25 septembre 2005

Dogville (2003) de Lars von Trier

Dogville Elle :
Très beau film de Lars von Trier. J’ai beaucoup aimé l’originalité du scénario, la prestation très intimiste des acteurs, l’analyse des relations sociales. Le décor de Dogville, genre scène de théâtre minimaliste, et les éclairages de scène crus font penser à un plateau de jeu de société sur lequel vont se tisser des relations fortes entre les quinze membres d’un village qui accueille une jeune femme en fuite (Nicole Kidman). La mise à l’épreuve de cette femme pour se faire intégrer puis le rejet de cette communauté sont finement analysés, tout cela dans une ambiance acoustique très feutrée. Une voix off chuchotante décortique ces tensions. Le jeu des acteurs est particulièrement convaincant, ils parviennent ainsi à nous communiquer pleinement leurs émotions. Dogville nous fait réfléchir sur la cruauté et sur un certain mode social à l’américaine.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dogville surprend bien évidemment par sa forme mais on se laisse gagner rapidement son atmosphère et sa puissance. En fait, l’absence de décors nous met tout près des acteurs, cette impression de proximité étant accentuée par cette voix-off profonde et chaleureuse qui vient parfois expliciter certaines situations. C’est même vraiment étonnant de voir à quel point ce principe fonctionne bien. Sans décors, nous pouvons nous concentrer pleinement sur les personnages, les relations qui se tissent entre eux, leurs réactions face aux crises. Dans Dogville, Lars Von Trier décortique le fonctionnement d’une petite communauté, presque coupée du monde extérieur et nous tend un miroir. Il nous présente aussi sa vision du rêve américain, une vision assez terrifiante. L’interprétation est très forte avec une Nicole Kidman étonnante de sincérité.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Harriet Andersson, Lauren Bacall, Jean-Marc Barr, Paul Bettany, James Caan, Ben Gazzara
Voir la fiche du film et la filmographie de Lars von Trier sur le site IMDB.

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Plus d’infos sur Dogville sur Wikipedia (in english), un bon article…

24 septembre 2005

Gangs of New York (2002) de Martin Scorsese

Gangs of New York Elle :
Martin Scorcese se lance dans une fresque foisonnante et intéressante sur la naissance chaotique de New-York où les émigrés irlandais déferlaient et avaient du mal à s’intégrer. En marge de la bonne société, vivaient dans des quartiers malfamés, les exclus regroupés en clans rivaux, les « Natifs » et les Irlandais. Toujours fasciné par la violence et le sang, Scorcese nous immerge dans des combats de rue un peu trop sanguinolents à mon goût. Les scènes sont assez intemporelles et font penser à des décors de science-fiction. Leonardo Dicaprio interprète un fils irlandais qui veut venger son père tué par le chef cruel du gang des Natifs (Daniel Day-Lewis). Le film s’articule autour de cette vengeance pendant trois heures. Il y a quelques belles scènes de rue très impressionnantes mais dans l’ensemble, j’ai trouvé le film assez ennuyeux car trop long. Le scénario est assez mince et la romance avec Cameron Diaz un peu fleur bleue.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le film est étonnant et complet dans sa mise en scène, particulièrement riche et pleine, opulente dans ses détails. Par contre, on est loin de retrouver la même maîtrise côté scénario, Scorcese s’enfermant encore dans sa fascination pour la violence et réduisant une période historique assez mouvementée à une lutte sanglante de pouvoir dans les bas quartiers. C’est terriblement long car on ne s’intéresse pas vraiment, on regarde, c’est tout.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis, Cameron Diaz, Jim Broadbent
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Scorsese sur le site IMDB.

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23 septembre 2005

Le roi du tabac (1950) de Michael Curtiz

Titre original : « Bright leaf »

Le roi du tabacElle :
Ce film dramatique de Michael Curtiz met en scène Brant Royle (Gary Cooper), un homme qui pour venger son père et épouser la fille du puissant Singleton met tout en oeuvre pour aboutir à ses fins et notamment monte l’industrie du tabac qui laminera son vieil ennemi. A ses côtés, deux femmes redoutables en affaire (Lauren Bacall et Patricia Neal) qui se vengeront elles aussi de la cupidité et de la soif de pouvoir de Royle. La mise en scène est sombre, à l’image des noirs desseins qui habitent chacun des protagonistes. Les personnages vont au bout d’eux même malgré leurs erreurs et ce n’est qu’après la chute qu’il y a rédemption. Un film assez conventionnel et moraliste.
Note : 3 étoiles

Lui :
Film assez classique de par son scénario du type « un homme court après une chose inaccessible au lieu de profiter de ce qu’il a à portée de la main ». Assez belle prestation de Gary Cooper, même s’il semble un peu absent par moments…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Lauren Bacall, Patricia Neal, Jack Carson
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

