de la difficulté du deuil : ces deux personnages principaux semblent inconsolables, ils semblent survivre plutôt que vivre, et ne trouveront que très difficilement le chemin pour dépasser le silence et la douleur. Le film est très lent, à l’image du parcours de ses deux personnages principaux, et la seconde partie nous fait pénétrer, caméra à l’épaule, cette dense forêt qui semble vouloir nous envelopper. On pourra reprocher une relative simplicité dans le propos qui repose beaucoup sur un certain rapport avec la Nature qui en devient salvatrice. Remarqué et récompensé à Cannes, La Forêt de Magori est un film qui mérite l’attention.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Machiko Ono, Shigeki Uda, Makiko Watanabe
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18 septembre 2009

Je suis un criminel (1939) de Busby Berkeley

Titre original : « They made me a criminal »

Je suis un criminelLui :
Je suis un criminel est un film franchement inattendu de la part de Busby Berkeley. Bien plus connu pour ses chorégraphies fastueuses et ses ballets aquatiques dansés par des centaines de girls, il signe en effet ici un film plutôt à connotation sociale (et sans aucun numéro musical)… Un jeune boxer new-yorkais promis à un brillant avenir pense avoir tué un homme à la suite d’un enchaînement de circonstances. Sous une autre identité et cachant soigneusement ses capacités de boxeur, il s’enfuit vers l’ouest sans un sou en poche. Ce fugitif est interprété par le jeune et séduisant John Garfield, dont c’est le second film et qui n’a pas encore l’énorme popularité qu’il connaîtra par la suite (1). Je suis un criminel L’acteur vient d’ailleurs lui-même d’un milieu simple et a même été boxeur, donc il peut donner beaucoup de crédibilité à son rôle. A ses côtés, il faut noter la présence des Dead End Kids, le groupe de jeunes acteurs que l’on avait déjà vu dans Les anges aux figures sales avec lequel ce film a quelque analogie ; c’est par leurs personnages de gamins difficiles que le film prend d’ailleurs un certain aspect social. Les valeurs véhiculées ont beau être à la gloire de l’american way of life, elles n’en sont pas moins assez nobles et le film est plutôt fort. Il est aussi assez prenant. Dans la filmographie de Busky Berkeley, Je suis un criminel est rarement cité, totalement éclipsé par ses films musicaux. Il mérite pourtant mieux que cela.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Garfield, Gloria Dickson, Claude Rains, Ann Sheridan, May Robson
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Le film est le remake de
The life of Jimmy Dolan d’Archie Mayo (1933) avec Douglas Fairbanks Jr. et Loretta Young adapté d’une pièce de Beulah Marie Dix (« Sucker« ), pièce qui ne fut jouée à Broadway qu’en 1933, peu avant la sortie du film.

(1) John Garfield deviendra durant les années quarante l’une des plus grandes stars de la Warner. Quand il succombera à la suite d’un crise cardiaque à l’âge de 39 ans en 1952, ses funérailles attireront la plus grosse foule jamais vue à Hollywood depuis l’enterrement de Rudolph Valentino.

17 septembre 2009

Brick (2005) de Rian Johnson

BrickElle :
(pas vu)

Lui :
Un adolescent plutôt solitaire cherche à découvrir par lui-même ce qui est arrivé à son ex-petite amie. Tenace et même obstiné, il remonte la filière des pourvoyeurs de drogue de son lycée. Brick est le premier long métrage de l’américain Rian Johnson. Tourné avec visiblement peu de moyens mais pas mal d’inventivité, le film parvient à nous capter par son atmosphère et la richesse de son scénario qui n’est pas sans rappeler les films noirs à la Chandler ou ceux des années soixante-dix. L’histoire est embrouillée à souhait, mais sans excès, elle ne montre aucune baisse d’intensité et le film est servi par une interprétation convaincante. Brick se révèle donc être un premier film assez prometteur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Joseph Gordon-Levitt, Nora Zehetner, Lukas Haas, Noah Fleiss
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16 septembre 2009

Copie conforme (1947) de Jean Dréville

Copie conformeElle :
(pas vu)

Lui :
Lorsqu’un cambrioleur de haut vol découvre qu’il a un sosie parfait en la personne d’un paisible employé de bureau, il décide de l’employer pour se forger des alibis. Copie Conforme est l’occasion pour Louis Jouvet de s’amuser à jouer plusieurs rôles à la fois, non seulement le cambrioleur et son sosie mais aussi les différents personnages qu’il utilise pour accomplir ses forfaits. Il s’y donne à cœur joie et c’est un plaisir de le voir se transformer et donner tant de crédibilité à des rôles si différents. A ses côtés, Suzy Delair donne beaucoup de vie à son personnage (à noter également la présence du tout jeune et discret Jean Carmet). Les dialogues sont assez enlevés et l’humour est permanent. Copie Conforme est une comédie policière qui reste très plaisante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Suzy Delair, Annette Poivre, Jean Carmet
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15 septembre 2009

