16 décembre 2004

Histoire de Marie et Julien (2003) de Jacques Rivette

Histoire de Marie et Julien Elle :
Les derniers films de Rivette n’ont plus à mes yeux le même charme qu’auparavant ; ils me paraissent énigmatiques, ennuyeux et artificiels. Va savoir m’avait fait le même effet. Le scénario plat et démesurément long est parsemé d’invraisemblances à la limite du ridicule. Ce huis clos étouffant entre Julien, un réparateur d’horloges assez obscur et Marie, une revenante interprétée par Emmanuelle Béart sombre dans un fantastique qui ne me convient guère.
Note : 1 étoiles

Lui :
C’est un peu dommage qu’une lenteur extrême nous gâche un peu le plaisir, car le scénario est assez séduisant surtout lorsque l’on ne sait rien à l’avance. Hélas, Rivette s’éternise sur certains plans ce qui accentue encore plus la lourdeur d’atmosphère. De plus Rivette filme le tout en basse lumière. Dommage parce que le scénario où la mort est si présente est assez bien ficelé même si une histoire de chantage y semble un peu plaquée. Belle interprétation d’Emmanuelle Béart, assez profonde…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Béart, Jerzy Radziwilowicz, Nicole Garcia
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Rivette sur le site IMDB.

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15 décembre 2004

Un film parlé (2003) de Manoel de Oliveira

Titre original : « Um filme falado »

Un film parlé Elle :
A la place d’un film, nous avons plutôt droit à un documentaire fiction sur l’histoire de l’humanité puisque nous accompagnons une professeur d’histoire et sa fille lors d’une croisière en Italie, en Grèce, en Egypte etc… On visite du pays et on apprend des choses sur les civilisations anciennes mais l’exercice est assez artificiel et ennuyeux. Cette charmante fillette écoute sans sourciller sa maman lui raconter l’histoire de ces peuples pendant des heures. Sur ce bateau, on y rencontre trois femmes mondaines mais solitaires et un capitaine dragueur qui palabrent pendant des heures pour ne rien dire sur le sens de la vie. On reste sur sa faim et la scène finale frise le ridicule.
Note : 2 étoiles

Lui :
Bigre, De Oliveira est de plus en plus difficile à suivre… Il nous propose ici une promenade touristico-éducative dans quelques villes chargées d’Histoire de notre civilisation, poursuit avec une conversation mondaine et lénifiante, parfaitement inintéressante et finit par un attentat destructeur qui arrive comme un cheveu sur la soupe (symbolisme léger…?). Bon… Quelle était la question, déjà ?
Note : 2 étoiles

Acteurs: Leonor Silveira, John Malkovich, Filipa de Almeida
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14 décembre 2004

Le Chevalier des Sables (1965) de Vincente Minnelli

Titre original : The Sandpiper

The SandpiperElle :
Une histoire d’amour improbable et scandaleuse entre un pasteur et une jeune femme athée, telle est la trame que nous propose Vincente Minelli avec le couple mythique Richard Burton et Elisabeth Taylor. On assiste à cette rencontre fascinante dans deux milieux très différents, la bonne société bourgeoise contre une bande de hippies un peu ridicules. Puis, c’est la culpabilité judéo-chrétienne qui reprend le dessus, le constat de la faiblesse des sentiments humains et enfin la rupture finale. Tout ceci se passe sur une magnifique plage non loin de Monterey avec de beaux couchers de soleil et une étrange maison de bois qui surplombe la plage. Quarante ans plus tard, le film donne l’impression d’avoir utilisé trop de clichés faciles et les thèmes qu’il aborde ont bien vieilli.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dès les premières minutes de ce Chevalier des Sables, on sent que le film va être bourré de thèmes et de bonnes intentions type années 60-70 et rapidement on nage en pleins poncifs qui ne manquent pas de nous faire sourire 40 ans plus tard. Il reste néanmoins la mise en scène de Minelli, très picturale, avec une très belle photographie. Elisabeth Taylor n’est pas très convaincante et semble plus intéressée à minauder devant la caméra qu’à interpréter son personnage.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton
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Anecdotes sur le tournage
(prises dans l’autobiographie de Vicente Minelli « Tous en scène » (1974)) :
– Pour échapper aux impôts, le couple Taylor/Burton ne pouvait travailler longtemps aux Etats-Unis et le film fut donc en partie tourné en France, aux studios de Boulogne-Billancourt.
– Originellement Richard Burton devait lui-même mettre en scène ce scénario inspiré d’une nouvelle de Martin Ransonhoff, lui-même producteur du film. Minelli précise : « Au départ je n’aimais pas le scénario. (…) Mais l’enthousiasme des Burton eut raison de mes réticences. Je voulais travailler avec eux ».

