18 février 2009

It’s a free world… (2007) de Ken Loach

It's a Free World...Elle :
Les histoires de Ken Loach sur fond de réalisme social sont toujours fortes : dans des univers peu explorés au cinéma, elles analysent la vie des gens qui subissent le système sans pouvoir s’en sortir vraiment. Nous voici plongés à Londres, dans l’univers des agences de placement, des combines, des travailleurs immigrés de l’Est, des clandestins et de l’exploitation de cette main d’œuvre sous-payée, attirée par l’espoir d’un meilleur avenir en Angleterre. Ken Loach explore les motivations d’une jeunesse défavorisée et perdue de l’après Thatcher, celle à qui on a fait croire qu’on pouvait tout réussir par soi-même facilement, celle qui veut s’en sortir à tout prix, sans scrupule, peu importent les méthodes. Cette jeune mère de famille use de la même brutalité vis-à-vis de ces immigrés que ceux qui l’ont licenciée. La dureté de cette société libérale, où l’individualisme est plus fort que tout, est très alarmante.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec It’s a free world…, Ken Loach nous plonge dans le monde du travail précaire de l’Angleterre actuelle. Il nous le montre non pas par les yeux d’une des personnes qui subit cette situation mais par les yeux d’une personne qui exploite cette situation à son profit. Il pousse même jusqu’à lui faire prendre les traits d’une jeune femme blonde à l’allure avenante. Angie, après avoir été abusée par ses anciens employeurs, se propulse par débrouillardise comme recruteuse de travailleurs temporaires, majoritairement venus des pays de l’Est. Dotée d’un individualisme extrême, elle va chercher à profiter au maximum de la situation. Elle se situe juste à la limite de l’illégalité, limite qu’elle franchit sans état d’âme, presque naturellement. La démonstration de Ken Loach est une fois de plus magistrale, le cinéaste britannique sait ne pas trop appuyer sur la pédale, aucun manichéisme ici ni de condamnation facile ; non il s’efforce de montrer un système qui se nourrit de l’individualisme. It’s a free world…, le titre est ironiquement très représentatif : tous les coups sont permis.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek, Joe Siffleet, Colin Caughlin
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17 février 2009

7h58, ce samedi-là (2007) de Sidney Lumet

Titre original : Before the Devil knows you’re dead

Before the Devil Knows You're DeadElle :
(pas vu)

Lui :
Sydney Lumet nous entraîne dans une histoire familiale peu commune. 7h58 ce samedi-là commence par un braquage de bijouterie qui tourne mal et ce n’est que le début d’un drame assez épouvantable. Comment en est-on arrivé là ? Lumet nous l’expose avec une construction faite de différents flashes-back vus par des personnes différentes. La normalité apparente déraille pour engendrer une situation de plus en plus inextricable et inenvisageable. Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawk incarnent avec beaucoup de présence ces deux frères aux tempéraments tout à fait opposés : l’un est manipulateur, cupide et arrogant, l’autre est sans ambition, englué dans une vie terne et plombée par un divorce. Les deux acteurs livrent tous deux une très belle performance. Avec 7h58 ce samedi-là, Sydmet Lumet signe à 84 ans un très beau film, très prenant, où la tension monte lentement mais sûrement, sans jamais se relâcher. Il ne porte pas de jugement, son film n’est en aucun cas moralisateur et cela le rend encore plus terrifiant… !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney, Marisa Tomei
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Remarque :
Le titre original fait référence à un dicton irlandais, utilisé pour porter un toast : “May you be in heaven half an hour before the devil knows you’re dead” (= puissiez-vous être déjà arrivé au Paradis depuis une demi-heure quand le Diable apprendra votre mort !).

16 février 2009

Le 4e morceau de la femme coupée en trois (2007) de Laure Marsac

Le 4e morceau de la femme coupée en trois Elle :
Un film de 70 minutes, un titre bien énigmatique, une action en trois temps sur le thème de la voiture avec l’auto-école, une jolie jeune femme haut perchée sur ses talons qui rêve de conduire, la voiture en rade sur un parking et le voyage en voiture au temps de l’enfance. Même si le film offre une mise en scène originale et donne lieu à de jolis moments de fraîcheur et de tendresse notamment dans la première partie, le scénario sonne finalement un peu creux et vain. On finit par trouver le temps long dans ce film pourtant très court.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le 4e morceau de la femme coupée en trois… le titre est alléchant et laisse augurer un film plutôt original. C’est effectivement le cas. Laure Marsac interprète elle-même le rôle principal de son premier long métrage : trois épisodes de la vie d’une jeune femme, trois épisodes ayant directement trait à sa relation avec les voitures. Le premier, les leçons de conduite, est le plus conventionnel et aussi le plus réussi, avec une fraîcheur et des dialogues légers et amusants. Denis Podalydes ne semble toutefois pas très à l’aise dans son personnage d’instructeur. La seconde histoire se déroule (presque) en temps réel et paraît aussi vide et interminable que son attente d’un dépanneur sur un parking de supermarché. Il est assez difficile de cerner l’intention de Laure Marsac dans cette section, tout comme dans la suivante, une scène de son enfance… Quant au quatrième morceau de cette femme coupée en trois, ce pourrait être d’après la réalisatrice le maillon manquant de l’histoire, son adolescence par exemple. Laure Marsac a du style mais cela ne nous sauve pas de l’ennui.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Laure Marsac, Denis Podalydès, Claire Borotra
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14 février 2009