Ambre (1947) de Otto Preminger

Titre original : « Forever Amber »

AmbreElle :
(pas vu)

Lui :
Ambre est l’adaptation d’un best-seller des années des années quarante signé Kathleen Winsor. Otto Preminger a été plus ou moins contraint d’en reprendre le tournage (1). Dans l’Angleterre de 1660, une jeune femme tombe amoureuse d’un capitaine et désire monter dans la haute société pour gagner son amour. L’adaptation d’Otto Preminger met particulièrement bien en relief le conflit entre l’ambition et l’affectivité, cette femme calculatrice utilisant son ambition débridée pour chercher à atteindre l’amour. Linda Darnell, teinte en blonde, est absolument parfaite pour le rôle, assez resplendissante dans ses multiples toilettes. A ses côtés, Cornel Wilde est bien plus fade, il eut certainement fallu d’autres acteurs de la trempe de George Sanders pour relever l’ensemble. La reconstitution de l’Angleterre de Charles II est fastueuse avec l’un des meilleurs directeur de la photographie d’Hollywood, Leon Shamroy, qui éclaire magnifiquement de nombres scènes de façon très sombre tout en utilisant à merveille le Technicolor. Dans la première partie, Preminger montre une belle maîtrise des ellipses, concentrant le récit sur les moments essentiels ; cette vivacité est hélas moins présente dans la seconde partie et la fin semble quelque peu abrupte (2). Du fait de son immoralité, le film eut maille à partir avec la Ligue Catholique de Décence (Catholic Legion of Decency) qui finit par obtenir des coupes et un avertissement en début de film. Même s’il n’est que rarement cité, Ambre est loin d’être un film mineur. Il peut évoquer Autant en emporte le vent par de nombreuses aspects, même s’il n’en a pas la flamboyance.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Linda Darnell, Cornel Wilde, Richard Greene, George Sanders
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(1) Daryl Zanuck de la Fox venait de renvoyer le metteur en scène John Stahl et l’actrice principale Peggy Cummins. Sous contrat, Otto Preminger doit accepter de reprendre le projet. Il fera réécrire le scénario et, faute de pouvoir engager Lana Turner, prendra Linda Darnell.
(2) A noter qu’une dernière scène est souvent absente : Après avoir regardé à la fenêtre Bruce s’éloigner, Ambre accepte l’invitation de l’écuyer du roi et retourne à sa coiffeuse pour se préparer et se regarde longuement dans la glace.

6 septembre 2009

Première désillusion (1948) de Carol Reed

Titre original : « The fallen idol »

Fallen idolElle :
(pas vu)

Lui :
Le jeune fils de l’ambassadeur de France à Londres ne voit que rarement ses parents ; il a une grande admiration pour le majordome Baines qui s’occupe de lui. En revanche, il évite la tyrannique Mme Baines qui ne l’aime guère. Des évènements vont lui faire jouer un rôle important. Première désillusion est entièrement vu par les yeux de l’enfant qui va se frotter, sans le vouloir, au monde des adultes. Ses valeurs sont simples mais fragiles, sans distinction du bien et du mal. Première désillusion L’enfant va se perdre entre ses propres notions de la vérité et du mensonge et celles des adultes, avoir sa première désillusion, perdre une partie de son innocence. Carol Reed, que l’on connaît surtout comme réalisateur du Troisième Homme, filme cette histoire signée Graham Greene de façon méthodique mais aussi très délicate à l’instar de ses personnages. Première désillusion est agréablement très « british », ce qui n’empêche pas Michèle Morgan d’y paraître parfaitement à son aise, avec un jeu tout en douceur et en retenue.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ralph Richardson, Michèle Morgan, Sonia Dresdel, Bobby Henrey
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5 septembre 2009