13 décembre 2004

In the Soup (1992) de Alexandre Rockwell

In the SoupElle :
In the Soup fut une bonne surprise,  un film d’auteur autobiographique dans lequel son personnage est incarné par le talentueux Steve Buscemi. Il rêve de tourner un film et tombe sur Joe, un papy cavaleur et généreux, qui veut produire son film. C’est l’univers de la débrouille, des paumés avec ses moments de bonheur et de peine. C’est avec beaucoup d’humour que le réalisateur brosse le portrait loufoque d’une galerie de personnages attachants. Malgré quelques petites longueurs, on partage avec eux ces moments de grâce et d’émotion. Du beau noir et blanc un peu dans le style de Cassavetes ou Jim Jarmush qui y joue un second rôle.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bonne surprise que ce film délicatement déjanté d’Alexandre Rockwell, merveilleusement interprété par Steve Buscemi et un Seymour Cassel déchaîné qui dégage une vitalité extraordinaire. Le scénario est bourré de surprises constantes, de situations inhabituelles et surprenantes. Beaucoup d’humour, à tous les étages, que ce soit dans les personnages (une sacré galerie de portraits…) ou dans les évènements. Pas banal et assez jubilatoire.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Steve Buscemi, Seymour Cassel, Jennifer Beals
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11 décembre 2004

Les Marins perdus (2003) de Claire Devers

Les Marins perdusElle :
Belle adaptation du roman de Jean-Claude Izzo. Un énorme cargo à quai qui attend d’être vendu et à son bord, un capitaine, son second (Bernard Giraudeau) et un jeune matelot tête brûlée. Tous les trois sont comme échoués sur le rivage sans foyer et sans raison de vivre. Leurs rencontres féminines sont tout aussi éphémères et sans avenir. Claire Devers sait créer cette atmosphère d’attente vaine d’on ne sait quoi et cette angoisse latente. La tension monte, puis la violence explose. Elle filme également magnifiquement bien les quais immaculés, les flancs sombres de ce cargo et le superbe bleu de la mer et du ciel. Sa caméra plonge avec authenticité au coeur de ce Marseille hétéroclite, la ville de Jean-Claude Izzo.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Marins Perdus est un assez beau film, centré autour de trois hommes, paumés, presque à la dérive, et d’un cargo, immobilisé au quai par des armateurs magouilleurs. Une sorte de huis clos, même si les personnages ne sont qu’effleurés, marqués par un passé que l’on a bien du mal à cerner. Belle interprétation assez profonde de Giraudeau. La photographie est très belle, avec un jeu sur les contrastes et les couleurs, les grandes masses, imposantes et lumineuses, qui permettent à la réalisatrice de créer de belles compositions.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bernard Giraudeau, Marie Trintignant, Audrey Tautou, Darry Cowl, Miki Manojlovic
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9 décembre 2004

Le Temps du loup (2003) de Michael Haneke

Le Temps du loup Elle :
Ce film post-apocalyptique qui démarre très brutalement, se concentre au départ autour d’une famille dont le père vient d’être abattu sous les yeux de sa famille. La mère interprétée par Isabelle Huppert et ses deux enfants vagabondent à la recherche d’eau et de nourriture. Michael Hanecke parvient à bien recréer cette atmosphère de fin du monde avec ses réfugiés affamés et déglingués. Il observe le comportement de ces gens qui sont prêts à tout pour survivre. La première partie passionnante est bien mise en place. La dernière moitié du film plus confuse s’éternise, tourne en rond autour de ce camp de réfugiés sans qu’il en sorte quelque chose. On reste un peu sur sa faim car on ne saura même pas quelle catastrophe s’est abattue sur cette population.
Note : 3 étoiles

Lui :
Après une mise en place assez réussie (surtout quand on ne connaît pas du tout, comme ce fut notre cas, le propos du film), le film semble un peu tourner en rond et surtout paraît un peu léger sur le côté « analyse des comportements humains en situation de crise » : il reste plutôt en deçà de films comme Malevil et surtout de la littérature de science-fiction. On reste sur quelques stéréotypes assez faciles et le scénario s’enlise quelque peu avec le comportement (ni intéressant ni crédible) des deux enfants d’Isabelle Huppert.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Béatrice Dalle, Patrice Chéreau
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8 décembre 2004

Frida (2002) de Julie Taymor

FridaElle :
Cette biographie filmée de Frida Khalo, une artiste mexicaine cassée par la souffrance de son corps brisé à la suite d’un accident et de ses échecs amoureux est attachante et poignante. Cette histoire vraie adaptée du roman de Hayden Herrera retrace le parcours chaotique et exemplaire de cette femme pleine d’énergie et de volonté. Les joies alternent avec les désillusions, la douleur et enfin une sorte de renaissance par la peinture où elle exprime intensément ce qu’elle vit de l’intérieur. Elle devient même l’amant de Trotsky réfugié au Mexique. Les images et les couleurs sont belles, la caméra est fluide et une magnifique musique mexicaine enveloppe tout le film. Une bonne surprise.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il y a beaucoup d’énergie dans ce film basé sur l’histoire de cette femme peintre mexicain, il y a notamment toute l’énergie que met Salma Hayek à interpréter ce rôle, beaucoup de vie, de lumière aussi, une camera mobile mais fluide et une très belle photographie. Au final, c’est un film assez prenant, qui sait faire passer des émotions fortes avec en prime quelques petites excentricités cinématographiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Salma Hayek
Voir la fiche du film et la filmographie de Julie Taymor sur le site IMDB.