Le cou de la girafe (2004) de Safy Nebbou

Le Cou de la girafeElle :
Un joli premier film sensible et sans mièvrerie sur la filiation, la recherche de ses origines, les rendez-vous ratés avec sa famille, le divorce, la rupture, les regrets, le temps qui passe, la vie. Un scénario émouvant et plein de tendresse porté par la justesse de Claude Rich, Sandrine Bonnaire et la petite Mathilde si vivante et mature à la fois. Safy Nebbou a mis une part de lui-même dans cette histoire de grand-mère à retrouver 30 ans après sa fuite du foyer conjugal et cela fait sans doute une partie de sa réussite. Le film est parsemé d’éclats de joie, d’humour, de fantaisie mais aussi de tristesse. La photographie est belle notamment sur les portraits des personnages; ceux de la fillette sont lumineux.
Note : 4 étoiles

Lui :
Une fillette plutôt dégourdie convainc son grand-père de partir rendre visite à sa grand-mère qu’elle n’a jamais connue. Cette histoire de type secret de famille peut avoir un goût de déjà-vu mais Safy Nebbou la filme avec beaucoup de simplicité et de sensibilité. Il sait trouver le ton juste et montre une belle maîtrise pour un premier long-métrage. Claude Rich trouve ici un beau rôle qui met bien en valeur son jeu alliant retenue et richesse. Louisa Pili, la fillette, est particulièrement photogénique ; elle est aussi étonnante par l’intensité de son interprétation. Le Cou de la girafe est un film sans sophistication et assez touchant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Bonnaire, Claude Rich, Louisa Pili, Darry Cowl
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13 février 2009

Astérix aux jeux olympiques (2008) de Frédéric Forestier et Thomas Langmann

Astérix aux jeux olympiquesElle :
(pas vu)

Lui :
Pas d’heureuse surprise comme avec Mission Cléopâtre, Astérix aux Jeux Olympiques est bien décevant. Peu importe tous les trucages et effets spéciaux, l’humour fait défaut ; certaines situations pourtant prometteuses sont très mal exploitées, les dialogues quasi inexistants. Benoît Poelvoorde a beau se démener comme un diable pour mettre un peu de rythme, l’ensemble est bien plat.
Note : 1 étoile

Acteurs: Benoît Poelvoorde, Alain Delon, Gérard Depardieu, Clovis Cornillac
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12 février 2009

Stützen der Gesellschaft (1935) de Douglas Sirk

Stützen der GesellschaftElle :
(pas vu)

Lui :
Stützen der Gesellschaft, titre souvent traduit par « Piliers de la société », est le troisième long métrage de Douglas Sirk. Il l’a tourné en Allemagne hitlérienne sous son vrai nom, Detlef Sierck, peu avant qu’il n’émigre aux Etats-Unis. Le scénario est tiré d’une pièce du norvégien Henrik Ibsen : une homme riche et sans scrupule est à la tête d’un village de Norvège et de son chantier naval. Le retour au pays de son beau-frère, après 20 ans passés en Argentine, va le mettre dans l’embarras car il avait laissé courir sur lui des bruits qui arrangeaient ses affaires. Stützen der Gesellschaft est bien plus qu’une curiosité car il se révèle étonnamment bien fait, Douglas Sirk exploitant parfaitement cet excellent scénario : il rend cette histoire captivante avec une intensité qui culmine dans la scène finale de tempête, tournée en décors réels, réellement impressionnante (pour l’époque et même encore maintenant). Stützen der Gesellschaft est hélas assez rare.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Heinrich George, Albrecht Schoenhals, Suse Graf
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11 février 2009

La nuit nous appartient (2007) de James Gray

Titre original : « We own the night »

La Nuit nous AppartientElle :
Même si je n’accroche habituellement pas vraiment aux histoires de mafia et de corruption qui reposent souvent sur les mêmes schèmes, je reconnais un grand talent de mise en scène à James Gray. Ce polar est sombre et intense grâce à ses décors et éclairages somptueux; ses personnages ténébreux sont particulièrement convaincants. Le scénario simple et bien huilé est émaillé de scènes d’action remarquables comme ces folles courses poursuites en voiture ou à pied dans les roseaux.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le gérant d’une boîte de nuit new-yorkaise cache à ses patrons mafieux que son frère et son père sont dans la police. Les événements vont le forcer à se rapprocher de sa famille. Comme le titre nous le précise indirectement (« We Own the Night » était la devise d’une unité de la Police de New York chargée des crimes sur la voie publique jusqu’en 2002), La Nuit nous Appartient met en relief le travail de la police de New York dans sa lutte contre les trafiquants de drogue. Il le fait sous la forme d’un film policier de grande intensité avec une présence forte des personnages. James Gray tourne peu mais montre une approche très personnelle et une grande maîtrise comme en témoigne la remarquable mise en place du film dans ses premières minutes. Tourné à New York même, La Nuit nous Appartient possède une atmosphère puissante et réaliste qui accentue encore la tension, quasi permanente tout au long du film. L’interprétation est un peu inégale mais Joaquin Phoenix met beaucoup d’intensité dans son jeu.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Joaquin Phoenix, Eva Mendes, Mark Wahlberg, Robert Duvall, Alex Veadov
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Remarque :
Certaines des photos montrées dans le générique de début sont de Leonard Freed ; ce grand photographe-reporter (décédé en 2006) a publié deux recueils de photographies sur la police de New-York : Police Work (1980) et New York Police (1990).