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22 septembre 2005

Le maître du logis (1925) de Carl Theodor Dreyer

Titre original : « Du skal aere din hustru »

Le maître du logisLui :
(Film muet) Tourné vers la fin de la période danoise de Carl Dreyer, Le Maître du Logis est à la fois un constat social sur les maris tyranniques et une comédie, une fantaisie sociale, pourrait-on dire. La première partie du film, destinée à bien placer les personnages, est tournée en plans généraux et ces scènes de vie quotidienne ne sont pas sans rappeler le néoréalisme italien. Ensuite, Dreyer se rapproche de ses personnages, des gros plans tellement expressifs que l’on se demande pourquoi on aurait besoin de dialogues. La vieille nounou est particulièrement étonnante. Rien ne semble gratuit, tout concourt à l’expression, tout en restant très sobre. Et quelle force ! La métamorphose du maître de maison est traitée avec un certain humour et film réussit ainsi à la fois grave et léger.
Seule ombre au tableau : le film était vu ici avec une musique techno de 2004, que personnellement je trouve non seulement en décalage total mais aussi parfaitement inécoutable. Heureusement, n’étant pas en salle, j’avais la possibilité de couper le son. J’ai donc regardé le film dans un silence total.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mathilde Nielsen, Johannes Meyer, Astrid Holm
Voir la fiche du film et la filmographie de Carl Dreyer sur le site imdb.com.

21 septembre 2005

À la petite semaine (2003) de Sam Karmann

À la petite semaine Elle :
Malgré quelques dialogues argotiques amusants, ce polar qui tente de ressembler aux vieux films populaires français devient très vite ennuyeux. Gérard Lanvin en vieil héros fatigué, Jacques Gamblin en tête brûlée qui tente de se reconvertir dans le théâtre ne suffisent pas à nous tenir en haleine. Ces petits malfrats ne sont pas attachants et finissent par devenir agaçants de par leur attitude machiste, leur cervelle de moineau et leur impossible rédemption.
Note : 2 étoiles

Lui :
Si le film démarre très bien, avec une galerie de personnages dans le genre « petit malfrat haut en couleur » et les dialogues pittoresques qui vont avec, on a la nette impression de s’enliser à mi-parcours. En fait, il manque à ces personnages un côté attachant qui nous ferait adhérer pleinement. Au lieu de cela, on reste spectateur et on finit par se désintéresser de l’histoire dont on connaît ou devine l’issue à l’avance.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gérard Lanvin, Jacques Gamblin, Clovis Cornillac
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20 septembre 2005

Clean (2004) d’ Olivier Assayas

CleanElle :
J’aimais déjà beaucoup les films d’Olivier Assayas, Clean confirme ses talents de réalisateur. Cette histoire de longue rédemption d’une jeune femme droguée est émouvante et superbement mise en scène. La photographie est particulièrement belle, les paysages urbains perdus dans des poteaux électriques ou dans des reflets de verre sont très bien composés. Le montage très travaillé fait alterner la tension avec des flous, des accélérés à des moments plus paisibles sur les musiques envoûtantes de Brian Eno. Maggie Cheung et Nick Nolte sont bouleversants et attachants. Enfin, le scénario qui met en place le douloureux parcours de cette femme qui tente de se libérer de la drogue afin de pouvoir rejoindre son fils est un modèle d’équilibre, de justesse et d’authenticité. Du grand cinéma.
Note : 5 étoiles

Lui :
Clean3Cette histoire de lente reconstruction d’une jeune femme dévastée par la drogue et la mort de son compagnon, Olivier Assayas la traite en évitant tous les écueils et nous livre un film très beau, puissant et quasi parfait. Sur la forme, il montre une étonnante maîtrise de la caméra, très mobile mais sans les maniérismes irritants de la caméra à l’épaule, une caméra dont les mouvements semblent toujours comme intégrés à ses personnages. Ses plans sont parfaitement composés, graphiquement étonnants, une très belle photographie. Sur le fond, le scénario sait éviter tout misérabilisme et tout spectaculaire racoleur. Clean repose beaucoup sur ses personnages, particulièrement forts, les deux rôles principaux étant magnifiquement interprétés par Nick Nolte et surtout Maggie Cheung, qui trouve toujours le ton juste, sans jamais charger son personnage. Au final, nous avons là un film puissant et assez poignant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Maggie Cheung, Nick Nolte, Béatrice Dalle, Jeanne Balibar
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19 septembre 2005