Voir aussi : le site officiel de Frida Khalo

6 décembre 2004

Appelez Nord 777 (1948) de Henry Hathaway

Titre original : « Call Northside 777 »

Appelez nord 777Elle :
Cette enquête policière bien ficelée nous emmène dans les années 40 aux côtés d’un journaliste interprété par l’excellent James Stewart. Celui-ci tente de prouver l’innocence d’un homme emprisonné à vie pour le meurtre d’un policier qu’il n’a pas commis. On remonte méthodiquement toutes les pistes et au passage, on découvre la corruption de la police ou la tentation des journalistes de faire du sensationnel pour faire monter les ventes. Amusant également l’importance accordée au détecteur de mensonges sensé prouver l’innocence de quelqu’un ou encore les progrès de la photographie en matière d’agrandissement pour fournir des preuves irréfutables. Même, si le film ne répond pas entièrement aux critères du polar classique, c’est à la fois intéressant et captivant.
Note : 4 étoiles

Lui :
Présentant la quête d’un journaliste tentant d’élucider une affaire où un innocent s’est fait accuser 10 ans auparavant, ce film parvient à mêler habilement un certain côté documentaire avec les ingrédients classiques du film d’enquête. James Stewart est comme toujours parfait dans son rôle de fouineur obstiné et tient à lui tout seul une bonne partie du film… Belle photographie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, Helen Walker
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5 décembre 2004

France Boutique (2003) de Tonie Marshall

France boutiqueElle :
Le problème avec les comédies françaises récentes, c’est qu’elles n’ont pas beaucoup d’épaisseur. Elles démarrent au quart de tour mais s’essoufflent très vite jusqu’à l’effritement. Tonie Marshall est la spécialiste. Elle choisit un lieu, avant c’était un salon de beauté, ici ce sont les studios du Téléachat dans lesquels elle fait évoluer des personnages auxquels elle attribue une vague crise conjugale et existentielle pour atteindre la durée réglementaire d’un film. Malgré l’énergie de Karine Viard et François Cluzet en télévendeurs, quelques anecdotes amusantes sur les noms d’objets à vendre ou le tournage déjanté de certains sketches de vente, le film ne tient pas la longueur. Beaucoup de pellicule et d’argent pour ne rien dire.
Note : 2 étoiles

Lui :
Comédie gentillette qui aimerait très certainement être plus profonde qu’elle ne l’est réellement…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Karin Viard, François Cluzet, Judith Godrèche
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4 décembre 2004

La Porteuse de pain (1963) de Maurice Cloche

La Porteuse de painElle :
C’est la seconde fois que ce réalisateur assez méconnu porte à l’écran cette histoire d’erreur judiciaire (la précédente version datait de 1950). Il choisit Philippe Noiret, Jean Rochefort et Suzanne Flon pour interpréter des personnages qui travestissent leur identité, soit pour prendre la place d’un autre, soit pour se cacher de la police ou surveiller des gens. Tout le scénario riche en rebondissements repose sur le mensonge, l’attrait de l’argent, l’injustice sociale et judiciaire. Ce n’est pas un grand film sur le plan de la mise en scène qui comporte des défauts d’éclairage et d’interprétation mais le scénario est bien ficelé.
Note : 3 étoiles

Lui :
Sur le thème « une pauvre innocente accusée à tort », cette seconde adaptation de ce roman inspiré d’un fait divers est tout de même assez convaincante, essentiellement par la richesse de son scénario qui nous captive franchement. Côté interprétation, Noiret, Rochefort et Suzanne Flon sont remarquables, par contre la réalisation laisse un peu à désirer, notamment ces éclairages vraiment blafards et des erreurs de mise au point.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Suzanne Flon, Philippe Noiret, Jean Rochefort
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Maurice Cloche
Le roman original est de Xavier de Montépin (1884).

Autres adaptations à l’écran :
– La porteuse de pain a été portée plusieurs fois à l’écran du temps du cinéma muet.
– La version de 1934 de René Sti avait pour acteurs Germaine Dermoz et Fernandel.
– La version de 1950 de La porteuse de pain par Maurice Cloche avec Vivi Gioi est plutôt mal connue
Enfin, La porteuse de pain a été adaptée en série télévisée (ORTF) en 1973, avec Martine Sarcey, Bernard Giraudeau, Carole Laure, Philippe Léotard, Jacques Monod, …