Cet obscur objet du désir (1977) de Luis Buñuel

Cet obscur objet du désirElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Cet obscur objet du désir est le dernier film de Luis Buñuel. Il reprend plusieurs des thèmes chers au cinéaste et évoque plusieurs de ses films. Il s’agit de l’adaptation du roman de Pierre Louÿs « La femme et le pantin » qui avait déjà été porté plusieurs fois à l’écran. Comme Buñuel le décrit lui-même, c’est l’histoire d’une possession impossible d’un corps de femme. Un bourgeois d’âge mûr désire une jeune femme qui se dérobe constamment : à chaque fois qu’il pense parvenir à ses fins, il se heurte à un obstacle infranchissable. Le réalisateur installe cette histoire dans un climat d’insécurité, attentats, agressions, qui crée un sentiment d’instabilité. Il y a aussi ce même parfum de léger onirisme, ou d’irréalité, que l’on avait dans Le fantôme de la liberté ou Le charme discret de la bourgeoisie. L’une des originalités les plus visibles de Cet obscur objet du désir est de faire jouer le rôle de la femme désirée par deux actrices différentes, sans aucune ressemblance : la toute jeune et douce Carole Bouquet, au visage de madone, et la sensuelle et insolente Angela Molina (hélas doublée en français). Ce dédoublement symbolise la dualité de la perception et des sentiments du personnage principal et de ses souvenirs (1). En à-côté, Buñuel s’amuse à détourner l’attention par des détails ou des objets incongrus, comme pour éviter que l’on prenne cette fable trop au sérieux. Sans être tout à fait au niveau des très grands films de Buñuel, Cet obscur objet du désir clôture fort joliment sa filmographie.(2)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Fernando Rey, Carole Bouquet, Ángela Molina, Julien Bertheau, André Weber
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(1) Buñuel explique cela plus prosaïquement par une raison technique : Maria Schneider ayant quitté la production, il fallut la remplacer et comme il avait deux postulantes qui étaient parfaites chacune pour l’un des aspects du personnage, il engagea les deux !
(2) Le film s’achève sur une scène énigmatique (la femme qui reprise un manteau de dentelle taché de sang), la dernière scène que Buñuel ait tournée et dont il parle ainsi : « Cette scène me touche sans que je puisse dire pourquoi, car elle reste à jamais mystérieuse ». Et il accole à cette scène une dernière pirouette, ultime facétie du réalisateur.

Autres adaptations du roman de Pierre Louÿs :
La femme et le pantin de Jacques de Baroncelli (1928)
La femme et le pantin (The devil is a woman) de Josef von Sternberg (1935) avec Marlene Dietrich
La femme et le pantin de Julien Duvivier (1959) avec Brigitte Bardot (adaptation bien terne)

4 septembre 2009

Un anglais à New-York (2008) de Robert B. Weide

Titre original : « How to lose friends & alienate people »

Un anglais à New-YorkElle :
(pas vu)

Lui :
Inspiré des souvenirs d’un ancien rédacteur de la revue Vanity Fair, cette comédie satirique légèrement déjantée n’est pas sans intérêt. Un jeune journaliste anglais est embauché par un magazine people new-yorkais. Plein d’arrogance mais aussi refusant les compromissions, il détone dans le monde policé qu’il est censé fréquenter. Tout le film repose sur Simon Pegg, acteur comique anglais, qui tend parfois à surcharger son personnage. Après un début où les gags sont parfois un peu lourds, le film parvient toutefois à trouver un bon rythme et à jouer, avec une certaine subtilité, sur le thème du trublion qui arrive dans ce monde de paillettes et de faux-semblants comme un chien dans un jeu de quilles. Certaines saynètes sont assez hilarantes. Le dernier tiers du film, à partir du moment où le journaliste rentre dans le rang, est hélas plus conventionnel et de moindre intérêt. Un anglais à New York (admirons une fois de plus la prodigieuse inventivité des distributeurs français dans les traductions de titres de film )(1) est tout de même assez détonnant dans tous les sens du terme et se révèle globalement assez rafraîchissant par son impertinence.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Simon Pegg, Kirsten Dunst, Jeff Bridges, Megan Fox, Gillian Anderson
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(1) Le titre canadien, à défaut d’être inventif, a au moins le mérite de respecter le sens et de donner une bonne idée du ton général du film : « Comment perdre ses amis et se mettre tout le monde à dos ».

3 septembre 2009

Irma la Douce (1963) de Billy Wilder

Irma la DouceElle :
(pas vu)

Lui :
Un ex-policier tombe amoureux d’une charmante prostituée et va tout faire pour la pousser à abandonner son métier. Irma La Douce est l’adaptation d’une comédie musicale française qui avait eu un certain succès à Broadway. Billy Wilder a choisi de l’adapter en comédie pure, c’est-à-dire en enlevant toutes les chansons. Hélas, il n’est pas parvenu à trouver le bon rythme. Le film semble beaucoup trop long, avec certes de nombreux bons moments de comédie mais c’est le côté plutôt fleur bleue de cette histoire qui ressort le plus et le film semble souvent s’enliser. Jack Lemmon nous fait pourtant un beau numéro, son travestissement en lord anglais de bonne famille est assez brillant. Le Paris de carton-pâte, avec sa collection de clichés sur les français, est plutôt amusant ; le technicolor assez criard le rend encore plus pittoresque. Plus court, on peut imaginer ce que le film aurait pu être plus enlevé. Tel qu’il est, Irma La Douce paraît bien loin des meilleures comédies de Billy Wilder.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Lou Jacobi, Bruce Yarnell
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