10 février 2009

Shrek le troisième (2007) de Chris Miller

Titre original : Shrek the third

Shrek the ThirdElle :
(pas vu)

Lui :
La série des Shrek a bien du mal à tenir la longueur. Rien de neuf dans ce troisième volet qui semble s’inscrire en plein dans ce qui est hélas devenu un standard, une routine : le film d’animation Dreamworks. Le film fait ici le minimum requis, l’humour est assez clairsemé, les ressorts bien faibles. Shrek 3 détourne la légende des Chevaliers de la Table Ronde mais les scénaristes se contentent d’en utiliser les personnages sans aller très loin. L’ensemble manque de cohésion et surtout des bonnes trouvailles qui faisaient tout le charme des Shrek précédents.
Note : 1 étoile

Acteurs: (voix)  Mike Myers, Eddie Murphy, Cameron Diaz, Antonio Banderas, Rupert Everett 
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Voir aussi :
Shrek (2001) d’Andrew Adamson et Vicky Jenson
Shrek 2 (2004) d’Andrew Adamson, Conrad Vernon et Kelly Ashbury

9 février 2009

De l’autre côté (2007) de Fatih Akin

Titre original : « Auf der anderen Seite »

De l’autre côtéElle :
Entre Brême et Istanbul, sur fond de répression politique, le film donne lieu à un chassé croisé émouvant de destins fragiles qui se cherchent, se croisent parfois sans se voir, attendent sans fin l’être aimé. La mort d’êtres chers ouvre d’autres portes et permet la renaissance. Renaissance d’un fils qui pour expier le crime de son père part en Turquie à la recherche d’Ayten. Renaissance d’une mère pleine de remords après avoir perdu sa fille partie sauver Ayten de la prison. Sur une histoire assez complexe, Fatih Akin parvient à introduire une belle fluidité dans ses images et beaucoup de délicatesse dans les portraits de ses personnages brisés.
Note : 4 étoiles

Lui :
Avec De l’autre côté, Fatih Akin nous propose un film dense, avec deux histoires qui sont entremêlées sans vraiment l’être. Elles semblent se croiser, se répondre l’une à l’autre, se compléter. Le scénario est extrêmement riche, peut-être même un peu trop, et se situe à cheval entre l’Allemagne et la Turquie. La construction est assez originale avec une utilisation particulière des ellipses et des flashbacks. Ces deux histoires sont assez puissantes et dotées d’une forte dimension humaine. Fatih Akin dit considérer De l’autre côté comme faisant partie d’un triptyque : Head-On traite de l’amour, De l’autre côté de la mort et son prochain film du Mal.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Nurgül Yesilçay, Baki Davrak, Tuncel Kurtiz, Hanna Schygulla, Patrycia Ziolkowska
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8 février 2009

Le voyage de la peur (1953) de Ida Lupino

Titre original : The hitch-hiker

The Hitch-HikerElle :
(pas vu)

Lui :
Ida Lupino est probablement plus connue en tant qu’actrice qu’en tant que réalisatrice. De ses quelques longs métrages du tout début des années 50, Le Voyage de la Peur est son seul film policier, les autres étant plutôt des mélodrames sociaux. Ce film est particulier sur plusieurs plans : il est considéré comme le seul film noir réalisé par une femme, il est essentiellement basé sur trois personnages et surtout il se déroule en un lieu unique et inhabituel, une voiture, véhicule qui symbolise normalement la liberté de mouvement et qui se transforme ici en quelque sorte en prison. L’histoire serait inspiré de faits réels : deux amis partis pêcher sont pris en otage par un auto-stoppeur, criminel en fuite, qui va les forcer à le conduire à un certain endroit. Ida Lupino filme cette histoire de façon très réaliste, de telle sorte que nous sommes immergés dans cet univers aride et presque désertique de la péninsule mexicaine de la Basse Californie. Les kidnappés réagissent avec pragmatisme, sans héroïsme, face à ce tueur psychopathe (belle prestation de William Talman). La tension reste très forte tout au long du film qui reste pourtant simple dans son déroulement. C’est sans doute cette simplicité et ce réalisme qui donne à ce Voyage de la Peur toute sa force.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Edmond O’Brien, Frank Lovejoy, William Talman
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