J’me sens pas belle (2004) de Bernard Jeanjean

J'me sens pas belleLui :
Pour son premier film, Bernard Jeanjean a choisi un format assez difficile : deux personnages seuls, en face à face, presque du théâtre filmé. Au cours d’une soirée, ils vont tenter de vivre une histoire d’amour. Pour que ce format fonctionne, il faut que tout soit parfait, personnages et dialogues. Le personnage masculin est assez réussi, un peu maniaque et coincé juste ce qu’il faut, et admirablement interprété par Julien Boisselier. En revanche, le personnage féminin est plus classique et prévisible, et Marina Foïs ne parvient pas à lui donner des ailes. Les dialogues de J’me sens pas belle restent assez futiles et les enchaînements de situation au début du film paraissent un peu forcés. Les bons moments laissent tout de même présager des films plus réussis dans l’avenir de ce jeune réalisateur.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Marina Foïs, Julien Boisselier
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18 septembre 2005

Le facteur (1994) de Michael Radford

Titre original : « Il Postino »

Le facteur Elle :
Film tendre et touchant sur un facteur, fils de pêcheur qui découvre son amour pour la poésie et son admiration sans bornes pour le poète chilien Pablo Neruda en exil sur une île italienne. Grâce à ce contact amical avec le poète, Mario, issu d’un milieu très simple, prend contact avec le monde des mots, des métaphores, la beauté du monde et de l’amour. La poésie de cet homme affable touche au plus profond le cœur des gens simples. Le départ de Neruda et l’absence de nouvelles laisse Mario dans un profond abattement. Mario est interprété par un acteur qui mourra à la fin du tournage. Son jeu un peu naïf, ses hésitations verbales et son regard grave nous touche. Le film tourné sur une île italienne dans un minuscule village coincé contre d’immenses falaises témoigne de l’isolement, l’absence de communication et d’instruction de ces familles de pêcheurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Michael Radford réussit à faire passer beaucoup d’émotion dans ce film, l’histoire assez touchante de la confrontation de Pablo Neruda en exil avec un facteur sicilien d’apparence simple mais touché par la poésie. C’est aussi un film sur la magie et la force des mots, sur leur puissance évocatrice. Et il y a cet acteur merveilleux, Massimo Troisi, qui interprète parfaitement ce facteur un peu gauche mais très délicat.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Massimo Troisi, Philippe Noiret
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17 septembre 2005

Dina (2002) de Ole Bornedal

Titre original : « I am Dina »

DinaElle :
Adaptation d’un best-seller scandinave écrit par Herbjorg Wassmo. Malgré les mauvaises critiques qui reprochent les clichés et les effets faciles, je n’hésite pas à dire que j’ai bien aimé le film. C’est l’histoire de la jeune Dina qui, enfant, a tué sa mère accidentellement. Son père se détourne d’elle car il ne peut lui pardonner la mort de sa femme. Ces deux traumatismes déterminent à jamais sa vie affective. Son manque d’amour fera de cette jeune fille une femme rebelle et dominatrice qui ne trouve qu’un peu de paix en jouant du violoncelle. Dina malgré son caractère bien trempé est attachante à sa façon. Les paysages sublimes des fjords de Norvège contrastent avec la noirceur des personnages. La mort rôde partout et les fantômes de l’enfance ressurgissent violemment. Le réalisateur de Dina a choisi de faire une mise en scène un peu enfiévrée et fantastique pour mieux mettre en avant les tourments de cette femme.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il y a un certain côté artificiel dans ce film qui m’a empêché de bien l’apprécier. Le réalisateur emprunte toute une série de gimmicks et d’effets faciles aux films d’épouvante pour nous distiller un certain mal à l’aise, alors que l’histoire était suffisamment dérangeante sans cela. La musique, assez contemporaine, très XXe siècle, accentue le décalage avec ses notes souvent dissonantes. Très belle prestation de l’actrice principale, autour de laquelle tout le film est bâti.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Maria Bonnevie, Gérard Depardieu
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16 septembre 2005

L’effet papillon (2004) de Eric Bress et J. Mackye Gruber

Titre original : « The butterfly effect »

Effet_papillonElle :
(pas vu).

Lui :
Ce film me laisse sur des impressions mitigées : j’ai trouvé la mise en place assez remarquable et vraiment prenante, en distillant tout juste ce qu’il faut de mystère pour nous intriguer. L’idée des ellipses et de leur utilisation ultérieure est une excellente idée de scénario. Il est d’autant plus dommage que le film s’essouffle et devienne franchement répétitif dans le dernier tiers. Il aurait sans doute fallu rebondir sur autre chose plutôt que de tomber dans une certaine répétition (si je puis dire…) Excellent jeu de Ashton Kutcher et des enfants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ashton Kutcher, Amy Smart, Melora Walters
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