25 juillet 2023

Tre Piani (2021) de Nanni Moretti

Tre PianiA Rome, dans un immeuble cossu de trois étages, Lucio et Sara, habitent au rez-de-chaussée. Ils confient souvent leur fille de sept ans, Francesca, à leurs voisins de palier âgés. A l’étage au-dessus, Monica qui vient d’accoucher est seule car son mari est constamment à l’étranger. Au dernier étage vivent Dora et Vittorio, tous deux magistrats, et leur fils de vingt ans. L’histoire commence alors que celui-ci, conduisant en état d’ébriété, percute et tue une passante…
Tre Piani (= trois étages) est un film italien réalisé par Nanni Moretti, d’après le roman de l’israélien Eshkol Nevo, paru en 2017. C’est la première fois que Nanni Moretti adapte un roman. Transposée de Tel Aviv à Rome, l’histoire nous dresse le portrait de trois familles dysfonctionnelles et aborde plusieurs thèmes majeurs : la transmission parents/enfants, l’éthique, la culpabilité, les peurs et obsessions, le lien social. Ce sont là des thèmes riches et il est un peu décevant, surtout de la part d’un réalisateur qui sait donner de la profondeur à ses films, que le résultat paraisse finalement assez anodin. Certes, les histoires ne manquent pas d’intérêt mais l’ensemble ne montre pas d’ampleur. Les personnages n’ont pas la force attendue, l’interprétation est même un peu inégale. Dans sa filmographie, le film le plus proche est incontestablement La Chambre du fils (2001) mais il est loin d’en avoir l’intensité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Riccardo Scamarcio, Elena Lietti, Alba Rohrwacher, Adriano Giannini, Margherita Buy, Nanni Moretti, Denise Tantucci, Alessandro Sperduti
Voir la fiche du film et la filmographie de Nanni Moretti sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Nanni Moretti chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Nanni Moretti

Tre PianiNanni Moretti, Margherita Buy, Adriano Giannini et Alba Rohrwacher dans Tre Piani de Nanni Moretti.

11 septembre 2019

L’Atelier (2017) de Laurent Cantet

L'atelierA La Ciotat, Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture animé par Olivia, une romancière connue, où un petit groupe de jeunes en insertion doit écrire un roman lié à leur ville. L’écriture fait resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine…
Dans la lignée de son film Entre les murs, Laurent Cantet dresse un nouveau portrait d’une génération désorientée avec L’Atelier. Le groupe est assez hétéroclite mais finalement assez attachant. Le récit se concentre principalement sur l’un d’entre eux qui se révèle être le plus égaré, attiré par la violence comme exutoire, perméable aux idées les plus extrémistes. Le propos est assez pessimiste sur le fossé entre une certaine jeunesse et un monde intellectualisé symbolisé par la romancière. Tout l’art de Laurent Cantet est de nous parler de cela sans grande démonstration, il montre sans porter de jugement. Marina Foïs a un jeu très naturel qui permet à son personnage de sembler se fondre dans le groupe. Issu d’un « casting sauvage », le jeune Matthieu Lucci est très étonnant, montrant une grande présence à l’écran.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marina Foïs, Matthieu Lucci
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurent Cantet sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Laurent Cantet chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Laurent Cantet

L'atelier Matthieu Lucci et Marina Foïs dans L’atelier de Laurent Cantet.

29 juin 2019

La Saveur des ramen (2018) de Eric Khoo

Titre original : « Ramen Teh »

La Saveur des ramenMasato travaille dans un restaurant de ramen au Japon avec son père. Lorsque ce dernier décède brutalement, il découvre des photos et des carnets, laissés par sa mère, excellent cuisinière d’origine singapourienne, décédée lorsqu’il avait dix ans. Il décide de partir à Singapour pour retrouver les saveurs de sa cuisine. Il va découvrir beaucoup plus que cela…
La Saveur des ramen est né de la proposition d’un producteur de célébrer les 50 ans de relations diplomatiques entre le Japon et Singapour. Le réalisateur singapourien Eric Khoo a trouvé que la cuisine était le moyen le plus évident pour en parler. Son film met en valeur deux plats emblématiques de ces pays, sur fond de réconciliation des peuples (les plaies laissées par l’occupation japonaise de Singapour pendant la Seconde Guerre mondiale ont été longues à se refermer). Le récit est particulièrement délicat, simple mais finalement attachant avec ses émotions douces et ses plaisirs gourmets. Pour nous, occidentaux, il nous permet aussi de découvrir certains aspects de ces civilisations que nous connaissons finalement assez mal. La Saveur des ramen est un film agréable et optimiste.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Takumi Saitoh, Seiko Matsuda, Tsuyoshi Ihara, Jeanette Aw
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Khoo sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarques :
* Les rāmen sont des mets japonais constitués de pâtes dans un bouillon à base de poisson ou de viande et souvent assaisonnés au miso ou à la sauce soja, importés de Chine au début du XXe siècle. Les rāmen sont servies dans un grand bol de bouillon et peuvent être accompagnées, selon la recette, de légumes, de viande (souvent du porc), et d’autres aliments additionnels. Chaque région du Japon dispose de sa propre recette de rāmen, qui a évolué avec le temps.

* Le bak kut teh (littéralement « viande-os-thé ») est une soupe de porc à la chinoise très populaire à Singapour et en Malaisie que l’on mange accompagnée d’un thé. Il en existe deux variétés : le teochew est un bouillon de poivre et d’ail dans lequel le porc cuit de longues heures et le hokkien est un bouillon mijoté d’herbes et d’épices telles que l’ail, les clous de girofle, la cannelle, la coriandre et le fenouil. À Singapour, c’est le bak kut teh version teochew qui est le plus populaire.
(source Wikipedia et dossier de presse)

La Saveur des ramen
Takumi Saitoh et Seiko Matsuda dans La Saveur des ramen de Eric Khoo.

La Saveur des ramen
Jeanette Aw dans La Saveur des ramen de Eric Khoo.

21 avril 2019

Maman a tort (2016) de Marc Fitoussi

Maman a tortAnouk passe son stage d’observation de troisième dans la société d’assurance où travaille sa mère. Elle se retrouve cantonnée dans des tâches indélicates mais cela ne va pas l’empêcher de découvrir un monde de compromissions…
Marc Fitoussi a écrit et réalisé Maman a tort, une comédie empreinte d’une réflexion plus sérieuse. C’est avant tout un regard sur le monde du travail à travers les yeux plein de candeur d’une adolescente de treize ans, une façon de mettre en relief les petites mesquineries, celles qui pourrissent les rapports entre les personnes, et surtout les compromissions où nos actes peuvent s’opposer à notre éthique. Marc Fitoussi appuie fort sur ce point, prenant par facilité une cible consensuelle (les assurances et les banques) pour montrer que la course aux objectifs peut mener à la fraude.  Le film est aussi une réflexion sur la transmission : quelle image du monde du travail allons-nous montrer à nos enfants ? Même s’il n’évite pas certains clichés, Marc Fitoussi réussit une bonne symbiose entre réflexion et comédie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeanne Jestin, Émilie Dequenne, Sabrina Ouazani, Jean-François Cayrey, Grégoire Ludig
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Fitoussi sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Marc Fitoussi chroniqués sur ce blog…

Maman a tort
Jeanne Jestin et Émilie Dequenne dans Maman a tort de Marc Fitoussi.

Remarque :
Maman a tort est également le titre d’une mini-série avec Anne Charrier et Pascal Elbé, diffusée sur France 2 en 2018, sans aucun lien avec ce film.